Pour notre plaisir à tous, Mario Roy termine l'année par un texte à la hauteur de sa fonction professionnelle – soit celle de gardien idéologique du sommeil collectif (« La violence acceptable », La Presse, 18 décembre 2009*). Alors qu’à Copenhague les gouvernements s'entendent afin de ne rien faire pour sauver la planète (que voulez-vous, la terre n'a pas la chance de bénéficier des plans de sauvetage des banquiers), Mario Roy, dans un excès de sensiblerie typiquement petite-bourgeoise, dénonce l'action – vous l'entendez venir d'un pas lourd et tonitruant – du Black Bloc. Sans doute parce qu'il est un peu lui-même une marchandise – ou enfin, un produit authentique de la société capitaliste marchande –, Mario Roy dénonce – sans intelligence ni éloquence, mais quand même – la violence des manifestants à l'endroit de ce fétiche moderne.
[…] toute manifestation de rue, surtout à l'occasion des forums internationaux, est invariablement marquée d'une violence parfois très dure qui n'a d'autre contenu politique discernable que la violence elle-même.
Le fait que la terre surchauffe, que les forces de l'ordre aient procédé à des centaines d'arrestations et que les États aient délibérément décidé de poursuivre la destruction systématique de la planète ne cause manifestement aucun problème de conscience au terne scribouilleur en laisse. La violence inacceptable, c'est la violence aveugle à l'endroit des dirigeants de la terre. Ces derniers méritent le respect, aboie sans gène apparente Mario Roy en se grattant le derrière de l'oreille, et ce n'est pas parce qu'ils dominent le monde que ça nous donne le droit de présenter des vidéos mettant en scène leur assassinat (franchement!), de leur lancer des souliers (c'est moralement incorrect!) ou des statuettes (de la sauvagerie!).
Ces personnages sont alors délestés de leur dignité et de leurs attributs d'êtres humains. Ils sont privés de ce que le commun des mortels, lui, peut revendiquer: la protection de sa personne et de son image contre les agressions et les abus.
Le temps où les régimes pouvaient légitimement être critiqués dans leur fondement est bel et bien terminé. La seule violence légitime est celle qui part de la couronne et descend la chaine de commandement pour venir s'abattre sur la tête des sujets. Le prince peut anéantir des peuples entiers, voire la terre elle-même. Éclairée par la froide raison bourgeoise, la violence des puissants n'est plus, et depuis longtemps, « aveugle ». Leur raison est maintenant la Raison. Et l'acceptation de cette violence « raisonnable » a si intégralement colonisé tous les espaces de notre imaginaire collectif qu'elle n'a désormais plus besoin de justification. La logique étant désormais rangée du côté de la puissance et de l'assassinat systématique, les porte-paroles de l'ordre n'ont qu'à pourfendre ceux et celles qui ne sont pas « éclairés » par le phare lumineux de la raison d'État, celle qui permet aux puissants de le rester et aux journalistes de se faire une niche à leur côté.
6 commentaires:
Je comprends pas. Il y a tellement d'autres choses à dénoncer que le Black Block...
Qu'est-ce qui lui prend?
Si les black blocs sont vraiment ce qui a choqué le plus M. Roy dans le fiasco qu'a été ce sommet, il y a un problème. Ou pas, tient-il peut-être à nous faire croire.
Sauf votre appui aveugle aux réchauffistes, ce billet est excellent! Franchement, les Blacks Blocs n'ont pas été si présents à Copenhague! Y a tellement pire!
S'il y en a un qui prône lui-même l'apologie de la violence, c'est bien Mario Roy!
Les black blocs sont notre mort. Ils cassent, les medias bourgeois en raffolent; et c'est pourquoi aujourd'hui lorsque l'on dit anarchistes les gens pensent "cagoulé fouteurs de merde" plutôt que "activiste anti-autoritaire". C'est la nuance entre révolté et révolutionnaire utilisé par nous et contre nous.
Les anarchissses qui lisent la presse de Paul Desmarais "power corporation".
Bravo bande de caves !
Mario, qu'y a-t-il donc de si scandaleux? Les « anarchissses », ça veut dire quoi pour toi?
Tu peux expliquer ce qui est si contradictoire entre être anarchiste et parler d'un texte publié dans la grosse presse?
Autrement, je doute que ton commentaire ait servi à quoi que ce soit.
-Un cave comme un autre.
Enregistrer un commentaire