dimanche, septembre 27, 2009

Bon débarras, pourriture!

Je sais, je suis en retard, tout le monde est déjà au courant; tout le monde a déjà versé une petite larme xénophobe ou pissé sur son cadavre. Je me rallie aux seconds.



Falardeau est finalement allé rejoindre ses semblables dans les poubelles de l'histoire. Bon débarras, « pourriture »!

L'ASSÉ dénonce la décision de hausser les frais de scolarité.


En réaction à la décision prise cette fin de semaine par le Parti libéral du Québec d'instaurer des frais de scolarité au collégial, l'ASSÉ vient de diffuser un communiqué de presse pour dénoncer la hausse de tarification dans les services publics. Voici le communiqué:

Frais de scolarité au collégial : "Inacceptable !", clame l’ASSÉ

MONTRÉAL, le 27 sept. /CNW Telbec/ - L’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) se scandalise de la décision du congrès du Parti libéral du Québec (PLQ) d’instaurer des frais de scolarité au collégial. "Cette mesure des libéraux va avoir comme conséquence directe de nuire à l’accessibilité aux études", affirme Christian Pépin, porte-parole de l’ASSÉ.

"Contrairement à ce que dit le PLQ, le dégel des frais de scolarité nuit à l’accès aux études. Pour preuve, le récent dégel des frais de scolarité au niveau universitaire empêchera, selon une étude du gouvernement, 6000 étudiant-es d’aller sur les bancs d’écoles. Encore une fois, le gouvernement libéral poursuit une logique d’utilisateur-payeur néfaste pour les étudiant-es, leur faisant payer la note des dérives du système économique mis de l’avant par ce même gouvernement", s’indigne le porte-parole de l’ASSÉ.

L’ASSÉ tient de plus à rappeler qu’il existe actuellement des frais administratifs dit "champignons" au Québec, qui sont une façon déguisée pour les administrations de tout de même percevoir des frais de la part des étudiant-es. L’ASSÉ se positionne contre ce type de frais, dans le but d’instaurer une réelle gratuité scolaire au niveau collégial au Québec.

"La tarification des services publics n’est pas la solution à la récession actuelle au Québec. Que se soit des hausses de tarifs en éducation, au niveau d’Hydro-Québec, ou plus tard au niveau des garderies et de la santé, notre réponse est la même : non à toute hausse de tarifs !", rétorque Christian Pépin. "Dans un contexte de crise économique, la classe moins aisée a au contraire besoin d’avoir accès aux services essentiels. Le gouvernement devrait plutôt, entre autre, proposer des solutions pour contrer l’évasion fiscale, et instaurer une imposition plus progressive au Québec", propose-t-il.

Seule association étudiante nationale comprenant des membres de tous les cycles d’enseignement supérieur confondus, l’ASSÉ regroupe actuellement plus de 40 000 membres à travers le Québec. Elle milite depuis sa création pour l’accessibilité à un système d’éducation gratuit, public et de qualité. Renseignements : Anne-Marie Provost, secrétaire aux communications pour l’ASSÉ, (514) 882-8726 ; Bureau de l’ASSÉ : (514) 390-0110 ; http://www.asse-solidarite.qc.ca/

Artistes contre l’apartheid IX

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Lundi, le 28 septembre à 20h00
10$ à l’avance | 15$ à la porte
au Café Campus
57, rue Prince-Arthur Est
Montréal, Québec
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Nous vous invitons à une magnifique soirée avec DAM, le groupe de hip hop engagé du Moyen-Orient le plus populaire au monde, dans le cadre de la série de concerts Artistes contre l’apartheid en appui à la campagne internationale de boycott, désinvestissement et sanctions contre l’apartheid israélien.

Avec:

DAM



DAM, le célèbre groupe de hip hop palestinien de Lyd, en Palestine, avec Suhell Nafar, Tamer Nafar and Mahmoud Jreri. DAM est né dans les années 90, d’un mélange de rythmes de percussions arabes, de mélodies moyen-orientales et de hip hop urbain.

Les paroles des chansons de DAM prennent racine dans la lutte palestinienne pour la liberté et l’égalité et elles parlent aussi des réalités sociales comme la drogue et l’égalité entre les sexes. En 2001, DAM a lancé le très populaire album « Min Irhabi » (Qui est le terroriste?), dont la chanson titre a été téléchargée plus d’un millions de fois durant le premier mois.

La musique de DAM est de plus en plus connue partout dans le monde et est bien implantée dans le mouvement international, toujours grandissant, de boycott contre l’apartheid israélien.

http://www.myspace.com/damrap et http://www.dampalestine.com


The Narcicyst



Yassin Alsalman, le célèbre chanteur de hip hop irakien The Narcicyst, mélange des rythmes uniques à des paroles intelligentes et engagées qui tissent un récit complexe, qui fait le pont entre le monde arabe et occidental. Alsalam est originaire de Basra en Irak, a été élevé à Dubaï et vit présentement à Montréal.

The Narcicyst a récemment lancé son huitième album, éponyme, qui attire l’attention partout sur la planète. P.H.A.T.W.A., le premier single de l’album, est accompagné d’une vidéo tape-à l’oeil, qui raconte un interrogatoire post 11 septembre à la frontière américaine, vécu par Alsalam quand il se rendait à New York pour un concert.

Alsalam a partagé la scène avec les grands du hip hop comme Talib Kweli, Kanye West, A-Trak et Dead Prez, et on a beaucoup parlé de lui dans les média nord-américain et moyen-orientaux.

http://www.narcy.net/


Ce concert est le neuvième de la série Artistes contre l’apartheid, dans le cadre de la campagne internationale de boycott désinvestissement et sanctions contre l’apartheid israélien.


Billets disponible à :
Café Campus : 57 Prince-Arthur Est
Middle East Bookstore : 877, boul. Décarie
Off the Hook : 1021a Ste-Catherine Ouest
Réseau Admission : www.admission.com

* Tadamon! Boycott, désinvestissement et sanctions


* Ce concert est co-commandité par Solidarité pour les droits humains en Palestine (SPHR)

Tadamon! Montréal
Tél: 514 664 1036
email: info[at]tadamon.ca
web: http://www.tadamon.ca

Obama et la crise...

Une petite video rigolote en ce dimanche pluvieux...

samedi, septembre 26, 2009

Assassins Inc.

La semaine dernière, les médias ont publiés quelques entre-filets au sujet de la sinistre firme de mercenaires privés, Xe Worldwide, mieux connu sous leur ancien nom Blackwater. Le NY Times, dans un article repris par les médias internationaux et qui relatait les accusations portées par le gouvernements Pakistanais contre les inculpés des attentats de Mumbai de l'an passé, mentionnait en fin d'article l'arrestation d'employés de Xe au Pakistan samedi dernier (1).

Selon les sources, les policiers pakistanais auraient perquisitionné les bureaux d'une firme à Islamabad du nom d'Inter-Risk, qui officiellement assure la sécurité de l'ambassade américaine dans la capitale pakistanaise. Deux employés ont été arrêtés et accusés de possession d'armes prohibées. En effet, cette firme aurait importé illégalement plus de 80 armes interdites, soit plus d'une soixantaine de fusils à pompe et des revolvers. Le directeur de la firme était d'ailleurs activement recherché. Cette firme, selon certains hauts gradés de l'armée pakistanaise, ne serait qu'un prête nom pour Xe (2). Évidemment, les gouvernements américains et pakistanais ont nié publiquement la présence de Xe au Pakistan. Différentes sources rapportent que Xe opérerait au Pakistan et en Afghanistan sous différents noms. L'une de ces firmes, Creative Associates International Inc., aurait ouvert plusieurs centre de recrutements au Pakistan. Son président, Craig Davis, a d'ailleurs été expulsé du Pakistan le mois passé, après son arrestation pour des activités douteuses, sans que plus de détails ne soient révélés (3).

Comme si ce n'était pas assez, un journal pakistanais, révelait quelques jours auparavant, que les assassinats de Benazir Bhutto, l'ancienne première ministre du Pakistan abattue en 2007, ainsi que de l'ancien premier ministre libanais Rafik Hariri abattu en 2005, auraient été executés par, vous aurez deviné, la firme Blackwater. Ces déclarations faites par un général pakistanais à la retraite, Mirza Aslam Beg, interviennent au même moment ou une éditorialiste et professeure Shireen Mazari, se voyait interdire par l'ambassadeur américain à Islamabad, la publication d'un article relatant la présence de Blackwater au Pakistan (4). Quoi qu'il en soit, il semble que les États-Unis utilisent de plus en plus leurs mercenaires privés pour des boulots de déstabilisation à grande échelle en dehors de l'Irak et de l'Afghanistan (5). Il est de plus en plus difficile de comprendre quelle est la stratégie à long terme des américains, mais il semble que rien, de l'assassinat au terrorisme en passant par la guerre, ne les détournera de leur objectifs visant le contrôle des gigantesques ressources pétrolifères de la mer Caspienne.

Si le sujet vous intéresse, une chaîne de télé pakistanaise a d'ailleurs produit un reportage fort intéressant à ce sujet (en anglais) que vous pouvez visionner ici.

(1)The NY Times, 20 septembre 2009.
(2)The Arab News, 20 septembre 2009.
(3)The Nation, 15 septembre 2009.
(4)The Tehran Times, 14 septembre 2009.
(5)Cause Commune #25.

vendredi, septembre 25, 2009

Roger vote...

Un autre événement vient confirmer un fait bien connu, et parfois dommage : le ridicule ne tue pas. Avertissement : ce n'est pas le moment de prendre une gorgée de café, vous risqueriez d'en recracher un peu partout et c'est pas recommandé pour le bon fonctionnement de votre clavier d'ordi...

C'est la Table Jeunesse Outaouais qui a mis en ligne un nouveau site web pour susciter le sentiment du devoir citoyen chez les jeunes de la région. D'après la TJO : « Si Roger vote, pourquoi les jeunes n’iraient pas voter eux aussi? » Pourquoi, en effet, puisque comme on le sait, la jeunesse est attardée et n'a donc pas besoin de bonnes raisons pour prendre une décision. Elle n'aspire qu'à faire comme Roger. (?!)


L'autre hypothèse d'Anne Archet (où j'ai pris l'info) est la suivante :
Doit-on comprendre que les gens comme [Roger] sont des imbéciles et qu’il faut donc aller voter pour compenser leur choix nécessairement irréfléchi? Ou doit-on plutôt comprendre qu’ils nous invitent à être aussi idiots que [lui] et aller voter?
Allez savoir... (ce sera déjà mieux que d'aller voter).

jeudi, septembre 24, 2009

Le G20 de Pittsburgh vu d'en bas


Dans le cadre du G20 qui a lieu aujourd'hui et demain (24-25 septembre) à Pittsburgh, le centre des médias indépendants du coin a mis sur pied le projet G-Infinity, qui rassemble articles, vidéos, photos et une « google map » offrant un portrait d'ensemble des différentes activités anti-G20 (allant jusqu'à l'annonce de certains déplacements de la police!).

À voir, par là.

mercredi, septembre 23, 2009

L'ASSÉ en commission parlementaire

Tiré de Voix de Faits


Vous vous demandez ce que ça peut donner quand un mouvement social relativement radical décide de se présenter en commission parlementaire? En voici un aperçu...

La langue de la cheuffe!?

Depuis que'que temps, articles de journaux, lettres ouvertes et discussions de salon s'attaquent à un problème d'envergure. Les méninges de tout un peuple s'activent pour résoudre la question cruciale qui brûle toutes les lèvres : y faut-tu parler anglais pour devenir cheuf-fe de Montréal?

Les nationalistes et autres xénophobes - évidemment, le cowboy Martineau « qui crache plus vite que son ombre » est comme d'habitude logé en première classe sur ce train médiatique réactionnaire - en profitent bien sûr pour s'énerver le poil des jambes, pointant d'un doigt accusateur l'immigrant qui ne s'intègre pas comme il se doit, l'immigrante qu'on ne réussit pas à assimiler complètement.

Et comme d'habitude, la réflexion (si on peut appeler ça ainsi) se fait à la surface, s'appuie sur des lieux-communs et passe donc inévitablement à côté du fond de la question.

Même en se prêtant temporairement au jeu de l'électoralisme - me pardonnerez-vous cette bassesse?* - j'ai du mal à comprendre qu'on s'en fasse autant pour la langue du maire ou de la mairesse. En politique, c'est pas la langue de bois pour tout le monde?



* Allez, si t'es déçuE par ce petit texte sur les élections qui ne parle même pas d'abstention, va don' te changer les idées avec le sympathique générateur de langue de bois.

Le pouvoir obscur des compagnies.

Alors vous avez toujours cru que les anarchistes étaient un peu paranoïaques? Qu'on voit des complot un peu partout? L'idée que l'état, les grandes compagnies et l'extrême-droite travaillent main dans la main afin d'augmenter leur marge de profits vous a toujours paru farfelu? Et bien détrompez-vous!

Vous vous rappelez la tentative avorté d'assassinat contre Evo Morales? Eh bien, en y regardant de plus prêt, on y voit les liens entre la compagnie Shell dont les intérêts sont attaqués par la nationalisation en Bolivie et par un groupe de citoyens en Irlande qui s'opposent à la construction d'un pipe-line, une entreprise de sécurité qui recrute d'ex-soldats qui est engagé par Shell pour assurer la sécurité (et un peu plus...) sur ses sites en Irlande, des mercenaires qui prennent des "vacances" en Bolivie, un groupe d'extrême-droite de l'europe de l'est et l'état et sa police qui laisse faire tout ça...

Je vous invite a lire ce pamphlet ( malheureusement en anglais seulement) des plus intéressant afin de voir clair dans toute cette histoire rocambolesque et qui montre bien jusqu'où les puissants peuvent aller pour obtenir ce qu'ils veulent et comment ceux sensé appliquer la loi peuvent fermer les yeux

mardi, septembre 22, 2009

Brève science:Neurobiologie, torture et CIA.

Un article scientifique paru dans la revue Trends in Cognitive Sciences, a fait des vagues dans les médias cette semaine. Shane O'Mara, une professeure au Trinity College Institute of Neuroscience de Dublin, et son équipe ont publié cette semaine un article intitulé:"Torturing the brain: On the folk psychology and folk neurobiology motivating ‘enhanced and coercive interrogation techniques", dans lequel elle tend à démontrer l'inefficacité des méthodes de tortures employées, entre autre par la CIA, dans les interrogatoires contre des présumés terroristes.

La scientifique affirme dans son article que les méthodes utilisées pourraient induire chez les victimes la création de faux souvenirs et une croyance en la véracité de ces évènements basés sur les suggestions d'un interrogateur. Selon O'Mara et son équipe, ces techniques, telles que l'exposition prolongée à de la musique forte, les simulations de noyade, le confinement dans des boîtes et la privation de sommeil, perturberaient le fonctionnement de la mémoire et des fonctions clés du cerveau. Vous pouvez d'ailleurs consulter les méthodes cautionnées par l'État Américain, dignes des pires dictatures, sur ce mémo de l'American Civil Liberties Union. Ces méthodes induiraient un stress et le relâchement de différents hormones qui de manières prolongée, induisent des dommages au cerveau et altèrent la mémoire du prisonnier.
O'Mara conclue d'ailleurs en disant que ces méthodes en plus d'être "contre-productives" ne produiraient que l'inverse de l'effet escompté, puisqu'il est impossible ensuite de discriminer le vrai du faux dans les déclarations de ces victimes.

Même si cet article ne nous apprend rien de plus sur les gestes de l'État policier, on peut toutefois continuer à se questionner sur ce champion de la démocratie qui n'a plus rien à envier aux pires dictatures de l'histoire. Maintenant qu'attend-on pour produire des articles scientifiques démontrant l'inefficacité de l'État et la contre-productivité du capitalisme?

Pour lire la version préliminaire de l'article.

samedi, septembre 19, 2009

Rapport du congrès de Common Cause.


Des membres de la branche de Hamilton de Common Cause à la marche de la Fête du Travail le 7 septembre (Source).

Tiré du blogue Voix de Faits.

Nos camarades de l'organisation anarchiste Common cause, en Ontario, ont tenu un congrès au mois d'août. Voici un rapport qu'ils et elles nous ont fait parvenir en français (*).

Ontario, Canada: Rapport de la Conférence de Common Cause 2009


Le 1er et 2 août 2009, dans la ville de Toronto, Common Cause, une organisation anarchiste en Ontario, a tenu sa 3e Conférence annuelle. Des membres des branches d'Ottawa, Toronto et Hamilton et plusieurs nouveaux membres de London y ont participé.

La première journée a commencé par la présentation de rapports de chacun des officiers provinciaux et des branches donnant une vision générale de notre deuxième année en tant qu'organisation. L'année 2008/2009 a été centrée surtout sur l'éducation tant à l'interne qu'à l'externe. À l'interne, nous avons en autre eu notre première journée d'éducation à Hamilton en juin ce qui fût un grand pas vers le développement d'une vision et d'une idée de stratégie commune à travers l'organisation. Nous avons également continué à rester actif au niveau du mouvement anarchiste international en participant à Anarkismo.net par l'entremise d'un délégué et en faisant partie du comité d'organisation du North American Anarchist Class Struggle Conference.

À l'externe, les branches ont organisé avec succès le 2e Salon du Livre Anarchiste à Hamilton (Juin 2009), la première édition de la Conférence Organizing4Justice à Ottawa (Octobre 2008) et ont participé au 1er Toronto Anarchist Gathering (Avril, 2009). La branche d'Hamilton poursuit aussi sa propagande en organisant un groupe de discussion anarchiste mensuel très populaire. La branche de Toronto tente d'organiser une discussion publique similaire dans leur ville et a déjà commencé les démarches. Nous avons également développé une présentation intitulé «Le Role d'une organisation Anarchiste» qui a déjà été présentée dans 3 villes. (Quiconque est intéressé à voir cette présentation dans leur ville devrait contacter le secrétaire provincial. Voir plus bas pour ses coordonnées).

Les membres de Common Cause continuent également d'être actif à divers niveaux dont les groupes de queer et de femmes, la solidarité avec les indigènes, les syndicats, les groupe contre la guerre, le support des prisonniers, la lutte contre les certificats de sécurité et la lutte contre le racisme. Certains membres ont faits parties de deux victoires importantes cette année: le relâchement de la dernière personne encore détenue prisonnière en raison des certificats nationaux de sécurité et la syndicalisation des premiers étudiants au post-doctorat dans l'histoire du Canada.

Suivant les rapports, nous avons discuté et voté sur de nombreuses résolutions. Les résolutions les plus marquantes qui ont passé sont: donner le pouvoir au Conseil des Délégués de voter, entre les Conférences annuelles, sur des propositions de positions politiques, hausser les parts de cotisations allant au niveau provincial de 50% à 60% afin de pouvoir répondre au problème de manque de fond de celui-ci et finalement, crée un groupe de travail de littérature. Nous avons également voté pour un nouveau plan et format de publication de notre journal, Linchpin. Celui-ci sera maintenant publié 2 fois l'an, mais avec davantage de contenu et un plus grand tirage. Cette décision a été prise dans le but d'avoir une publication plus efficace et plus gérable monétairement après avoir dû suspendre notre publication pour l'été par manque de fond.

La 1ère journée s'est terminé par l'élection des officiers provinciaux. À l'exception de la secrétaire internationale/hors de l'Ontario, il y a eu rotation de toutes les positions comme l'année précédente. La venue de nouveaux visage prenant des rôles d'officiers a été très encourageant pour l'organisation.

Après une belle soirée de socialisation, la deuxième journée a été consacrée au développement de stratégies communes. Cinq sujets étaient au menu: le développement de Common Cause, les campagnes collectives, la lutte des travailleurs et de la communauté, l'éducation politique et le développement de nos idées et finalement, les médias/journalisme/outreach. La discussion a débuté par des ateliers en petit groupes pour se terminer par le rassemblement des idées en grand groupe.

Vers la fin de la Conférence, nous sentions que nous avions accompli beaucoup de choses cette année autant à l'interne qu'à l'externe pour notre relativement petite organisation politique. Cependant, il est évident que nous avons encore beaucoup de chemin à faire avant de pouvoir jouer le genre de rôle que nous voudrions jouer en tant qu'organisation anarchiste en Ontario. Plus spécifiquement, certains membres ont exprimé le désir de voir notre organisation prendre part à des campagnes touchant l'Ontario, d'améliorer notre façon de populariser les idées anarchistes à travers le journal et le web et de développer davantage nos stratégies autour de sujets spécifiques. Les membres ont tous senti le besoin d'attirer de nouveaux membres si nous voulons être capable d'atteindre nos buts en plus d'augmenter les connaissance et les habiletés de nos membres actuels..

Beaucoup de travail nous attend pour ce qui semble être l'année charnière de Common Cause. Avec une conférence aussi productive et bien organisée nous ne pouvons que commencer du bon pied.

Si vous êtes intéressés d'en connaître davantage sur Common Cause ou si vous désiré vous impliqué, vous pouvez nous contacter à : commoncauseontario[a]gmail[point]com, ou utiliser le formulaire sur le site internet à linchpin.ca ou encore nous écrire à P.O. Box 347, Station E, 772 Dovercourt Rd., Toronto, ON, Canada, M6H 4E3

(*) Il faut souligner cette délicate attention, il est en effet rarissime qu'un groupe nord-américain se donne la peine de communiquer avec nous dans notre langue.

mercredi, septembre 16, 2009

La Marseillaise canadienne

La Marseillaise canadienne est à la fois l'un des textes les plus romantiques et… étranges qui soit. Lors d'une manifestation en soutien aux deux députés républicains emprisonnés de Montréal-Ouest, en 1832, la troupe tire sur la foule et fait trois morts (voir la grvure d'époque à gauche). Ces événements seront par la suite connus comme « le massacre du 21 mai ». Des assemblées de protestation sont tenues à Saint-Benoît, à St-Rémy de Napierville, à Chambly, à Saint-Hyacinthe, à L'Assomption, etc., et quelques 5000 personnes de langues et de croyances différentes assistent aux funérailles des martyrs. Une partie d'entre eux entonne « La Marseillaise canadienne ». Alors que la Marseillaise française est à la même époque interdite en France, la version canadienne la dépasse largement en radicalisme. Elle compte même de nombreux appels à l'anarchie au moins 8 ans avant que Proudhon ne fasse usage du terme… soi-disant pour la première fois.

Présence d'anarchisme avant l'heure en terre d'Amérique du nord ? Curieux hasard créé par la magie de la poésie ? À vous de juger, l'auteur nous est encore inconnu, de même que le rayonnement véritable qu'a eu cette chanson à l'époque. La seule chose qu'on sait, c'est que la Marseillaise canadienne sera à nouveau transformée plusieurs années plus tard pour devenir un hommage à Louis Riel, le métis pendu en 1885.

La Marseilaise canadienne (1832)

1.
Allons ! Enfants de la patrie,
Le jour de gloire est arrivé;
D'une trop longue tyrannie

Le sceptre de fer est usé (bis)
Entendez-vous tomber les chaînes
Des deux braves concitoyens ?
Le remords brise leurs liens
Liberté tu nous les ramènes!

Campagnards, citadins,
Formez vos bataillons!
Partons! Marchons!
Qu'un peuple entier
Suive nos pavillons

2.
Voyez quelle pompe s'apprête
Pour célébrer un si grand jour
L'anarchie entière est en fête,
Au souvenir de leur retour (bis)
On part, on, court, on a des ailes
Malgré la rigueur des autants,
Troupeaux de vieilles et d'enfants
Encombrent toutes nos ruelles

Campagnards, citadins,
Formez vos bataillons!
(…)

3.
Venez célébrer leur mémoire,
Grands politiques journaliers!
Mais, de peur de noircir leur gloire,
Débarbouillez-vous, charbonniers (bis)
Cependant, gardez-vous de croire
Qu'on dédaigne vos noirs chariots!
Non! Ils traîneront nos héros
Aussi bien qu'un char de gloire.

Campagnards, citadins,
Formez vos bataillons!
(…)

4.
Vous que de hautes destinées
Tiennent enchaînés sur nos toits,
En ramonant nos cheminées,
Dites, au moins cent et cent fois (bis)
« Vive notre démocratie!
Patriotes cabaretiers,
Vivent ramoneurs, charbonniers
Nobles champions de l'anarchie!»

Campagnards, citadins,
Formez vos bataillons!
(…)

5.
Mais, peuple souverain, silence!
Voici venir tes défenseurs
Fais tonner ta mâle éloquence,
Grêler tes coups de poings vainqueurs (bis)!
Peins la liberté, ses miracles;
Voilà ses martyrs parmi nous
Qu'ils ne pensent plus aux verrous
Et soient sans cesse nos oracles!

Campagnards, citadins,
Formez vos bataillons!
(…)

6.
Enfin le drapeau tricolore
Vient se déployer à nos yeux!
Sur ce sol va-t-il donc encore
En héros transformer des gueux ? (bis)
N'en doutons point! Ce guet-apens,
Qu'il réunisse – il en est temps –
Les vrais enfants de l'anarchie!

Campagnards, citadins,
Formez vos bataillons!
(…)

7. Mais, si notre réjouissance
Signale leur heureux retour,
Notre vive reconnaissance
Leur droit un tribut en ce jour (bis)
Ce n'est point assez des culottes
Dont nous rappellent leurs menottes !

Campagnards, citadins,
Formez vos bataillons!
(…)

8.
Promenez de ville en village
Tracey, Duvernay, Papineau,
Morin, Lafontaine, Bourdage,
Letourneau, Boissonneau,
Mousseau! (bis)
Que de ces grands noms toute bouche
Publie en baillant les hauts faits!
Qu'en leur honneur tous nos mousquets
Fassent péter une cartouche!

Campagnards, citadins,
Formez vos bataillons!

(…)

Si vous désirez lire en entendre d'autres chants révolutionnaires de l'époque, rendez vous à ce site, dans la section sur les patriotes, vous trouverez paroles, musiques et partitions:

http://anonym.to/?http://www.ph-ludwigsburg.de/html/2b-frnz-s-01/overmann/baf4/quebec/histoire/index.html

mardi, septembre 15, 2009

Beaudet : pas fort..!

Ça m'avait échappé, mais je me permets de revenir sur une caricature de Rue Frontenac à propos de la grève de vingt-quatre heures des cols bleus de Montréal, il y a deux semaines. J'pense pas avoir besoin d'en dire très long pour mettre le doigt sur le bobo. Le moins qu'on puisse dire, c'est que le caricaturiste lock-outé Beaudet est bien dressé. Même en conflit de travail, il réussit à garder sa tête dans son cul et tape sur les cols bleus, qui vivent pourtant eux et elles aussi du mauvais côté du capitalisme.

Cause Commune #25


Le numéro 25 de Cause commune, le journal de l'Union communiste libertaire (UCL), est maintenant disponible sur le web.

4000 exemplaires papier de ce journal sont distribués gratuitement par des militantes et des militants libertaires, membres ou non de l’organisation. Cause commune se veut un tremplin pour les idées anarchistes, en appui aux mouvements de résistance contre les patrons, les proprios et leurs alliés au gouvernement. Vous pouvez soumettre un texte ou nous faire part de vos commentaires en écrivant à journal@causecommune.net. Si le journal vous plaît et que vous voulez aider à le diffuser dans votre milieu, contactez le collectif de l’UCL le plus près de chez-vous (voir la liste sur http://www.causecommune.net).

Au sommaire du numéro 25:




dimanche, septembre 13, 2009

Il y a 40 ans en Italie, l’automne chaud de 1969 : (1\2) Du mai rampant à l’automne chaud, un historique des luttes.

Cette semaine nous vous proposons le premier de 2 textes sur l’un des points culminants des mouvements de grèves et de lutte révolutionnaire de la deuxième moitié du 20ième siècle, l’automne chaud italien de 1969. Ces textes porteront dans un premier temps sur l'historique des luttes et dans un deuxième temps sur l'aspect politique des groupes militants qui ont pris part à ce mouvement. Il est évident que ces textes ne sont qu'un survol de la masse d'informations disponibles à ce sujet. C'est pourquoi les références à la fin des textes (dont certains bouquins incontournables sur le sujet), vous permettrons, si vous le désirez d'approfondir le sujet

Du mai rampant à l’automne chaud, historique des luttes.

Lorsqu’on pense à la fin des années 60, le mai 1968 français est l’image qui pour la plupart d’entre nous est la plus représentative du mouvement contestataire de cette époque. Cependant, lorsqu’on regarde de plus près les luttes sur le continent européen, on peut rapidement se rendre compte, que c’est du côté italien que le mouvement et les luttes se sont le plus radicalisés et ont eu le plus d’ampleur. Celles-ci débutant dès mars 1968, pour se terminer réellement qu’une dizaine d’années plus tard, mettant fin à la décennie des années 70 que l’on surnomma les « années de plomb », en raison de la lutte armée qui devint omniprésente dans ce pays.

L'amorce

Les prémisses des évènements de l’automne 1969, se retrouvent dans les premières contestations étudiantes de 1966 à Trente dans le nord de l’Italie à l’Institut supérieur des Sciences Sociales. Les luttes qui s'y dérouleront, même si elles ne touchent qu'une infime minorité d'étudiants-es, seront un peu le coup de semonce des luttes des années suivantes: grève de cours, occupation des locaux universitaires pendant plusieurs semaines, élaboration des premiers manifestes contre « l'université de classe », organisation de « contre-cours » etc. Dès 1967, ces luttes se radicalisent et font tâche d'huile un peu partout en Italie. En février, les étudiant-es de Pise occupent le Palais de Sapienza. En novembre, les étudiant-es de l'Université de Milan occupent leur université tandis que les étudiant-es de Turin occupent le siège des études littéraires et y mettent en place des « contre-cours » et des formes d'autogestion. Fin décembre 1967, tandis que le gouvernement présente son projet de réforme universitaire, la vague d'occupation touche les universités de Naples, Pavie, Cagliari, Salerne et Gênes. Le président Johnson, en visite à Rome, y découvre une ville en état de siège et devra même effectuer ses déplacements, afin d'assurer sa sécurité, en hélicoptère (1).

Le mai rampant


L'année 1968, marque comme ailleurs, le point culminant de cette vague contestataire étudiante, mais contrairement à la France, celle-ci ne sera pas principalement focalisée que sur la capitale. Dès janvier, une dizaine de villes universitaires de la péninsule seront en lutte. À Padoue, Venise, Pise, Milan et Florence, les affrontements entre étudiant-es et forces de l'ordre seront d'une violence extrême. À Florence, le recteur de l'université démissionnera même pour protester contre la brutalité policière (1).

Cependant, c'est lors du 1er mars à Rome que les affrontements les plus violents auront lieu. À la suite de l'évacuation musclée de l'université et au renversement d'un étudiant par un véhicule de la police (il sera grièvement blessé), des milliers d'étudiant-es affronteront les flics dans des combats de rue pendant plusieurs heures. La bataille de la Valle Guila, comparable aux barricades de la rue Gay-Lussac dans le mai 68 français, fera plusieurs centaines de blessés autant chez les étudiant-es que chez les flics. Cet événement sera la mèche qui permettra l'explosion du mai rampant et initiera plus de 18 mois d'agitation universitaire, dont les batailles de rue d'une rare violence de Turin (mars 1968), Rome (avril 1968), Pise et la prise de la gare (avril 1968), Turin (novembre 1968), Milan (décembre 1969) et Rome (janvier 1969).

Tous ces évènements mèneront à l'une des caractéristiques les plus spécifiques et intéressantes d'un point de vue révolutionnaire, soit la création de liens entre les étudiant-es et les ouvriers de quelques usines (tel que l'usine Lancia à Turin et St-Gobain à Pise) dès le printemps 1968. Ces liens deviendront permanents et produiront une forme innovatrice d'organisation et de démocratie directe, tel que la célèbre assemblée operai-studenti (ouvriers-étudiants) à l'usine Fiat de Turin. D'ailleurs dans les années suivantes, les différentes tentatives syndicales pour « chevaucher le tigre du mouvement ouvrier spontané » c'est à dire prendre le contrôle de ce mouvement spontané afin de le contrôler, mèneront à la formation de conseils ouvriers dans plusieurs usines (2).

Ces quelques années de radicalisation de la contestation mèneront à une montée des luttes ouvrières, qui même si elles existaient depuis le début des années 60, seront d'une ampleur presque inégalée dans la seconde moitié du 20iècle siècle. La classe ouvrière lasse d'être surexploitée, méprisée et d'avoir des salaires de misère, était maintenant en marche. Malgré les efforts acharnés des organisations syndicales pour maintenir les revendications sur le plan économique, l'automne chaud allait donner naissance à un mouvement qui remettait en cause l'exploitation capitaliste elle-même. À titre informatif, 4 grandes centrales syndicales représentaient majoritairement les ouvriers en 1969: la CGIL (Confederazione Generale Italiana del Lavoro, 3 millions d'adhérents-près des staliniens du Parti Communiste Italien), la CISL ( Confederazione Italiana dei Sindacati Liberi, 2 millions d'adhérents-près de la Démocratie chrétienne), l'UIL ( Unione Italiana del Lavoro, 1,5 millions d'adhérents-près des socialistes et des républicains) et la CISNAL ( Confederazione Italiana dei Sindacati Nazionali del Lavoro, 400 000 d'adhérents-syndicat fasciste) (3).

La contestation ouvrière s'intensifie.

« L’unique musique que le patron est capable d’entendre c’est le silence des machines à l’arrêt. » -Inscription sur un mur de la Mirafiori en 1971

Du côté ouvrier, l'automne chaud (Autunno caldo) prenait ses racines dès 1968. Le ras-le-bol s'amplifiait et débouchait fréquemment en affrontements avec les forces de l'ordre. Déjà quelques conflits importants, tels que ceux de Marzotto à Valdagno et de Pirelli à Milan, avait démontré que cette vague de revendications seraient beaucoup plus combatives que les précédentes. Par exemple, en avril 1968, les ouvriers de l'usine Marzotto abattirent, durant le conflit, la statut du fondateur de l'usine. Le paternalisme et le syndicalisme pro-patronal, typique à l'Italie de l'époque, étaient en voie d'être débordés par les éléments les plus radicaux qui émanaient d'une accumulation de grogne populaire. En avril 1969 à Battipaglia, dans le Sud, une manifestation contre la fermeture de l'unique industrie de la ville dégénéra en affrontements entre manifestants et policiers, faisant deux morts parmi les premiers (3). En parallèle les grèves se multipliaient chez Fiat à Turin. Celles-ci touchèrent d'abord la plus grande usine de la ville, l'usine Fiat-Mirafiori et puis touchèrent les autres usines Fiat dans la région, soit la Fiat-Lingotto et la Fiat-Rivalta. Les revendications surgissaient les unes après les autres, les grèves débordant de plus en plus les directions syndicales que ce soit contre les cadences de travail, les salaires ou les horaires (3,4).

Turin qui était une ville de 700 000 habitants en 1951 ; passera à 1 600 000 habitants en 1962. Les quartiers traditionnellement ouvriers débordent alors d’une masse prolétarienne sans précédent: Mirafiori Sud passe de 19 000 habitants en 1951 à 120 000 en 1960, Lingotto de 24 000 à 43 000 et Santa Rita de 23 000 à 89 000. Une immigration provenant principalement du sud de l'Italie (3). Durant les premiers mois de 1969 seulement, une quarantaine de conflits éclatèrent sur le seul motif de « changements de catégories » des ouvriers à la Fiat-Mirafiori. Une usine qui à ce moment était une réelle poudrière, en raison du roulement démentiel de personnel. L'usine Mirafiori avec ses 50 000 salariés (l'ensemble Mirafiori-Lingotto-Rivalta représentait plus de 90 000 salariés) était la plus grande concentration ouvrière de l'Europe. Il faut savoir que pour la seule année 1968, Fiat embauchera plus de 22 000 employés (5).

Le 3 juillet 1969, les ouvriers de Fiat proclamèrent une journée de grève générale sur un objectif extérieur à l'usine, la lutte contre la hausse des loyers. Mais ce jour devint un grand jour pour les travailleurs turinois, dont les cortèges qui furent rejoints par des cortèges étudiants, convergèrent sur l'usine de Mirafiori. Face à celle-ci, à l'entrée du Corso Traiano, de violentes bagarres éclatèrent avec la police, qui durèrent plusieurs heures et s'étendirent à d'autres quartiers de Turin. Cet affrontement sera le véritable point d'ancrage de l'automne chaud. Au même moment, les débrayages et les grèves se multipliaient dans de nombreuses entreprises. Dès la fin du mois d'août, lorsque les travailleurs rentrèrent de vacances, les grèves reprirent chez Fiat, chez Pirelli et bien d'autres (4).

L'automne chaud et les grèves de la Fiat

Au mois de septembre, ce sera la fin de l'assemblée ouvriers-étudiants et la création du groupe Lotta Continua ainsi que du journal du même nom, qui sera rejoint par la grande majorité du groupe. Une autre partie du groupe rejoindra le groupe Potere Operaio. Ces deux groupes se revendiquaient, du moins en 1969, de l'opéraïsme (operaismo) et donneront naissance un peu plus tard au marxisme autonomiste. De manière simple l'opéraïsme se caractérise essentiellement par un « retour à la classe ouvrière »dont les principaux théoriciens furent Mario Tronti et Tonio Negri. C'est une approche marxiste centrée sur les luttes de la base par opposition à ce qui était vu comme la politique et l'opportunisme de la gauche stalinienne dominante. Leur analyse de lutte de classe se prolongeait dans leurs actions à l'extérieur de leur lieu de travail. De plus, ils prônaient l'autoréduction (le refus de payer factures d'énergie, transport, logement). Lotta Continua était un groupe très informel : elle avait une forte capacité d’action mais la plupart de ceux qui participaient aux luttes qu’elle impulsait n’étaient pas des militants. De plus elle participait à une foule variée de lutte. Potere Operaio quand à elle était une structure plus petite et plus organisée (nous reviendrons sur ces groupes dans le second article).

Il serait laborieux de décrire en détails les nombreuses journées d'action de l'automne chaud, mais voici quelques moments chaud à titre d'exemple. Le 11 septembre, les métallurgistes appellent à la grève nationale et 98% des ouvriers de la Mirafiori sont en grève. Durant le mois suivant différents secteurs appelleront tour à tour à la grève nationale: les métallos (12 septembre), les ouvriers de la chimie et de la métallurgie du secteur d'État (17 septembre), les ouvriers du bâtiment et les métallos (8 octobre). Puis le 10 octobre, c'est une grève nationale de plus de 250 000 salariés dont 10 000 de la Mirafiori. Les ouvriers après avoir manifesté occupe l'usine jusqu'au changement d'équipe. Il y aura de nombreux affrontements contre les employés non grévistes et les jaunes dans plusieurs usines de Turin. Les 15 et 16 octobre ainsi que le 19 novembre, les ouvriers déclenchent la grève à Milan contre la vie chère et ce sera le théâtre de violents affrontements à chaque fois. Le 27 novembre, un cortège de plus de 1 000 ouvriers bloque la production et sera rejoint par 7 000 étudiant-es devant les grilles de la Mirafiori. Le 28 novembre, manifestation nationale des métallos à Rome. La lutte sera dure et les affrontements de plus en plus féroces au fur et à mesure que l'automne avançait (3,4).

Stratégies et revendications des opéraïstes

«J'ai finalement découvert maintenant que nous ne luttons pas seulement contre le patron mais contre tout »-Un ouvrier de Fiat, Lotta Continua, novembre 1969

La force des opéraïstes fut de faire éclater la tradition de lutte au nom des ouvriers professionnels (des ouvriers très qualifiés qui avaient souvent des postes d'encadrement des autres ouvriers « non qualifiés ») et de pousser la lutte avec les ouvriers spécialisés (OS), qui étaient en grande partie la nouvelle main d'œuvre de la Fiat, c'est à dire de jeunes travailleurs du sud. Tandis que l'ouvrier professionnel était généralement fier d'être syndiqué et de porter l'uniforme de la Fiat, le jeune OS s'en foutait et gueulait contre ses conditions de travail. Et ce fut d'ailleurs l'une des principales revendications des opéraïstes, que de réclamer des hausses de salaires égales pour tous, peu importe l'échelon ou le niveau de qualification et par la suppression de la catégorie de salaire la plus basse. Les syndicats en firent une revendication bien malgré eux, tout en sachant très bien qu'il serait presque impossible que d'obtenir la « fidélité » des jeunes ouvriers à leurs syndicats (3).

Cependant, les directions syndicales avaient alors eu le temps de prendre la mesure du mécontentement ouvrier et de mettre au point leur tactique. Cet automne de 1969 étant l'échéance des contrats collectifs de la métallurgie, de la chimie, du bâtiment et d'autres catégories. Les dirigeants syndicaux avaient ainsi un cadre tout trouvé permettant de canaliser l'explosion de mécontentement ouvrier. Ils décidèrent de fixer aux métallos l'objectif d'un « bon contrat » pour la métallurgie, aux travailleurs de la chimie celui d'un « bon contrat » pour leur catégorie, etc. Les directions syndicales mirent au point la tactique dite des grèves « articulées » : tel jour les métallos firent grève, tel autre les travailleurs de la chimie, tel autre le bâtiment. Des grèves « générales » purent aussi avoir lieu par province ou même par ville, contre la vie chère ou la hausse des loyers. Au niveau des entreprises les dirigeants syndicaux prônaient les grèves tournantes, un atelier après l'autre, sous prétexte de causer le plus de dommages possible aux patrons à moindres frais pour les ouvriers. Mais le but réel était d'empêcher que l'ensemble des travailleurs se retrouvent dans la même lutte (4).

En contre partie, les militants de Lotta Continua et de Potere Operaio, prônaient la stratégie de la grève à outrance. C'est à dire de grèves qui pouvaient être lancées à tout moment sans limitation de temps par simple mot d'ordre d'ouvrier ou de manière spontanée. Les ouvriers défilaient alors en cortège dans les ateliers voisins afin d'arrêter la production. Ils réussiront à imposer la grève sauvage tournante destinée à frapper le patron le plus durement et au moindre coût par le blocage de la production, la prolongation intempestive des heures de grève syndicale, l'arrêt sans avertissement des machines, les grèves tournantes par département qui créent des blocages monstres de la production, par des hurlements de slogans et de mots d’ordre menaçants envers l’ennemi de classe, par des cortèges internes pour nettoyer les ateliers réticents à entrer en lutte, par l'humiliation systématiques des petits chefs (patronaux et syndicaux) contraints d’ouvrir le cortège en brandissant le drapeau rouge, par des jets de têtes de lapins ensanglantées en direction des jaunes et des employés comme signe de leur trahison et par l'apparition de cercueils destinés aux membres de la direction. Mais leurs revendications remettront en cause bien plus que les salaires, ce sera aussi contre la chaîne de commandement patronal et syndical, contre la hiérarchie des chefs et contre les rythmes de travail inhumains (5).

La fin d'un mouvement et le début d'une nouvelle ère de lutte

Le 12 décembre 1969, une bombe éclate devant la Banque de l’Agriculture dans le centre de Milan, faisant 16 morts et une centaine de blessés. L'extrême-gauche sera accusée et plus de 400 personnes seront arrêtées par les forces de police. Suite à un interrogatoire musclé, Guiseppe Pinelli, un anarchiste sera lancé en bas du quatrième étage du commissariat et les flics tenteront de faire croire à un suicide. Cette vague de répression orchestrée par des groupes néofascistes, les services secrets américains et l'état, criminalisera la lutte et précipitera l'apparition des groupes de luttes armés. Ce sera en tout, plus de 14 000 personnes qui seront poursuivies par le gouvernement suite à l'automne chaud. Les politiciens et les capitalistes mènent alors une contre-offensive violente puisqu'ils craignaient que ce mouvement, que l'on peut qualifier de quasi « pré-révolutionnaire », ne dévaste tout sur son passage.

Néanmoins, l'automne chaud avec ses 300 millions d'heures de grèves, dont 230 millions seulement pour l'industrie, aura été la lutte ouvrière la plus massive et la moins contrôlée de toute l'histoire de l'Italie et du monde ouvrier en général. Un mouvement historique, qui malgré ses faiblesses, mérite d'être connu et dont tous les travailleur-euses en lutte devraient s'inspirer, puisqu'il remettait en cause, non seulement les conditions de travail, mais les fondements du travail et du capitalisme.

(1)Pierre Milza. Italie 1968 : "le mai rampant". Matériaux pour l'histoire de notre temps, 1988, vol. 11, n° 1, pp. 38-41.
(2)Luisana Passerini. Les années 68: évènements cultures politiques et mode de vie. Le cas Italien. Lettre d'information no. 7, 10 avril 1995.
(3)D. Giachetti et M. Scavino. La Fiat aux mains des ouvriers. L’automne chaud de 1969 à Turin. Les éditions Les Nuits Rouges, Paris, 2005.
(4)André Frys. Il y a trente ans : l'« automne chaud » italien de 1969. Luttes ouvrières, n°1639, 10 décembre 1999.
(5)Fiat-Mirafiori 1969:Surgissement et déclin de l'ouvrier-masse. Revue Mouvement Communiste no. 9, printemps/été 2002.

vendredi, septembre 11, 2009

L’anarchie de A à Z: «W» comme Wobblies



Un article du no 25 de Cause commune qui vient juste de paraître.

Depuis quelques mois, un «nouveau» syndicat révolutionnaire fait parler de lui au Québec: le Syndicat industriel des travailleurs et travailleuses (SITT). Il s’agit de la section locale des Industrial Workers of the World (IWW) aussi connu sous le nom de wobblies. C’est le mouvement qui soutient la syndicalisation des cafés Starbucks dont nous parlons ailleurs dans ces pages.

Les wobblies sont apparus aux États-Unis, au tournant du siècle dernier (à Chicago, en 1905, pour être plus précis). Il s’agit d’un mouvement syndical qui s’est développé en réaction au conservatisme et à la corruption du syndicalisme d’affaire américain. La grande innovation des wobblies était de pratiquer un syndicalisme industriel fondé sur l’action directe, généralement non-violente, dans une perspective de classe. Les IWW furent la première centrale syndicale américaine à organiser les salarié-e-s non-qualifié-e-s de la grande industrie et à refuser la ségrégation raciale. Les wobblies avaient comme objectif ultime d’organiser toute la classe ouvrière dans un grand syndicat pour renverser le capitalisme par la grève générale.

À leur apogée, les wobblies étaient de toutes les luttes de la classe ouvrière américaine et ont pris la tête de plus de 150 grèves héroïques. Refusant l’institutionalisation et les conventions collectives, considérées comme des «trêves» dans la guerre de classe, les IWW ont pu syndiquer jusqu’à un million de prolétaires au cours de leurs vingt premières années d’existence, sans jamais avoir plus de 100 000 membres à la fois. Une répression inouïe, et dans une moindre mesure des dissensions stratégiques internes, ont provoqué une chute dramatique du mouvement dans les années 1920 et son éclipse progressive comme mouvement de masse jusque dans les années 1950.

Aujourd’hui, les IWW sont surtout concentrés en Amérique du nord et regroupent environ 2000 membres. L’organisation ne compte qu’une poignée d’accréditations syndicales reconnues mais continue d’attirer plusieurs libertaires intéressé-e-s au syndicalisme et à la solidarité ouvrière. Depuis quelques années, malgré l’absence de stratégies communes, les wobblies jouissent d’un certain regain de vie et sont à l’initiative de plusieurs campagnes intéressantes. Il s’agit sans conteste du principal réseau libertaire «lutte de classiste».

L’implantation contemporaine des wobblies au Québec est récente (1). Pour l’instant, les syndicalistes révolutionnaires semblent se situer dans la continuité de l’action du Réseau de solidarité avec les travailleurs et les travailleuses (RSTT). L’objectif est encore et toujours de relancer le syndicalisme de combat en articulant l’action directe ici et maintenant (campagne «Réclame ta paie»), solidarité et information avec les luttes syndicales en cours et syndicalisation éventuelle de groupes de travailleurs et de travailleuses précaires.

Les avis sont partagés sur les chances de succès de cette stratégie syndicaliste révolutionnaire. Pour l’instant, la ligne est mince entre la pratique d’un groupe comme les wobblies et celle d’une organisation politique solidaire des luttes sociales comme l’UCL. Seul l’avenir nous dira si les wobblies sauront impulser des luttes syndicales autonomes au Québec. Si c’était le cas, il serait alors du devoir des communistes libertaires de les appuyer.

(1) L’IWW a été présente au Québec à différents moments (1905-1914, 1968-1970, 1999-2000). Voir notamment le livre «Sur les traces de l’anarchisme au Québec (1860-1960)».

jeudi, septembre 10, 2009

Échangeur Turcot: Des logements, pas du béton!


Un texte du Cause Commune no.25. qui vient juste de paraître.

En 2007, le gouvernement libéral, par le biais du Ministère des Transports du Québec (MTQ), imposait aux habitantes et habitants des quartiers Saint-Henri, Ville-Émard, Côte-Saint-Paul ainsi qu’à l’ensemble des quartiers du sud-ouest de Montréal, son énorme projet de réfection de l’échangeur Turcot. Un projet qui coûtera 1,5 milliard de dollars sur sept ans et aura un impact environnemental énorme en plus de provoquer l’expropriation d’environ 170 logements, soit près de 400 personnes. Ces locataires seront évidemment faiblement dédommagé-e-s (trois mois de loyer et les frais de déménagement) en plus d’être laissé-e-s à eux-mêmes dans un marché locatif en pénurie, alors que 86 % des familles dans Saint-Henri sont locataires. Pour couronner le tout, la principale raison des expropriations repose sur le fait que le projet du MTQ consiste à reconstruire à côté des structures actuelles et sans arrêter la circulation, un nouveau réseau routier, entrainant ainsi la destruction de ces logements. Un projet dont le manque de vision est largement dénoncé par divers urbanistes et architectes qui prônent plutôt une vision à long terme de développement urbain à l’exemple de villes telles que San Francisco. En fait, quoi de mieux qu’en période de crise que de créer des grands projets d’infrastructures aux frais de la population et au détriment de l’environnement afin de relancer la machine capitaliste?

Depuis l’annonce du gouvernement, les résidants et les résidantes se sont fortement mobilisé-e-s de différentes façons, entre autre au sein de la coalition Mobilisation Turcot, un regroupement de tables de quartier, de groupes communautaires et de citoyens, principalement de l’arrondissement du Sud-Ouest de Montréal. Mais aussi via des comités de quartier comme celui des possibles exproprié-e-s du collectif Cazelais Libre, composé de militantes et de militants libertaires et celui du Village des Tanneries, qui ont organisé des fêtes et des assemblées de quartier à quelques reprises regroupant jusqu’à une trentaine de personnes et reposant sur la base de la démocratie directe. Outre des pétitions, des consultations populaires, du tractage massif et une campagne d’affichage soutenue, ces groupes ont organisé une grande manifestation dans le quartier. De plus, ils ont été fortement présents lors des audiences du Bureau pour les audiences publiques sur l’environnement (BAPE), ce qui aura permis de retarder pendant 30 minutes le début des audiences par une intervention d’une poignée de militants et de militantes qui ont transporté les slogans entamés par le POPIR comité logement à l’intérieur de la salle d’audience. Quelques membres de l’UCL sont d’ailleurs activement impliqué-e-s dans les différents groupes depuis plusieurs mois, agissant ainsi concrètement et de manière conjointe avec les autres libertaires du quartier, afin de permettre une radicalisation de cette lutte populaire.

En septembre, lors du dépôt du rapport du BAPE qui risque d’être le coup de semonce pour une immense mobilisation populaire, les résidants et résidantes qui n’attendent rien de très positif de cette consultation, augmenteront potentiellement leurs moyens d’actions. On peut donc envisager un automne très chaud pour les élu-e-s du Sud-Ouest!

Pour plus de détails sur cette lutte, consulter le blogue de Montréal ou notre brochure «Le Capital en Déroute».

vendredi, septembre 04, 2009

L’UCL en campagne!

Cet automne, l’Union communiste libertaire lance une campagne contre la crise économique. Outre une affiche et un 4 pages d’analyse, l’organisation veut organiser une tournée provinciale avec un militant anarchiste argentin pour nous parler de leur expérience durant la sévère crise économique qui les a frappé et qui avait été le théâtre d’un véritable soulèvement populaire.

Levée de fonds

Pour organiser cette tournée, nous aurons toutefois besoin de sous (beaucoup plus que ce que permet notre budget actuel). C’est pourquoi nous sommes actuellement en campagne de levée de fonds. Il y aura plusieurs activités bénéfices (par exemple, nous avons édité quelques C.D. pirates de chants anarchistes que vous pourrez vous procurer au Réclame ta rue et un t-shirt s'en vient).

Vous aussi pouvez contribuer en envoyant un don! Chèque ou mandat poste à l’ordre de «UCL» à poster à UCL a/s E.H. 55051, CP Langelier, Québec (Qc) G1K 9A4

Merci!