mercredi, novembre 14, 2007

Témoignage de l'intérieur des murs du CVM

Une militante présente hier, mardi, lors de la répression policière au CEGEP du Vieux Montréal, a écrit ce texte. C'était la deuxième soirée d'action, on peut déjà s'imaginer quelle sera l'atmosphère de ce soir pour la manif contre la brutalité policière.

Hier soir, mardi 13 novembre, les étudiantEs du Cégep du Vieux-Montréal
n'avaient toujours pas réussi à s'entendre avec l'administration sur le
Bed-in. Vers 19h30, les grévistes se sont assembléEs. Plusieurs
délibérations ont eu lieu, et les étudiantEs ont décidé ensemble que
l'occup aurait tout de même lieu.

J'étais présente dans les environs de 9h. Environ 5 minutes après mon
arrivée, 4 flics sont entrés et se sont enfermés avec Jean-Guy Tremblay,
chef de la sécurité GARDA au CVM: les flics signaient déjà les papiers
permettant à l'escouade anti-émeute d'entrer dans le cégep. Il faut savoir
que Stéphane Godbout, directeur du Service aux étudiants et normalement
représentant de l'administration devant les étudiantEs, n'était pas là
hier, préférant laisser le cégep aux mains des GARDA, remettant
spécifiquement son pouvoir à Jean-Guy Tremblay, connu pour son attitude
violente face aux étudiantEs. (Je l'ai moi-même vu ce soir-là, au début de
la soirée, au moment ou les gens sortaient le matériel pour les
barricades, rire aux éclat: « Je reconnais vos faces, j'ai hâte de vous
retrouver en prison demain! »)

Pendant ce temps, les étudiantEs délibéraient. Une fois l'information
propagée que les flics avaient déjà le droit d'entrer dans le cégep, une
fois que les étudiantEs ont su que l'administration avait choisi de
laisser le cégep aux mains des flics et s'en lavait les mains, la colère
s'est fait sentir. Les gens savaient que peu importe ce qui arriverait,
les paniers à salade les attendaient.
En mouvement spontané, les grévistes ont monté des barricades. La police,
en intervention et en anti-émeute, faisait déjà des rondes, tactiques
d'intimidations et de dispersions aux diverses entrées bloquées par les
barricades.

La tension a été maintenue toute la soirée. Il n'y avait absolument aucun
dialogue avec la police ou GARDA. Il faut savoir qu'en conseil de grève,
dans l'élan rapide d'action, pas de stratégie commune n'a été adoptée
avant de prendre le Cégep. Plusieurs personnes souhaitaient garder le
Cégep en bed-in, alors que plusieurs autres voulaient faire une occup, ce
qui a créé une désorganisation difficile à régler. Il y avait des troupes
à l'intérieur, d'autres aux sorties névralgiques et une bonne moitié des
grévistes piquetaient à l'entrée principale. Il était donc difficile de
savoir ce qui se passait, ou en était les flics et qu'est-ce que les
troupes voulaient faire.

Une première confrontation relativement majeure a eu lieu vers minuit et
quelques. Sur le côté Hôtel-de-Ville du Cégep, coin Sherbrooke, une partie
des troupes a répondu à un avancement d'une bonne vingtaine
d'anti-émeutes. Un affrontement a éclaté, des camarades ont été matraquéEs
et poivréEs. Ils-elles se sont ensuite repliéEs en revenant vers l'entrée
principale.

Suite à cette altercation, l'organisation ne s'est pas mieux solidifiée.
Le climat était particulier, les gens étaient prêt-e-s à l'assaut mais
n'arrivaient pas à s'entendre (pas d'engueulades, juste un manque de
communication intense) sur la stratégie à adopter. Garder le Cégep, donc
rester à l'intérieur et risquer la souricière, ou sortir en masse à
l'extérieur, à l'entrée principale pour pouvoir sortir dans la rue et
prendre la fuite si ça chauffait?

Vers 1h, l'anti-émeute s'est amenée, tranquillement, sur Ontario à l'Ouest
de Sanguinet. Ils étaient environ une quarantaine et se sont postés en
face du Vieux, dans la rue devant les barricades. Les gens à l'extérieur
se sont immédiatement repliéEs sur le balcon principal. Quelques
projectiles ont été lancés vers les cochons, la situation s'envenimait.
[Jusqu'à ce moment, j'étais dans les troupes de l'entrée principale. C'est
à partir ce moment que je suis sortie, mon récit sera donc d'un point de
vue de l'extérieur des barricades.]

C'est à ce moment qu'on a compris que les grévistes étaient faits.
L'anti-émeute était en train de pénétrée à l'intérieur par d'autres
sorties et les gens qui étaient restées dans les murs du Cégep se sont
faits pourchasséEs. Un groupe a réussi à sortir, d'autres se sont fait
prendre. L'impératif était donc de faire sortir les gens de la trappe. Les
grévistes qui avaient réussi à sortir sont restéEs autour, rue Ontario à
l'Est de Sanguinet pour encourager les troupes prises, faire chier la
police, tenter des manoeuvres de diversion. Les flics réagissaient en nous
poivrant une fois de temps en temps, cherchant à nous disperser, à nous
faire fuir et à nous décourager de rester pour nos camarades. Les troupes
ont fini par se resserrer en deux formations. Une s'est dirigée sur
Sanguinet et l'autre est restée en avant du balcon.
C'est à partir de ce moment que tout ce que vous savez a commencé. À
l'extérieur, nous essayions de créer une brèche qui aurait pu permettre
aux troupes sur Sanguinet de faire un mur pour sortir. Quelques personnes
pendant ces tentatives ont réussi à s'enfuir.

Mon récit observatif s'arrête ici. Se sont ensuivies des affrontements à
répétition jusqu'aux petites heures du matin. Inutile de dire que la
répression a été monstre. Baston, matraquage, teaser, poivre de cayenne.
L'escouade d'intervention hier s'en est donnée à coeur joie. Il y a eu des
vagues d'arrestations de masse. Pèsent des charges au criminel (voies de
fait sur les policiers, agressions armées et méfaits) sur environ 102 de
nos camarades.

2 commentaires:

Beacas a dit…

Premièrement, mes opinions sont beaucoup plus de droite, mais comme on est dans un pays libre et démocratique, j'espère que mon message sera publier et lu de plusieurs personnes. Je suis tanné qu'on entende seulement les gens de la gaugauche. Il y a tellement de personnes qui ne pensent pas comme vous, mais on dirait que c'est tabou de s'affirmer lorsqu'on est contre les grèves, les émeutes, les manifs ou tout autre activité du genre.

J'ai 27 ans, je suis de retour aux études, je travaille fort en dehors de l'école pour me faire vivre et payer mes édues et je me la ferme. Il n'y a rien de donné dans la vie et vous allez apprendre les jeunes que tout n'est pas si facile... La gratuité scolaire, pourquoi? Pour pouvoir niaiser à l'école encore plus longtemps? Pis vous croyez aider votre cause en scrapant tout dans l'école.. au contraire, ils auront besoin de beaucoup d'argent pour réparer vos conneries! Vous êtes la honte de la société... Avec vos cellulaires à je ne sais trop combien par moi alors que vous n'en avez aucunement de besoin... Pourquoi devoir parler à son tit ami en tout temps? Payez vos cours à la place et étudiez! Aussi, il y a tellement de gauchistes entre vous qui prenez de la drogue... C'est gratuit ça... Payez donc le nécessaire avant et ensuite vous vous scrapperez les cellules.

Belle jeunesse, bel avenir!

Gaston a dit…

Tout d'abord, je tiens à te préciser mon cher Beacas que ton commentaire est remplit de démagogie...En passant, avec toute la couverture médiatique erronée qui s'est fait sur la grève, on peut s'attendre justement à ce que l'opinion publique s'oppose à notre grève.

Aussi, je tiens à te féliciter pour ton adversité face aux difficultés de la vie, je vois que tu es une personne téméraire! MAis là n'est pas la question. Quand on parle de gratuité scolaire, on parle de projet de société. On essaie de mettre de côté les p'tits intérêts individuels de côté pour justement, ensemble, construire un projet que nous allons mettre en commun, c'est ça la gratuité. C'est pas en écrivant un texte bourré de préjugés comme tu fais :"Vous êtes la honte de la société... Avec vos cellulaires à je ne sais trop combien par moi alors que vous n'en avez aucunement de besoin... " que tu vas faire évoluer le débat. En fait, notre but, c'est d'ouvrir un dialogue et en faire un débat constructuf sur notre société. Alors lorsqu'on lit un torchon comme ton commentaire, c'est là qu'on se dit qu'on est pas sortit de l'auberge!!

Mais ça paraît que tu parles à travers ton chapeau. Je t'invite à aller t'informer sur le site de l'ASSÉ ou sur gratuitéscolaire.info , tu va peut-être mieux comprendre pour ce quoi on lutte au lieu de déblatérer des préjugés et de jouer aux prêtres comme tu le fais. Après de t'avoir informé sur le sujet, je t'invite à revenir clavarder avec nous, mais quand on reçoit des commentaires pourris comme tu l'as fait, kossé que tu veux qu'on réponde? Ça coûterait 550 millions selon l'IRIS pour faire la gratuité au Québec. PIs là, on met 25 milliards dans l'armée pour aller faire la guerre. Faque je pense qu'on a un choix à faire...

En passant, on a à peu près le même âge que toi, faque ta morale , garde le pour toi!