vendredi, avril 11, 2008

Les Algonquins refusent de rester invisibles

Au nord-ouest de l’île de Montréal, dans la très connue Réserve faunique La Vérendrye, des agents de la Sûreté du Québec (SQ) surveillent la beaucoup moins connue réserve algonquine du lac Barrière. Environ 400 autochtones y vivent dans une enclave au coeur de leur territoire ancestral, au milieu de la forêt boréale. Le 10 mars 2008, quatre hommes y ont été arrêtés par les policiers. Leur délit: la coupe d’arbres en vue d’ériger une barricade à l’entrée de la réserve.

Ces arbres devaient empêcher le passage de Casey Ratt et de son Conseil de bande, nouvellement reconnu chef intérimaire de la communauté par le ministère des Affaires indiennes et du Nord Canada (MAINC). Cette légitimation du gouvernement fédéral arrivait quelques jours après que la majorité des membres de la communauté se soit prononcée contre M. Ratt et son conseil et que ces derniers, inquiets pour leur sécurité, aient quitté temporairement la réserve. Le 11 mars, escorté par des agents de la SQ, le leader de la faction minoritaire rentrait au bercail dans le chaos. «Je savais qu’ils ne nous attendraient pas les bras ouverts», a affirmé M. Ratt au Ottawa Citizen.

Une vingtaine de personnes étaient en effet rassemblées à l’entrée de la réserve pour lui signifier qu’il n’était pas le bienvenu. Les manifestants ont tenté de bloquer le passage et brandissaient des affiches qualifiant M. Ratt et son conseil de bande de «pantins du gouvernement» et dénonçant les interventions de la SQ, qu’ils accusent de partialité favorisant la faction minoritaire.

Avec la protection des policiers, M. Ratt et son groupe ont réussi à traverser la foule d’opposants et à entrer dans la réserve. Les agents de la SQ ont utilisé des vaporisateurs de poivre et des matraques pour contrôler les manifestants. Dix personnes ont été arrêtées, dont deux mineurs.

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