mercredi, janvier 27, 2010

La fin du monde recule d'une minute...


C'est un peu après la Deuxième Guerre mondiale que des «scientifiques de l'atome» ont eu cette drôle d'idée d'une horloge de la fin du monde, espérant peut-être par ce noble geste apaiser l'angoisse d'avoir contribué à faire péter Hiroshima.

Le Bulletin of Atomic Scientists alerte donc l'humanité en 1947 qu'il lui reste, métaphoriquement, sept minutes à vivre. Le temps étant ce qu'il est, on se ramasse en 1953 avec deux minutes avant l'annihilation qui tue. Maudite Guerre froide, hein. Par la suite, ça se place. On recule à 7, puis à 12, puis on joue aux montagnes russes. Il y a quelques jours, l'espérance de vie de l'humanité a grimpé d'une minute : il est minuit moins six.

Soixante ans plus tard, quel bilan sinon d'avoir contribué, par la force des choses, à banaliser sans jamais le nommer les impacts néfastes du capitalisme? Ces gens doivent être bourrés de bonnes intentions...

Et pourtant, ça manque cruellement d'analyse. Pour des scientifiques, quel intérêt y a-t-il à mesurer la température, la constitution de l'atome ou la menace  d'une «destruction catastrophique» sans une compréhension adéquate des précédents phénomènes ni hypothèses à in/valider? Hélas, à la barre de leur horloge spectaculaire, ces scientifiques se contentent de bêtement jouer un amalgame entre devins et pseudo-analystes poches. The show must go on!

Leur site dresse l'évolution du funeste compte à rebours. Par ici, à conditions d'avoir quelques minutes à perdre - et vous ne pourrez malheureusement pas, dans la vraie vie, jouer avec l'heure selon vos envies du moment.

Richard Martineau et ses jappements déficients

C'est pitoyable et glauque, mais c'est la triste vérité : les papiers de M… sont le reflet d'une époque bien étrange – la nôtre. Suspendue quelque part entre la réaction conservatrice et l'égoïsme libéral, sa « pensée » (il faudra indéniablement trouver un mot plus juste) est pittoresquement propre à la société marchande moderne. L'idéologie bourgeoise, désormais seule aux commandes du monde et de ses réalités, se partage la dépouille des grandes idéologies. Dansant sur le cadavre de l'Histoire, M… peut enfin dire tout ce qui lui plait

« Jean Charest est un gros trou du cul de merde qui mange du vomi. Voilà. Personne ne va m'arrêter » .

Sur le marché du populisme réactionnaire, M… a trouvé sa niche, son filament qui lui donne sa touche particulière : la droite déficiente (typiquement postmoderniste, cette droite oscille entre le libéralisme et le conservatisme tout en ignorant sa propre existence). Remarquez comment M… ne se rend même pas compte que le point de vue qu'il choisi pour questionner le monde est essentiellement et intégralement de droite. C'est presque comique… tragi-comique en fait

« Car entre vous et moi, qui peut dire ce qui est de droite ou de gauche, aujourd'hui? Créer de la richesse pour mieux la distribuer, c'est de droite? Défendre la liberté de religion des extrémistes, c'est de gauche? Demander des peines plus sévères pour les criminels dangereux, c'est de droite? S'agenouiller devant des dictateurs socialistes, c'est de gauche? Critiquer les excès du féminisme, c'est de droite? Défendre des programmes sociaux universels qui bénéficient aux biens nantis, c'est de gauche? »

Parmi les millions d'objets qu'il est possible d'observer, parmi le répertoire infini des faits qui animent la vie sociale et politique, M… choisi, en conformité avec la mode du jour, ceux qui peuvent mousser ses ventes. Seul le détail sans occurrence ni contexte l'intéresse. Parlez-lui de sexisme, d'inégalités historiques, de violence, de racisme, de classes sociales… il vous répondra du tac au tac qu'il ne faut pas oublier la misère de la classe moyenne, les problèmes des blancs, la violence des femmes envers les hommes et les droits de la majorité. Ici, c'est une intervenante auprès des femmes en difficulté qui affirme que certaines féministes sont «sexistes» . Là, c'est un film de Michael Moore qui prouve que les États-Unis ne vivent pas sous le règne de la «pensée unique» . Ici encore, un imam sorti d'on ne sait où traite les femmes de «prostituées» sans que personne ne le dénonce, ce qui prouve que les «organisations progressistes» participent à ce «chantage immonde» favorisant les extrémistes. Là encore, un col bleu agressé par son syndicat prouve que «l'intimidation syndicale» est une réalité

«Il faudrait parler de la violence des patrons, mais pas de celle des syndicalistes? De la violence des hommes, mais pas de celle des femmes? De la violence des Blancs, mais pas de celle des Noirs? ».

Hors de l'Histoire, tout devient relatif. L'éternel présent du journaliste se reconstruit en boucle chaque matin, produisant une multitude informe de faits fixes et uniques. M… peut ainsi chialer (enfin le mot juste !) sans se soucier des privilèges qu'il défend objectivement. Il lui arrive même, quoique rarement et presque par accident, de dénoncer les abus des autorités; cela lui donne de la « crédibilité » (ou quelque chose du genre). Ces attaques se limitent toutefois à dénoncer les excès exceptionnels des riches et des puissants sans jamais expliquer en quoi ce sont les positions sociales de ces profiteurs qui sont elles-mêmes des injustices. Ces quelques balles perdues ne font certainement pas le poids face aux vastes entreprises de calomnie auquel il se livre quotidiennement et qui ont pour cible, cette fois systématiquement, les épouvantails qu'il s'invente : la gogauche, les féministes enragées, les femmes voilées, les casseurs cagoulés, les terroristes, les gangs de rue, etc. Ces ennemis imaginaires sont des personnages grossiers et spectaculaires qu'il peut manipuler à sa guise. En stigmatisant ainsi ses adversaires, c'est en fait sa propre incompréhension des idées et des réalités des autres que M… met en scène.

Mais il y a plus… Car le reflet peu brillant créé par la « pensée » (décidément !) de M… produit ce qu'il dénoncerait lui-même comme de l'idéologie. En laminant tous les rapports de force qui animent la société, il prend nécessairement la défense de ceux qui comme lui profitent de l'état actuel du monde. À ses yeux (ne vous en faites pas, on va faire ça vite) : la gauche «domine» l'information; la droite est «trop sévèrement» critiquée; il est impossible de «mettre un pied devant l'autre sans l'aide de l'État»; on vit dans une société dominée par les «valeurs féminines»; il est impossible de critiquer les syndicats sans être « brûlé sur la place publique » (les critiquer serait un geste « révolutionnaire »); le principe d'autorité est désormais « tabou »; les musulmans pourraient bientôt «anéantir» l'Occident, etc.

Cette conception du monde patentée hors du temps et de l'espace l'amène à se poser des questions objectives (ne vous en faites pas, ça achève): « À quand une école pour gais qui enseigne la grammaire en utilisant le répertoire de Village People? », « À quand un colloque sur le fait que les francophones disent UNE table, mais UN bureau? », « Pourquoi ne permettrait-on pas aux Québécois de souche de conduire leur char avec une bière entre les jambes?», pourquoi ne créerait-on pas une « Ligue des Blancs du Québec »? … (Manifestement, M… a lu L'art d'avoir toujours raison de Shopenhauer… enfin, il a minimalement compris le stratagème numéro 1, « l'extension »).

La prétendue fin de l'histoire a permis à l'idéologie bourgeoise de reposer son gros derrière hégémonique sur l'ensemble de nos représentations collectives. M… est l'une des matières organiques fermentée dans cet enfermement idéologique. Aucun système, aucun mouvement, aucune structure ne vient déranger sa vaniteuse tranquillité. Tout en défendant le droit au profit, la supériorité de l'Occident, la position dominante de l'homme blanc et les droits des briseurs de grève, M… enrobe ses « idées-marchandises » de prétention à la neutralité. Sans percevoir que ses jappements sans contours font écho aux commandes des notables, il continuera de baver à petites doses sur l'immensité du monde qu'il n'a même jamais tenté de comprendre…

* ce texte est tiré du journal Le Couac, février 2010.

Cause Commune Express: Tournée "Usines sans patrons"

Argentine : De la crise à l'insurrection

En mai 2000, le gouvernement de la Rua annonce une série de mesures afin de rendre l'État argentin conforme aux volontés néolibérales du FMI: baisse de 12 à 15% des salaires des fonctionnaires, réduction majeure des dépenses, privatisation, etc. Le tout plait effectivement aux bonzes du FMI puisqu'ils allouent 40 milliards de dollars en prêts à l'État argentin. Mais la crise semble indomptable puisque déjà l'année suivante le pays en est à son onzième plan d'austérité approuvé par le FMI et les seuls résultats palpables de ces mesures semblent être le nombre grimpant de manifestations, d'émeutes, de grèves et de coupures de routes (les piqueteros). Pendant cette période, on évalue à 2000 le nombre d'individus par jour passant de la "classe moyenne" à la "classe pauvre" et à 25% le taux de chômage; sans compter que le spectre de la banqueroute n'est jamais bien loin, à un point tel que le 1er décembre 2001 les liquidités des banques sont épuisées et que le gouvernement doit limiter par la loi les retraits des particuliers.

En décembre 2001, les émeutes comptent plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de pillards (pauvres, chômeurs ou membres déchus de la classe moyenne) qui s'en prennent aux supermarchés, aux entrepôts, aux boutiques, etc.) Les troubles sont si préoccupants que l'état de siège est décrété par les forces de l'ordre: tout regroupement public de plus de deux personnes est interdit et que la censure est rigoureusement appliquée aux médias. La répression, qui a déjà fait quelques morts, se fait sentir au maximum, mais les émeutes continuent de plus belle et sont désormais doublées de cette pratique qui avait fait grandement pression sur la dictature militaire dans les années 1970, les "concerts de casseroles" (cazerolazos) qui regroupent, chaque jour et partout à travers le pays, plusieurs milliers d'individus.

Dans la soirée du 19 décembre, une manifestation spontanée regroupant plus d'un million de personnes a lieu à Buenos Aires. Devant le palais présidentiel, la foule en colère réclame la démission des hommes politiques. Le tout se termine dans la nuit par une émeute majeure qui balaiera les institutions bancaires et les multinationales et lynchera plusieurs policiers. Lors de ces troubles, plusieurs milliers de messagers à moto (motoqueros) participent aux affrontements; ces derniers, par leur connaissance de la ville et leur mobilité, amorcent ainsi un mode d'action qui allait être reconduit à de nombreuses reprises.

Des évènements semblables ont lieu dans au moins une douzaine de villes du pays. À Cordoba, la mairie est occupée. On y tient une assemblée avant d'y mettre le feu et de dresser des barricades. Le lendemain matin, la révolte se poursuit, un manifestant raconte: " Les gens allaient, venaient, les cortèges se recyclaient, les avenues se vidaient puis se remplissaient à nouveau d'hommes, de femmes, de familles avec leurs chiens... C'était quelque chose d'impressionnant parce que totalement spontané... ". Cette journée sera ponctuée par une foule d'évènements majeurs semblables à la veille… combats de rues, pillages, assaut d'une foule en colère contre la maison du président, etc. À l'évidence, la révolte devient insurrection.

Mais ces manifestations de souveraineté populaire attirent évidemment son contraire : la répression, qui est à la hauteur de la réputation qu'elle s'est forgée pendant la dictature. De ces quelques semaines d'affrontement, on compte 35 tués, des centaines de blessés et des milliers d'arrestations (officiellement 3273). Plusieurs témoins racontent que des tueurs en civils se faufilaient dans la foule afin d'abattre des militants-e-s d'une balle dans la nuque. Les autorités ne savent décidément pas comment réagir: le président de la Rua démissionne et doit être évacué par hélicoptère. Le nouveau président, Adolfo Rodriguez Saa promet un moratoire sur le paiement de la dette extérieure et la création d'un million d'emplois.

Mais les manifestations se poursuivent… et l'année 2001 se termine par la démission du président Saa, bientôt remplacé par Duhalde. Les concerts de casseroles, les coupures de routes, les émeutes et les manifestations reprennent dès janvier. Dans la ville de Mosconi, les émeutiers prennent la garnison du commissariat en otage et brulent l'édifice. À Junin, 600 manifestants brulent la maison d'un député. Le 28 janvier, plus de 15 000 piqueteros soutenus par les assemblées de quartier convergent au centre de Buenos Aires. Le nombre de piqueteros - et de piqueteras, puisque les femmes sont très nombreuses lors de ces actions: elles forment jusqu'à 70% des effectifs - est d'ailleurs depuis le début de la crise leurs regroupements sont en pleine expansion: de 1383 qu'ils étaient en 2001, ils passent à 2336 en 2002.

Les émeutiers délaissent désormais les supermarchés pour mieux s'en prendre aux banques, sans compter que les assemblées de quartiers, progressivement, se fédèrent entre elles afin de coordonner l'insurrection. Ces assemblées, qui se comptent par centaines, transfigurent la critique en acte et en parole. Réunissant parfois plusieurs milliers de personnes, elles permettent au peuple de reprendre tout ce qui le concerne en main, sans avoir recours à la médiation de l'État ou d'une quelconque institution bourgeoise. Fonctionnant de façon horizontale et non hiérarchique, elles prennent une telle ampleur que les dirigeants politiques croient devoir rappeler qu'aux termes de la constitution:

Le peuple ne délibère pas et ne gouverne que par l'intermédiaire de ses représentants... Il faut arrêter la fantaisie des gens dans la rue qui disposent de ce qui doit ou ne doit pas se faire... Il... faut adresser des pétitions aux autorités... de façon ordonnée et sensée au lieu de les livrer en pâture aux agitateurs habituels...

Cette insurrection a pris tout le monde par surprise, aucun syndicat, aucun parti n'en est à l'origine. C'est de la population elle-même, spontanément, qu'est venue la résistance, et c'est cette même population qui a donné à cette résistance une forme si originale et efficace. La révolte populaire fut accompagnée par un vaste mouvement d’autogestion des entreprises en faillite. Autour du slogan « Occuper, résister, produire », entre 8000 et 10 000 postes de travail dans plusieurs secteurs industriels (métallurgie, textile, imprimerie, hôtellerie, alimentation, etc.) ont ainsi été sauvés par les travailleurs et travailleuses dans des entreprises récupérées et remises en marche par leurs propres ouvriers et ouvrières, alors même que la crise financière de décembre 2001 avait poussé les patrons à les abandonner à leur propre sort. Sans contredit, il s’agit de l’un des faits marquants de la réponse des classes populaires qui mérite d’être souligné.


Si le contexte québécois de 2010 diffère largement de celui argentin de 2001, quelques rapprochements sont tout de même possibles. D'abord, la crise qui a touché durement l'Amérique du Nord a fait passer le taux de chômage de 7,2% (le plus bas niveau en 32 ans) à un niveau qui atteindra possiblement 10% en 2010. Pour la région de Montréal seulement, le taux de chômage a déjà atteint les 10,5%. Certains économistes craignent même une seconde crise financière dans un avenir très rapproché. Par ailleurs, l'État et le patronat, sous prétexte de relance économique, se lancent dans une grande offensive néolibérale - en sabrant dans les services sociaux, les conditions salariales et en remettant à l'ordre du jour différents plans de privatisation. Pour couronner le tout, tant les syndicats que les mouvements sociaux sont moribonds et sont en mode survie plutôt qu'en mode combattif, laissant ainsi l'État manœuvrer à sa guise. Dans un tel contexte, que peut-on tirer de l'expérience argentine afin de s'organiser ici et maintenant?

Contre le capitalisme

La première nécessité semble être l'élaboration d'un projet social et politique extra-parlementaire qui aurait pour fondation une authentique démocratie. Peu importe les mesures que les politiciens prendront, ce ne sera qu'en faveur du marché et ce sera nous (les travailleurs, les travailleuses, les étudiants et les précaires) qui en paieront le prix.

L'expérience de récupération d'usine dans un contexte de crise économique serait, dans un premier temps, une nécessité qui permettrait aux travailleurs et aux travailleuses de conserver leurs emplois. On n'a qu'à penser à l'exemple récent de la grève d'Alcan à Jonquière en 2004. Les travailleurs, réalisant les limites de la grève légale, ont relancé la production sous contrôle ouvrier, poussant ainsi le patronat à la négociation - entre autres puisqu'il ne pouvait plus revendre l'électricité non utilisée pour amortir les pertes causées par la grève. Bien que l'expérience argentine soit critiquable à plusieurs niveaux, elle permet à la population de renouer avec une véritable démocratie que la rationalité et le productivisme capitaliste nous ont fait oublier depuis fort longtemps. La réussite d'un tel projet, l'autogestion généralisée, ne peut à long terme réussir sans une lutte globale pour une transformation libertaire et socialiste de la société. Dans un tel contexte, l'auto-organisation des chômeurs et des précaires est indissociable de la lutte des travailleurs et des travailleuses pour l'autogestion de leurs milieux de travail et la solidarité entre les différentes luttes parcellaires est plus que jamais nécessaire.

Contre l'État

L'autre aspect crucial est le principe des Assemblées de quartier et la mise en place de mécanismes de démocratie populaire. Dans un contexte de crise sociale et politique, dans lequel les gens n'ont plus confiance aux politiciens et aux partis, la démocratie par la base est plus que jamais nécessaire. Que ce soit pour des enjeux de quartiers, le logement, la précarité, l'éducation populaire ou la santé (on peut penser au modèle des cliniques populaires des années 1960-1970), seule notre force collective, par la mise en place de mouvements de quartiers, peut amener un réel changement.

L'attente de réformes ou de promesses électorales, la manipulation par les politiciens et les bureaucrates et toutes les formes de concession minent à long terme nos luttes populaires. C'est pourquoi dans le contexte de notre campagne sur la crise nous jugeons important de partager des expériences de luttes collectives afin d'entamer ou de poursuivre une réflexion collective sur les façons de s'organiser ici et maintenant.

pour connaitre chaque arrêt de la tournée, cliquez ici.

mardi, janvier 26, 2010

Communiqué du syndicat batay ouvriye

Pour faire face au malheur qui nous est tombé dessus ce 12 janvier 2010, nos moyens ne nous permettent en aucune façon de proposer une réaction autonome, encore moins de la réaliser. C’est pourquoi, aujourd’hui, nous lançons cet APPEL DE SOLIDARITÉ aux ouvriers, travailleurs, progressistes du monde entier afin de pouvoir faire face à nos responsabilités de manière autonome.

APPEL À LA SOLIDARITÉ SUITE AU TREMBLEMENT DE TERRE DU 12 JANVIER 2010 À PORT-AU-PRINCE

Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 à Port-au-Prince, Haïti, nous a lourdement frappé au niveau des masses populaires.

En effet, aux côtés des bâtiments publics effondrés en grand nombre, ce sont nos quartiers populaires qui ont été les plus détruits. Ceci n’est pas surprenant, ce sont les plus fragiles, les plus instables : c’est là que l’Etat n’a jamais su répartir les services minima, allez voir chercher à consolider nos maisons, allez voir s’en occuper sérieusement. Au contraire, nous avons toujours été menacé d’expulsion, de « déplacement », de sorte que nous-mêmes n’avons jamais su non plus, encore moins pu nous concentrer sur l’amélioration de notre propre habitat.

Pendant que certains capitalistes cherchent à forcer les ouvriers à retourner travailler dans des usines fissurées ; pendant que les propriétaires des grands magasins se refusent à distribuer gratuitement leurs marchandises et exigent même que leurs prix augmentent ; pendant que tout le monde peut constater l’absence flagrante et honteuse de l’État, son incapacité, son incompétence (lui qui, certainement, ne sait que voler, « magouyer », en ne défendant que les grands propriétaires fonciers, les bourgeois et autres multinationales) ; pendant que la police nationale, soi-disant là pour « protéger et servir », brille également par son absence devant la catastrophe d’une part, et, d’autre part, face aux gangs qui sévissent (certainement, elle ne sait que réprimer le peuple) ; pendant que les forces impérialistes profitent de l’aide qu’ils administrent pour, de manière éhontée, approfondir leur domination et transformer les relations en une véritable tutelle sans partage… les ouvriers, travailleurs de tous genres, masses populaires en général subissent cette situation catastrophique où elles se retrouvent les bras cassés.

Une certaine presse a favorisé le développement d’aspects franchement progressistes, permettant un minimum de coordination à partir du terrain même, des comités populaires conséquents travaillent sans relâche à porter aide et secours. Seulement, partout, les moyens font énormément défaut. En vérité, en plus de nous avoir frappé violemment, le tremblement de terre nous laisse sans recours autonome et nous dépasse complètement.

À Batay Ouvriye, même si la plupart de nos cadres et membres ont pu sauver leur vie, plusieurs d’entre nous ont perdu des membres de leur famille, leur maison, leurs rares biens… plusieurs sont blessés, estropiés et, en plus d’avoir à enterrer nos morts, la survie nous devient de plus en plus difficile.

Dans la mesure du possible, nous essayons d’éviter de passer par les circuits officiels dominants mais il est tout aussi vrai que la situation devient intenable ! C’est ce qui nous amène aujourd’hui à lancer cet APPEL À LA SOLIDARITÉ en direction de tous les ouvriers, travailleurs et progressistes conséquents du monde entier pour tâcher de nous aider à sortir de cette terrible passe.

Selon un inventaire provisoire rapidement réalisé, nos besoins les plus immédiats sont les suivant et s’élèvent à :

Maisons à réparer US $ 50,000.00
Pertes de biens 20,000.00
Soins aux blessés et aux estropiés 10,000.00
Survie immédiate 30,000.00
S’occuper des morts 10,000.00
Total provisoire US $ 120,000.00

A cela, il nous faut ajouter 40% d’inflation, étant donné que les prix ne cessent d’augmenter et que nous ne savons pas où cela nous mènera. Pour un TOTAL plus certain, d’alors : US $ 170,000.00

Maintenant, divers contacts que nous avons commencé à développer suite à la dernière grande mobilisation autour du salaire minimum sont eux aussi dans des conditions similaires. Nous devons les aider également. Ceci demande une somme additionnelle. D’un autre côté, dans les zones où vivent nos principaux militants, des mouvements de solidarité populaire ont été mis sur pied. Nous devons les intégrer résolument, tout en y apportant l’orientation que nous pensons nécessaire en ce moment. Immédiatement également, dans le cadre de la reconstruction que les classes dominantes commencent déjà à planifier, nous devons prendre l’initiative organisée de mettre sur pied nos propres orientations afin de faire face à la prochaine catastrophe qu’elles nous préparent. Ceci également exigera des dépenses.

En tout et pour tout, nos calculs s’élèvent alors à un GRAND TOTAL de US $ 300,000.00. C’est ce qui permettra à nos membres de survivre, d’aider nos divers contacts de tout genre et, enfin, de commencer déjà à construire et propager une orientation politique ample, forte et collective, aujourd’hui dedans la lutte de survie même mais déjà apte à prévoir et faire face de manière structurée à l’autre genre de catastrophe qui nous attend : la future domination impérialiste qui, conjointement avec les classes dominantes locales et leur Etat réactionnaire, prend déjà des formes extrêmes.

Nous remercions à l’avance tous ceux qui comptent contribuer. Le moment d’une telle débâcle demande non seulement une solidarité renforcée mais encore un rapprochement conscient, initial ou en approfondissement, pour une lutte commune internationale.

Pour ceux qui comptent nous faire parvenir de la nourriture, de l’eau ou encore des vêtements, des médicaments, des petits mobiliers… l’adresse de notre local principal à Port-au-Prince est : Batay Ouvriye, Delmas 16, # 13 bis. Pour ceux qui comptent envoyer du cash, notre compte bancaire est le :

Bank Name: City National Bank of New Jersey
Bank Address: 900 Broad Street, Newark, NJ 07102
ABA Number: 0212-0163-9 City of NJ Newark

For further credit to:
Account Number: 01 000 9845
Account Name: Batay Ouvriye
Account Address: Ave. Jean Paul II, # 7

Naturellement, nous rendrons public toutes les sommes reçues et nous informerons de nos activités au fur et à mesure de leur déroulement.

BATAY OUVRIYE
(daté du 20 janvier 2010)

samedi, janvier 16, 2010

À vos agendas : Usines sans patrons!

Voici les dates pour la tournée de conférences! Notez que la conférence de Montréal le vendredi 29 janvier sera en anglais, et que celle du mercredi 10 février sera en français.


Usines sans patron : la réponse des classes populaires argentines à la crise économique de décembre 2001 - Tournée de conférences au Québec et en Ontario (Prise 2)

CALENDRIER de la tournée :


Jeu 21 jan - St-Jérôme - Café de rue SOS à 19h00 (314, Labelle)

Sam 23 jan - Waterloo - KWCCSJ à 20h (63 Courtland Ave East)

Dim 24 jan - London - Empowerment Infoshop à 19h (636 Queens Ave.)

Lun 25 jan - Hamilton - Skydragon Centre à 19h (27 King William Street)

Mar 26 jan - Toronto - OISE à 19h (252 Bloor Street West, Room 8-104)

Mer 27 jan - Ottawa - PSAC building à 19h (233 Gilmour St)

Ven 29 jan – Montréal – Université Concordia à 14h00 au 2149 Mackay
(local CI-01) (en anglais)

Sam 30 jan – Sherbrooke – Tremplin 16-30 à 19h00 (95, Wellington S.)

Mar 2 fév – Québec – Université Laval à 11h30 (détails à venir)

Mar 2 fév – Québec - Café-Bar L’Agitée à 20h00 (251, Dorchester)

Jeu 4 fév – Chicoutimi - Café Cambio à 19h00 (405 rue Racine Est)

Sam 6 fév – St-Félicien – Café l’Associé-T à 19h00 (1105, Boul. Sacré Cœur)

Lundi 8 fév – Drummondville – Cégep à 19h00 (Café Clovis)

Mar 9 fév – St-Hyacinthe - Bar Le Zaricot à 20H30 (1450 Rue des Cascades)

Mer 10 fév – Montréal - Uqam à 18h30 au Pavillon N (1205 St-Denis) Local N-M530


Usines sans patrons

Nous traversons l’une des pires crises économiques de l’histoire du capitalisme et les réponses fournies par l'État et ses laquais sont illusoires. En plus, face à cette impasse nos dirigeant-e-s tentent de faire porter tout le fardeau de la crise aux travailleurs et travailleuses.

Comment pouvons-nous répondre autrement à cette crise économique? Pouvons-nous s’inspirer des expériences de luttes qui se sont passées ailleurs dans le monde?

Pour réfléchir à ces questions, l'Union communiste libertaire (UCL) organise cet hiver, en collaboration avec Common cause, une tournée de conférences au Québec et en Ontario sur la réponse des classes populaires argentines face à la grave crise économique qui secoua le pays au début des années 2000.

Du 18 janvier au 12 février prochain, un militant anarchiste de l’organisation Red Libertaria (Argentine) parcourra différentes villes du Québec et de l'Ontario pour nous entretenir sur ce sujet. Il traitera des différentes formes de résistance développées par le peuple argentin pour contrer les effets de la crise: récupération d'usine, création de coopératives autogérées, etc. ainsi que de l'implication des anarchistes dans ces différentes luttes.

Contact au Québec: ucl@causecommune.net
Contact en Ontario: commoncauseontario@gmail.com

vendredi, janvier 15, 2010

Gildan délocalise sa production d'Haïti après le tremblement de terre




Une nouvelle parue avant-hier concernant la multinationale montréalaise de sweat-shops de t-shirt, Gildan. Une nouvelle plutôt significative par rapport à la part d'aide apportée par les multinationales pour aider les victimes du tremblement de terre en Haïti. Attristant, le moins que l'on puisse dire. Une campagne d'envoi de fonds pour les travailleurs et travailleuses haïtien-ne-s a été lancé (plus d'informations).
TORONTO, 13 Janvier (agence Reuters) - Gildan Activewear, compagnie canadienne de production de T-shirt a déclaré mercredi qu'elle délocaliserait plusieurs opérations manufacturières en Amérique Centrale après le puissant tremblement de terre en Haïti qui a endommagé l'une des usines de l'un de ses sous-contracteurs.

La compagnie basée à Montréal, qui manufacture des T-shirts, des bas et des sous-vêtements, a affirmé que l'une des 3 usines qui font la couture du tissu pour Gildan dans les petits pays des Caraïbes, a souffert de dommages substantiels durant le tremblement de terre de mardi.

Gildan a affirmé qu'elle délocaliserait sa production de gilets, destiné pour le marché états-unien de la sérigraphie, vers la République Dominicaine, le Honduras et le Nicaragua.

La compagnie a affirmé que ses clients au détail américains ne seraient pas affectés. [sic]

Manifeste des hommes


J'suis d'ordinaire pas un gros fan des pétitions en tant que moyen de lutte, mais ça reste encourageant, des fois, de voir que d'autres disent des trucs sympathiques. L'avoir écrit moi-même, j'aurais toutefois changé deux petits trucs : 
  1. À l'expression «personne qui se prostitue», je préfère celle de «personne prostituée». C'est mineur, bien sûr, mais ça illustre à mon avis mieux la question des rapports de pouvoir en ce qui a trait à l'industrie de l'exploitation sexuelle.

  2. Le paragraphe sur la représentativité féminine dans les sphères du pouvoir aurait à mon avis bénéficié d'un peu plus de recul. Même en tant que libertaire opposé à la mascarade électorale, rien de sensé ne justifie que les femmes soient exclues des sphères de pouvoir. Mais peut-on l'admettre tout en critiquant l'existence même de ce pouvoir? Merkel, Thatcher et (rares) consoeurs ont démontré avec brio qu'en position d'autorité, les femmes aussi peuvent être des esties. Ce paragraphe est en ligne directe avec le courant du féminisme libéral, ou féminisme bourgeois, qui se contente de revendiquer que les femmes puissent faire tout comme les hommes, comme si c'était un modèle.
Enfin, voilà le texte, publié sur le site de La domination masculine, film dont nous vous avions parlé. Ce dernier devrait d'ailleurs sortir en salles, au Québec, le 22 janvier, soit vendredi prochain.


jeudi, janvier 14, 2010

Appel à la solidarité et à l’envoi de fonds pour les travailleurs d'Haïti !

Une catastrophe naturelle vient de s'abattre sur Haïti, dont nous n’entrevoyons encore que la surface. Les haitiens vont devoir lutter pour reconstruire leur vie et leurs maisons, et ce vraisemblablement pour des décennies considérant cet effondrement sans précédent, à la fois physique et social.

Pourtant, malgré les l'imprévisibilité des tremblements de terre, ce désastre est contre nature, une monstruosité de notre temps. L'ampleur des dégâts du tremblement de terre fait partie du coût de l'exploitation effrénée qui, à chaque moment, met le profit devant la santé, devant la sécurité et devant le bien être du peuple de Haïti.

Alors que le monde observe - prêt à aider, le pouvoir voit l’occasion de traiter une opportunité. Les travailleurs et paysans de Haïti ont lutté pendant des décennies pour leurs droits aux plus basiques niveaux de l’existence, tandis que les forces d’occupation de l’ONU, l’Etat et les élites dirigeantes maintenaient la misère sociale, sans fléchir. Maintenant que Port-Au-Prince n’est plus que gravât, de nouvelles opportunités s’offrent pour les dirigeants de reconstruire Haïti dans leurs seuls intérêts propres.

Mais de la même façon, les travailleurs et paysans haïtiens pourraient affirmer leur droit à leur Haïti ; un où ils ne seraient pas contraints de vivre dans des immeubles dangereux, ni de travailler uniquement pour remplir les poches des élites, étrangère ou locale.

Quand nous cessons de regarder l’horreur pour prendre des actions décisives, les progressistes nous pouvons offrir une alternative. Il ya un désir fort et beau de faire quelque chose, pour aider les autres en ce temps de besoin. Nos actions sont plus fortes lorsque nous nous organiser nous mêmes, et que nous faisons un effort concerté dans l'unité. Maintenant même, nous pouvons avoir l'impact le plus profond en nous engageant à agir en solidarité avec les mouvements sociaux autonomes d'Haïti directement. Ils représentent la meilleure option possible pour le peuple haïtien, et sont dans le plus grand besoin. Dans le même temps, nous sommes les mieux placés pour les aider, en tant que personnes engagées à lutter contre un système qui fonctionne à nous exploiter tous. Nous appelons à la solidarité des individus pour les individus engagés dans une lutte commune.

Ce n'est pas seulement une question d'argent pour aider mais aussi et surtout un acte autonome et indépendant de solidarité internationale qui illumine la faillite des forces d'occupation, des sociétés multinationales, et des élites haïtiennes qui sont les premiers responsables de l'état démembré de Haïti.

Il va couler des flots d’aide et de monnaie donnés comme forme de charité. Jusqu’à la prochaine catastrophe. Notre action de solidarité ne devrait, sous aucune forme que ce soit, être exclusivement un acte d'aide humanitaire. Il ne devrait pas être un acte a-politique, et nous ne devrions pas donner le feu vert à ceux qui souhaitent capitaliser sur les souffrance des autres.

Cela devrait être un acte de solidarité avec la population en lutte de Haïti et leurs organisations, tout en rejetant dans le même temps la élites haïtiennes totalement ineptes et leur appareil d'État qui a entraîné Haïti dans la faillite. Le tremblement de terre est une catastrophe naturelle, mais l'état de Haïti, l’abjecte pauvreté des masses et l’ignoble injustice de l’ordre social ne sont pas naturels.

Nous sommes en contact avec une de ces organisations, Batay Ouvriye, et nous mettons nos moyens et notre temps à les soutenir, pour aider à la reconstruction après la catastrophe et pour maintenir la lutte pour un meilleur Haïti et un meilleur monde.

Batay Ouvriye est une organisation ouvrière et paysanne combative et de base, avec des travailleurs organisés partout à Haïti mais plus spécialement dans zones d’extrême exploitation que sont les ateliers clandestins (où l’on gagne « le salaire de la sueur ») et les zones franches. Le groupe « Miami Autonomie et Solidarité » a mis en place une caisse de solidarité et un moyen d’envoyer de l’argent pour Batay Ouvriye. Si d’autres veulent également leur envoyer de l’argent, qu’ils se mettent en rapport en envoyant un mail à :
miamiautonomyandsolidarity@yahoo.com
Miami Autonomie et Solidarité et Réseau de Solidarité Haïti Batay Ouvriye

Suivez ce lien pour contribuer

Miami Autonomie et Solidarité et Réseau de Solidarité Haïti Batay Ouvriye

(Traduction : CNT AIT Paris - contact@cnt-ait.info)
Lien: http://miamiautonomyandsolidarity.wordpress.com

Solidarité avec Haïti.

Durant cette terrible période bien évidemment, nous nous tenons au côté du peuple Haïtien. Nous leur apportons tout notre soutien, leur peine étant notre peine, et depuis ce forum nous appelons nos lecteurs et plus généralement tout le monde affecté par la tragédie à aider Haïti, au travers des organisations humanitaires qui ont lancé un appel, afin d’apporter un soulagement, un secours, et une aide à la population dans ces terribles conditions.

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Ni pleurs de crocodile, ni silence
Solidarité avec le peuple haïtien

La misére frappe encore une fois Haïti. Cette fois, il s’agit d’un violent tremblement de terre qui a dévasté le pays et la tourné en un amas de gravats et de débris. Il reste encore à déterminer le nombre exact de victimes, mais la croix rouge parlent dors et déjà de 3 millions de personnes en détresse et le nombre de morts pourraient atteindre 100.000 – un terrible décompte lorsque l’on sait que la population haïtienne n’est seulement de 8 millions. Les images circulant des survivants écrasés sous les décombres demandant de l’aide, des enfants blessés, des personnes pleurant leur morts nous donne un sens précis de l’étendu de la tragédie, mieux que l’on ne pourrait jamais la raconter.

Durant cette terrible période bien évidemment, nous nous tenons au côté du peuple Haïtien. Nous leur apportons tout notre soutien, leur peine étant notre peine, et depuis ce forum nous appelons nos lecteurs et plus généralement tout le monde affecté par la tragédie à aider Haïti, au travers des organisations humanitaires qui ont lancé un appel, afin d’apporter un soulagement, un secours, et une aide à la population dans ces terribles conditions.

Nous ne pouvons par ailleurs pas nous empêcher de ressentir un dégoût en considérant l’hypocrisie d’une communauté internationale qui encore une fois pleurs des larmes de crocodiles à l’aube de cette « incompréhensible tragédie » (pour emprunter les mots d’Obama) sans reconnaître sa propre part de responsabilité – le séisme a été autant dévastateur car il s’est abattu sur un peuple déjà dévasté par un siècle d’interventions militaires, de pillages éhontés au vue et au sus de tous orchestré par des régimes autocratiques supportés par les États-Unis et la France et par les politiques des institutions financières dont les conséquences ont été la ruine du peuple haïtien au bénéfice d’une élite. Ce pays s’est transformé en un gigantesque « marché de bonbon » où la majorité de la population survit grâce à la charité. Nous ne sommes pas confrontés à une simple catastrophe naturelle, comme les médias voudraient nous le faire croire : c’est la main de l’homme qui est l’auteur principal de cette tragédie. Ce tremblement de terre a simplement terminé le travail commencé par les États-Unis, la France, le Canada, la MINUSTAH (les troupes d’occupation des Nations Unies), le fond monétaire international, les fausses agences de développement comme USAID.

Le peuple haïtien n’a jamais été leur souci premier lorsque ces derniers étaient entraînés dans une spirale frauduleuse de dettes externes acquis sous la dictature de Duvalier, et l’«angoisse» ne les a pas pris à la gorge lorsque le remboursement de cette dette a été exigé de ce pays, appauvri et affamé et ce jusqu’au dernier centime .

Le peuple haïtien n’a jamais été leur souci premier lorsqu’ils ont eu à imposer les programmes d’ajustement structurel dans les années 90 qui ont eu des résultats calamiteux sur la population de même que la réduction des tarifs douaniers pour l’importation des céréales telles que le riz. La conséquence en a été la destruction totale de la paysannerie haïtienne qui a été poussée à rejoindre les bidonvilles de Port-au-Prince, laissant le pays qui était jusqu’alors autosuffisant, mourir de faim comme l’ont montré les émeutes de la faim en avril 2008.

Le peuple haïtien n’a jamais été leur souci premier lorsque les dictatures de Duvalier, de Namphy, d’Avril, de Cedras, et de Latortue (tout ceux qui ont reçu l’approbation de Washington et de Paris) ont violé, mutilé, fait disparaître et massacré des milliers d’haïtiens. Certains d’entre eux vivent aujourd’hui de manière luxueuse à l’étranger tel que Jean-Claude Duvalier en France. D’autres, comme Raoul Cedras au Panama., grâce à l’argent reçu des États-Unis après avoir accepté de se retirer du pouvoir, se sont transformé en homme d’affaire respectable.

Le peuple haïtien n’a jamais été leur souci premier lorsque des milliers d’abus sexuels contre les troupes «civilisationnistes» de la MINUSTAH ont été dénoncé ; troupes qui occupent encore le pays, violent et tuent dans une impunité absolue. La preuve en est le rapatriement de plus d’une centaine de casques bleus sri-lankais en novembre 2007, après avoir été accusés de viol et cela sans même avoir fait face à un simulacre de procès.

Le peuple haïtien n’a jamais été leur souci premier lorsque les « magasins aux bonbons » ont conduit à une distorsion de l’économie haïtienne, payant des salaires de misères qui permettent à peine de se nourrir alors que des abus de toute sorte prenaient place dans les zones d’activité industrielle quotidiennement.

La liste des raisons de s’indigner des commentaires peinés de la part de Sarkozy, Obama, Ban-Ki-Moon, Lula est trop longue pour en donner un compte rendu exhaustif. On peut juste dire que plus la population est misérable, plus elle sera frappée durement par les vicissitudes de la nature. Cette misère a été causée par des forces ayant imposé le model social actuel à travers des dictatures et des pressions internationales : si trois personnes sur quatre vivant à Port-au-Prince résident dans des abris de fortune, cabanes, et taudis qui ont émergé de la ruine de l’économie haïtienne (principalement la campagne), peut-on réellement se demander pourquoi le nombre de mort doit se compter en milliers?

Nous espérons que la solidarité de tous les peuples du monde avec leurs frères haïtiens soient massive. Comme il l’a été dit précédemment, la solidarité est le bras armé de la compassion de chacun. Nous espérons que cette solidarité, de laquelle des milliers de vies dépendent, arrive à destination et ne soit pas prise au piège dans une toile d’ONG et d’agences d’aide. Bien sûr, il y a de nombreuses organisations respectables comme La Croix Rouge qui encore aujourd’hui prodiguent un soulagement immédiat aux populations, mais à côté de celles-ci, nagent des requins qui n’hésiteront pas à faire surface afin de profiter de cette tragédie. Nous nous devons d’être vigilent et le mouvement populaire haïtien doit d’être alerte afin d’être sûr que l’assistance arrive effectivement à ceux qui en ont besoin, et soit distribuée efficacement. Nous espérons également qu’il n’y aura pas une invasion d’ «hommes blancs» amenés par les ONG pour travailler, construire des maisons…, alors même que les locaux dont 80% de la population est sans emploi peuvent le faire et devraient le faire eux-mêmes.

Encore une fois, nous en appelons à votre solidarité. Pas seulement à l’aube de cette événement particulièrement tragique qui secoue tous ceux et celles qui ont un cœur qui bat dans leur poitrine, mais la solidarité d’aujourd’hui et de demain, un type de solidarité qui gratte en dessous de la surface de la dévastation pour comprendre les racines profondes de la tragédie haïtienne. Racines, qui sont dans tous les cas plus profondes que ce séisme de 7 degré de magnitude ; en d’autres mots, une solidarité qui nous force à repenser les relations que les grandes puissances ont avec notre région, relations dont Haïti est l’exemple le plus attristant. Cette solidarité devrait nous permettre de questionner le rôle joué par les troupes, dont la majorité de l’effectif provient des pays latino-américains, dans l’occupation militaire d’Haïti. Une occupation qui a eu autant d’effet dévastateur que ce tremblement de terre, quelque chose difficile à nier en dépit des photos de soldats de la MINUSTAH distribuant des paquets de riz aux démunis.

José Antonio Gutiérrez D.
13 Janvier, 2010


Solidarité avec le peuple haïtien, Aujourd'hui et demain!


Traduction: Chloé Saint-Ville

Source: Anarkismo

mercredi, janvier 13, 2010

Cols bleus : grève rotative contre la privatisation

Communiqué de presse du SCFP-301.
Michel Parent
Michel Parent,
président du SCFP 301.
Photo archives SCFP

Les cols bleus de Montréal haussent le ton et montent d'un cran leurs moyens de pression. Sans contrat de travail depuis plus de deux ans et demi, ils en ont plus qu'assez de l'immobilisme de la Ville à la table de négociations.

Aujourd'hui, leur syndicat fera parvenir au ministère du Travail un avis de grève rotative, qui débutera le 25 janvier prochain pour se terminer le 5 mars. Le principe de cette grève est simple, mais il s'agit d'une première sur l'île de Montréal. La Ville compte 19 arrondissements et des services centraux. Les employés manuels vont débrayer, à tour de rôle, en commençant par l'arrondissement Ville-Marie, pour un cycle de 20 jours qui sera répété deux fois, jusqu’à la fin prévue de la grève, le 5 mars. «Ainsi, on maximise l’impact sur l’administration municipale tout en minimisant les conséquences pour les citoyens. On le maintient, on ne veut pas prendre la population en otage, mais il faut que ça bouge, on est patients, mais ça suffit», explique le président Michel Parent.

lundi, janvier 11, 2010

Workers Without Bosses/Usines sans Patrons

Notre tournée de conférences Usines sans patrons prendra aussi le chemin de l'Ontario conjointement avec nos camarades de Common Cause.
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The popular response to the Argentine economic crisis of December 2001 and lessons for us in Canada - a Québec and Ontario speaking tour presented by the Union Communiste Libertaire (UCL) and Common Cause.

We are going through one of the worst economic crises in the history of capitalism and the answers provided by the state and its lackeys are illusory. In addition, faced with this impasse, our leaders are trying to shift the entire burden of the crisis to workers and their communities.

How can we respond differently to this economic crisis? Can we learn from the experiences of struggles that have happened elsewhere in the world?

To consider these issues, the UCL and Common Cause are organizing a Québec and Ontario speaking tour this winter on the response of the Argentine popular classes in the face of a serious economic crisis that shook the country in the late 2001.

From 18 January to 12 February, a militant from the anarchist organization Red Libertaria (Argentina) will travel to different cities in Quebec and Ontario to talk about this subject. He will discuss different forms of resistance developed by the Argentine people to counter the effects of the crisis such as retaking factories and creating self-managed cooperatives. He will also discuss the involvement of anarchists in these different struggles.

In Ontario, the tour will stop in:

Waterloo - January 23, 6:30pm - 8:00pm
KW Community Centre for Social Justice (KWCCSJ)
63 Courtland Ave East
Hosted by Peaceculture.org and KWCCSJ

London - January 24
TBA

Hamilton - January 25, 7pm
Skydragon Centre
27 King William Street
Hosted by Common Cause Hamilton
commoncausehamilton@gmail.com

Toronto - January 26
TBA

Ottawa - January 27
TBA

The tour will stop in several Quebec cities including Montreal, St-Jerome, Quebec, Saguenay, Saint-Félicien, Drummondville, Sherbrooke. The places and dates of each talk will be publicized soon.

For more information on the Ontario wing of the tour contact commoncauseontario@gmail.com or check here for regular updates.

Infos sur le blogue de Common Cause

samedi, janvier 09, 2010

« Avatar » contre Cohn-Bendit : l'écologie doit être anticapitaliste

Lu sur Rue89, à propos du film Avatar. L'avez-vous vu?


Après l'échec du Copenhague institutionnel et la vivacité du Copenhague mouvementiste, on peut être tenté de se tourner vers la vitrine du marketing électoral d'Europe Ecologie. La bonne nouvelle ne viendrait-elle pas plutôt, et paradoxalement, d'un vieux routier de l'industrie hollywoodienne, James Cameron, avec son « Avatar » ?

En 1998, dans « Une envie de politique » (La Découverte), passé alors du statut d'icône soixante-huitarde à celui d'inspirateur d'un capitalisme vert, Daniel Cohn-Bendit écrivait ceci :
« Ce que la gauche doit donc faire valoir aujourd'hui, c'est que cette évolution a des aspects destructeurs, car la production menace de détruire la planète. Faire cette démonstration n'est pas facile, mais on peut le faire au nom même de l'économie de marché, car je suis pour le capitalisme et l'économie de marché. »
Pas le plus écolo, Marx pointait déjà la contradiction capital/nature

En se faisant le chantre d'un capitalisme chlorophyllisé et d'une écologie politique chloroformée, l'agité du bocage politicien a rejoint les rangs d'une défense consensuellement aseptisée de la nature : les Al Gore, Yann Arthus-Bertrand, Nicolas Hulot et autres Jean-Louis Borloo.
Marx, quelque peu fasciné par le productivisme industriel de son époque, n'était pas exempt d'ambiguïtés quant au rapport capitalisme/nature. Toutefois, il avait également commencé à percevoir une des contradictions principales travaillant le capitalisme en interaction avec la contradiction capital/travail : la contradiction capital/nature.

Ainsi, pour lui, la production capitaliste épuisait « les deux sources d'où jaillit toute richesse : la terre et le travailleur » (« Le Capital », livre I, 1867).


Pour Gorz, impossible d'éviter la catastrophe sans rupture radicale

André Gorz prolongea cette analyse en notre début de XXIe siècle : « La question de la sortie du capitalisme n'a jamais été plus actuelle », écrit-il dans « Ecologica » (éd. Galilée, 1998). Et d'ajouter par avance contre une possible cohn-benditsation de la radicalité écologiste :
« Il est impossible d'éviter une catastrophe climatique sans rompre radicalement avec les méthodes et la logique économique qui y mènent depuis cent cinquante ans. »
C'est dans une telle perspective que s'est récemment situé le journaliste Hervé Kempf : « Pour sauver la planète, sortez du capitalisme » (éd. du Seuil, 1999).

« Avatar » : Hollywood dans la galaxie anticapitaliste ?

Les dénonciations gauchistes du capitalisme hollywoodien sont si courantes que les esprits anticapitalistes pourraient avoir du mal à reconnaître des potentialités critiques dans une de ses productions. Et pourtant…

Emeutes au sud de l'Italie suite à une attaque raciste

Ce billet propose un résumé des dépêches tombées ces derniers jours sur le blog du jura libertaire (http://juralibertaire.over-blog.com/).

A Rosarno, commune de la province de Reggio de Calabre, a éclaté, jeudi 7 janvier 2010, une révolte de travailleurs immigrés, pour l'essentiel originaires d'Afrique. Ce vendredi matin, 8 janvier 2010, la révolte continuait. Les travailleurs immigrés africains ont occupé la rue pour se défendre. Ils ont fait la démonstration de leur refus d’être des humains invisibles, des mains sans droits qui doivent toutefois cueillir avec délicatesse des clémentines odorantes et pour le reste de vivre avec les rats comme des rats.



À l’origine de ces incidents, des jeunes gens circulant en voiture avaient tiré avec une carabine à air comprimé sur un groupe d’immmigrés rentrant du travail, blessant plusieurs d’entre eux. Pour protester contre cette attaque, les immigrés ont manifesté dans les rues de Rosarno, incendiant des véhicules et des poubelles et frappant avec des bâtons les maisons et les vitrines des magasins. La télévision a diffusé des images montrant des dizaines d’Africains brisant les vitres de voitures à l’aide de barres de fer et de pierres et mettant le feu à des véhicules et à des poubelles. Les immigrés, dont certains brandissaient des pancartes «Nous ne sommes pas des animaux» et «Les Italiens ici sont racistes» ont bloqué des routes et se sont heurtés à la police anti-émeutes. Plusieurs d’entre eux ont été arrêtés.



En décembre 2008 déjà, des travailleurs immigrés du Ghana et du Burkina Faso étaient descendus dans la rue à Rosarno : deux de leurs camarades avaient été gravement blessés suite à des tirs de kalachnikov en provenance d’une voiture. Un de ces nombreux «incidents» qui illustrent une «chasse aux Noirs», dans un contexte d’hyper-exploitation qui s’appuie conjointement sur les réseaux mafieux et la politique du gouvernement Berlusconi, symbolisé en la matière par le ministre Roberto Maroni de la Ligue du Nord.


Dans cette région, les immigrés sont employés comme journaliers pour la récolte des fruits et des légumes. Quelque 1500 d’entre eux vivent dans des usines abandonnées, sans eau courante ni électricité et pour plusieurs mouvements des droits de l’homme, ces travailleurs sont directement exploités par le crime organisé. Le principal syndicat italien Cgil compte environ 50'000 travailleurs immigrés dont les conditions de vie, sont similaires à ceux de Rosarno. Les ouvriers agricoles passent en effet d’une région à l’autre au fil des saisons et du type de produits à récolter. En ce moment en Calabre et Sicile, c’est la période des agrumes (clémentines, oranges).La Cgil a dénoncé l’emprise de la mafia surtout dans le sud de l’Italie sur ces immigrés massivement employés dans l’agriculture, qui représentent «une main d’œuvre à bas coût». Le syndicat a critiqué le discours sécuritaire du ministre Maroni, soulignant que ces immigrés «touchent des salaires de misère, ont des horaires épouvantables, équivalant à l’esclavage».



Pour reprendre la formule d’un des travailleurs : «Nous vivons entre les rats et la peur.» Un autre, originaire du Maroc, confie au journaliste Attilio Bolzoni du quotidien La Repubblica : «Je vis dans la peur, la peur de faire savoir à ma famille comment je vis en Europe.» En fin d’année dans la région de Rosarno, chaque matin, des «contremaîtres» arrivent devant les baraques avec des camionnettes pour engager ces travailleurs immigrés qui n’ont littéralement plus rien si ce n’est leurs bras — de jeunes hommes — pour travailler 12 à 14 heures par jour, pour 20 euros, en payant 5 euros pour le «transport».

Le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) s’est dit quant à lui très préoccupé vendredi d’un risque de «chasse aux immigrés». Vendredi, un sit-in a réuni environ 2000 immigrés dans le centre de Rosarno, selon les médias italiens, tandis qu’une dizaine d’habitants bloquaient des voies d’accès et d’autres occupaient la mairie pour demander d’éloigner les immigrés de la ville. Le ministre de l’Intérieur Roberto Maroni, membre du parti anti-immigrés Ligue du nord, a affirmé que ces tensions étaient le résultat d’«une trop grande tolérance face à l’immigration clandestine». Mme Boldrini, porte-parole de l’antenne italienne du Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés, a quant à elle souligné la présence parmi les immigrés de réfugiés politiques et demandeurs d’asile, et estimé que les autorités devaient commencer par rechercher les auteurs de l’agression contre les immigrés.


A l'heure actuelle, les émeutes qui ont éclaté avant hier à Rosarno en Calabre ont fait officiellement plus de 60 blessés parmi lesquels une trentaine d’Africains dont deux hospitalisés parmi lesquels deux qui sont dans un état très grave (l’un d’eux agressé à coups de barres de fer est en neurochirurgie). Il semblerait que la chasse aux Noirs soit ouverte, plusieurs immigrés s’enfuient d’eux-mêmes et il y a aussi des transferts opérés par les autorités (350 transferts à Crotone dans un CPA, centre de premier accueil, un centre pour trier les étrangers arrivant sur le sol italien). Sept Africains ont été arrêtés parmi lesquels cinq ont semble-t-il été placés en détention sur décision judiciaire. Aucune décision n’a encore été prise pour les quelques autochtones arrêtés pour avoir agressé des étrangers.

vendredi, janvier 08, 2010

Le parc de logements privés en plus mauvais état qu'on le pense




...et c'est la «plus grande association de propriétaires de logements locatifs» qui le dit! L'illustration est composée de la une du premier numéro de «Proprio», le nouveau journal de la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (décembre 2009).

La prison écrase ce qu'elle ne peut contrôler

Rien de nouveau sous le soleil; à l'ombre du système carcéral non plus. Extraits d'un texte sur Radio-Can : 
Des images exclusives obtenues par le réseau anglais de Radio-Canada montrent le traitement auquel a eu droit la jeune Ashley Smith en prison, avant d'être retrouvée pendue dans sa cellule en octobre 2007.



La Néo-Brunswickoise Ashley Smith s'est retrouvée en prison à l'âge de 15 ans pour un délit mineur. Dès l'arrivée de l'adolescente en prison, les troubles ont commencé. Des problèmes d'insubordination. Dès lors, la jeune fille a été ballotée d'établissement en établissement, passant la majeure partie de son temps en isolement.

Ashley Smith aimait provoquer les gardiens, apprend-on dans le reportage. D'après plusieurs spécialistes, c'était sa façon d'appeler au secours.

Dans une séquence du reportage, on voit sur des images choquantes les gardiens envelopper Ashley Smith de force dans une sorte de couverture qu'ils appelaient « the wrap ». Puis sa cellule est saupoudrée de poivre de Cayenne.

On voit également les gardiens user du pistolet Taser contre Ashley, et cela à deux reprises dans le même mois.



(...) on a utilisé la force 150 fois pour répondre aux besoins de cette adolescente abandonnique.

(...) « Vous [les gardiens] n'entrez pas tant qu'elle respire encore. Si vous le faites, il y aura des conséquences sur votre carrière, peut-être même un congédiement », raconte Jason Godin, président du Syndicat des agents correctionnels du Canada, section Ontario.
On me répondra que tout n'est pas toujours noir ou blanc; n'empêche, ça sent le flicard autoritaire à plein nez, et ça pue. Parions que ceux-là non plus ne seront jamais dérangés pour leurs gestes violents... Quand est-ce qu'on ajoute l'autoritarisme au DSM-IV?

mardi, janvier 05, 2010

Ils sont riches parce qu'on est pauvres!



Le Centre canadien de politiques alternatives publiait hier une étude sur les revenus des 100 PDG les plus riches du Canada en 2008. Bilan rapide? Le patron est encore et toujours un profiteur, mais plus qu'avant.

En 1998, les patrons du top 100 gagnaient 104 fois plus que la moyenne canadienne. Dix ans plus tard, c'est 174 fois plus. Par rapport à l'inflation, leur cagnotte a augmenté de 70% tandis que nos salaires, eux, ont diminué de 6%.

Dit autrement, ces crisses-là récoltent à dormir un peu moins de douze heures ce que nous prenons une année à gagner!

Là, vous vous demandez peut-être comment ça se fait? Est-ce qu'ils (et elle, je crois que j'ai repéré un nom féminin dans le top 100!) travaillent réellement 174 fois plus fort que la moyenne canadienne? La réponse est non. Pour une piste de réflexion, jetez don' un coup d'oeil par chez nos camarades d'Alternative Libertaire : Qu'est-ce que l'exploitation?



lundi, janvier 04, 2010

Derrière les barreaux: on oublie pas.

Alors que tout le monde se réveille avec la gueule de bois du nouvel an, le ventre encore tendu par la dinde, et les bons fromages du Québec, y'en a qu'y ont passé des fêtes plus calmes, bien tranquillement à l'ombre. Oh! on connaît les conneries catholiques à propos de « l'esprit de noël » : penser aux plus démuni-es, aux pauvres qui crèchent dehors et bla bla bla. Pas question pour nous de tomber dans le vœu pieu, dans l'hypocrisie crasse, encore moins dans les bondieuseries. Il ne s'agit pas de ça. Mais y'avait qu'à être dans les rues de Montréal le 24 décembre au soir pour se rendre compte que ceux et celles qui n'ont pas cédé à l'injonction de la célébration familiale se couraient les uns après les autres ce soir là.

Dans mon bled en France, à chaque nouvel an, les camarades vont tirer un feu d'artifice en solidarité avec les taulards. Cette année y'en avait deux pour la première fois, parce qu'à côté de la prison surchargée y'a la nouvelle prison ultra moderne: faut dire que le parc carcéral français s'agrandit vitesse grand V, comme partout ailleurs, et c'est sans parler des prisons pour immigré-es. Ça peut paraître idiot, mais à mon sens c'est fondamental d'essayer de faire tomber les murs, de briser cet isolement qui se fait particulièrement pesant à cette période de l'année et qui fait que l'institution carcérale est plus que jamais une usine à broyer. Pis on touche là aussi à ce que la prison a de plus féroce: l'atomisation, l'oubli, le mépris, la marginalisation. On ne répétera jamais assez que la prison est un instrument de classe, que l'écrasante majorité des taulards sont des pauvres, que la prison n'est en fin de compte que la voiture-balai du marché du travail et que sa philosophie est fondamentalement barbare. Le bouquin de Loïc Wacquant, Les prisons de la misère (2001), qui commence un peu à dater, nous le rappel encore. Enfin voilà, je sais pas si 2010, c'est la dernière avant 01, je sais pas non plus combien de temps l'insupportable va durer, mais une chose est sûre: la première de nos actions sera de détruire toutes les prisons.

Solidarité avec tous les prisonniers et toutes les prisonnières!
Que crève le vieux monde et sa douce ignominie!

dimanche, janvier 03, 2010

Forum contre la violence policière et l’impunité



Du 29 au 31 janvier 2010.
L'horaire préliminaire est disponible (avec autres infos) sur leur site web.