vendredi, octobre 26, 2007
La consommation comme action politique. Critique d'une stratégie réformiste.
Ce texte est rédigé par un camarade de la NEFAC-Montréal. Il ne s'agit pas d'une position officielle de l'organisation mais bien d'un point de vue personel.
À la lecture de l’article sur les boycotts aux États-Unis, notamment celui de Wal-Mart, paru dans le dernier numéro d’Alternative Libertaire (France), il semble justifié de répondre afin d’indiquer les limites d’une telle stratégie qui malheureusement commence à prendre place dans l’univers militant nord-américain, Québec inclus. Il est possible d’affirmer qu’elle prend naissance dans un courant réformiste qui prétend que la consommation est une forme d’action politique, « Acheter c’est voter !» Tel est le mot d’ordre d’une gauche caviar, plus soucieuse de s’acheter bonne conscience que de régler radicalement le problème social.
À la base de se mouvement, il y a donc le postulat que la consommation peut contenir en elle, les germes d’un contre-pouvoir au capitalisme. Loin de n’être qu’un instrument de lutte, la consommation bien utilisée éthiquement, permettrait de voir l’émergence d’une société meilleure plus égalitaire. La consommation, serait même pour plusieurs, une façon de contrecarrer les effets néfastes d’une mondialisation néolibérale, comme la délocalisation, par l’incitation d’acheter national, « made in Québec (ou France peu importe)». C’est cette même vision, qui a permis l’émergence du commerce équitable et de la culture Bio.
C’est donc un mouvement porter principalement par une certaine gauche bien pensante et embourgeoisée et qui, malheureusement, prend racine chez certains éléments plus radicaux. Il y aurait deux façons de «voter» par la consommation, positivement ou négativement, c’est-à-dire par l’achat ou par le refus d’acheter (le boycott). Premièrement on cible quelques formes de commerces éthiques pour lesquels on encourage la consommation et d’un autre côté on attaque certaines compagnies soupçonnées de porter en elles tous les maux du capitalisme.
Cette idée d’une consommation éthique implique nécessairement la croyance en un capitalisme qui peut se transformer équitablement, un capitalisme à visage humain ! Actuellement ce capitalisme est dénaturé par la présence de grandes compagnies responsables de sa dérive inhumaine et injuste. De plus, il y a derrière cette vision, une certaine hiérarchisation des différents capitalismes, quelques uns d’entre eux jugés bons et éthiques et d’autres non. La production nationale est toujours préférable à la production étrangère ou encore l’artisanat préférable aux multinationales.
Le boycott, ou la menace de boycott est souvent utilisé dans des situations précises pour faire fléchir la politique d’une compagnie sur une pratique ou sur une de ses politiques. En occident c’est le travail des enfants qui retient souvent l’attention. Des compagnies sont attaquées dès qu’il y a un soupçon qu’elles emploient des enfants. Aussitôt que la compagnie a changé ses pratiques, la consommation peut revenir à la normale et la bonne conscience occidentale est préservée. Cependant, en aucun moment on s’inquiète à savoir que la perte du revenu de l’enfant pour la famille concernée est parfois dramatique. Ce n’est pas aux biens pensants occidentaux de mettre fin au travail des enfants, mais bien aux mouvements ouvriers des pays concernés, tout comme il en a été en occident.
La gauche radicale qui se rattache à cette vision de la consommation comme instrument de lutte, ne prétend pas, pour sa part, que le capitalisme est réformable. Dans leur cas, on considère le boycott ou la consommation responsable comme un pas à franchir vers la fin du capitalisme. Si Mc Donald tombe sous le poids du boycott, il y aurait possibilité de passer à une compagnie suivante pour ainsi ébranler l’ensemble de l’édifice capitaliste.
Bien entendu, toute cette vision est incohérente. Elle s’attaque au problème par la fin, c’est-à-dire par la consommation au lieu de la production. Tout comme le démontre Marx, la production est au cœur du fonctionnement d’un système économique. La consommation n’est que la façon d’échanger les marchandises produites, les rapports sociaux inégaux et l’exploitation sont le fait du mode de production. C’est donc par la lutte de classe, la lutte des travailleurs et des travailleuses que nous parviendrons à mettre le capitalisme en déroute. Parce que c’est au niveau de la production que se réalise l’accumulation de richesse, par le profit.
Il n’y a pas de hiérarchie de capitalisme, il n’y a pas de compagnies pires que d’autres et qui mériteraient plus l’objet de notre haine et notre refus d’y consommer. Chaque compagnie à sa place dans ce système, chacune d’entre elles exploitent. Autant la PME (petite et moyenne entreprise) que la multinationale doivent leur profit à l’exploitation de leurs employé-e-s. McDo est un symbole du capitalisme états-unien, un symbole de la malbouffe et des mauvaises conditions de travail mais le petit restaurant familiale au coin de la rue exploite tout autant ses employé-e-s, le fait d’être familial n’y change rien !
Le boycott ou la consommation comme moyen d’action politique est donc en désarticulation avec l’organisation des travailleurs et des travailleuses. Cette stratégie est vue comme une fin en soi et non pas un moyen de solidarité avec les travaileur-euse-s qui doit intervenir à des moments précis. Lorsque les employé-e-s entrent en conflit, il peut être stratégique d’appeler à un boycott, mais là encore c’est au niveau de la production, au niveau du travail que la décision doit se prendre. C’est la même chose par rapport au travail des enfants, lorsque le mouvement ouvrier des pays du sud jugera le moment venu d’attaquer sur cette question, les travailleur-euse-s occidentaux auront à être solidaires et à boycotter, toujours en articulation avec les principaux concernés.
Finalement, on le voit, la consommation comme action politique est le fait d’une gauche caviar bien pensante et surtout réformiste. Il s’agit d’une action individualiste puisqu’elle ne permet qu’à certaines personnes de s’acheter bonne conscience. Pour ce qui est de la gauche révolutionnaire qui défendent le boycott, cela ne tient pas la route puisqu’il n’y a pas d’articulation avec le mouvement ouvrier qui lui-seul peut attaquer l’accumulation de richesse et donc le capital. Nous disons donc : boycott, oui ! Mais bien intégré à une stratégie de lutte globale qui part de la base, donc à une véritable lutte de classe !
À la lecture de l’article sur les boycotts aux États-Unis, notamment celui de Wal-Mart, paru dans le dernier numéro d’Alternative Libertaire (France), il semble justifié de répondre afin d’indiquer les limites d’une telle stratégie qui malheureusement commence à prendre place dans l’univers militant nord-américain, Québec inclus. Il est possible d’affirmer qu’elle prend naissance dans un courant réformiste qui prétend que la consommation est une forme d’action politique, « Acheter c’est voter !» Tel est le mot d’ordre d’une gauche caviar, plus soucieuse de s’acheter bonne conscience que de régler radicalement le problème social.
À la base de se mouvement, il y a donc le postulat que la consommation peut contenir en elle, les germes d’un contre-pouvoir au capitalisme. Loin de n’être qu’un instrument de lutte, la consommation bien utilisée éthiquement, permettrait de voir l’émergence d’une société meilleure plus égalitaire. La consommation, serait même pour plusieurs, une façon de contrecarrer les effets néfastes d’une mondialisation néolibérale, comme la délocalisation, par l’incitation d’acheter national, « made in Québec (ou France peu importe)». C’est cette même vision, qui a permis l’émergence du commerce équitable et de la culture Bio.
C’est donc un mouvement porter principalement par une certaine gauche bien pensante et embourgeoisée et qui, malheureusement, prend racine chez certains éléments plus radicaux. Il y aurait deux façons de «voter» par la consommation, positivement ou négativement, c’est-à-dire par l’achat ou par le refus d’acheter (le boycott). Premièrement on cible quelques formes de commerces éthiques pour lesquels on encourage la consommation et d’un autre côté on attaque certaines compagnies soupçonnées de porter en elles tous les maux du capitalisme.
Cette idée d’une consommation éthique implique nécessairement la croyance en un capitalisme qui peut se transformer équitablement, un capitalisme à visage humain ! Actuellement ce capitalisme est dénaturé par la présence de grandes compagnies responsables de sa dérive inhumaine et injuste. De plus, il y a derrière cette vision, une certaine hiérarchisation des différents capitalismes, quelques uns d’entre eux jugés bons et éthiques et d’autres non. La production nationale est toujours préférable à la production étrangère ou encore l’artisanat préférable aux multinationales.
Le boycott, ou la menace de boycott est souvent utilisé dans des situations précises pour faire fléchir la politique d’une compagnie sur une pratique ou sur une de ses politiques. En occident c’est le travail des enfants qui retient souvent l’attention. Des compagnies sont attaquées dès qu’il y a un soupçon qu’elles emploient des enfants. Aussitôt que la compagnie a changé ses pratiques, la consommation peut revenir à la normale et la bonne conscience occidentale est préservée. Cependant, en aucun moment on s’inquiète à savoir que la perte du revenu de l’enfant pour la famille concernée est parfois dramatique. Ce n’est pas aux biens pensants occidentaux de mettre fin au travail des enfants, mais bien aux mouvements ouvriers des pays concernés, tout comme il en a été en occident.
La gauche radicale qui se rattache à cette vision de la consommation comme instrument de lutte, ne prétend pas, pour sa part, que le capitalisme est réformable. Dans leur cas, on considère le boycott ou la consommation responsable comme un pas à franchir vers la fin du capitalisme. Si Mc Donald tombe sous le poids du boycott, il y aurait possibilité de passer à une compagnie suivante pour ainsi ébranler l’ensemble de l’édifice capitaliste.
Bien entendu, toute cette vision est incohérente. Elle s’attaque au problème par la fin, c’est-à-dire par la consommation au lieu de la production. Tout comme le démontre Marx, la production est au cœur du fonctionnement d’un système économique. La consommation n’est que la façon d’échanger les marchandises produites, les rapports sociaux inégaux et l’exploitation sont le fait du mode de production. C’est donc par la lutte de classe, la lutte des travailleurs et des travailleuses que nous parviendrons à mettre le capitalisme en déroute. Parce que c’est au niveau de la production que se réalise l’accumulation de richesse, par le profit.
Il n’y a pas de hiérarchie de capitalisme, il n’y a pas de compagnies pires que d’autres et qui mériteraient plus l’objet de notre haine et notre refus d’y consommer. Chaque compagnie à sa place dans ce système, chacune d’entre elles exploitent. Autant la PME (petite et moyenne entreprise) que la multinationale doivent leur profit à l’exploitation de leurs employé-e-s. McDo est un symbole du capitalisme états-unien, un symbole de la malbouffe et des mauvaises conditions de travail mais le petit restaurant familiale au coin de la rue exploite tout autant ses employé-e-s, le fait d’être familial n’y change rien !
Le boycott ou la consommation comme moyen d’action politique est donc en désarticulation avec l’organisation des travailleurs et des travailleuses. Cette stratégie est vue comme une fin en soi et non pas un moyen de solidarité avec les travaileur-euse-s qui doit intervenir à des moments précis. Lorsque les employé-e-s entrent en conflit, il peut être stratégique d’appeler à un boycott, mais là encore c’est au niveau de la production, au niveau du travail que la décision doit se prendre. C’est la même chose par rapport au travail des enfants, lorsque le mouvement ouvrier des pays du sud jugera le moment venu d’attaquer sur cette question, les travailleur-euse-s occidentaux auront à être solidaires et à boycotter, toujours en articulation avec les principaux concernés.
Finalement, on le voit, la consommation comme action politique est le fait d’une gauche caviar bien pensante et surtout réformiste. Il s’agit d’une action individualiste puisqu’elle ne permet qu’à certaines personnes de s’acheter bonne conscience. Pour ce qui est de la gauche révolutionnaire qui défendent le boycott, cela ne tient pas la route puisqu’il n’y a pas d’articulation avec le mouvement ouvrier qui lui-seul peut attaquer l’accumulation de richesse et donc le capital. Nous disons donc : boycott, oui ! Mais bien intégré à une stratégie de lutte globale qui part de la base, donc à une véritable lutte de classe !
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1 commentaire:
J'ai fait des remarques similaires sur mon blogue, mais je m'attaquait plus generalement a l'individualisation des luttes. A la limite, le boycott dans certains cas precis (on pense aux groupes des droits civils des Noirs dans l'affaire Rosa Park dans le sud des USA) peut etre une action collective et directe. Mais l'appel a tout vent au boycott de certaines compagnies, sans organisation ou but precis hormis un outrage public qui disparaitra avec un peu de maquillage des relations publiques, cela ne fait pas long feu.
Aussi, je crois que Kropotkin disait que dans une societe rationelle, l'organisation de l'economie se ferait dans les interets de la consommation plutot que de la production. Bien sur, le fait qu'il ait eu besoin de faire la remarque demontre que ce n'est pas le cas sous le capitalisme de marche, et qu'une action qui prend levier sur la consommation ne sera pas efficace sous cette forme d'economie.
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