vendredi, avril 04, 2008

Des anarchistes en Jordanie.


Le mouvement libertaire, depuis le 19ième siècle, s'est étendu à la grandeur du globe. Du nord au sud, de l'est à l'ouest, partout nous avons vu naître des mouvements libertaires, parfois minuscules et éphémères, parfois de masse et sur une longue période de temps. Des camarades Jordaniens ont commencé récemment à s'organiser sur une base libertaire en se qualifiant eux-même d'anarco-soufiste. Dans un pays sous la main de fer du Roi Hussein qui n'a légalisé les partis politiques qu'en 1992, puis sous le roi Abdallah II, on peut s'imaginer que la répression contre les mouvements révolutionnaires est énorme. Voici donc le communiqué envoyé par ces libertaires expliquant la naissance de leur mouvement et dressant un mini topo de l'état de ce mouvement en Jordanie.

Finalement, après plus de 50 ans d'activisme communiste en Jordanie, les anarchistes ont commencé à s'organiser ! Les anarchistes jordanien(ne)s sont principalement des artistes qui travaillent dans la musique, le cinéma et le dessin. Une camarade termine son masters en études de genres. Certain(e)s camarades sont Jordanien(ne)s et d'autres sont des réfugié(e)s palestinien(ne)s en exil.
Nous sommes nombreux à venir d'une culture politique marxiste, c'est pourquoi la théorie à une grande importance pour nous. Deux camarades ont trouvé un livre en arabe sur l'anarchisme et ensuite nous avons découvert trois autres livres qui parlaient d'anarchisme en utilisant différents termes, tel que :
1. Fawdawiya, littéralement « chaotique »
2. La soltawiya, littéralement « anti-autoritarisme »
3. Taharoriya, littéralement « « libertarisme »
4. Anarkeya, littéralement « anarchisme » .

Nous avons également trouvé des sites internet égyptiens et libanais, qui nous ont été d'un grand secours.
Actuellement nous sommes une vingtaine de camarades. Je crois qu'il y a d'autres anarchistes dans le pays, mais ce n'est pas facile de les trouver !
Dernièrement, nous sommes entrés dans un mouvement plus large nommé « la gauche sociale », qui regroupe des marxistes, des féministes et autres. Bien que le mouvement compte environ 1000 adhérent(e)s, nous anarchistes avons, relativement, une forte influence sur et dans le mouvement. Nous nous réunissons dans un centre anti-globalisation jordanien.
Quand nous avons commencé à lire, nous avons cherché des formes d'anarchisme dans notre histoire et notre culture locales. Après avoir lu un livre titré « Les tropiques du soufisme » de Hadi al-Alawi, un auteur irakien, nous avons découvert que le soufisme est entièrement anarchiste. En effet, depuis nous avons découvert un site internet qui parle d'« anarco-soufisme » et maintenant nous sommes nombreux à utiliser le nom d'anarco-soufiste. Nous avons découvert des groupes et mouvements anarco-soufiste qui existaient entre le 8ème et le 16ème siècles. Plus tard nous avons lu ce que nous avons pu trouver des écrits de Bakounine, Proudhon et Kropotkine. Nous avons étudié l'histoire de l'anarchisme en Espagne, Ukraine, France et Mexique... et avec notre connaissance du soufisme, nous avons commencé à développer notre propre conception de l'anarchisme.
Nous avons appris l'existence d'autres groupes anarchistes, en Égypte, au Maroc, au Liban et en Palestine, mais nous n'avons pas encore pris contact avec eux.
La semaine dernière, un journaliste très connu dans le pays, a écrit dans le journal le plus lu de Jordanie, un article sur les anarchistes jordanien(ne)s après avoir vu un de nos drapeaux noirs pendant une manifestation.
Tous les mouvements et partis politiques jordaniens ont des problèmes d'effectifs numériques : il est très difficile de trouver de nouveaux adhérents parce que la plupart des gens ont peur de participer.

En Jordanie, on peut être exclu de l'université pour cause d'activité politique. Il est très difficile de comprendre et d'accepter les motifs des lois qui sont utilisées contre les activistes :
- perturber l'harmonie civile
- outrager les supérieurs
- être grossier
- copier des textes sans permission
- s 'assembler sans autorisation.
Human Right Watch parle de torture et d'enlèvements. La formation d'un groupe non autorisé est passible de trois ans de prison.

Donc, l'anarchisme a encore beaucoup de chemin à faire en Jordanie, mais nous nous attendons à ce qu'il se développe dans les années à venir.

De vos frères et soeurs, camarades.

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