mardi, août 31, 2010

Bœuf, porc ou poulet: les nombreux visages de la police

par Marc-André Cyr*

Les manifestations contre le G20 ont véritablement ameuté les forces de l'ordre et de la répression, du jamais vu depuis plusieurs décennies. Mais alors que des policiers de plusieurs provinces ont été mobilisés pour contrer les manifestants et que la répression et l'infiltration avaient commencé bien avant le sommet, une question demeure toujours sans réponse : comment les radicaux ont-ils malgré tout réussi à brûler quatre voitures de police et à fracasser les vitrines d'une cinquantaine de multinationales ?

Une première hypothèse — qu’on pourrait appeler l’ « hypothèse du poulet frit », du « rôti de bœuf » ou encore de la « côtelette de porc aux pommes » — suggère que les policiers aient été tout simplement déjoués par les militantes et les militants radicaux. Étant comme toujours en retard d'une guerre, les forces de l’ordre auraient stupidement appréhendé la répétition des événements d'avril 2001, soit des attaques quasi permanentes au mur de sécurité. À Québec, la casse ne cibla au total qu'une quinzaine de vitrines au profit d'attaques parfois spectaculaires contre les forces de l'ordre. La hiérarchie policière de Toronto aurait donc disposé la vaste majorité de ses effectifs autour du périmètre de sécurité, laissant le centre-ville de Toronto et ses fragiles vitrines à la disposition des militants anticapitalistes. Cette hypothèse est d'ailleurs logique avec la suite des événements. La police ayant été déjouée, il ne lui restait qu'à prouver, à retardement, qu'elle mettait tout en œuvre pour protéger la propriété. Ceci expliquerait l'intensification des arrestations et de l'intimidation qu'elle appliqua systématiquement après la tumultueuse manifestation de samedi.

Mais une autre hypothèse — qu'on pourrait appeler « l'hypothèse du simili-poulet » — est également plausible. Le 30 juin dernier, le Toronto Sun nous apprenait que les policiers de Toronto avaient reçu l'ordre de ne pas intervenir alors que le Black bloc et ses alliés passaient à l'action. N’attendant que le feu vert pour agir, un officier affirme avoir reçu l'ordre du centre de commandements de « ne pas engager » d'opération afin de mettre un terme à l'action directe.

Pourquoi la hiérarchie policière aurait-elle agi ainsi ? Comment interpréter cette inaction? Rappelons que les forces de l'ordre n'en sont pas à leurs premières « irrégularités » : on se souvient, entre autres, des agents provocateurs lors du Sommet pour le Partenariat sur la sécurité et la prospérité (PSP) à Montebello en 2007, de ceux présents dans le groupe Germinal en 2001, de même que du cas de Joseph Gilles Breault, alias Youssef Mouammar, indicateur de la police responsable de menace d'attentat dans le métro de Montréal.

Un retour sur le rôle des agents indicateurs lors des manifestations des années 1960 au Québec nous renseigne également sur les stratégies policières contre les mouvements sociaux. On se souvient du rôle des agents sans uniforme lors du fameux Lundi de la matraque en 1968 — les témoignages de l'époque rappellent tristement ceux des militants présents à Toronto . On se souvient également du rôle scandaleux des agents infiltrateurs dans les rangs du FLQ, les rapports gouvernementaux Keable et Macdonald les ayant minutieusement documentés : vol de dynamite et d'explosifs, incendies criminels, attentats, bombes incendiaires, publication de faux communiqués, cambriolages, holds ups … font toute partie des actions policières pour « combattre le terrorisme ».

Pour comprendre l'action de la police, il faut la situer dans son contexte politique. Son action, pas plus que la loi à laquelle elle répond normalement, ne peut être mise à l'écart des rapports sociaux — qui sont des rapports de domination et d'exploitation — structurant notre société. Les policiers ne défendent pas seulement la « loi » supposément neutre et abstraite, ils soutiennent l'État et son gouvernement, de même que les représentants de ces institutions et les décisions concrètes qu'ils prennent à ce titre. Ajoutons également que les policiers défendent l'institution à laquelle ils appartiennent et par laquelle ils ont un statut social, du pouvoir, des privilèges et un salaire. Compris ainsi, le travail des forces de l'ordre ne vise plus uniquement à faire respecter la loi, mais bien à légitimer — aux yeux du public et des grands médias — ses propres opérations, qui sont elles-mêmes à mettre en relation avec les politiques gouvernementales.

Les vidéos de policiers déguisés en Black block lors des manifestations contre le G20 à Toronto se multiplient et, d’après plusieurs témoignages de citoyens et de journalistes, la hiérarchie policière semble avoir délibérément laissé la « casse » avoir lieu sans intervenir. L'objectif était de légitimer le milliard dépensé en sécurité ? De justifier, avant même qu’elles n’aient lieu, le millier d'arrestations? Les forces de l'ordre auraient-elles préféré s'en prendre à des militants pacifistes pendant dans leur sommeil plutôt que d'affronter le Black bloc face à face ? D’où venaient ces ordres: du gouvernement fédéral, de la ville, du chef de police ?

Alors qu'on sait que le chef de la police a menti à propos de la loi concernant les fouilles autour du périmètre de sécurité et que nombre des « armes » déballées en grande pompe au public n'avaient en fait rien à voir avec les manifestations (où étaient simplement des jouets), cette hypothèse n’est pas à écarter. Non seulement les abus de force et de violence ont atteint des sommets historiques lors de cette fin de semaine, mais les nombreux mensonges commis par la police nous permettent de croire que son action a également atteint des sommets en termes de mensonges et de manipulation de l'opinion publique.

* Cet article a été publié dans numéro Le Couac de septembre.

jeudi, août 26, 2010

Quelques fausses notes dans le concert d’éloges envers le prochain chef de police

Un excellent texte d'Alexandre Popovic repris du site de la Coalition contre la répression et les abus policiers (CRAP).

Le 19 août dernier, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, annonça qu’il avait arrêté son choix sur Marc Parent pour succéder à Yvan Delorme au poste de directeur du Service de police de la ville de Montréal (SPVM). Depuis, les éloges ne cessent de pleuvoir sur celui qui sera vraisemblablement appelé à prendre les rennes du deuxième corps policier municipal en importance au Canada.

Identifié à « l’aile gauche » (?) du SPVM (1), Marc Parent serait à la fois apprécié des flics de terrain et des groupes communautaires tout en étant « bien vu des communautés culturelles ». Son éventuelle nomination à la tête du SPVM fut saluée par les représentants de l’opposition municipale, le syndicat policier montréalais et même par Brunilda Reyes, la dirigeante des Fourchettes de l’espoir, un organisme communautaire basé dans l’arrondissement de Montréal-Nord. (2)

mercredi, août 18, 2010

Contre la répression de la jeunesse colombienne

L'UCL vient de cosigner une déclaration internationale à l'invitation de nos camarades colombiens du réseau Anarkismo.

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DÉCLARATION INTERNATIONALE CONTRE LA BRUTALITÉ POLICIÈRE ET LA RÉPRESSION DE LA JEUNESSE EN COLOMBIE


A la date du 6 mai dernier, cinq ans se sont écoulés depuis le meurtre de Nicolás Neira par l'ESMAD (police anti-émeute). Il y a cinq ans, Nicolas défilait à la manifestation du 1er mai. A l'âge de 15 ans, c'était le geste simple d'un jeune homme qui avait donné un nouveau sens à sa vie. Ce jour-ci, par sa lucidité et son sens politique, son enthousiasme et sa détermination, Nicolás Neira fut un vrai militant libertaire, engagé dans les luttes populaires, celles de tous les opprimés - outrepassant les illusions et les manipulations sociales, qui rendent la lutte étrangère à trop de jeunes indifférents. Aux moyens de la force brutale, le pouvoir étatique a mis fin à sa vie le 1er mai 2005. Démuni et ne sachant pas ce qui allait lui arriver, les policiers de l'ESMAD l'ont acculé dans un coin, et l'ont sommairement exécuté à coups de pied et de matraque sur la tête. Après avoir lutté contre la mort quelques jours, il succomba finalement le 6 mai.

Lire la suite sur CauseCommune.net

jeudi, août 12, 2010

Carl Gauthier nous a quitté

Repris du blogue de nos camarades de Québec :

Le mouvement libertaire et plus largement la gauche sociale de Québec est en deuil. Nous avons perdu un camarade et ami, quelqu'un que nous avons côtoyé dans toutes les luttes depuis de nombreuses années. Voici le communiqué diffusé par ses ami-e-s les plus proche.

Il aimait le fast-food, le hockey, le Red Champagne, les jeux de table, le tai-chi, Nietzsche, Foucault et la bande dessinée.

C'est avec courage et entêtement que Carl Gauthier a combattu pendant plus de 2 ans un cancer. Il s’est éteint à l’Hôpital l’Enfant-Jésus, mardi le 10 août 2010, entouré de celles et ceux qui l’aiment.

Salut à toi Carl Gauthier.

Vous êtes invitéEs à venir dire un dernier au revoir à Carl, ce samedi, le 14 août 2010 de 10h30 à 16h30. Famille et amiEs recevront vos voeux de sympathie au Centre funéraire des Érables 950, avenue des Érables à Québec, dès 10h30, moment qui sera suivi à 15h30 d’un dernier hommage à Carl.

Les enfants sont les bienvenus et sont invités à amener des dessins. Chacun et chacune sont invitéEs à amener ce qu’il veut bien amener : dessins, messages, objets significatifs, souvenirs, couleur.

Une réception est prévue par la suite dans un lieu qui reste à confirmer.

Ceux et celles qui le souhaitent peuvent compenser l’envoi de fleurs par un don à la librairie sociale autogérée « La Page Noire », 265, rue Dorchester, Québec (Québec), G1K 5Z6, projet dans lequel Carl s’est beaucoup impliqué et qui lui tenait à coeur.


Merci de faire circuler largement l'information,

Chantal, Jiména, Benoit, Robin, Maxime, Hélène, Hélène, Rozenn, David, Evelyne, Julien, Marie-Josée, Alex et Véronique.


mercredi, août 11, 2010

[Classiques de l'anarchisme]Fontenis:Manifeste pour un communisme libertaire

Hier nous vous apprenions la nouvelle du décès du camarade Fontenis. Dans ce cadre, j'ai pensé qu'il serait intéressant de (re)publier ici un de ses textes les plus importants, le Manifeste pour un communisme libertaire. Évidemment, ce texte écrit en 1953 doit être remis dans un contexte ou les staliniens ont le monopole sur les luttes en France à ce moment et la FA, de son côté,  est perdu dans un bourbier idéologique et des débats sans fins. Ce texte qui en fera sursauter plusieurs de par son langage et sa provocation, demeure tout même un texte crucial de réflexion pour le plateformisme, malgré les critiques que nous pouvons lui apporter sur certains aspects qui pourraient être qualifiés de "quasi léniniste".

PRÉFACE À LA RÉÉDITION DE 1985
Pour l’auteur de ces lignes, le Manifeste du communiste Libertaire, ce sont des visages, des voix, des camarades disparus, dont on a perdu la trace, qui ont abandonné la lutte sociale, d’autres qui y participent toujours et ceux et celles qui ont suivi d’autres chemins. C’est aussi pour le jeune homme que j’étais, un grand frère, Georges Fontenis.
Nous sortions de la guerre, de l’occupation nazie et nous remettions en question globalement la société bourgeoise et ses mécanismes de pensée. Dans notre recherche, nous avions besoin d’action, de fraternité, le virus du militantisme nous ayant souvent pris depuis les combats clandestins de la Résistance qui avaient déçu nos espoirs adolescents.
Notre lieu de rencontre était une petite boutique du Quai de Valmy, au bord du canal St Martin, qui présentait tout le décorum romantique voulu... C’était le siège du « Libertaire » que nous définissions sans complexe comme le « seul journal révolutionnaire ».
Cette époque était le théâtre d’un incroyable bouillonnement d’idées. L’existentialisme dominait les médias et le dernierEs survivantEs du surréalisme des années 20 avaient enfin rencontré l’anarchie (« porteuse de flambeaux »). Ils et elles publiaient un « billet » chaque semaine dans Le Libertaire et Georges Fontenis était cité dans un poème de Breton.
Ce furent ensuite nos ruptures, nos conflits, nos chemins différents que nous croyions séparés... Puis-je être impartial en préfaçant ce Manifeste ?
Selon l’avant-propos rédigé par la commission d’éditions de l’époque : « le régime capitaliste » était arrivé « à son point culminant de crise ». Nous n’avions pourtant encore rien vu !
La commission poursuivait : « Toutes les recettes de replâtrage et les solutions du pseudo communisme d’Etat ont fait faillite... ».
On voit que nous posions correctement les problèmes actuels.
Il y a trente ans, le Parti socialiste était déjà au pouvoir et le Parti communiste, en pleine « guerre froide » était dans sa période stalinienne la plus noire.
La guerre d’Algérie n’avait pas encore ébranlé la société française. Mai 68 n’avait pas eu lieu.
Personne ne parlait encore d’autogestion. Pourtant, le Manifeste revendiquait déjà le « Pouvoir Ouvrier direct ».
Nous avions trouvé que l’anarchisme constituait la seule solution cohérente.
Selon nos illusions, la Fédération Anarchiste (F.A.) était la force révolutionnaire.
Nous y avions adhéré naturellement.

mardi, août 10, 2010

Georges Fontenis : une figure internationale du communisme libertaire nous a quittés.

C’est une des dernières personnalités du mouvement anarchiste des années 1940-1950 qui vient de disparaître avec Georges Fontenis, décédé à Tours le 9 août 2010 dans sa quatre-vingt-dixième année. Il restera, dans la mémoire du mouvement ouvrier, comme un infatigable combattant du communisme libertaire, un acteur du soutien aux indépendantistes algériens, un syndicaliste de l’École émancipée, un des animateurs de Mai 68 à Tours et un des piliers de la Libre-Pensée d’Indre-et-Loire. Jusqu’à ses derniers jours, il a été adhérent d’Alternative libertaire.

Issu d’une modeste famille ouvrière des Lilas, Georges Fontenis fut projeté dans le militantisme anarchiste par Juin 36 et l’enthousiasme pour la Révolution espagnole. Membre de la CGT clandestine sous l’occupation, ce jeune instituteur à Paris 19e devint, à la Libération, un des militants les plus en vue de la Fédération anarchiste (FA). Dès 1946, il fut élu secrétaire général de cette organisation, véritable pôle de résistance à l’hégémonie stalinienne dans le mouvement ouvrier de l’époque.

Très proche des Espagnols de la CNT-FAI en exil, Georges Fontenis fut, en 1946-1950, un des promoteurs de la CNT française (CNT-F), qui se présentait comme une alternative à la CGT stalinisée et à une CGT-FO atlantiste. Après l’effondrement de la CNT-F en 1950, il rejoignit la Fédération de l’Éducation nationale (FEN) et fut actif au sein de sa tendance syndicaliste révolutionnaire, l’École émancipée.

Georges Fontenis fut ensuite un des principaux protagonistes des luttes d’orientation qui déchirèrent l’organisation anarchiste en 1951-1953, et qui aboutirent à la transformation de la FA en Fédération communiste libertaire (FCL). Il devait en garder, par la suite, une réputation sulfureuse. Il s’en expliqua dans ses Mémoires, publiés une première fois en 1990. Réédités en 2008 par les éditions d’Alternative libertaire sous le titre Changer le monde, ces Mémoires constituent une pièce de premier ordre pour les historiens de l’anarchisme, mais aussi une forme de bilan politique de cette période, non exempt d’autocritique.
Quand éclata l’insurrection algérienne de la Toussaint 1954, la FCL s’engagea dans le soutien aux indépendantistes et Georges Fontenis mit sur pied, avec ses camarades, un des tout premiers réseaux de « porteurs de valises ». Ce n’est cependant pas son action clandestine, mais sa propagande au grand jour qui valut à la FCL d’être démantelée par la répression. Interpelé par la DST au terme de plusieurs mois de cavale, Georges Fontenis passa près d’un an en prison et fut définitivement proscrit de l’Éducation nationale en Région parisienne. Cette période a été racontée dans un documentaire de 2001, Une résistance oubliée (1954-1957), des libertaires dans la guerre d’Algérie.

Après sa libération, Georges Fontenis s’installa dans la région tourangelle, qu’il ne devait plus quitter. La FCL étant détruite, il continua néanmoins son action dans les réseaux de soutien à l’indépendance algérienne.

Il fut de nouveau appelé à jouer un rôle en mai-juin 1968, en étant un des principaux animateurs du Comité d’action révolutionnaire de Tours. Dans la foulée, il tenta de relancer un Mouvement communiste libertaire (MCL), fortement teinté de conseillisme, mais qui fut un échec. Il devait par la suite adhérer, en 1980, à l’Union des travailleurs communistes libertaires (UTCL), puis à Alternative libertaire.

La vie de Georges Fontenis a, pendant plusieurs décennies, été liée au mouvement ouvrier et à son courant libertaire. Il en a partagé les avancées, les reculs et les luttes passionnées. Militant politique, il savait tirer les enseignements des échecs sans céder au découragement. Mais l’itinéraire de Georges Fontenis fut aussi un itinéraire personnel. Façonné par l’anarchisme, il voulut le transformer en profondeur. Pour cela, il fut vivement décrié par certains, et considéré par d’autres, en France et ailleurs, comme une référence. Son bilan forme-t-il pour autant un bloc, à prendre ou à laisser ? Nullement. Mais Alternative libertaire et, au-delà, le courant communiste libertaire international savent ce qu’ils lui doivent, et c’est pour cette raison que nous rendons hommage à un homme qui, désormais, appartient à l’Histoire.

Les militants qui l’ont côtoyé dans ses combats en garderont, pour beaucoup, le souvenir d’un camarade chaleureux, bon vivant, doué d’humour et d’une grande lucidité. C’est encore l’image qu’il laisse dans le documentaire qui lui a été consacré en 2008, Georges Fontenis, parcours libertaire.

AL assure sa compagne Marie-Louise ainsi que sa famille de sa solidarité dans ce moment douloureux. Le mensuel Alternative libertaire saluera longuement Georges Fontenis dans son numéro de septembre. Nous envisagerons également l’organisation d’un événement public en son souvenir à l’automne, probablement à Tours.
Alternative libertaire, le 10 août 2010
 

mercredi, août 04, 2010

[Musique]La ballade de Nestor Makhno

Des camarades des États-Unis ont produit ce petit vidéo plutôt rigolo. Avec peu (je dirais même très peu) de budget, voici une adaptation sous forme de clip vidéo de l'histoire de la Makhnovtchina par le groupe Jake and the Infernal Machine. La pièce s'intitule Gulyai Polye, the ballad of Nestor Makhno. Enjoy!