mercredi, décembre 02, 2009

L’arnaque olympique

Des membres du Collectif anarchiste La Nuit vont se joindre aux camarades de «Flamme Québec» pour un rassemblement ce soir à Québec. Voici le texte du tract qu'ils diffuseront aux passant-e-s sous forme d'un Cause Commune Express.

Du 12 au 28 février prochain, la ville de Vancouver aura «l’honneur» d’accueillir les Jeux Olympiques d’hiver. Alors que l’on se rapproche de l’événement, une pression de plus en plus forte s’exerce sur celles et ceux qui tentent de faire valoir un autre point de vue sur ces Jeux. Harcèlement policier, arrestations « préventives », visite de courtoisie du SCRS chez des militants et des militantes : tout est bon pour justifier le budget gigantesque (près d’un milliard de dollars!) que les divers paliers de gouvernement ont investi pour assurer la « sécurité » et le bon déroulement du cirque olympique.

Pourquoi investir autant d’argent dans ces dispositifs policiers? Sans doute pour faire taire l’opposition de plus en plus farouche qui s’élève contre la tenue de cet événement. Comme l’explique le Réseau de résistance aux Olympiques, les Jeux n’ont rien à voir avec la promotion de la paix et de l’humanisme. Ils sont d’abord et avant tout une entreprise multinationale générant des milliards de dollars en retombées économiques pour les promoteurs immobiliers, l’industrie touristique et les médias de masse. Les Jeux permettent également d’engraisser une vaste bureaucratie, regroupée au sein du Comité international olympique (CIO), dont la corruption à tous les échelons est notoire.

Bien sûr, il faut remettre en question le fait que des multinationales comme McDonalds ou Coca-Cola profitent des Olympiques pour mousser leur image de marque, pour tenter de faire oublier leurs coups tordus (1) et de nous convaincre qu’on peut manger leur « junk » tout en restant pétant de santé. Cette association avec de grandes entreprises n’est pas nouvelle en soi, comme le souligne candidement le CIO sur son site internet : « Depuis sa fondation en 1894, le Mouvement olympique a été dépendant des partenariats avec la communauté des affaires afin de faire connaître les Jeux Olympiques et de soutenir les athlètes olympiques. Aujourd’hui, les partenaires marketing font partie intégrante de la famille olympique. »

Retombées : pas que du positif

La commercialisation à outrance du sport-spectacle ne doit pas nous faire oublier l’essentiel. Plus fondamentalement, la présence des Jeux Olympiques dans une communauté signifie généralement de gros problèmes pour les classes populaires qui ont le malheur de vivre à proximité. C’est ce que de nombreux groupes autochtones sur la Côte Ouest ont rapidement compris en dénonçant l’organisation des Jeux Olympiques sur leurs terres ancestrales, notamment à cause de l’impact désastreux de l’industrie touristique (tout particulièrement les centres de ski) sur les milieux naturels. À Vancouver, le centre-ville a fait l’objet d’un nettoyage social en règle, la police s’acharnant particulièrement sur les populations «indésirables»
(itinérant-e-s, marginaux et
prostitué-e-s) pour faire de la place aux touristes et à l’establishment sportif, politique et économique. Pendant que la police s’attaque aux sans-voix et aux sans-droits, elle ferme les yeux sur l’important trafic sexuel qui accompagne tous les grands événements sportifs à l’échelle internationale.

Faut-il à notre tour s’inquiéter du fait que nos élites locales proposent de se lancer dans la course pour obtenir la présentation des Jeux Olympiques d’hiver d’ici 2030? Nous pensons que oui. Les Olympiques sont une manne pour les capitalistes qui, à Québec, ont besoin d’une offre constante de grands événements culturels et sportifs pour maintenir à flot leur business. Louer des chambres, vendre de la marchandise, remplir des restaurants, construire des infrastructures, entretenir le verni lustré de Québec comme carte-postale tout en chassant les pauvres des derniers quartiers populaires du centre-ville. Tout cela financé par de l’argent public (plus de 6 milliards de dollars dans le cas de Vancouver!), sans lequel aucune ville ne peut aspirer à être sélectionnée pour tenir les Jeux. Des gens se poseront la question : en quoi tout cela est-il négatif? Après tout, ça fait rouler l’économie, non? Le problème est le suivant: en dépossèdant les habitants de leur ville et en attaquant nos droits collectifs, la classe politique prends des décisions qui ne profitent véritablement qu’au secteur privé (ex : construire un nouveau colisée au lieu de fermer définitivement l’incinérateur de Québec, qui empoisonne littéralement le quartier Limoilou). On se balance des conséquences sociales et écologiques au nom du prestige associé à la tenue de l’événement.

Les Olympiques sont l’arnaque par excellence, en permettant le transfert massif de fonds gouvernementaux vers les poches des capitalistes, tout cela au nom des vertus proverbiales du sport pour notre belle jeunesse. Ils servent aussi d’excuse pour nous expulser des quartiers où nous habitons, afin de laisser le champ libre aux promoteurs en tout genre. Les Jeux mettent l’activité sportive au service d’intérêts économiques et politiques qui n’ont rien à voir avec le soi-disant idéal olympique («l’important, c’est de participer»). Comme le disait Pierre de Coubertin: « La première caractéristique essentielle de l’olympisme ancien aussi bien que de l’olympisme moderne, c’est d’être une religion. En ciselant son corps par l’exercice comme le fait un sculpteur d’une statue, l’athlète antique honorait les dieux. En faisant de même, l’athlète moderne exalte sa patrie, sa race, son drapeau. » Les Olympiques symbolisent aujourd’hui ce qui tue justement l’activité sportive: le chauvinisme, la marchandisation, l’élitisme, le culte de la performance à tout prix.

La farce a assez duré : à Québec comme ailleurs, allumons la flamme de la résistance!



Note :
1) Pour ces deux entreprises, on n’a qu’à penser à leur politique ouvertement anti-syndicale, allant jusqu’à l’assassinat pur et simple de travailleurs (dans le cas de Coca-Cola, en Colombie notamment).

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