La grave crise immobilière qui touche nos voisins du sud depuis un certain temps et qui tend vers une crise financière internationale, est la plus grande chute du système capitaliste depuis la fin des années 60 et même, certains diront, depuis celle de 1929. Un ralentissement économique, la chute vertigineuse de la bourse, des dépenses militaires de plus en plus difficile à éponger par l'État qui se lance tête baissé dans des conflits de plus en plus sanglants et incontrôlables, l'inflation qui devient difficilement contrôlable par la grande bourgeoisie, des pertes d'emplois de plus en plus grande, et une hausse exponentielle du prix du pétrole brut et des produits de première nécessité, sont tous des signes avant coureurs que l'économie États-Unienne est en crise majeure.
L'économie États-Unienne, sous son couvert de libéralisme "dur", est en fait hautement encadré par l'intervention de l'État. Mais cette fois-ci, l'État et sa bourgeoisie qui tentent par tous les moyens de relancer l'économie avant de s'enfoncer trop loin dans la crise, peine par ses vieilles tactiques (entre autre la diminution répétée des taux d'intérêt afin d'accroître l'accessibilité au crédit) à limiter les dommages de la classe dominante. La bourgeoisie, sous de fausses larmes de crocodiles, tente de faire croire qu'elle se préoccupe du sort de la classe ouvrière, mais ce n'est qu'une illusion . Elle essaie seulement de survivre de mieux qu'elle peut à cette crise financière et elle mise gros sur la solution du crédit facile à la classe ouvrière, afin de relancer la consommation et ainsi renflouer leurs pertes boursières. La perte de 63 000 emplois aux États-Unis, pour le seul mois de février 2008, en dit d'ailleurs long sur l'état de leur économie.
Un bon texte d'analyse sur le site du CCI (courant communiste internationale qui est une faction de la gauche communiste) à ce sujet vient de paraître.
Les États-Unis, locomotive de l'économie mondiale ... vers l'abîme
Dure époque pour l'économie mondiale depuis la crise non surmontée des emprunts à risque dans l'immobilier qui s'est déclarée l'année dernière aux États-Unis. En effet, jamais la situation n'est apparue aussi périlleuse depuis le retour de la crise ouverte du capitalisme à la fin des années 1960, alors que la bourgeoisie avait pourtant essayé de contenir ses manifestations par tous les moyens :
- la crise de l'immobilier aux États-Unis s'est en effet transformée en crise financière internationale, ponctuée par des alertes retentissantes d'insolvabilité d'établissements bancaires américains et européens1. Ceux des établissements menacés qui n'ont pas fait faillite le doivent à des plans de sauvetage impliquant l'intervention de l'État et il existe les pires craintes que de nombreux établissements financiers, qui étaient jusque là réputés à l'abri de tout risque de ce type, se trouvent à leur tour en situation de faillite potentielle, nourrissant ainsi les conditions d'un Krach financier majeur.
- les perspectives sont clairement au ralentissement de l'activité économique, voire à la récession pour certains pays comme les États-Unis. La bourgeoisie a surmonté les différentes récessions qu'elle a dû affronter depuis les années 1970 au moyen d'un endettement supplémentaire, à chaque fois plus important que les précédents, pour des résultats toujours plus modestes. Pourra-t-elle une nouvelle fois juguler la future récession alors qu'il n'existe pour cela pas d'autre moyen qu'une augmentation considérable de la dette mondiale avec le risque que cela comporte d'un effondrement du système international de crédit ?
- la baisse des cours de la Bourse, ponctuée par des chutes brutales, ébranle la confiance dans la base même de la spéculation boursière dont les succès avaient pourtant permis, en grande partie, de masquer les difficultés de l'économie réelle. Ces succès avaient notamment contribué fortement à la hausse des taux de profit des entreprises depuis le milieu des années 1980, et se trouvaient également à l'origine du mythe solidement ancré, mais aujourd'hui mis à mal, selon lequel les valeurs boursières ne pourraient en définitive que monter, quels que soient les aléas.
- les dépenses militaires, comme on le voit clairement dans le cas des Etats-Unis, constituent un fardeau de plus en plus insupportable pour l'économie. Cependant, celles-ci ne peuvent être réduites à volonté. En effet, elles sont la conséquence du poids croissant que prend le militarisme dans la vie de la société alors que, confrontée à des difficultés de plus en plus insurmontables sur le plan économique, chaque nation est poussée dans la fuite en avant vers la guerre.
- le retour de l'inflation constitue, à double titre, une hantise pour la bourgeoisie. D'une part, elle contribue à freiner les échanges commerciaux du fait qu'elle entraîne des fluctuations, de plus en plus difficilement prévisibles, du coût des marchandises produites. D'autre part, bien plus que la riposte aux attaques comme les licenciements, la lutte revendicative de la classe ouvrière pour l'augmentation des salaires en permanence rognés par la hausse des prix est propice à la généralisation des combats par delà les secteurs. Or, les leviers dont dispose la bourgeoisie pour contenir l'inflation, politiques de rigueur et de réduction des dépenses de l'État, s'ils étaient actionnés de façon conséquente, ne pourraient qu'aggraver le cours actuel vers la récession.
Ainsi la situation actuelle n'est pas seulement la répétition en pire de toutes les manifestations de la crise depuis la fin des années 1960, elle concentre ces dernières de façon beaucoup plus simultanée et explosive conférant à la catastrophe économique une qualité nouvelle propice à la remise en question de ce système. Autre signe des temps, distinctif des décennies précédentes : alors que, jusque là, il avait incombé à l'économie de la première puissance économique mondiale de jouer le rôle de locomotive pour éviter des récessions ou en sortir, le principal effet d'entraînement que les États-Unis apparaissent aujourd'hui en mesure d'imprimer au monde, c'est celui vers la récession et l'abîme.
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