vendredi, avril 03, 2009

[Le capital en déroute] Chronique no.3: Le comité de gestion de la taxe scolaire de l'Île de Montréal


Une chronique que nous vous proposons, enfin que nous tenterons de produire de manière régulière, et qui aura pour thème l’analyse de la crise et ses effets sur les travailleurs-euses. Avec la crise à nos portes, malheureusement nous entendrons de plus en plus parler de restructuration, de pertes d’emplois, de licenciement technique et de précarité. Nous tenterons d’analyser à chaque chronique le cas d’une compagnie ou d’un exploiteur qui pour une raison ou une autre tente de maximiser son profit au détriment des travailleurs-euses du Québec. Nous ne nous proclamons pas comme des spécialistes de l’économie, mais bien comme des témoins de cette lutte sans relâche qui oppose le capital aux exploitéEs. Cette semaine, le comité de gestion de la taxe scolaire de l'Île de Montréal.

Depuis quelques mois déjà que les conséquences de la crise se font ressentir, perte d’emploi, fermetures d’usines, compressions salariales, etc. Les travailleurs et les travailleuses sont des victimes de cette crise, pourtant il n’en porte pas vraiment la responsabilité. Aujourd’hui, la crise vient de faire de nouvelles victimes, cette information semble passer inaperçue dans les médias et pourtant elle est on ne plus révoltante. En effet, on apprend aujourd’hui le 3 avril, que le CGTSIM (comité de gestion de la taxe scolaire de l’île de Montréal) prévoit cesser ses subventions aux écoles défavorisées. Ces sommes permettaient de payer des repas, des berlingots de lait ainsi que des professeurs spéciaux aux enfants des quartiers défavorisés. Pourquoi? Le CGTSIM a investi, tout comme la caisse de dépôt et de placement, dans les PCAA!

Le CGTSIM a pour mission, la « Gestion équitable et efficace des ressources, dont celles de la taxe scolaire fixée, perçue et redistribuée et dont les revenus de placement sont destinés au service des plus démunis dans les milieux défavorisés de l’éducation préscolaire, primaire et secondaire, en formation générale et professionnelle dans l’intérêt général des commissions scolaires de l’île de Montréal» (ici) Ce comité perçoit donc les sommes récoltées de la taxe scolaire et en fait la gestion, en la plaçant et en finançant certaines activités. On peut lire aussi dans leur rapport annuel 2007-2008 (ici), que le CGTSIM permet l’atteinte d’une plus grande justice sociale sur l’île de Montréal en égalisant l’effort fiscal entre les contribuables et en répartissant les revenus de façon plus équitable. On constate donc rapidement que le CGTSIM a un mandat de gestion de fonds publics dans l’intérêt de tous et toutes.

Le CGTSIM a un chiffre d’affaire (en 2007-2008) de 488 144 700 millions de dollars annuellement, dont 399 359 900 provient de la taxe scolaire. Avant août 2007, le CGTSIM s’était, à l’instar des grandes institutions financières, jeté dans les investissements risqués des PCAA et y a engouffré quelques 75 millions de dollars. Donc, débutant son terme financier avec un surplus de 15 540 600$, il termine l’année 2007-2008 (30 juin 2008) avec un déficit nette de 6 925 200$. Aujourd’hui, ce déficit serait de l’ordre de 16 millions selon un reportage de Radio-canada (ici). Or, en 2007-2008 le financement du CGTSIM aux écoles en difficultés s’élevait à 15 700 000$.

Devant ces résultats, le président du CGTSIM, Fernando Barberini, affirme être incapable de continuer à financer les secteurs défavorisés de Montréal. Ce que ça veut dire, c’est que pour pallier aux politiques de rentabilisation dans la gestion des fond public et pour réparer le tort causé par l‘incompétences crasse de quelques financiers, on préfère couper dans l’aide immédiate apportée aux enfants défavorisés! (sources)

Il s’agirait peut-être ici d’un moyen de pression face au gouvernement du Québec, afin que celui-ci se porte au secours de ce comité et des commissions scolaires. Bien entendue, le MEQ doit faire sa part dans le refinancement des institutions qui sont sous sa coupe, les commissions scolaires, l’UQAM, le CGTSIM, etc. Par contre, pourquoi couper dans ce poste budgétaire plutôt qu’ailleurs? Pourquoi ne pas réaliser un autre déficit, en forçant ainsi le MEQ à s’activer? Les dirigeants du CGTSIM ont-ils exploré l’avenue de la diminution de leurs salaires personnels ainsi que de leurs primes, où font-ils comme partout ailleurs et protéger leurs acquis au dépends des enfants innocents?

Le budget aux enfants défavorisés est un élément important pour l’éduction primaire et secondaire. La CSDM, dans un communiqué envoyé aujourd’hui (ici), se fait rassurante en insistant sur la non-diminution des services offerts aux écoles plus pauvres. Parfait, mais dans un contexte de crise économique, l’heure n’est pas à «assurer le maintien des services» mais plutôt à tout faire en sorte pour que ces services soient augmentés de façon substantielle!

Les ménages à faible revenu, principalement ceux sur l’aide sociale, doivent composer avec des budgets on ne peut plus serrés. La crise du logement des années 2000 et les hausses importantes du loyer contribuent pour beaucoup à l’appauvrissement des ménages à faibles revenus À Montréal, près d’une personne sur cinq consacre plus de 50% de son revenu à se loger (sources). Dans un budget normal, le logement ne devrait pas occuper plus de 30% et la nourriture un autre 30%. Or, actuellement les ménages les plus pauvres doivent couper dans le budget alimentation. Si vous ajoutez à cela les récentes augmentations du panier d’épicerie, on comprend facilement que des milliers d’enfants ne mangent pas dans les écoles.

Le CGTSIM lui-même identifie la pauvreté comme «[…] le point de départ et d’arrivée du cercle si difficile à briser dans lequel s’inscrit l’échec scolaire, […]» et d’ajouter «L’égalité des chances doit être poursuivie par une distribution ciblée des ressources dans le but de contrecarrer les facteurs de risques.» (sources) Belles phrases pompeuses venant de la bouche de financiers qui utilisent les ressources publiques comme du capital privé. Il faut insister sur le fait que c’est avec le sort des enfants défavorisés que ces financiers ont joué en investissant dans des opérations douteuses et risqués. Pas grave! Ce ne sont pas eux qui paient si les investissements se cassent la gueule, c’est le berlingot de lait d’un enfant pauvre d’hochelag ou de Parc-extension qui va être coupé!

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