vendredi, juillet 30, 2010
Émeute à Moscou
Près de 500 jeunes gens, dont certains masqués, ont attaqué hier des locaux administratifs dans la banlieue de Moscou, un événement rare dans un pays où les manifestations peuvent être réprimées très sévèrement. Se réclamant de l’anarchisme ou de l’antifascisme, les émeutiers auraient utilisé des armes à feu, selon des médias russes. Ce raid s’est déroulé en marge de protestations contre la destruction d’une forêt pour une nouvelle autoroute, contestée depuis trois ans par les habitants de Khimki, une ville proche de la capitale russe. Ces derniers ont multiplié les lettres ouvertes aux autorités et les pétitions, sans succès. Ces mobilisations citoyennes, généralement pacifiques, contre l’arbitraire des autorités se sont multipliées ces dernières années dans un pays à l’opposition muselée par le pouvoir.
jeudi, juillet 29, 2010
Une « avancée historique »?
Saviez-vous qu'hier était une journée historique, qu'on a vécu une grande avancée vers un monde de bonheur et de justice? Moi, j'viens tout juste de l'apprendre.
Ça leur aura pris 15 ans de débats et de discussions, à l'ONU, pour finalement conclure que l'eau, c'est essentiel à la vie, et que si la vie est un droit, l'accès à une eau de qualité devrait l'être aussi. Ben oui, c'est tout...
Ça leur aura pris 15 ans de débats et de discussions, à l'ONU, pour finalement conclure que l'eau, c'est essentiel à la vie, et que si la vie est un droit, l'accès à une eau de qualité devrait l'être aussi. Ben oui, c'est tout...
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jeudi, juillet 22, 2010
Festival Hochelaga en fête!
Le comité BAILS vous invite au festival Hochelaga en fête, qui se déroulera le 24 juillet 2010, de 12 h à 23 h, au parc Dézéry. L’évènement s’inscrit dans la campagne de revitalisation populaire de la rue Sainte-Catherine.
...
Le festival rassemblera les performances de nombreux artistes, allant de la chanson au hip-hop en passant par les arts de la rue. Danse sociale, graffitis, jeux pour les enfants, nourritures et boissons, break dance, animation, information … nous espérons en offrir pour tous les goûts, pour les jeunes et moins jeunes.
Le comité BAILS travaille depuis plus d’un an spécifiquement sur le sud-ouest d’Hochelaga-Maisonneuve, dans le but de favoriser une transformation du quartier par et pour la population. Trop souvent, les quartiers de Montréal se sont transformés suivant des intérêts strictement financiers. Nous proposons, au contraire, de placer les citoyens et citoyennes d’Hochelaga-Maisonneuve au premier plan.
Le festival Hochelaga en fête s’inscrit dans cette démarche. En occupant et en animant un espace public, nous espérons offrir aux résidents et résidentes du quartier un cadre gratuit et convivial pour se réapproprier leur milieu de vie.
Pour plus d'infos et pour voir la programmation.
Quelques capsules de promo pour l'évènement:
Jean-François Lessard:
Namori Cissé:
Samy Elmousif:
Stan et O.T.T.:
St-Saoul:
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jeudi, juillet 15, 2010
[Haïti]:Les paysans haïtiens manifestent contre Monsanto et pour la souveraineté alimentaire et des semences
Un billet intéressant repris de viacampesina.org
Le 4 juin, environ dix mille paysans haïtiens ont marché pour protester contre le „cadeau empoisonné“ de semences de la compagnie américaine Monsanto Company. La manifestsation était longue de sept kilomètres, soit la distance entre Papaye et Hinche, en région rurale sur le plateau central. Elle fut organisée par de nombreux mouvements sociaux ruraux haïtiens qui proposent un modèle de développement reposant sur la souveraineté alimentaire et la souveraineté des semences plutôt que sur l'agriculture industrielle. „Longue vie aux semences de maïs locales!“ et „Les OGM et semences hybrides de Monsanto violent l'agriculture paysanne!“ sont des exemples de slogans chantés lors de la manifestation.
Le 4 juin, environ dix mille paysans haïtiens ont marché pour protester contre le „cadeau empoisonné“ de semences de la compagnie américaine Monsanto Company. La manifestsation était longue de sept kilomètres, soit la distance entre Papaye et Hinche, en région rurale sur le plateau central. Elle fut organisée par de nombreux mouvements sociaux ruraux haïtiens qui proposent un modèle de développement reposant sur la souveraineté alimentaire et la souveraineté des semences plutôt que sur l'agriculture industrielle. „Longue vie aux semences de maïs locales!“ et „Les OGM et semences hybrides de Monsanto violent l'agriculture paysanne!“ sont des exemples de slogans chantés lors de la manifestation.
mardi, juillet 13, 2010
Manifestation en solidarité avec les arrêté-e-s au G20 de Toronto
Carré Phillips (Coin Sainte-Catherine et Place Phillips)
Face à la violence policière, aux attaques contre notre résistance et aux arrestations sans précédant des manifestant-e-s anti-G20, la Convergence des luttes anticapitalistes CLAC 2010 appelle l’ensemble des mouvements sociaux à se mobiliser en solidarité avec les victimes de l’appareil répressif tombé-e-s aux mains de l’armée policière.
La CLAC2010 exige la libération immédiate de tou-te-s les prisonnier-e-s politiques et l’annulation immédiate de toutes les accusations portées contre les personnes arrêtées lors du G20.
*Manifestation en solidarité avec les arrêté-e-s du G20 de Toronto, le 17 juillet 13h00 au Carré Phillips*
Environ 1090 arrestations ont eu lieu durant la fin de semaine du 25 au 27 juin à Toronto par kidnapping, profilage politique, raids dans des résidences privées et lieux d’hébergement, violence, brutalité, intimidation et harcèlement. C’est le plus grand nombre d’arrestation de masse dans l’histoire du Canada, et elles furent effectuées envers des manifestant-e-s qui n’ont fait qu’exprimer leur désaccord avec des politiques capitalistes, sécuritaires, sexistes, colonialistes et antisociales du G20 et des grands financiers de ce monde.
Ce dont nous avons été témoins à Toronto était une attaque en règle contre les forces progressistes dénonçant le G20 et ses politiques meurtrières. Cette répression sans précédant, ordonnée en haut lieu politique, visait à faire taire la dissidence et à criminaliser nos mouvements sociaux. Ce sont des tactiques bien connues pour diviser les populations, briser la résistance et imposer des politiques régressives. Nous avons franchi une nouvelle étape dans l’intensification de la répression policière et dans les concessions exigées des populations. À preuve, le chef de la police de Toronto a menti volontairement à la population en prétendant que sa police avait des pouvoirs étendus durant le G20 (Loi des travaux publics) et en exposant devant les médias des armes soit-disant "saisies" aux manifestant.e.s. Or, ces "armes" dont une arbalette et une scie à chaine n'appartenaient qu'à des passant.e.s et non pas aux manifestant.e.s anti-G20. Le mensonge et la suppression des droits humains est un premier pas vers un État totalitaire...
Il y a actuellement des centaines de personnes accusées, entre autres, de complot pour commettre des méfaits et des voies de fait sur des policiers, dont 17 avec des accusations plus sérieuses. Actuellement, 14 prisonniers.eres politiques croupissent toujours derrière les barreaux et se font mettre sur le dos tout ce qui s’est passé dans les rues de Toronto lors du sommet du G20, alors que la plupart ont été arrêtées avant même que les manifestations ne commencent. Si vous en doutiez encore, il y a bel et bien des prisonniers et prisonnières politiques au Canada!
La CLAC2010 veut donc dénoncer cette répression stratégique et politique et exprimer haut et fort sa solidarité avec tou-te-s les arrêté-e-s du G20 et surtout avec les 14 personnes qui demeurent encore incarcérées en attente de leur enquête sur le cautionnement. Nous exigeons la libération immédiate de tou-te-s les prisonnier-e-s politiques et l’annulation immédiate de toutes les accusations portées contre les personnes arrêtées lors du G20. Nous vous invitons à une manifestation en solidarité avec les arrêté-e-s de Toronto qui aura lieu le 17 juillet 2010 à 13h00 au Carré Phillips; pour réclamer leur libération, l'annulation des accusations et réaffirmer notre droit légitime à la dissidence politique.
Nous n’accepterons jamais la criminalisation de la dissidence.
Nous ne nous tairons pas face à la répression politique.
Libérez nos camarades!
NOUS EXIGEONS!
* Le retrait des accusations
* La libération immédiate des prisonniers.ères politiques du G20
Venez marcher avec nous!
Pour plus d'infos:
La Convergence des luttes anticapitalistes - CLAC 2010
www.clac2010.net
Face à la violence policière, aux attaques contre notre résistance et aux arrestations sans précédant des manifestant-e-s anti-G20, la Convergence des luttes anticapitalistes CLAC 2010 appelle l’ensemble des mouvements sociaux à se mobiliser en solidarité avec les victimes de l’appareil répressif tombé-e-s aux mains de l’armée policière.
La CLAC2010 exige la libération immédiate de tou-te-s les prisonnier-e-s politiques et l’annulation immédiate de toutes les accusations portées contre les personnes arrêtées lors du G20.
*Manifestation en solidarité avec les arrêté-e-s du G20 de Toronto, le 17 juillet 13h00 au Carré Phillips*
Environ 1090 arrestations ont eu lieu durant la fin de semaine du 25 au 27 juin à Toronto par kidnapping, profilage politique, raids dans des résidences privées et lieux d’hébergement, violence, brutalité, intimidation et harcèlement. C’est le plus grand nombre d’arrestation de masse dans l’histoire du Canada, et elles furent effectuées envers des manifestant-e-s qui n’ont fait qu’exprimer leur désaccord avec des politiques capitalistes, sécuritaires, sexistes, colonialistes et antisociales du G20 et des grands financiers de ce monde.
Ce dont nous avons été témoins à Toronto était une attaque en règle contre les forces progressistes dénonçant le G20 et ses politiques meurtrières. Cette répression sans précédant, ordonnée en haut lieu politique, visait à faire taire la dissidence et à criminaliser nos mouvements sociaux. Ce sont des tactiques bien connues pour diviser les populations, briser la résistance et imposer des politiques régressives. Nous avons franchi une nouvelle étape dans l’intensification de la répression policière et dans les concessions exigées des populations. À preuve, le chef de la police de Toronto a menti volontairement à la population en prétendant que sa police avait des pouvoirs étendus durant le G20 (Loi des travaux publics) et en exposant devant les médias des armes soit-disant "saisies" aux manifestant.e.s. Or, ces "armes" dont une arbalette et une scie à chaine n'appartenaient qu'à des passant.e.s et non pas aux manifestant.e.s anti-G20. Le mensonge et la suppression des droits humains est un premier pas vers un État totalitaire...
Il y a actuellement des centaines de personnes accusées, entre autres, de complot pour commettre des méfaits et des voies de fait sur des policiers, dont 17 avec des accusations plus sérieuses. Actuellement, 14 prisonniers.eres politiques croupissent toujours derrière les barreaux et se font mettre sur le dos tout ce qui s’est passé dans les rues de Toronto lors du sommet du G20, alors que la plupart ont été arrêtées avant même que les manifestations ne commencent. Si vous en doutiez encore, il y a bel et bien des prisonniers et prisonnières politiques au Canada!
La CLAC2010 veut donc dénoncer cette répression stratégique et politique et exprimer haut et fort sa solidarité avec tou-te-s les arrêté-e-s du G20 et surtout avec les 14 personnes qui demeurent encore incarcérées en attente de leur enquête sur le cautionnement. Nous exigeons la libération immédiate de tou-te-s les prisonnier-e-s politiques et l’annulation immédiate de toutes les accusations portées contre les personnes arrêtées lors du G20. Nous vous invitons à une manifestation en solidarité avec les arrêté-e-s de Toronto qui aura lieu le 17 juillet 2010 à 13h00 au Carré Phillips; pour réclamer leur libération, l'annulation des accusations et réaffirmer notre droit légitime à la dissidence politique.
Nous n’accepterons jamais la criminalisation de la dissidence.
Nous ne nous tairons pas face à la répression politique.
Libérez nos camarades!
NOUS EXIGEONS!
* Le retrait des accusations
* La libération immédiate des prisonniers.ères politiques du G20
Venez marcher avec nous!
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La Convergence des luttes anticapitalistes - CLAC 2010
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samedi, juillet 10, 2010
[Chronique littéraire] Matinik Doubout. Le mouvement populaire de février-mars 2009
«Le colonialisme n'est pas une machine à penser, n'est pas un corps doué de raison. Il est la violence à l'état de nature et ne peut s'incliner que devant une plus grande violence. »- Les Damnés de la Terre (1961), Frantz Fanon.
Il y a un peu moins d’un an paraissait aux Éditions Alternative libertaire, Matinik Doubout : Le mouvement populaire de février-mars 2009. Ce petit bouquin de 151 pages a été écrit par un militant libertaire habitant les Antilles depuis une dizaine d’années et qui est connu sous le pseudonyme de Nemo. À travers ce livre, il nous relate la chronologie du plus puissant mouvement populaire du siècle dernier et de ce mouvement de grève générale qui s’est étendu comme une trainée de poudre dans les Antilles Françaises.
Quatre siècles d’exploitation et de luttes
Ce bouquin est sous-divisé en 4 chapitres. Il débute par un bref survol historique décrivant les grandes lignes des 3 périodes historiques des Antilles françaises, soit l’esclavagisme, le colonialisme et la période départementale, qui permet de mieux comprendre les causes historiques de la situation actuelle aux Antilles. Ce chapitre aborde aussi (parfois trop rapidement) les grandes luttes menées par le peuple martiniquais au fil des siècles, telles que l’abolition de l’esclavage au XIXème siècle, les luttes de libération nationale et de décolonisation ainsi que les mouvements sociaux de l'après deuxième guerre mondiale, qui furent sauvagement réprimées dans le sang par l’État.
Asé pwofitasyon!
Puis, cet historique nous mène jusqu'au début de l'année 2009. En réponse au colonialisme toujours présent et au capitalisme sauvage qui a provoqué un chômage endémique de 22% et une hausse du prix des produits de première nécessité qui avoisine les 18% en un an, une intersyndicale se forme en Martinique, pendant qu’au même moment éclate en Guadeloupe une grève générale historique sous l’impulsion du syndicalisme de combat de la LKP. Une grande manifestation regroupant près de 15 000 personnes à Fort de France (sur une population de près de 90 000 habitant ), sonne le début de la riposte populaire en Martinique. Ce qui permet la mise sur pied du Collectif du 5 février qui luttera pour 4 revendications principales : Contre la vie chère, pour une hausse générale des salaires, pour une augmentation des conditions de retraite et pour une diminution du coût des services.
Ce qui résume l’essentiel de la deuxième partie, et qui nous permet de mieux comprendre la partie la plus intéressante, c'est-à-dire la troisième partie du bouquin, qui relate au jour le jour, soit du 5 février au 14 mars, les évènements de cette révolte populaire historique. Cette partie, sous forme de journal personnel, permet de vivre à travers les yeux de l’auteur cette lutte au quotidien. Ce qui nous change des trop nombreuses analyses théoriques extérieures aux luttes auxquelles nous sommes habitués, puisque Nemo fut et est toujours un militant au cœur de cette lutte. Et c’est à mon avis ce qui rend ce bouquin indispensable à la compréhension des évènements de 2009.
Pour une « alternative libertaire »
Puis, la dernière partie de ce bouquin analyse les limites du mouvement, les idées nouvelles qu’il a permis de faire éclore ainsi que les perspectives politiques et économiques qu’il a ouvertes. Élément intéressant à noter, l’auteur qui n’était pas membre d’Alternative libertaire, notre « organisation-sœur » du côté français, lors des grèves, est depuis membre d’un nouveau collectif qui a vu le jour à Fort de France. Nemo conclu ainsi en mentionnant que : « L’émancipation des Antilles peut être une réappropriation de tous les moyens de production par la collectivité, sur la base de l’autogestion, le remplacement de l’économie de marché par une économie socialiste (…) le remplacement de la démocratie indirecte par une démocratie de base. » Une perspective qui même si elle semble radicale, commence tranquillement à alimenter les réflexions des classes populaires martiniquaises.
Bref, un livre que je vous conseille vivement, si vous souhaitez mieux comprendre la réalité antillaise et qui nous permet de tracer un parallèle inspirant avec les luttes, qui nous espérons, s’intensifieront ici aux Québec en riposte à la dégradation de nos conditions de travail et de vie.
D’ailleurs, si le sujet vous intéresse, l’Union Communiste libertaire (Montréal) organise une conférence avec l’auteur, le 22 juillet, dont le titre est : Matinik Doubout : Lutte anticolonialiste et lutte de classe en Martinique et dans les Antilles.
Nemo, Matinik Doubout. Le mouvement populaire de février-mars 2009, Éditions Alternative libertaire, 2009, 151 pp.
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Si vous souhaitez lire la série d’articles écrites par l’auteur et publiés dans le mensuel d’Alternative libertaire :
La Martinique debout :
(1/4) Sé pou le viktwa nou laké !
(2/4) Deux cents ans de révolte
(3/4) Pour une économie libérée du carcan colonial
(4/4) Les états-généraux de l’Outre-Mer : un non-événement
Il y a un peu moins d’un an paraissait aux Éditions Alternative libertaire, Matinik Doubout : Le mouvement populaire de février-mars 2009. Ce petit bouquin de 151 pages a été écrit par un militant libertaire habitant les Antilles depuis une dizaine d’années et qui est connu sous le pseudonyme de Nemo. À travers ce livre, il nous relate la chronologie du plus puissant mouvement populaire du siècle dernier et de ce mouvement de grève générale qui s’est étendu comme une trainée de poudre dans les Antilles Françaises.
Quatre siècles d’exploitation et de luttes
Ce bouquin est sous-divisé en 4 chapitres. Il débute par un bref survol historique décrivant les grandes lignes des 3 périodes historiques des Antilles françaises, soit l’esclavagisme, le colonialisme et la période départementale, qui permet de mieux comprendre les causes historiques de la situation actuelle aux Antilles. Ce chapitre aborde aussi (parfois trop rapidement) les grandes luttes menées par le peuple martiniquais au fil des siècles, telles que l’abolition de l’esclavage au XIXème siècle, les luttes de libération nationale et de décolonisation ainsi que les mouvements sociaux de l'après deuxième guerre mondiale, qui furent sauvagement réprimées dans le sang par l’État.
Asé pwofitasyon!
Puis, cet historique nous mène jusqu'au début de l'année 2009. En réponse au colonialisme toujours présent et au capitalisme sauvage qui a provoqué un chômage endémique de 22% et une hausse du prix des produits de première nécessité qui avoisine les 18% en un an, une intersyndicale se forme en Martinique, pendant qu’au même moment éclate en Guadeloupe une grève générale historique sous l’impulsion du syndicalisme de combat de la LKP. Une grande manifestation regroupant près de 15 000 personnes à Fort de France (sur une population de près de 90 000 habitant ), sonne le début de la riposte populaire en Martinique. Ce qui permet la mise sur pied du Collectif du 5 février qui luttera pour 4 revendications principales : Contre la vie chère, pour une hausse générale des salaires, pour une augmentation des conditions de retraite et pour une diminution du coût des services.
Ce qui résume l’essentiel de la deuxième partie, et qui nous permet de mieux comprendre la partie la plus intéressante, c'est-à-dire la troisième partie du bouquin, qui relate au jour le jour, soit du 5 février au 14 mars, les évènements de cette révolte populaire historique. Cette partie, sous forme de journal personnel, permet de vivre à travers les yeux de l’auteur cette lutte au quotidien. Ce qui nous change des trop nombreuses analyses théoriques extérieures aux luttes auxquelles nous sommes habitués, puisque Nemo fut et est toujours un militant au cœur de cette lutte. Et c’est à mon avis ce qui rend ce bouquin indispensable à la compréhension des évènements de 2009.
Pour une « alternative libertaire »
Puis, la dernière partie de ce bouquin analyse les limites du mouvement, les idées nouvelles qu’il a permis de faire éclore ainsi que les perspectives politiques et économiques qu’il a ouvertes. Élément intéressant à noter, l’auteur qui n’était pas membre d’Alternative libertaire, notre « organisation-sœur » du côté français, lors des grèves, est depuis membre d’un nouveau collectif qui a vu le jour à Fort de France. Nemo conclu ainsi en mentionnant que : « L’émancipation des Antilles peut être une réappropriation de tous les moyens de production par la collectivité, sur la base de l’autogestion, le remplacement de l’économie de marché par une économie socialiste (…) le remplacement de la démocratie indirecte par une démocratie de base. » Une perspective qui même si elle semble radicale, commence tranquillement à alimenter les réflexions des classes populaires martiniquaises.
Bref, un livre que je vous conseille vivement, si vous souhaitez mieux comprendre la réalité antillaise et qui nous permet de tracer un parallèle inspirant avec les luttes, qui nous espérons, s’intensifieront ici aux Québec en riposte à la dégradation de nos conditions de travail et de vie.
D’ailleurs, si le sujet vous intéresse, l’Union Communiste libertaire (Montréal) organise une conférence avec l’auteur, le 22 juillet, dont le titre est : Matinik Doubout : Lutte anticolonialiste et lutte de classe en Martinique et dans les Antilles.
Nemo, Matinik Doubout. Le mouvement populaire de février-mars 2009, Éditions Alternative libertaire, 2009, 151 pp.
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Si vous souhaitez lire la série d’articles écrites par l’auteur et publiés dans le mensuel d’Alternative libertaire :
La Martinique debout :
(1/4) Sé pou le viktwa nou laké !
(2/4) Deux cents ans de révolte
(3/4) Pour une économie libérée du carcan colonial
(4/4) Les états-généraux de l’Outre-Mer : un non-événement
Marche de solidarité pour le vingtième anniversaire de la crise d'Oka
(Via Regroupement de solidarité avec les Autochtones)
Montréal, le 5 juillet 2010 - Le Regroupement de solidarité avec les Autochtones, un collectif de militants et de militantes formé au début de la crise de l'été 1990, invite la population à participer à la marche qui commémorera le vingtième anniversaire de cet événement à Oka et Kanehsatake, le dimanche 11 juillet. Des transports sont organisés en autobus à partir de Montréal. Le départ se fera à 8h30 du Parc-Émilie Gamelin, coin Berri et Maisonneuve, à Montréal. Il faut réserver une place en téléphonant au (438) 288-4081 ou en en ligne à l'adresse http://rsa.site.koumbit.net/content/marche-de-solidarité-avec-les-mohawks .
Ce sont des Mohawks de Kanehsatake, dont la porte-parole de la communauté à l'été 1990, Ellen Gabriel, qui organise la marche pacifique visant à rappeler l'attaque tragique de la Sûreté du Québec contre leur territoire traditionnel, vingt ans jour pour jour plus tôt.
Le Regroupement de solidarité avec les Autochtones est né au lendemain de cette attaque et a poursuivi ses activités tout au cours de la crise qui a suivi. Cette solidarité active a permis à des milliers de personnes, de tous âges et de toutes origines, de s'opposer aux gestes de leurs propres gouvernements et de faire entendre un contre-discours. Plusieurs personnalités en vue ont exprimé leur solidarité avec les Mohawks lors des nombreuses manifestations ou assemblées organisées par le Regroupement, dont le syndicaliste Michel Chartrand, les militantes syndicales et féministes Madeleine Parent et Léa Roback, l'écrivain Pierre Vallières, l'anthropologue Rémi Savard, le chanteur Richard Desjardins et le sculpteur Armand Vaillancourt.
Après la crise, le RSA a pendant une dizaine d'années appuyé activement plusieurs autres batailles menées par les peuples autochtones pour le respect de leur droit, multipliant les manifestations et les conférences données par des porte-parole des communautés en lutte.
Le Regroupement, qui a récemment repris ses activités, considère que la solidarité est toujours aussi nécessaire, parce que rien n'a été réglé pour les Mohawks de Kanehsatake et les peuples autochtones, malgré les belles promesses prononcées par les gouvernements au sortir de la Crise. Le Regroupement en veut pour preuves les projets de développement minier et domiciliaire qui menacent encore le territoire mohawk de l'ancienne Seigneurie des Deux Montagnes, de même que le refus des gouvernements canadiens et québécois d'endosser sans conditions la Déclaration universelle sur les Droits des peuples autochtones pourtant adoptée à la quasi-unanimité par les pays membres de l'ONU.
François Saillant pour le
Regroupement de solidarité avec les Autochtones
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D'ailleurs pour ceux et celle qui voudraient voir ou revoir ce classique d'Alanis Obomsowin, Kanehsatake: 270 ans de résistance.
jeudi, juillet 08, 2010
Razzia policière au G20
Article d'un camarade de l'UCL publié dans le Journal Haute Côte-Nord Ouest
Du 25 au 27 juin, Toronto a pris les allures d’un État policier, rappelant durement la Crise d’Octobre, afin d’accueillir un sommet du G20. Il est tout à fait pitoyable de constater que les médias de masse n’aient pratiquement pas couvert les motivations et points de vue des plusieurs milliers de manifestants et manifestantes altermondialistes qui ont convergé de l’ensemble des provinces. À la place, les photos de destruction des futiles marchandises de symboles du grand capitalisme sauvage comme les chaînes antisyndicales McDonald, Starbucks et Tim Hortons et de la police de Toronto, qui a pratiqué un très violent profilage politique et linguistique envers les gens qui exerçaient en fin de semaine leur devoir de manifester, ont fait les manchettes à la manière de revues porno pour gonfler les ventes.
Sous les dénonciations des « casseurs » apparemment antisociaux, les grands médias ont dissimulé avec succès les dépenses scandaleuses (dont près d’un milliard d’investi pour une fin de semaine de « sécurité »), la brutalité et les provocations des forces policières sur place (près de neuf-cent arrestations et autant d’abus de pouvoir) dans le but d’intimider les participants des manifestations et surtout, les répercussions des décisions prises en catimini entre les chefs d’État sur les travailleurs et travailleuses et les moins nantis de la société.
Comme si le dernier budget antisocial du gouvernement Charest ne menaçait pas déjà assez les services publics et le portefeuille des gens qui ne sont pas riches, ce dernier G20 a conclut une entente pour que l’ensemble des pays se dotent de plans d’austérité. Une mesure qui profitera assurément aux banques, mais qui coupera grandement les moins nantis. Avec la croissance continue de l’écart entre les riches et les pauvres, l’illusion d’une démocratie au Canada se dissipe de plus en plus, nous laissant apercevoir le pouvoir éhonté du grand capital sur l’administration des biens publics. Nos votes apparaissent comme des chèques en blanc pour les partis au pouvoir. Cet automne, prenons la rue aux 4 coins de la province avec la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics pour faire entendre notre rejet catégorique des mesures budgétaires et des hausses de tarifs annoncées. Après tout, ce n’est pas à nous de payer pour la crise économique dont l’avarice des banquiers et des grands capitalistes est responsable!
La révolution espagnole sur les ondes de Québec...
(Via Voix de Faits)
Nos camarades du Collectif la Nuit, ont eu l'excellente idée de diffuser un feuilleton radiophonique sur la guerre d'Espagne, sur les ondes de la radio de Québec. Pour ceux et celles que ça pourrait intéresser...Bonne écoute!
Pour écouter les podcasts--par ici
Nos camarades du Collectif la Nuit, ont eu l'excellente idée de diffuser un feuilleton radiophonique sur la guerre d'Espagne, sur les ondes de la radio de Québec. Pour ceux et celles que ça pourrait intéresser...Bonne écoute!
Pour écouter les podcasts--par ici
mardi, juillet 06, 2010
[Conférence] Matinik Doubout:Lutte anticolonialiste et lutte de classe en Martinique et dans les Antilles.
(english version below)
L’Union Communiste Libertaire-Montréal vous convie à une conférence estivale.
Quoi?Conférence avec l'auteur du livre Matinik Doubout.
Quand?Jeudi le 22 juillet 2010 @ 19h
Où?4525 rue St-Jacques à Montréal (métro Place St-Henri)
En février-mars 2009, la Martinique a été secouée par le plus puissant mouvement populaire du siècle dernier. Des milliers de Martiniquais-es se sont retrouvé-es dans un mouvement de grève générale qui s’est étendu comme une trainée de poudre dans les Antilles Françaises.
Nemo, enseignant, témoin et acteur de ces événements et militant d’Alternative libertaire présentera une conférence qui traitera de la lutte anticolonialiste et de la lutte des classes en Martinique ainsi que dans les Antilles. Il est l’auteur du livre Matinik Doubout, qui raconte au jour le jour le mouvement de 2009 et analyse les perspectives politiques et économiques qu’il a ouvertes.
Cette conférence abordera l’historique de ces luttes, la situation actuelle ainsi que les perspectives à l’ombre de la crise économique mondiale. Cette conférence sera suivie d’une période de discussion et de questions.
La conférence sera en français, mais une traduction chuchotée vers l'anglais sera disponible.
EDIT: Si vous souhaitez lire une critique du bouquin, voir le billet ici.
L’Union Communiste Libertaire-Montréal vous convie à une conférence estivale.
Quoi?Conférence avec l'auteur du livre Matinik Doubout.
Quand?Jeudi le 22 juillet 2010 @ 19h
Où?4525 rue St-Jacques à Montréal (métro Place St-Henri)
En février-mars 2009, la Martinique a été secouée par le plus puissant mouvement populaire du siècle dernier. Des milliers de Martiniquais-es se sont retrouvé-es dans un mouvement de grève générale qui s’est étendu comme une trainée de poudre dans les Antilles Françaises.
Nemo, enseignant, témoin et acteur de ces événements et militant d’Alternative libertaire présentera une conférence qui traitera de la lutte anticolonialiste et de la lutte des classes en Martinique ainsi que dans les Antilles. Il est l’auteur du livre Matinik Doubout, qui raconte au jour le jour le mouvement de 2009 et analyse les perspectives politiques et économiques qu’il a ouvertes.
Cette conférence abordera l’historique de ces luttes, la situation actuelle ainsi que les perspectives à l’ombre de la crise économique mondiale. Cette conférence sera suivie d’une période de discussion et de questions.
La conférence sera en français, mais une traduction chuchotée vers l'anglais sera disponible.
EDIT: Si vous souhaitez lire une critique du bouquin, voir le billet ici.
samedi, juillet 03, 2010
Le cœur de l'action directe
Ceux et celles qui, loin de leur téléviseur, se sont rendu à Toronto cette fin de semaine ont été témoins et victimes d'une violence policière et étatique d'une rare intensité, un cas unique dans l'histoire canadienne des dernières décennies. Les Québécois, qui gardent un très mauvais souvenir de la Crise d'octobre 1970, devraient aujourd'hui être scandalisés par un tel déploiement de violence et de terreur.
Mais alors que les hommes les plus puissants du monde s'arment de lois spéciales et de brutalité afin de développer des plans d'austérité dont souffriront de nombreux peuples de la terre, la seule violence qui fait l'unanimité dans sa condamnation n'est pas celle des princes et de leurs valets, mais bien, et évidemment, celle des manifestants radicaux. Bill Blair, le chef de police de Toronto, affirmait en fin de semaine: « Nous n'avons jamais vu un tel niveau de délinquance gratuite, de vandalisme et de destruction dans nos rues ». Le ministre canadien de la sécurité publique, Vic Toews, ajoute pour sa part : « Nous condamnons les actes de violence et de destruction insensés perpétrés par un groupe de bandits » et il ose même souligner le «professionnalisme» et la «constante vigilance» dont ont fait preuve les forces de l'ordre. Plusieurs groupes supposément progressistes comme Greenpeace et certains syndicats relayent également le message des forces de l'ordre en condamnant l'action directe.
Le message dominant est clair, cette violence est « apolitique » et « destructrice ». Reproduisant les sempiternelles préjugés de Gustave Le Bon sur l'irrationalité de la foule, qui tire ses racines de la fin du 19e siècle, l'élite en place, plutôt que de voir dans l'action directe une critique en acte de la société marchande, préfère la considérer comme motivée par un quelconque spasme libidineux déviant. En associant ainsi l'action directe à la violence des « voyous » et des « bandits », les porte paroles de la loi et de l'ordre tentent de se positionner — alors que l'État canadien a fait systématiquement fi des droits humains et que certains militants sont encore portés disparus — comme les seuls défenseurs légitimes de la raison et de la démocratie.
L'action des Black bloc et des autres groupes révolutionnaires est pourtant rationnelle. Parmi le répertoire presque infini d'actions qui s'offre à eux, les anarchistes vont choisir des cibles précises, stratégiques et politiques. Contrairement à ce que prétendent les forces de l'ordre, on ne verra jamais un militant radical attaquer les « citoyens ordinaires ». Dans la quasi-totalité des cas, les attaques ciblent visent l'État (c'est pourquoi ils ont brûlé quelques voitures de police), la marchandise (une cinquantaine de vitrines fracassées) et les médias (plusieurs voitures portant leur logo ont été attaquées). Principalement, l'action directe tente de s'attaquer, comme dirait le bon vieux Marx, à l'unité de base du capitalisme, à ce médiateur des rapports sociaux, la marchandise. En s'en prenant ainsi à ce fétiche moderne, l'action directe tente de briser le processus qui donne à de ces choses inanimées le pouvoir qu'elles ont sur nos vies. Pour les anticapitalistes, le pouvoir structurant de la marchandise n'est pas plus rationnel que les cantiques du Saint-Sacrement ou les incantations Voodoo.
Alors que l'État canadien s'est défait de ses apparats démocratiques afin de revêtir celui de l'État policier — rien de trop beau pour protéger les princes du monde venu chez nous discuter profit et rentabilité — les amis de l'État et autres fidèles défenseurs de la société marchande dénoncent en cœur cette violence, minime et symbolique, des militants radicaux. Guy Debord ne se trompait décidément pas lorsqu'il affirmait que dans la société spectaculaire marchande, « le vrai est un moment du faux ». Seule une société comme la nôtre peut ainsi renverser le réel au point de faire porter le fardeau de la violence sur ceux et celles qui la subissent.
Face à tant de mensonge et de brutalité, la violence des militants radicaux a minimalement le mérite de s'en prendre aux riches et aux puissants et non aux classes les plus pauvres de nos sociétés. Les quelques dizaines de vitrines brisées visaient à dénoncer, justement, la violence systématique de cette société de domination, celle qui réduit le vivant à l'état de marchandise et qui saccage systématiquement la planète. Cette action est destructrice, il est vrai, mais destructrice d'exploitation et d'injustice. C'est contre les banques, contre les multinationales et contre l'État canadien qu'est dirigée la violence des radicaux. En accordant systématiquement plus d'importance à cette violence minime et symbolique qu'à celle de l'État, incommensurablement plus vaste et brutale, les amis du régime démontrent que leur système de valeur est hiérarchisé de telle façon que la destruction d'objets inanimés est plus scandaleuse que la violence économique qui réduit des milliards d'êtres humains à la pauvreté, à la misère et à l'exploitation.
Mais alors que les hommes les plus puissants du monde s'arment de lois spéciales et de brutalité afin de développer des plans d'austérité dont souffriront de nombreux peuples de la terre, la seule violence qui fait l'unanimité dans sa condamnation n'est pas celle des princes et de leurs valets, mais bien, et évidemment, celle des manifestants radicaux. Bill Blair, le chef de police de Toronto, affirmait en fin de semaine: « Nous n'avons jamais vu un tel niveau de délinquance gratuite, de vandalisme et de destruction dans nos rues ». Le ministre canadien de la sécurité publique, Vic Toews, ajoute pour sa part : « Nous condamnons les actes de violence et de destruction insensés perpétrés par un groupe de bandits » et il ose même souligner le «professionnalisme» et la «constante vigilance» dont ont fait preuve les forces de l'ordre. Plusieurs groupes supposément progressistes comme Greenpeace et certains syndicats relayent également le message des forces de l'ordre en condamnant l'action directe.
Le message dominant est clair, cette violence est « apolitique » et « destructrice ». Reproduisant les sempiternelles préjugés de Gustave Le Bon sur l'irrationalité de la foule, qui tire ses racines de la fin du 19e siècle, l'élite en place, plutôt que de voir dans l'action directe une critique en acte de la société marchande, préfère la considérer comme motivée par un quelconque spasme libidineux déviant. En associant ainsi l'action directe à la violence des « voyous » et des « bandits », les porte paroles de la loi et de l'ordre tentent de se positionner — alors que l'État canadien a fait systématiquement fi des droits humains et que certains militants sont encore portés disparus — comme les seuls défenseurs légitimes de la raison et de la démocratie.
L'action des Black bloc et des autres groupes révolutionnaires est pourtant rationnelle. Parmi le répertoire presque infini d'actions qui s'offre à eux, les anarchistes vont choisir des cibles précises, stratégiques et politiques. Contrairement à ce que prétendent les forces de l'ordre, on ne verra jamais un militant radical attaquer les « citoyens ordinaires ». Dans la quasi-totalité des cas, les attaques ciblent visent l'État (c'est pourquoi ils ont brûlé quelques voitures de police), la marchandise (une cinquantaine de vitrines fracassées) et les médias (plusieurs voitures portant leur logo ont été attaquées). Principalement, l'action directe tente de s'attaquer, comme dirait le bon vieux Marx, à l'unité de base du capitalisme, à ce médiateur des rapports sociaux, la marchandise. En s'en prenant ainsi à ce fétiche moderne, l'action directe tente de briser le processus qui donne à de ces choses inanimées le pouvoir qu'elles ont sur nos vies. Pour les anticapitalistes, le pouvoir structurant de la marchandise n'est pas plus rationnel que les cantiques du Saint-Sacrement ou les incantations Voodoo.
Alors que l'État canadien s'est défait de ses apparats démocratiques afin de revêtir celui de l'État policier — rien de trop beau pour protéger les princes du monde venu chez nous discuter profit et rentabilité — les amis de l'État et autres fidèles défenseurs de la société marchande dénoncent en cœur cette violence, minime et symbolique, des militants radicaux. Guy Debord ne se trompait décidément pas lorsqu'il affirmait que dans la société spectaculaire marchande, « le vrai est un moment du faux ». Seule une société comme la nôtre peut ainsi renverser le réel au point de faire porter le fardeau de la violence sur ceux et celles qui la subissent.
Face à tant de mensonge et de brutalité, la violence des militants radicaux a minimalement le mérite de s'en prendre aux riches et aux puissants et non aux classes les plus pauvres de nos sociétés. Les quelques dizaines de vitrines brisées visaient à dénoncer, justement, la violence systématique de cette société de domination, celle qui réduit le vivant à l'état de marchandise et qui saccage systématiquement la planète. Cette action est destructrice, il est vrai, mais destructrice d'exploitation et d'injustice. C'est contre les banques, contre les multinationales et contre l'État canadien qu'est dirigée la violence des radicaux. En accordant systématiquement plus d'importance à cette violence minime et symbolique qu'à celle de l'État, incommensurablement plus vaste et brutale, les amis du régime démontrent que leur système de valeur est hiérarchisé de telle façon que la destruction d'objets inanimés est plus scandaleuse que la violence économique qui réduit des milliards d'êtres humains à la pauvreté, à la misère et à l'exploitation.
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vendredi, juillet 02, 2010
Le G20 à Toronto: L'élégante matraque de la démocratie
Les mauvais mots sont toujours pour les mauvaises personnes, et les mauvaises personnes n'ont généralement… pas un mot à dire. La violence, en ce sens, n'est jamais celle de celui qui en parle. Jamais un politicien, un porte-parole policier ou militaire ou encore — ce qui revient pratiquement au même — un journaliste ne se portera à la défense de la violence. La violence, c'est toujours l'Autre qui l'exerce. Et comme les classes dirigeantes fondent leur légitimité sur la Démocratie et la Liberté, ils ne pourraient, eux qui sont si sensibles et généreux, être des vecteurs de violence.
Il faut analyser les choses objectivement, disent-ils. Notre société donne la parole aux citoyens: les plus timides consomment — que dis-je! — votent équitable et signent des pétitions, les plus éduqués écrivent des lettres dans les journaux, les nostalgiques fondent des syndicats, les arracheurs de dents peuvent se présenter aux élections et les plus taquins manifestent pacifiquement. Les plus audacieux peuvent même fonder leur propre entreprise citoyenne, organiser des épluchettes de blé d'Inde pour se financer, faire des macarons, passer des tracts… Ils vont bientôt attirer l'attention des forces de l'ordre, mais bon, s'ils n'ont rien à se reprocher, on se demande bien qui ça peut déranger … N'est-ce pas ça, la démocratie ?
Bien sûr, disent encore les gestionnaires du régime, certaines lamentations sont chroniques: des hippies, des anarchistes, des féministes et des révolutionnaires pas trop propres, il y en aura toujours. On se souvient de la violence « terroriste » du Black Bloc lors du Sommet des Amériques et de la violence « organique » des grévistes de l'ASSÉ qui avaient déféqué dans un bureau gouvernemental — ce qui était faux, mais avait quand même permis au ministre de se débarrasser des revendicateurs au profit d'interlocuteurs plus raisonnables, donc plus abrutis, que sont la FEUQ et la FECQ. Comble d'ironie, on se souvient aussi de la violence des « pacifistes » manifestant contre le départ des troupes canadiennes vers l'Afghanistan. Pour l'occasion, toujours bien en laisse, Mario Roy nous avait parlé, tout en se grattant le derrière de l'oreille avec la patte qui n'écrit pas, de « l'assaut de pacifistes guerriers » (La Presse, juin 2007).
Lors des manifestations contre le G20 à Toronto, malgré la très démocratique répression systématique, la présence de plusieurs milliers de flics (ils en importent de Montréal, c'est tout dire), les nombreuses d'arrestations, les gaz, le mur de plusieurs kilomètres, la méthodique campagne de dénigrement, d'espionnage et d'intimidation… La même chanson est sans surprise gazouillée à l'unisson par les amis de l'ordre, bien sûr, mais également par une certaine gauche réformiste désirant charmer l'opinion publique (cette somme abstraite et contradictoire d'électeurs-clients) en bichonnant son image de marque.
Comme toujours, la violence dépeinte par les scribouilleurs en laisse est attribuée à ceux et à celles qui la subissent. Selon les fins critères sensibles de l'esthétique bourgeoise, l'action directe n'aura jamais l'élégance d'un gracieux coup de matraque. Car si la répression policière a la possibilité de se transfigurer, comme l'eau en vin, en « opération de paix », en « maintient de l'ordre », voire en « protection des manifestants », l'action militante n'a pas ce privilège. Elle est et restera de la violence « apolitique », « irrationnelle » et « terroriste ».
Tout le monde le sait, mais comme beaucoup de gens — même de gauche — écoutent trop la télé, répétons-le encore une fois: dans le monde, les biens des 200 personnes les plus riches dépassent le revenu total de 41 % de la population mondiale — soit le revenu de plus de deux milliards et demi de personnes; au Canada, le salaire des plus grands dirigeants est de 174 fois plus élevés que celui du travailleur ordinaire et le salaire national moyen est gagné par les plus gras des PDG en une demi-journée de travail. Partout sur terre, des gens meurent parce que leur vie est inutile ou nuisible à l'accumulation du capital; d'autres sont tués par nos armées sans même que les journaux n'en fassent mention; des centaines de milliers d'enfants naissent, grandissent et meurent dans des dépotoirs; des millions de jeunes filles sont vendus sur le marché international… Ajoutons que l'étalage indécent des marchandises protégées par les sbires de l'État est violence pour celui qui ne peut se les payer. Et ajoutons encore, accessoirement, que la planète se dégrade à un tel rythme que l'époque grise et terne qui est la nôtre pourrait bien être … la dernière.
Le mandat officiel du G20 est de « promouvoir la stabilité financière internationale ». C'est contre cette stabilité de fosse commune que les gens vont manifester dans des sommets comme celui de Toronto. A la violence systématique, froide et calculatrice, ils opposent la force de leur propre volonté d'émancipation. Non seulement ils subissent la répression brutale des forces de l'ordre, mais doivent, à peine remis de leurs émotions, subir la matraque des flics de papiers, ceux que notre société appelle trop généreusement les « journalistes ».
Et si la gauche radicale utilise une certaine violence — minime et symbolique, du moins pour le moment — il ne faut pas perdre de vue que son action vise, justement, la fin de la violence. Elle est destructrice, il est vrai, mais destructrice de destruction. Négatrice de la négation, elle est affirmation de liberté et de dignité. Car il sera toujours moins violent de brûler une banque que d'en ouvrir une.
Mais ça, on n'en parlera pas à la tivi…
* Cet article a été écrit le 18 juin, soit quelques jours avant les manifestations contre le G20. Il est disponible dans le journal Le Couac de juillet.
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