jeudi, mai 01, 2008

Notre misère engraisse vos salaires!

Aujourd'hui premier mai, est la journée internationale des travailleurs-euses. Nos camarades de la Nuit, on mis un bon texte sur leur blogue, résumant bien l'historique du premier mai (ici).

Mais depuis les fameux évènements de 1871, jusqu'aux luttes du début du 21ième siècle, nos conditions de travail ont-elles réellement augmentées de façon si significative? Oui, bien sûr le niveau de consommation a augmenté, la qualité de vie est meilleure, l'espérance de vie s'est accrue etc.. Mais en parallèle, la précarité et l'écart entre les classes s'accroit toujours en de plus en plus, nos acquis sociaux sont détruits les uns après les autres, notre droit à la grève est de plus en plus menacé et l'éducation est de moins en moins accessible....

Un bref tour de l'actualité du jour nous permet de constater que le capital fut, est et demeurera toujours le pire ennemi des travailleurs et nous rappelle que le 1er mai, n'est pas une "fête" des travailleurs-euses ou du "travail", mais bel et bien un jour de commémoration des luttes ouvrières et des travailleurs-euses qui se sont sacrifié-es pour elles. Nous devons nous aussi reprendre la rue, et démontrer aux puissants de ce monde que la lutte des classes n'a pas été jetée aux oubliettes, mais qu'elle est toujours bien présente et sera toujours aussi menacante pour cette classe qui a le droit de vie et de mort sur nous.

Statistiques Canada nous le rappelle bien aujourd'hui, en publiant "Recensement de 2006 : Gains, revenus et coûts d'habitation". Dans leur étude, il démontre que l'augmentation de la richesse des années 1990 n'a favorisé que les riches, augmentant ainsi l'écart entre les riches et les pauvres. Selon leurs données, le salaire médian des Canadiens a augmenté de 53 $ en 25 ans (41 348 $ en 1980 et 42 401 $ en 2005). Il s'agit d'une hausse d'à peine 1 $ par semaine. Et les pauvres n'en ont même pas bénéficié.

Par ailleurs, pour cette même période, les gains médians de la tranche supérieure de 20 % des personnes touchant un revenu d'emploi à temps plein toute l'année ont progressé de 16,4 %(les 20% des travailleur-euses les plus fortuné-es). Chez le cinquième inférieur, en revanche, ils ont chuté de 20,6 % (20% des travailleurs-euses les moins fortuné-es). Les gains moyens de la tranche de 20 % du milieu ont stagné, augmentant d'à peine 0,1 %.

Les données du recensement montrent que 11,4 % de la population totale, ce que l'on estime correspondre à 3 484 625 personnes, était à faible revenu, après impôt, en 2005.
On estime que 879 955 d'entre elles avaient 17 ans ou moins et vivaient dans une famille à faible revenu en 2005.


Les taux de faible revenu culminent chez les enfants et les jeunes. En 2005, 14,5 % de tous les enfants de 5 ans et moins faisaient partie d'une famille à faible revenu. Le taux descendait pour s'établir à 13,0 % chez les enfants de 6 à 14 ans et à 11,4 % chez les adolescents de 15 à 17 ans.

Statistique Canada définit une famille à faible revenu si elle consacre 20 pour cent de plus que la moyenne à combler ses besoins essentiels dont l'alimentation, le loyer et l'habillement.Pour une famille de quatre dans une grande ville, le seuil a été fixé à 38 610 $. Il est de 26 579 $ dans les régions rurales.

Heureusement, on nous a annoncé en grande pompe, la grande nouvelle du jour pour les 254 000 travailleur-euses au salaire minimum du Québec, soit la hausse de 0,50$ du salaire minimum, qui atteindra donc 8,50$/heure. Pour les travailleur-euses à pourboire, le salaire passera de 7,25$ à 7,75$/heure. Pour un travailleur à temps plein, ça représente donc un fantastique 20$ et des poussières de plus par semaine!! Un hausse qui devrait être "une incitation pour les gens sans emploi à retourner au travail" a affirmé hier le ministre du Travail, David Whissell. Faut vraiment être un gros con fini pour croire que les sans emplois coureront immédiatement porter leur CV pour combler un poste de merde, afin de rémédier à la pénurie de main d'oeuvre qui angoisse la classe possédante!

D'ailleurs, récemment, le Front des non-syndiqués demandait au gouvernement du Québec d'augmenter le salaire minimum pour qu'une personne qui travaille 40 heures par semaine ait un revenu annuel équivalent au seuil de faible revenu, établi à 20 000$ avant impôt par Statistique Canada pour une personne seule.
Selon ses calculs, le salaire minimum en 2008 devrait donc atteindre 10,16 $ l'heure. Le taux horaire régulier du salaire minimum au Québec est depuis aujourd'hui de 8,50 $. A ce taux, une personne qui travaille à temps plein, soit 40 heures par semaine, gagne un salaire hebdomadaire d'environ 340 $ et un salaire annuel brut d'environ 17 680$. Cela représente moins de 90 % du seuil de faible revenu!! Mais on devrait peut être vous remercier pour tant de bonté?

De toute façon, cette hausse du salaire minimum est déjà en partie annulée par les hausses de tarifs d'électricité (13% depuis 2003), du logement (15% depuis 2000) et de l'alimentation (11% en deux ans). Et avec la crise alimentaire qui s'amorce en occident, l'augmentation du coût de l'alimentation devrait s'accroître de plus en plus!!

Cette journée de lutte des travailleur-euses est donc un moment pour nous touTes d'exprimer notre écoeurement face au capitalisme meurtrier. Venez donc manifester sous la bannière "LE CAPITALISME EST NOTRE MISÈRE! MANIFESTONS NOTRE COLÈRE!", jeudi 1er mai 2008, journée internationale des travailleurs, des travailleuses et des oppriméEs du monde entier!
Rendez-vous à 18h00, départ de la manifestation à 18h30 au coin des rues Ontario et Valois (Montréal)...

2 commentaires:

BlackBloc a dit…

"Note misere engraisse votre salaire" serait un maudit beau slogan, excepte que techniquement un patron ne recoit pas un salaire (somme d'argent recue en echange de temps de travail, la production du dit travail appartenant a l'entreprise l'ayant engage). Il fait des profits. :)

Mais je suppose qu'on peut faire un passe-droit linguistique pour fin de propagande. LOL.

Nicolas a dit…

Je ferais attention quand même avec la propagande. Depuis 25 ans, la situation stagne pour les gros bataillons de la classe ouvrière et elle empire pour les pauvres. Ça c'est vrai. Sauf que de là à se demander si nos conditions de travail ont réellement augmenté de façon significative depuis 1871, il y a une marge!

C'est pas encore le paradis mais la situation s'est indéniablement amélioré depuis 1871! On est passé d'une journée de travail de 12h à 8h (en moyenne), le travail des enfants est pas mal interdit et ils vont au moins à l'école jusque vers 16 ans, la salubrité et la sécurité des lieux de travail s'est globalement améliorer, le principe «à travail égal, salaire égal» s'est imposé (c'est pas encore l'équité salariale mais c'est un net progrès), etc. On n'a qu'à voir l'évolution de la portion «bouffe» des budgets des ménages pour mesurer le changement (elle est passé d'environ 70% à autour de 20% aujourd'hui).

Tout ça pour dire qu'il ne faut pas charrier. Tout ça on l'a eu grâce à nos luttes. Et si ça chie actuellement (et depuis 25 ans) c'est parce qu'on lutte pas assez.

Parlant de lutte, je ne cracherais pas trop sur la hausse du salaire minimum. C'est le résultat d'une campagne important du Front de défense des non-syndiqués (27 000 noms sur une pétition). C'est la plus forte hausse depuis les années 1970. Curieusement, ça coïncide avec une campagne (comme à la marche des femmes, deuxième plus grosse hausse entre les deux)... Bref, c'est une victoire. Il ne faut pas croire le gouvernement quand il nous dit que c'est lui qui a eu l'idée. Ils peuvent bien essayer de se justifier, la vérité c'est qu'ils ont cédé.

M'enfin...