Beaucoup de choses ont été écrites sur la crise qui se déroule au Darfour, dans lestrois provinces les plus occidentales du Soudan, je ne m'étendrai donc pas dessus. D'un côté les Etats-unis hurlent au génocide des tribus four, massalit et zaghawapar les milices djandjawids soutenues par Khartoum - une position mue sans doutepar le désir de Washington d'accéder au pétrole soudanais actuellement exploité exclusivement par la Chine et, dans une moindre mesure, par la Malaisie et l'Inde.D'un autre côté Nafi Ali Nafi, n°2 du National Congress Party (NCP, parti aupouvoir au Soudan), a admis que Khartoum a armé et entraîné une « force de défense populaire » parmi la population civile pour soutenir l'armée soudanaisedans son combat contre les rebelles du Darfour, tout en niant l'existence d'une campagne génocidaire.
Le Soudan reste, selon la terminologie de la Banque mondiale, un pays pauvre et fortement endetté. Mais le pétrole est en train de tout changer : en 2006, l'ornoir représentait plus de 25 % du produit intérieur brut du Soudan. Toutefois,seule une faible part de la richesse provenant des 120 000 barils annuels de brut est réinjectée dans une économie dopée par l'emploi d'immigrés bengalis attirés par de fausses promesses - se retrouvant à nettoyer les sols pour 100 $ par mois - ou dans des régions délaissées comme le Darfour.
Le Fonds monétaire international a poussé le Soudan à une politique deprivatisation fatale, à d'impopulaires mesures d'austérité, ainsi qu'à adhérer au Marché commun de l'Afrique orientale et australe (Comesa), en 1993. L'an dernier, on estimait que la guerre avait causé de façon directe ou indirecte la mort de 200 000 personnes au Darfour et que 2,2 millions de personnes avaientété déplacées. Il n'y a pas de réserves de pétrole connues au Darfour, mais la China National Petroleum Corporation (CNPC) souhaite y construire un oléoduc pourconnecter les champs pétrolifères de Guinée Equatoriale à Port-Soudan, sur la merrouge, via l'Abeyi, la région pétrolière du Soudan. Mais il y a aussi une nappe aquifère géante qui s'étend le long de la frontière libyenne sous le Darfour et jusqu'au Nil, et je prédis que la valeur marchande des réserves souterraines d'eaurattrapera bientôt celle du pétrole, vu que l'utilisation des eaux Nil a atteint sa limite maximale. Après avoir passé quelques temps, le mois dernier, à Al-Fashir et Nyala,respectivement les capitales du Darfour du Nord et du Sud, je propose ces courtes réflexions qui, je l'espère, apporteront une lumière différente sur cette guerre.
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