vendredi, avril 02, 2010

15 000 personnes contre le budget à Montréal

(Via Voix de faits)
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Le 1er avril 2010 quelques 15 000 personnes ont envahi le quartier des affaires à Montréal à l'appel de plus de 95 organisations syndicales, populaires, féministes et étudiantes. Première étape d'une riposte unitaire contre le budget libéral? Seul l'avenir le dira. En tout cas, c'était une belle manif de type grande procession populaire, très diversifiée, unitaire et combative (au moins au niveau du discours...).


Texte du tract diffusé par l'UCL

Contre les privatisations et les hausses de tarifs :
SEULE LA LUTTE PAIE !

On le sait maintenant, le budget déposé le 30 mars par le ministre Bachand introduit une foule de mesures toutes plus régressives les unes que les autres. Quʼon songe seulement à lʼinstauration de nouveaux frais en santé ou lʼaugmentation rapide de la taxe de vente (TVQ). Les riches sʼen tireront assez bien, comme dʼhabitude. Rien dans ce budget ne remet en question leurs privilèges et leurs petites combines pour planquer leur fric à lʼabri de lʼimpôt. Une fois de plus, cʼest à nous quʼon exigera des sacrifi ces. Ça suffit!

Le pire est à venir

Dʼautres mesures, encore plus inquiétantes, sont annoncées dans ce budget et arriveront plus tard : facturation des soins de santé en fonction de lʼutilisation, nouvelle hausse des frais de scolarité dès 2012, augmentation marquée des tarifs dʼhydro-électricité à partir de 2014 (3,7% par année jusquʼen 2018). Nous ne sommes donc pas arrivé-e-s au bout du tunnel, dʼautant plus que rien ne garantit que le gouvernement nʼajoutera pas dʼautres hausses de tarifs à cette liste.

Ce budget sur mesure pour les grandes entreprises et la classe dominante, directement inspiré par lʼidéologie néolibérale, annonce également des réductions majeures dans les services publics (coupures de 15,4 milliards $ en quatre ans). Pendant quʼon nous demande de nous serrer la ceinture et de payer davantage pour des services publics réduits, le gouvernement allège encore le fardeau fiscal des entreprises, une mesure qui coûtera 729 millions $ en 2010. Au terme de lʼexercice budgétaire, lʼeffort demandé aux entreprises sera quatre fois moins important que celui exigé aux « contribuables ». Ainsi, les papetières et les alumineries, deux secteurs industriels particulièrement énergivores, seront épargnées des hausses de tarifs dʼélectricité projetées par le gouvernement. Et on continue de nous parler
dʼéquité et de justice?

La crise du capitalisme sur le dos des classes populaires

En augmentant les tarifs et en introduisant au cours des prochaines années un soi-disant « ticket modérateur » dans le système de santé, le gouvernement libéral sʼajuste à la crise économique mondiale. Il tente de redresser le budget de lʼÉtat en pigeant dʼabord dans nos poches. Évidemment, pas question de toucher aux avantages accordés aux riches. On connaît la chanson : si on taxe davantage les entreprises, elles vont déménager ailleurs. Comme salarié-e-s, nous sommes pris en otage par les rouages dʼune économie où le Capital fait sa loi. LʼÉtat, en fidèle complice du privé, accompli la job de bras en rejetant sur le dos de la population le fardeau du défi cit généré par la crise du système capitaliste.

Redistribuer la richesse, amorcer la riposte

Une fiscalité, même plus « progressive », ne règlera pas fondamentalement le partage inégal de la richesse dans notre société. Ultimement, pour régler définitivement ce problème, nous devrons reprendre la richesse que les patrons et les dirigeants nous ont volé. Il faut envisager les moyens de se libérer collectivement, une fois pour toute, de la domination capitaliste par la reprise en main de nos lieux de travail et lʼautogestion des moyens de production. La véritable justice sociale ne peut se résumer à un crédit dʼimpôt, même « solidaire » : elle doit passer par lʼégalité économique et sociale.

Dans lʼimmédiat, nous devons nous battre ensemble, au coude à coude, pour mettre en échec ce gouvernement. Nous pouvons faire reculer les libéraux, tout particulièrement au niveau des mesures annoncées à moyen terme. Il y a un ras-le-bol populaire contre ce gouvernement et ses magouilles. Mais pour y arriver, il faut un vaste mouvement, unitaire et combatif, prêt à engager le bras de fer avec lʼÉtat, comme ce fut le cas en 2003 (mouvement syndical) et en 2005 (mouvement étudiant). Il faut aussi apprendre de nos erreurs, notamment en ne laissant pas les directions syndicales mettre de côté les mots dʼordre et les initiatives plus radicales (notamment la perspective dʼune grève générale). Ce nʼest pas avec le dialogue et la concertation que nous arriverons à faire plier le gouvernement, mais par la création dʼun rapport de force. En déposant ce budget, le gouvernement nous déclare la guerre. Depuis toujours, lʼÉtat a choisi son camp dans la lutte des classes. Il est temps de construire le nôtre.

La manifestation du 1er avril est un pas important dans cette direction, mais la mobilisation doit se poursuivre. Travailleurs, travailleuses, étudiantes, étudiants, retraité-e-s ou sans-emplois : nous sommes tous et toutes attaqué-e-s par ces politiques anti-sociales. Et cʼest ensemble quʼil faut riposter.