mardi, juillet 29, 2008

Une analyse de la crise économique par la CNT-AIT


Bon puisque c'est l'été pour tout le monde, et que les informations pertientes se font monnaie rare en ce début de semaine, je vous suggère la lecture de cette analyse de la crise économique actuelle, par un membre de la CNT-AIT(Confédération Nationale du Travail-section française de l’Association Internationale des Travailleurs).

TOUTE LUTTE N’EST PAS EMANCIPATRICE !

mardi 29 juillet 2008

Le problème n’est pas l’action propre d’une corporation mais l’idéologie qui la motive. Cela vaut pour toutes les franges de la société (jeunes, immigrés, banlieusards, salariés, etc.). Cette présente et énième crise cyclique du capitalisme se conjugue entre l’offre et la demande de l’économie de marché, le pouvoir d’achat (le revenu et le prix de la marchandise), l’économie concurrentielle (plusieurs producteurs concurrents), la concentration capitaliste (oligopole) et le mieux produisant (division internationale du travail). Tout cela est plus ou moins régulé par la main invisible du marché. Si on ajoute des effets conjoncturels comme le prix du salaire et des matières premières ou ouvrées, les bilans comptables de certains patrons risquent d’aboutir au dépôt de bilan. Coincés dans le cadre de marchés territoriaux (la France et l’Europe...), ceux-ci ne peuvent ni délocaliser ni exporter.

Afin de maintenir ou d’augmenter leurs marges d’exploitation qui déterminent le bénéfice et par là même le revenu, ils raisonnent comme tous les capitalistes. Ils font pression sur les politiques pour que l’Etat et autres décideurs concernés (régions et Europe...) leurs garantissent des moyens particuliers : aides, défiscalisations, diminutions des coûts salariaux et de certaines marchandises, protectionnismes (sanitaire, douane, cadre juridique...) ou en favorisant l’accès à des marchés. Parallèlement, ils dégradent la condition générale du salariat : défiscalisation des heures supplémentaires et rejet des 35 heures, modification du cadre des retraites... Telle est la logique structurelle du capitalisme : exploiter les prolétaires afin de dégager la plus-value, être concurrentiel ou disparaître. Quelles que soient leurs opinions et visées sur le salariat, les petits patrons n’échappent pas à la règle. Si l’économie capitaliste peut offrir des variantes, les patrons ne sont pas nécessairement les propriétaires en tout ou partie des entités économiques. La grande majorité des petits et moyens patrons restent cependant dans la position classique du capitaliste ; ils sont propriétaires de leur outil de travail et dépendent de la bonne santé de leurs entreprises pour leurs revenus. Dans le passé, la paupérisation et la prolétarisation de petits capitalistes ont déjà existé. Nombreux furent les paysans, les commerçants et les artisans qui ont fini salariés de leurs ex-confrères, concurrents ou clients. Dans l’ensemble, leur adhésion à l’idéologie bourgeoise les rendait compatibles à constituer l’encadrement, la maîtrise et la petite chefferie des entités qui les salariaient. Leur anti-syndicalisme ouvrier était affiché et bien perçu par la bourgeoisie. Quelques uns d’entre eux et de leurs descendants s’assimileront dans le mouvement ouvrier. Mais on ne peut ignorer que majoritairement ils contestèrent le grand capital (oligopole, monopole...) et l’ultralibéralisme en se déclarant réactionnaires, conservateurs et/ou national-populistes. En outre, ils soutinrent ouvertement les régimes fascistes et assimilés, constituant même des fractions d’extrême-droite. Après-guerre jusqu’aux années 80 en France, la dénonciation du grand capital et des grandes surfaces commerciales... s’incarna dans le poujadisme (mouvement proche de l’extrême-droite).

Comme il a déjà été dit, le libéralisme et le protectionnisme ne sont que des stratégies à géométries variables de l’exploitation de l’homme par l’homme. Par corporatisme, les patrons chercheront, pour défendre leurs entreprises, à enrôler leurs salariés mais toujours dans la défense de l’intérêt patronal, ceux-ci n’allant pas jusqu’à donner leurs entreprises à ces derniers ; mieux, une fois leurs objectifs atteints, ils redoubleront d’efforts pour continuer à exploiter davantage. Si des salariés pactisent ou sont naïfs, instrumentalisés par leurs patrons, nous devons dire clairement que l’intérêt commun, fût-il de l’entreprise ou national est un leurre. Celui-ci cimente la négation de la lutte des classes et nie les intérêts irrémédiables entre les exploités et les exploiteurs. Il appartient aux petits capitalistes de faire leurs choix. Ou bien ils défendent les variantes du capitalisme, ou bien ils rejoignent la lutte contre celles-ci. Pour l’instant, ils soutiennent leur idéologie et leurs intérêts de capitalistes et donc le système de domination qui l’a engendré. Que de petits patrons ne rechignent au labeur et soient en situation périlleuse, cela ne peut les empêcher de comprendre qu’un monde meilleur ne peut être que par une société juste et égalitaire. A eux de faire une rupture idéologique, tel n’est pas le cas pour l’instant. Ce qui ne permet pas notre soutien. Si, hélas, peu nombreux, parce que trop subversifs ou remuants, certains durent créer leur entreprise pour survivre, ils ne défendirent jamais le capitalisme et participèrent aux luttes de leurs frères anticapitalistes.

Le prix du pétrole un vrai problème, la défiscalisation (en réalité baisse fiscale) une fausse réponse.

En effet, en théorie, la fiscalité assure les recettes de l’Etat qui par la fonction redistributive de l’impôt permet la protection sociale, soit par gratuité ou par aide financière (revenu indirect ou socialisé). Or, la baisse fiscale produit un déficit public que les gestionnaires réduisent en diminuant le revenu indirect ou socialisé. Telle fut et est encore la logique des gouvernements. Ce qui fait que réduire l’impôt sans poser la question de la protection des plus désargentés consiste à limiter sa paupérisation en augmentant celle des autres. Tel est le leitmotiv de Sarkozy et, malgré les apparences, la lutte des petits patrons va dans ce sens. Rappelons que Le Pen fait de l’antifiscalisme son clientélisme "petit patron".

De plus, toute augmentation des prix de vente de la production se répercute sur le consommateur. D’après la loi d’Engel, la part alimentaire dans le budget des ménages croît lorsque les revenus baissent, les salariés, y compris ceux qui soutiennent leurs patrons, s’en mordront les doigts en tant que consommateurs.

Apparaissent d’autres contradictions :

- La baisse du coût du carburant augmente la consommation de pétrole et par effet celle de la pollution.

- Le productivisme fordiste pousse à prélever davantage dans les ressources environnementales, entraînant leur raréfaction et, là encore, de la pollution.

- La hausse des prix des marchandises accentue les inégalités de revenu.

En conclusion, toute action conjoncturelle (baisse de TVA...) ou sur les variables d’ajustement (salariales...) ne résout rien sur le fond : c’est la structure même du capitalisme qui est à remettre en cause.

Le capitalisme et ses sbires nous emmènent droit dans le mur : reprenons le contrôle de nos vie. CONTRE L’ETAT ET LE CAPITAL, GREVE GENERALE, POUR PAS FINIR A POIL.

Jean Picard - juin 2008.

Paru dans Anarchosyndicalisme n°107

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