lundi, janvier 04, 2010

Derrière les barreaux: on oublie pas.

Alors que tout le monde se réveille avec la gueule de bois du nouvel an, le ventre encore tendu par la dinde, et les bons fromages du Québec, y'en a qu'y ont passé des fêtes plus calmes, bien tranquillement à l'ombre. Oh! on connaît les conneries catholiques à propos de « l'esprit de noël » : penser aux plus démuni-es, aux pauvres qui crèchent dehors et bla bla bla. Pas question pour nous de tomber dans le vœu pieu, dans l'hypocrisie crasse, encore moins dans les bondieuseries. Il ne s'agit pas de ça. Mais y'avait qu'à être dans les rues de Montréal le 24 décembre au soir pour se rendre compte que ceux et celles qui n'ont pas cédé à l'injonction de la célébration familiale se couraient les uns après les autres ce soir là.

Dans mon bled en France, à chaque nouvel an, les camarades vont tirer un feu d'artifice en solidarité avec les taulards. Cette année y'en avait deux pour la première fois, parce qu'à côté de la prison surchargée y'a la nouvelle prison ultra moderne: faut dire que le parc carcéral français s'agrandit vitesse grand V, comme partout ailleurs, et c'est sans parler des prisons pour immigré-es. Ça peut paraître idiot, mais à mon sens c'est fondamental d'essayer de faire tomber les murs, de briser cet isolement qui se fait particulièrement pesant à cette période de l'année et qui fait que l'institution carcérale est plus que jamais une usine à broyer. Pis on touche là aussi à ce que la prison a de plus féroce: l'atomisation, l'oubli, le mépris, la marginalisation. On ne répétera jamais assez que la prison est un instrument de classe, que l'écrasante majorité des taulards sont des pauvres, que la prison n'est en fin de compte que la voiture-balai du marché du travail et que sa philosophie est fondamentalement barbare. Le bouquin de Loïc Wacquant, Les prisons de la misère (2001), qui commence un peu à dater, nous le rappel encore. Enfin voilà, je sais pas si 2010, c'est la dernière avant 01, je sais pas non plus combien de temps l'insupportable va durer, mais une chose est sûre: la première de nos actions sera de détruire toutes les prisons.

Solidarité avec tous les prisonniers et toutes les prisonnières!
Que crève le vieux monde et sa douce ignominie!