samedi, février 02, 2008

La guerre du pétrole se poursuit au Tchad..


Les médias du weekend rapporte aujourd'hui que de violents combats ont lieu actuellement près de la capitale Tchadienne N'Djamena.

La progression des rebelles hostiles au président tchadien Idriss Deby Itno a été stoppée hier par de violents combats à 50 km de N'Djamena, mais l'armée n'a pas réussi à s'imposer et les habitants de la capitale attendaient, fébriles, un affrontement majeur.
Après avoir avancé pendant cinq jours sur plus de 700 km sans rencontrer de résistance, l'alliance des trois principales rébellions tchadiennes a trouvé sur sa route les forces gouvernementales dans la zone de Massaguet, à 50 km à vol d'oiseau de N'Djamena, sur l'axe reliant l'est du Tchad à la capitale.

(...)Cette offensive rebelle, la plus importante des dernières années, coïncide avec le lancement d'une force européenne (Eufor) censée venir protéger les réfugiés soudanais du Darfour voisin, ainsi que les déplacés tchadiens et centrafricains, dans l'est du Tchad et le nord-est de la Centrafrique.
Hier toutefois, l'envoi d'une soixantaine de soldats autrichiens et irlandais a été repoussé en raison de l'instabilité du pays.

(...)
Alors que la traversée du pays des groupes armés depuis le Soudan, où ils avaient établi leurs bases, avait été suivie pas à pas par les autorités, qui bénéficient des renseignements aériens collectés par les avions du dispositif militaire français Épervier, les rebelles avaient semblé plus difficiles à localiser au fur et à mesure qu'ils approchaient de la capitale. Certains responsables tchadiens ont même soupçonné la France de «cacher» certains renseignements.(...)

Même si conflit selon les médias bourgeois semble simple, puisqu'Africain, on peut constater lorsqu'on regarde un peu plus en profondeur, que cette guerre civile crée de toute pièce est un terrain d'affrontement pour 2 pays impérialistes soit la France et les États-Unis. Le dictateur au pouvoir Idriss Déby, qui fait face à des attaques militaires par ses anciens collaborateurs, est en fait une marionette mis au pouvoir et maintenu par l'aide et le support militaire de la France depuis le début des années 90, comme tous les présidents qui l'ont précédé depuis les "indépendances". Élu par des fraudes électorales coorganisées par l'armée et l'aide de la France, il règne au pouvoir par les mêmes méthodes dictatoriales et meurtrières que la plupart des régimes politiques dans cette partie de l'Afrique (ici).

Depuis 2003, Déby a fait face à plusieurs tentatives de coup d'état par l'ancienne élite du pays qui ont rejoint les armées du nord, de l'est et du sud du pays dont certaines sont soutenues par le Soudan. Il est inutile de rappeler les violences des dernières années au Soudan, en particulier dans la région du Darfour qui ont causé la mort de plus de 2 millions de personnes. Un chiffre significatif des 2 millions de barils de pétrole par jour qui seront extraits en 2008 par le consortium étatsunien regroupant Exxon Mobil, Chevron et la malaisienne Petronas.

L'enjeu de ce conflit est le contrôle des gisements pétroliers de cette région. La rente pétrolière du Tchad fait depuis plusieurs années l'objet d'un conflit ouvert avec la Banque Mondiale. Celle-ci s'était engagée dans le financement d'un projet d'oléoduc Tchad-Cameroun par le biais d'un consortium dirigé par Exxon Mobil(
pour lire le billet sur Exxon). Un projet dénoncé par la population et les ONG. L'entente stipulait que le Tchad recevrait 10% des recettes pétrolières, mais Déby voulant consolider son appareil répressif, a dénoncé cet accord, dans le but évident de plaire à la population Tchadienne dégoutée par cet accord, et a exigé 12,5%. Résultat, la Banque Mondiale fait mine de réaliser maintenant la nature autoritaire de son régime et exerce le blocage des avoirs du gouvernement.

Par ailleurs, une partie des forces militaires qui tentent de renverser le dictateur et qui proviennent du Soudan ont été formés et entrainés par le gouvernement américain, soit différents groupes chrétiens tel que l'APLS (Armée de Libération populaire du Soudan), regroupant l'opposition chrétienne et animiste, qui est la branche armée du MPLS (mouvement populaire de libération du Soudan). Ce groupe combat depuis 1983 le pouvoir arabo-musulman de Khartoum. La Maison Blanche fourni aussi un support au JEM (Mouvement pour la Justice et l'Égalité) basé au Darfour, et qui est lié au fondamentaliste musulman Al Tourabi, qui combat l'APLS (ici).

Vous voyez déjà le topo. Une guerre économique entre 2 puissances qui tentent à tout prix de contrôler les ressources pétrolières de cette région.
Cette région deviendrait en fait une région pétrolière satellite étasunienne, signifiant ainsi la marginalisation de la France et la main-mise des compagnies américaines sur une majeure partie des réserves de pétrole de cette région Africaine. Et comme si toute cette merde n'était pas suffisante, la Chine tente de consolider sa main mise sur cette région en allant chercher des ressources pétrolières au Nigéria. Ce qui devrait encore ajouter à l'horreur et au génocide hélas banalisé de ces régions...

Le capitalisme tente par tous les moyens d'accroître sa croissance et sa courbe de profit. L'Afrique subit donc actuellement sa deuxième vague de colonialisme et son lot de guerre et d'horreurs. Les pays en voie de développement qui n'étaient pas à priori rentable économiquement sont devenus des enjeux importants pour les impérialismes au plan stratégique, militaire, géopolitique et deviennent maintenant, une fois les rapports de forces établis, des enjeux économiques cruciales pour les pays impérialistes qui tentent d'imposer leur domination par le biais de leur transnationales.
Le changement ne pourra se faire que par une prise de conscience collective de ces peuples et par la lutte des classes....

1 commentaire:

mesrine a dit…

http://www.anarkismo.net/newswire.php?story_id=6545

Voilà un lien vers un texte interessant sur le Darfour