dimanche, septembre 30, 2007

Cabaret de la rentrée militante

Un moment de répit dans l’engrenage des luttes annuelles
Cabaret de la rentrée militante




...Parce que militer n’a rien de facile en ces jours bien souvent apathiques et empreints de conservatisme ;
...Parce que le mouvement de toutes les révolutions, celui des étudiantEs, est en marche vers une ultime grande grève automnale ;
...Parce que lutter, c’est à l’année et qu’il y a presqu’autant de raisons de lutter qu’il y a de militantEs ;
...Parce qu’il peut être bon, avant de retourner à nos luttes plus spécifiques, de débuter l’année en dilettante...
...Cabaret de la rentrée militante


Quand ? : Jeudi 11 octobre à 19h30
Où ? : au Café Chaos (2031 St-Denis)
Combien ? : donnez ce que vous pouvez/voulez


Mettant en musique
Paul Cargnello
Norman Nawrocki
Ève-Marie-Claude
Bernard et ses désaccords
Mitch L’affront
Du faim-fond d’notre ruelle
Amerythmes
Lydia et Virginy (duo comique)
Jean-François Lessard

Infos : Café Chaos
- Par téléphone : (514) 844-1301
- Par courriel : bdesaccords@yahoo.ca

vendredi, septembre 28, 2007

Lancement officiel du Blogue d’Informations Politiques de la NEFAC-Mtl!!!



Lancement officiel du Blogue d’Informations Politiques de la NEFAC-Mtl!!!


www.nefacmtl.blogspot.com

Le Blogue d’Informations Politiques (BIP!) de l’Union Locale de Montréal, groupe membre de la Fédération des Communistes Libertaires du Nord-Est (NEFAC), est le nouveau-né de la presse d’agitation montréalaise. La NEFAC-Montréal, aura donc maintenant en plus du matériel de la Fédération soit la revue Ruptures et le journal Cause Commune, un nouvel outil d’AgitProp sur le web. Cette nouvelle presse d’agitation nous permettra de réagir immédiatement à l’actualité, de pouvoir se positionner rapidement, de cracher nos coups de gueules autant à gauche qu’à droite, d’analyser l’actualité locale et internationale, de dénoncer, de revendiquer, de provoquer, de débattre et de diffuser le plus largement nos idées… Bref, un blogue d’agitation libertaire!

Le contexte politique étant de plus en plus moribond, il est plus que nécessaire d’agir sur tous les fronts et de tenter d’influencer et de radicaliser autant les mouvements sociaux et la gauche réformiste, que « Mr. et Mme tout le monde », nos voisins ainsi que nos collègues de travail. En tant que communistes libertaires, nous croyons qu’il existe une alternative politique radicale à la démocratie bourgeoise, à la droite sécuritaire et à l’extrême gauche autoritaire. Ce blogue nous permettra donc de continuer notre lutte pour une société libertaire, sans classe et sans État. La classe dominante et sa propagande néolibérale a maintenant un nouvel ennemi dans le maquis de l’information alternative. Nous ne ferons pas de quartier!! Nous en avons marre des compromis et des fausses alternatives, c’est pourquoi nous proclamons la Commune!
Restez branchés, les communards montent aux barricades…


www.nefacmtl.blogspot.com

L'AFESH-UQAM adopte un mandat de grève générale illimitée

Source: Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante

Vendredi, 28 septembre 2007
Grève étudiante : premier mandat pour une chaude lutte à l’automne
Montréal, le 28 septembre 2007
Un premier vote de grève a eu lieu hier à l’Association facultaire étudiante des sciences humaines de l’UQÀM. Marquant le début de la lutte pour une éducation gratuite de qualité, l’AFESH-UQÀM (5 260 membres) est résolument engagée à partir en grève générale illimitée cet automne. D’ici le 23 octobre, 15 associations étudiantes se prononceront pour joindre le mouvement lancé par l’Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante (ASSÉ) qui a fixé, lors de son dernier Congrès, un plancher de 7 associations étudiantes représentant 25 000 étudiants et étudiantes comme condition au déclenchement de la grève. Chaque association décide des modalités quant au déclenchement.



Cette première prise de position formelle pour la grève générale illimitée à l’automne marque la volonté des étudiants et étudiantes de s’opposer à la hausse des frais imposée par les libéraux. « Le message est clair : nous sommes plus que déterminé-e-s à partir en grève pour la gratuité scolaire. Que le gouvernement se le tienne pour dit ! » avertit Alexandre Leduc, Secrétaire à la coordination de l’AFESH-UQÀM.

Il n’est pas surprenant de voir une association étudiante de l’UQÀM ouvrir la marche pour lutter contre le désengagement de l’État en éducation post-secondaire. « La classe politique n’a plus de vision de l’éducation, la direction de l’UQAM s’aplatventrit face à la ministre, c’est maintenant l’occasion qui est offerte à notre génération de montrer à la société québécoise que nous tenons à nos institutions publiques de qualité » s’insurge Alexandre Leduc. Les autres associations étudiantes de l’UQÀM tiendront aussi des consultations sur la question lors de prochaines semaines, alors que professeur-e-s et employé-e-s de soutien ont déjà manifesté leur volonté préserver la mission sociale de l’université.

Au niveau de la mobilisation étudiante, une manifestation régionale a eu lieu hier à Sherbrooke pour clore la semaine régionale d’action du Sud-Est, montrant que la marche vers la grève est bel et bien entamée. De plus, mercredi dernier, l’Association des étudiantes et étudiants en anthropologie de l’Université Laval (AÉÉA-UL) a choisi de joindre l’association nationale, portant à seize le nombre d’associations membre de l’organisation (dont six membres universitaires).

Les consultations prévues au cours des prochaines semaines témoignent des convictions des étudiantes et étudiants à défendre l’éducation. « Le moyen d’action qu’est la grève générale illimitée est aujourd’hui celui que nous avons choisi pour contrer les attaques au droit fondamental qu’est l’éducation. Nous serons présents et présentes dans toutes les associations qui décideront de consulter leurs membres sur les revendications et la grève proposés par l’ASSÉ » déclare Hubert Gendron-Blais, Secrétaire aux communications de l’ASSÉ

Seule association étudiante nationale comprenant des membres de tous les cycles d’enseignement supérieur confondus, l’ASSÉ regroupe actuellement plus de 40 000 membres dans les cégeps et les universités du Québec. Elle milite depuis sa création pour la gratuité scolaire à tous les niveaux.

Pour lire la suite...


Renseignements : Hubert Gendron-Blais, Secrétaire aux communications : (514) 835-2444
Porte-parole de l’AFESH-UQÀM : Alexandre Leduc, Secrétaire à la coordination : (514) 969-0679
Bureau de l’ASSÉ : (514) 390-0110.
Site Internet : www.asse-solidarite.qc.ca

jeudi, septembre 27, 2007

La STM priorise les golfeurs...


Hier, se tenait la cérémonie d’ouverture de la Coupe des Présidents, un évènement réunissant les meilleurs golfeurs du monde. Pour l’occasion, étaient réunis, entre autre, pour « louanger » ces golfeurs et se donner un peu de capital politique, Stephen Harper, Jean Charest et George Bush Senior. D’ailleurs notre cher premier ministre, Harper, aurait même fait sourire la foule en déclarant « que les joueurs ne sont pas payés à la coupe des Présidents (…) les recettes étant remises à différentes œuvres caritatives - et il a ajouté qu'ils doivent même payer pour leur propre souper » (Ici). Ils paient peut-être leur souper mais utilisent par contre près de « 35 des véhicules les plus récents de la STM pour servir de navettes au tournoi de golf de la Coupe des Présidents qui se déroule (…) à l’Ile Bizard». C’est ce que rapporte un communiqué du syndicat des chauffeurs de la Société de transport de Montréal (Ici). Les chauffeurs, qui exercent d’ailleurs des moyens de pression depuis plus d’un mois, afin de dénoncer la lenteur des négociations pour le renouvellement de leur convention collective échue depuis le 11 janvier 2007, ont en effet distribué près de 100 000 tracts hier matin dans une dizaine de stations de métro. Le président du syndicat, Claude Benoit, affirme « qu'il manque une centaine d'autobus tous les matins sur le réseau de la STM ». La STM n’a pas de difficulté à imposer des augmentations à répétition aux utilisateurs, en leur demandant d’être compréhensifs, afin de payer l’augmentation du coût de l’essence ou leurs nouvelles infrastructures. Cependant, la qualité du service offert diminue de façon quasi proportionnelle. Encore un bel exemple de socialisation des coûts et de privatisation du profit au détriment de l’utilisateur et des travailleurs-Es de la STM. Le syndicat des chauffeurs de la STM demande donc aux utilisateurs d’appeler au service des plaintes de la STM, afin de démontrer leur mécontentement face à cette situation. Par ailleurs, « selon Marianne Rouette, porte-parole de la STM, ce chiffre est exagéré puisqu'il ne manque actuellement qu'une quinzaine d'autobus par jour pour répondre aux besoins des usagers.». Et quoi encore? Le nombre d’autobus est quand même insuffisant pour les milliers de personnes qui travaillent et étudient à Montréal et qui paient chaque mois 65$ pour un service de plus en plus minimaliste! En quoi ce tournoi est-il plus important que tous ces gens qui se font chier chaque matin dans des autobus et des métros bondés? La question est lancée… Si la situation vous emmerde aussi, appelez le service des plaintes et posez leur la question (STM-INFO - option 4 et option 1 ®514 786-4636 + 4 + 1). Tant qu’à y être, commençons donc à exiger la gratuité du Transport Public.

Le Nazisme: Une maladie psychologique?

Tiré du blogue Ya Basta!

Le nazisme est-il une maladie psychologique??





mardi, septembre 25, 2007

Les forces du marché : une force pour l’égalité des sexes?



Selon une étude de la Banque Toronto Dominion, les « forces du marché » pourrait diminuer et même éliminer les écarts de salaires entres les hommes et les femmes (L'article de la Presse). On nous rapporte que d'ici les 10 prochaines années, les femmes se retrouveront de plus en plus dans les universités et dans le secteur des services, leur permettant d'assurer « la prospérité future au Canada ». Par contre, les spécialistes ont omis de mentionner si leurs salaires allaient augmenter ou si le nivellement par le bas des conditions de travail allait plutôt permettre un rattrapage inverse. De plus, les auteurs de cette savante étude mentionnent que «les employeurs deviendront de plus en plus dépendants des femmes pour combler leur pénurie de main-d'oeuvre qualifiée». Les femmes peuvent donc se réjouir, elles pourront combler les postes d’employés qualifiés avec des conditions aussi précaires que les hommes. Et comme si la farce n’étaient pas encore assez grosse, nos 2 éminents analystes mentionnent que «les marchés deviendront les meilleurs amis des femmes intéressées à travailler». Évidemment, travailler dans la précarité c’est la meilleure façon de devenir un-e ami-e du marché à condition de ne pas être syndiqués-ées. Pour conclure, l’étude mentionne que « certaines barrières sont toutefois demeurées intactes jusqu'à maintenant (...) les femmes n’occuperaient que 10 % des postes de supervision financière dans les entreprises, et ne compteraient que pour 12 % du membership des conseils d'administration ». Comme quoi l’amitié à toujours ses limite et le patriarcat est toujours aussi bien ancré.




L'édifice des anarchistes: 25 ans déjà! Fêtons le 28 septembre prochain!‏


Fête le vendredi 28 septembre à partir de 17h
Lieu: la nouvelle cour arrière de l'AEELI au 2033 boul. St-Laurent

Vers 1972 à Montréal, la librairie gai l'Androgyne, dans l'ouest du centre-ville, avait accueillit des anarchistes et avait des rayons de livres anars. Vers la fin des années 70, des anarchistes ont fondé la librairie Alternative dans un petit édifice sur le boulevard Saint-Laurent. En 1982, cette édifice fut achetée par des anarchistes qui ont formé une association (l'AEELI; Association des espèces d'espaces libres et imaginaires) pour assurer qu'il y a un espace libraire, ainsi que pour le maintient et la gestion de l'immeuble.

Aux cours de ses 25 années d'existence, l'AEELI a connu des périodes difficiles qui ont eu des échos dans le milieu anarchiste montréalais. En 2004, la librairie Alternative a dû fermer boutique, mais quelques mois plus tard, en novembre 2004, l'association a donné naissance à la nouvelle librairie anarchiste l'Insoumise. C'est un pas dans la bonne direction pour l'organisation libertaire de notre projet (l'AEELI et l'Insoumise), qui est fondée sur l'association confédérale de groupes et individuEs de diverses tendances libertaires.

L'AEELI a également été restructurée pour éviter des dérives et mieux refléter nos valeurs et pratiques libertaires. L'édifice abrite aussi une bibliothèque --le DIRA-- ainsi qu'une autre asso de camarades sympathisantEs --L'Ocal--. Ensemble, des anarchistes gèrent cette ressource qui nous appartient.

Vendredi le 28 septembre, nous invitons nos sympathisantEs et tous les libertaires à venir fêter le 25e anniversaire de l'acquisition de l'immeuble pour le milieu anarchiste. Dans la cour arrière, à partir de 17h, il y aura un BBQ (bouffe végé disponible), rafraîchissements, musique et camaraderie.

Vive les 25 ans de l'AEELI, et vive l'AEELI libertaire!

A - I n f o s
informations par, pour, et au sujet des anarchistes
A-infos-fr mailing list
A-infos-fr@ainfos.ca
http://ainfos.ca/cgi-bin/mailman/listinfo/a-infos-fr
http://ainfos.ca/fr

Une exposition sur Sacco et Vanzetti.


L’affaire Sacco et Vanzetti, remonte au années 20 à South Braintree dans la banlieue de Boston. En 1919, dans un contexte économique d’inflation d’après-guerre, on recense près de 4,1 millions de grévistes qui réclament des conditions de travail plus décentes. Plusieurs de ses grèves donnent lieu à des affrontements violents un peu partout aux États-Unis. En 1920, des groupes d’actions directes font éclatés des bombes à plusieurs endroits, dont à l'intérieur d’une banque de Wall Street, faisant 38 morts et près de 200 blessés. Le gouvernement prend alors à ce moment des mesures quasi martiales contre les anarchistes, les grévistes et la gauche plus radicale. Beaucoup sont emprisonnés, d’autres forcés à s’exiler. Les médias bourgeois de l’époque manipulent l’opinion publique en faisant de la propagande qui amalgame les grévistes, les radicaux et les immigrants, créant une chasse aux sorcières partout aux États-Unis. Le 15 avril 1920, un caissier et son garde, transportant la paie des travailleurs de l'usine de chaussures de South Shore à South Braintee, sont abattus et la paie des ouvriers de l’usine est dérobé. Le 5 mai 1920, Sacco et Vanzetti deux anarchistes d’origine italienne sont arrêtés pour cette affaire. Après un procès monté de toutes pièces ils seront condamnés à mort le 14 juillet 1921 par électrocution, malgré des protestations un peu partout sur la planète. Il est bien évident que l’État et sa justice voulait à ce moment faire un exemple pour tous les anarchistes et radicaux américains. En 1977, le gouverneur du Massachusetts absout les deux hommes, et déclare que « tous les déshonneurs devaient être enlevés de leurs noms pour toujours ».


Plus de 80 ans après le débat concernant la culpabilité de nos camarades fait toujours rage aux États-Unis. Une exposition vient d’ailleurs d’ouvrir ses portes au tribunal John Adams, l’endroit où ont été jugés les 2 anarchistes. Des affiches et des photographies guident les visiteurs à travers l’histoire du procès des 2 anarchistes. Il est aussi possible de visualiser les transcriptions du procès et les lettres des 2 condamnés. Le but de l’exposition est de se questionner sur la légitimité du procès. D’ailleurs plusieurs personnes qui ont étudiés ce procès voient maintenant un parallèle entre l’antagonisme de l’époque sur l’immigration et le contexte actuel de division sur la question de l’immigration. Comme quoi plus ca change plus c’est pareil. L’article (qui est en anglais) résume en gros le lancement de l’exposition d’une durée indéfinie.


La mémoire de nos camarades survivra à travers notre lutte contre l’État.

« Si cette chose n’était pas arrivée, j’aurais passé toute ma vie à parler au coin des rues à des hommes méprisants. J’aurais pu mourir inconnu, ignoré : un raté. Ceci est notre carrière et notre triomphe. Jamais, dans toute notre vie, nous n’aurions pu espérer faire pour la tolérance, pour la justice, pour la compréhension mutuelle des hommes, ce que nous faisons aujourd’hui par hasard. Nos paroles, nos vies, nos souffrances ne sont rien. Mais qu’on nous prenne nos vies, vies d’un bon cordonnier et d’un pauvre vendeur de poisson, c’est cela qui est tout ! Ce dernier moment est le nôtre. Cette agonie est notre triomphe. »

Vanzetti au juge Thayer lors de sa condamnation.




[Boston - More than 80 years after Nicola Sacco and Bartolomeo Vanzetti were executed in Boston, they still inspire impassioned debate about whether they were guilty...]

Denise Lavoie

The Associate Press, Sept 23


BOSTON - More than 80 years after Nicola Sacco and Bartolomeo Vanzetti were executed in Boston, they still inspire impassioned debate about whether they were guilty of the murders of two men during a 1920 payroll robbery.
But in a new exhibit at Massachusetts' highest court, the guilt or innocence of the Italian immigrants and anarchists is not as important as the question of whether they received a fair trial.
"The Case of Sacco and Vanzetti: Justice on Trial," explores not only the trial itself but the tension and political turmoil of the times. The exhibit highlights the prejudice against immigrants that was prevalent, particularly against foreigners who believed in communism, socialism or anarchism.

La redistribution de la connerie pontificale...



Dimanche, lors de sa prière depuis sa résidence d'été, le Pape Benoit XVI dans un grand élan socialiste, a appelé au partage des richesses et à mis en garde contre « l’égoïsme aveugle dans lequel l’argent peut mener » (Voir l'article du Devoir) . Celui-ci pris d’une démence soudaine a poursuivi en disant que la «logique du profit, quand elle l'emporte sur celle de la solidarité, accroît le fossé entre riches et pauvres et l'exploitation de la planète ». Et quoi encore ? L’appui à des dizaines de dictatures d’extrême-droite au cours du dernier siècle tel que Franco, Mussolini, Salazar et Pinochet, c’était un exemple de « solidarité qui l’emporte sur le profit » et non de « l’égoïsme aveugle »?

Bien entendu, les revenus du Vatican, soit 227 millions d’euros en 2006 (voir), doivent être protégé par une quelconque loi divine, qui empêche malheureusement le pape de redistribuer autant de richesses extorquées au fil des siècles par le vol, le pillage et la peur. À l'inverse, la redistribution des richesses du pauvre vers le riche est quant elle mise en pratique depuis des siècles par le clergé. Lorsqu’on peut se permettre de vivre assis sur un trône en or, exclusivement grâce au travail des autres, il ya certaines conneries que la décence devrait nous empêcher de faire ou de dire. Comme ci, le fait de prôner des positions totalement réactionnaires tel que prêcher contre le condom, en plus de tenter d’asservir à l’intégrisme catholique les populations les plus pauvres de cette planète ce n’était pas assez, le saint homme essaie de nous convaincre qu'il lutte pour une solidarité entre les classes...
Mais Benoît, en homme de principe, a terminé son allocution en appelant « à une sorte de conversion des biens économiques (…) et à ne pas les utiliser pour son intérêt propre, mais à «penser aux besoins des pauvres, suivant l'exemple du Christ». Merci mon Ben, de nous montrer à tous-tes un « christ » de bel exemple. À ce rythme là tu vas en rendre nostalgique plus d’un des belles années de la guerre d’Espagne…

États-Unis: Grève nationale dans l'automobile



tiré de Sur les lignes

ALERTE DE LABOURSTART

24 septembre 2007

Par MICHELINE MAYNARD et NICK BUNKLEY
(traduction rapide: Sur les lignes)

DETROIT, 24 septembre - Les membres du Syndicat uni de l'automobile (UAW) ont quittés le travail aujourd'hui dans les usines de General Motors à travers les États-unis parce que les dirigeants de la compagnie et les leaders syndicaux ne sont pas parvenu à un accord de principe après des négociations tumultueuses.

C'est la première grève nationale du union contre G.M. depuis 1970. Cette grève avait duré deux mois. La dernière fois que les UAW ont fait grève contre GM, c'était en 1998, à deux usines de Flint, au Michigan, dans une grève qui avait duré sept semaines.

Le président du syndicat, Ron Gettelfinger, a déclaré que le syndicat retournerait à la table de négociation aujourd'hui. «Ce n'est pas ce que nous avons voulu,» a-t-il, «Personne ne gagne dans une grève».

Les deux côtés ont apparemment frappé un noeud sur la demande syndicale de protection des emplois syndiqués à G.M.. Le membership du syndicat n'est plus que le cinquième de ce qu'il était en 1990. G.M., en retour, avait poussé pour la création d'un trust qui assumerait la responsabilité des 55 milliards $ que coûtent les assurances de santé des ouvriers, des retraités et leurs familles.

Bien que les deux côtés se soient ententu la semaine dernière sur le cadre du trust, ils ne pouvaient conclure un accord sans aborder d'autres questions de la convention, qui à leur tour détermineraient combien l'argent G.M. pourrait investir dans le trust.

Les ouvriers ont quittés le travail à 11 heures du matin, heure de l'Est, après que la date limite de l'ultimatum syndical, dimanche, n'aient passé sans conclusion d'entente.

G.M., dans une déclaration, a dit être déçue de la décision syndicale de faire grève.

«La négociation implique des questions complexes et difficiles qui affectent la sécurité d'emploi de notre main-d'oeuvre aux États-Unis et la viabilité à long terme de la compagnie,» a dit Tom Wickham, un porte-parole de G.M.. Il a dit que des officiers de la compagnie «continuerait de concentrer leurs efforts pour conclure un accord aussitôt que possible».

À une conférence de presse peu de temps après midi, M. Gettelfinger a dit que le syndicat était «très inquiet» des perspectives à long terme de G.M., qui a été doublé cette année par Toyota qui est devenu le plus grand manufacturier automobile du monde.

«Nous avons fait beaucoup de choses pour aider cette compagnie», a-t-il dit, «mais écoutez, vient un moment où vous devez mettre des limites».

Il a dit que le syndicat avait discuté de la possibilité d'envoyer différents syndicats locaux en grève, mais il a été décidé qu'une grève nationale donnerait «l'occasion la plus rapide» de régler les problèmes.

M. Gettelfinger a dit que la sécurité d'emploi étaient l'une des questions majeures auxquelles font face les négociateurs. Il a dit que la grève n'est pas liée à la volontée de G.M. de mettre sur pied un trust de santé, appelée une Association volontaire de bénéfices des employés, ou le VEBA en anglais. Puisque la proposition ne fait pas partie de la convention collective de G.M., les UAW ne pourraient pas tomber en grève contre G.M. là dessus.

«Nous étions désireux d'en discuter», a dit M. Gettelfinger, « mais cette grève n'est nullement au sujet des discussions sur le VEBA».

En fait, M. Gettelfinger a dit que le syndicat avait proposé un tel trust pendant les négociations de 2005 sur les coupes dans l'assurance santé, mais G.M. avait choisi une proposition plus modeste. Il a dit que le syndicat savait vendredi que les négociations s'étaient embourbées mais il n'a pas voulu faire grève contrer G.M. pendant la fin-de-semaine.

«Ils ont expliqué très clairement, alors que nous nous rapprochions de la date-limite, qu'ils n'avaient aucune intention de s'asseoir et négocier quelque chose d'équitable pour les deux parties, a-t-il dit.

Les UAW avaient expliqué à leurs 73.000 membres chez G.M. qu'ils devaient tomber en grève si les leaders syndicaux locaux n'avaient pas reçu d'appels du siège syndical à Detroit leur disant de rester au travail.

Ces appels ne sont pas venus, et les ouvriers sont sorti des usines une fois la date-limite passée.

Certains ont immédiatement pris des pancartes et ont commencé à marcher devant leurs usines ; d'autres se sont dirigés vers leurs voitures pour aller au local syndical ou à la maison.

Chris Sherwood, président du Local 652 des UAW à Lansing, Michigan, a dit qu'il n'y avait eu aucun appel à la grève de la direction du syndicat. «Nous n'avons reçu aucun appel nous disant de ne pas sortir en grève, alors nous sommes sorti, a dit M. Sherwood, «si tout va bien ça ne durera pas longtemps».

Il a ajouté, «bon nombre de gens, moi y compris, ont pensés que cette entente se ferait, mais apparemment que non».

Les officiers syndicaux disaient aux ouvriers du quart d'après-midi de ne pas se rapporter à l'usine aujourd'hui.

Le syndicat est bien préparée pour une grève. Il a presque $900 millions dans son fonds de grève, qui payent aux ouvriers $200 par semaine s'ils prennent des quart sur le piquet de grève. À ce taux, le syndicat peut supporter une grève d'au moins deux mois.

lundi, septembre 24, 2007

Shake down! Mash up! Party bénéfice pour venir en appui à Shawn Brandt et aux revendications Mohawk de Tyendinaga.


Samedi, 29 Septembre
22h - ??
Coop Généreux
4518 Papineau (coin Mont-Royal)
Montréal
$2-10
Bouffe et boisson à vendre


Les meilleurs DJs de reggae, ska, latin, klezmer, et dancehall à Montréal!

DJ Redstrike
DJ Sabotage
DJ Aaron Maiden
xxKIKIxLAxVIGOUREUSExx
DJ Chilango

Dansons! Dansons! Dansons!

AUSSI : une projection de "Augmentez les Prestations", un documentaire de trente minutes sur OCAP (Coalition Ontarienne contre la pauvreté)

Information: rebel@ckut.ca

--SHAWN BRANT, militant Mohawk de la communauté de Tyendinega dans l'est de l'Ontario : Shawn est emprisonné depuis le 5 juillet, 2007, sans possibilité de caution, pour son implication dans des blocus autochtones de chemins de fer et autoroutes sur le territoire Mohawk Tyendinega. Ces blocus avaient pour but d'attirer l'attention sur : la lutte pour rapatrier une terre appelé la Colbertson Tract, juste à coté de Tyendinega, les conditions de vie dans les communautés autochtones, et leurs luttes pour la souveraineté et l'autonomie. Shawn n'a reçu le droit à une caution que le 31 août et est actuellement détenu à domicile à Tyendinega.

Le cas de Shawn, et de tous autochtones qui prennent des actions directes pour défendre leurs territoires et communautés, sont des exemples inspirants de résistance au colonialisme Canadien.

Tous les profit de cet événement iront à la défense juridique de Shawn Brandt.

Pour plus d'informations : http://www.ocap.ca/supporttmt.html

samedi, septembre 22, 2007

AUDIO DE L'ASSEMBLÉE PUBLIQUE SUR LA GRÈVE ÉTUDIANTE


Alors que la grève étudiante se prépare au Québec, voilà disponible en fichier mp3 l'intégrale ou presque... des passages de l'Assemblée publique que nous avons tenu le 31 août dernier au Comité Social Centre-Sud à Montreal. Plus de 75 personnes y ont participé et ont débattu des différentes perspectives et stratégies qui peuvent se dégager de l'intervention des libertaires dans la grève à venir cet automne.

Pour downloader:http://jgarcia.free.fr/greve2007/
(si jamais ça ne fonctionnait pas, les audios sont aussi sur A-Infos Radio Project)

Y étaient présents:

Éric de l'IRIS: La viabilité économique de la gratuité scolaire.IRIS

Marie-Êve de l'ASSÉ: Grève 2007 : objectifs, revendications et stratégie. ASSE

Anne-Marie du RAME: Organiser les forces étudiantes anarchistes. RAME

Julie de la NEFAC-Mtl: Politiser, élargir et radicaliser un mouvement social. NEFAC

Cause Commune #16

Le numéro 16 de Cause commune, le journal de la NEFAC au Québec, est maintenant disponible sur le web. 4000 exemplaires papier de ce journal sont distribués gratuitement par des militantEs libertaires, membres ou non de l’organisation. Cause commune se veut un tremplin pour les idées anarchistes, en appui aux mouvements de résistance contre les patrons, les proprios et leurs alliés au gouvernement. Si le journal vous plaît et que vous voulez aider à le diffuser dans votre milieu, contactez le collectif de la NEFAC le plus près de vous.

Un pdf à basse résolution --format tabloïd-- est disponible.

Au sommaire du no 16 (format HTML)


Cause Commune #15

Le numéro 15 de Cause commune, le journal de la NEFAC au Québec, est maintenant disponible sur le web. 4000 exemplaires papier de ce journal sont distribués gratuitement par des militantEs libertaires, membres ou non de l’organisation. Cause commune se veut un tremplin pour les idées anarchistes, en appui aux mouvements de résistance contre les patrons, les proprios et leurs alliés au gouvernement. Si le journal vous plaît et que vous voulez aider à le diffuser dans votre milieu, contactez le collectif de la NEFAC le plus près de vous.



Un pdf à basse résolution --format tabloïd-- est disponible.
Au sommaire du no 15 (format HTML)

Cause Commune #14

Le numéro 14 de Cause commune, le journal de la NEFAC au Québec, est maintenant disponible sur le web. 3000 exemplaires papier de ce journal sont distribués gratuitement par des militantEs libertaires, membres ou non de l’organisation. Cause commune se veut un tremplin pour les idées anarchistes, en appui aux mouvements de résistance contre les patrons, les proprios et leurs alliés au gouvernement. Si le journal vous plaît et que vous voulez aider à le diffuser dans votre milieu, contactez le collectif de la NEFAC le plus près de vous.



Un pdf à basse résolution --format tabloïd-- est disponible.
Au sommaire du no 14 (format HTML)

  • Perspectives libertaires - Une conjoncture difficile
  • Travailler pour des peanuts!
  • Le scandale de l’aide sociale
  • Le Front commun à Sam Hamad : «Dit pardon mononcle...»

  • Déception ! À propos de MédiaMatin Québec
  • Le vote pour le populisme, un acte de contestation douteux - Ok, là on fait quoi ?
  • Cinéma: Romanzo Criminale
  • Sur les lignes... Chronique syndicale
  • Cause Commune #13

    Le numéro 13 de Cause commune, le journal de la NEFAC au Québec est maintenant disponible sur le web. 3000 exemplaires papier de ce journal sont distribués gratuitement par des militantEs libertaires, membres ou non de l’organisation. Cause commune se veut un tremplin pour les idées anarchistes, en appui aux mouvements de résistance contre les patrons, les proprios et leurs alliés au gouvernement. Si le journal vous plaît et que vous voulez aider à le diffuser dans votre milieu, contactez le collectif de la NEFAC le plus près de vous.


    Un pdf à basse résolution --format tabloïd-- est disponible.


    Ce numéro est le fruit d'une collaboration spéciale avec les militantEs du RAME. Il s'agit d'un numéro spécial portant essentiellement sur les élections provinciales.
    Au sommaire du no 13 (format HTML)



    Cause Commune #12

    >Le numéro 12 de Cause commune, le journal de la NEFAC au Québec est maintenant disponible sur le web. 3000 exemplaires papier de ce journal sont distribués gratuitement par des militantEs libertaires, membres ou non de l’organisation. Cause commune se veut un tremplin pour les idées anarchistes, en appui aux mouvements de résistance contre les patrons, les proprios et leurs alliés au gouvernement. Si le journal vous plaît et que vous voulez aider à le diffuser dans votre milieu, contactez le collectif de la NEFAC le plus près de vous.


    Un pdf à basse résolution --format tabloïd-- est disponible.
    Au sommaire du no 12 (format HTML)



    Cause Commune #11

    >Le numéro 11 de Cause commune, le journal de la NEFAC au Québec est maintenant disponible sur le web. 3000 exemplaires papier de ce journal sont distribués gratuitement par des militantEs libertaires, membres ou non de l’organisation. Cause commune se veut un tremplin pour les idées anarchistes, en appui aux mouvements de résistance contre les patrons, les proprios et leurs alliés au gouvernement. Si le journal vous plaît et que vous voulez aider à le diffuser dans votre milieu, contactez le collectif de la NEFAC le plus près de vous.

    Un pdf à basse résolution --format tabloïd-- est disponible.

    Au sommaire du no 11 (format HTML)



    Cause Commune #10

    >Le numéro 10 de Cause commune, le journal de la NEFAC au Québec vient de sortir des presses. 3000 exemplaires de ce journal sont distribués gratuitement par des militantEs libertaires, membres ou non de l’organisation. Cause commune se veut un tremplin pour les idées anarchistes, en appui aux mouvements de résistance contre les patrons, les proprios et leurs alliés au gouvernement. Si le journal vous plaît et que vous voulez aider à le diffuser dans votre milieu, contactez le collectif de la NEFAC le plus près de vous.
    Un pdf à basse résolution --format tabloïd-- est disponible.
    Au sommaire du no 10 (format HTML)


    Cause Commune Spécial 1er mai

    >En attendant le numéro 10 de Cause commune, les camarades de Montréal ont produit un numéro spécial pour le premier mai.


    Un pdf à basse résolution est disponible.


    Au sommaire de ce numéro spécial (format HTML)




    Cause Commune #9

    >Le numéro 9 de Cause commune, le journal de la NEFAC au Québec vient de sortir des presses. 3000 exemplaires de ce journal sont distribués gratuitement par des militantEs libertaires, membres ou non de l’organisation. Cause commune se veut un tremplin pour les idées anarchistes, en appui aux mouvements de résistance contre les patrons, les proprios et leurs alliés au gouvernement. Si le journal vous plaît et que vous voulez aider à le diffuser dans votre milieu, contactez le collectif de la NEFAC le plus près de vous.


    Un pdf à basse résolution --format tabloïd-- est disponible.
    Au sommaire du no 9 (format HTML)



    Cause Commune #8

    Le numéro 8 de Cause commune, le journal de la NEFAC au Québec vient de sortir des presses. 3000 exemplaires de ce journal sont distribués gratuitement par des militantEs libertaires, membres ou non de l’organisation. Cause commune se veut un tremplin pour les idées anarchistes, en appui aux mouvements de résistance contre les patrons, les proprios et leurs alliés au gouvernement. Si le journal vous plaît et que vous voulez aider à le diffuser dans votre milieu, contactez le collectif de la NEFAC le plus près de vous.


    Un pdf à basse résolution --format tabloïd-- est disponible.
    =Au sommaire du no 8 (format HTML)



    Cause Commune #7

    Le numéro 7 de Cause commune, le journal de la NEFAC au Québec vient de sortir des presses. 3000 exemplaires de ce journal sont distribués gratuitement par des militantEs libertaires, membres ou non de l’organisation. Cause commune se veut un tremplin pour les idées anarchistes, en appui aux mouvements de résistance contre les patrons, les proprios et leurs alliés au gouvernement. Si le journal vous plaît et que vous voulez aider à le diffuser dans votre milieu, contactez le collectif de la NEFAC le plus près de vous.


    Un pdf à basse résolution --format tabloïd-- est disponible.
    Au sommaire du no 7 (format HTML)


    Numéro spécial sur la marche de solidarité sans frontière

    Des membres de la NEFAC de Montréal et de Sherbrooke font présentement la marche de 8 jours organisé par la coalition Solidarité Sans Frontières.


    La NEFAC a produit une édition spéciale de Cause Commune sur la marche. Il s'agit en fait d'un tract format 'legal' recto-verso (un pdf est disponible ici). N'hésitez pas à la reproduire en masse!


    Au sommaire:


    - Contre les patrons et les frontières : aux côtés des sans-statut!


    - Des faits sur les réfugiés au Canada


    - Personne n’est illégale! La marche sur Ottawa


    Cause Commune #6


    Cause commune se veut un tremplin pour les idées anarchistes, en appui aux mouvements de résistance contre les patrons, les proprios et leurs alliés au gouvernement.


    Au sommaire du no 6 (format HTML)


    Pour une histoire du chômage
    Logement: Une victoire populaire à Québec
    L'Anarchie de A à Z: F comme Fédéralisme
    La grève étudiante, racontée par des libertaires de ...
    Québec, St-Georges, Sherbrooke et Montréal.
    Sur les lignes - une chronique syndicale (6)
    Liberté pour Gorka et Eduardo

    Numéro spécial sur la grève étudiante

    La NEFAC a produit un numéro spécial de Cause Commune portant spécifiquement sur la grève étudiante en cours. Il s'agit en fait d'un tract format 'legal' recto-verso. Vous en trouverez ici une copie pdf (cliquez sur l'image). N'hésitez pas à la reproduire en masse!


    Au sommaire:


    - La grève en éducation est un baume qui doit s'étendre


    - La grève s’amorce à l’Université de Sherbrooke : Un exemple à imiter


    - "La FECQ-FEUQ ne nous représente pas


    RUPTURES: La revue francophone de la NEFAC

    Ruptures tente d'aborder un champ non couvert par la presse d'agitation: l'analyse et la théorie.

    Cinq numéros ont été publiés à date:

    #1:
    Dossier spécial sur l'organisation
    #2:
    Dossier spécial sur le patriarcat
    #3:
    Dossier spécial sur les classes sociales
    #4:
    Dossier spécial sur le nationalisme, le racisme et l'extrême-droite
    #5:
    Dossier spécial sur les contre-pouvoirs
    #6:
    Mouvements communautaire et anarchiste : une rencontre fructueuse?
    #7
    S'organiser à l'école; Quand l'extrême-droite se mêle de santé et d'environnement; Oaxaca


    Abonnement et distribution:

    Une revue militante ne peut survivre que grace aux abonnements, alors, abonnez-vous! Québec/Canada régulier: 15$ pour 4 numéros, soutien et hors-Québec/Canada: 30$ et plus.



    Pour la distribution:
    5$ poste payée l'ex. (il reste encore des copies des six premiers numéros); pour plus d'exemplaires, contactez-nous. Les chèques peuvent être fait à l'ordre de "Groupe Émile-Henry".


    Pssit : Nous sommes disposéEs à faire des échanges avec d'autres publications libertaires (genre 20 copies contre 20 copies).


    Pour toute correspondance: Collectif anarchiste La Nuit, a/s E.H., C.P. 55051, 138 St-Vallier Ouest, Québec (Qc), G1K 1J0, Canada.

    Northeastern Anarchist

    The Northeastern Anarchist is the English-language magazine of the Northeastern Federation of Anarcho-Communists (NEFAC), covering news of revolutionary resistance that is of interest to the anarchist movement, and publishing class struggle anarchist theory, history and analysis in an effort to further develop anarchist communist ideas and practice.

    Issue #1, Spring 2001
    First Issue!

    Issue #2, Summer 2001
    The FTAA Protests In Quebec City

    Issue #3, Fall/Winter 2001
    Anarchists Against The War

    Issue #4, Spring/Summer 2002
    Class Struggle Beyond Anti-Globalization Protest

    Issue #5, Fall/Winter 2002
    Bring The Class War Home

    Issue #6, Winter/Spring 2003
    Platformism Without Illusions

    Issue #6.5
    Special Anti-War Supplement

    Issue #7, Spring/Summer 2003
    On The Intersections Of Race And Class

    Issue #8, Fall/Winter 2003
    Anarchists In The Workplace

    Issue #9, Summer/Fall 2004
    Anti-Militarism, Anti-Electoralism, Wages For Housework, and more!

    Issue #10, Spring/Summer 2005
    Fight to Win!: Developing Anarchist Strategy in Social Movements

    Issue #11, Spring 2006
    Magonismo, Especifismo, Organizational Dualism and more!

    Issue #12, Winter 2007
    Occupation, Reclamation, Self-Management: Pyeongtaek, Six Nations of the Iroquois, ZANON, and more!



    Ordering Information:

    Current issue is $5ppd ($6 international) per copy. For distribution, bundle orders are $3 per copy for three or more copies, and $2.50 per copy for ten or more.

    Subscriptions are $15ppd for four issues ($18 international).

    Back issues are $2ppd ($3 international) per copy; special offer package for the entire set of back issues (#1-7) now only $10. The Northeastern Anarchist's special anti-war supplement is still available for $1ppd ($2 international), bulk orders are $10 for a dozen.

    Checks or money orders can be made out to "Northeastern Anarchist" and sent to:

    Northeastern Anarchist
    PO Box 230685
    Boston, MA 02123, USA
    email: northeastern_anarchist@yahoo.com



    lundi, septembre 10, 2007

    Chemin faisant, nous apprenons-Les cinq premières années de la NEFAC

    La fin des années 1990 a été une période déprimante pour les anarchistes de l’Amérique du nord. Le mouvement n'allait pas vraiment bien. Énormément de militantEs de longue date sont passéEs à autres choses tandis que plusieurs projets ont été dissouts ou mis en veilleuse.

    Les anarchistes des années 1990 avaient beaucoup essayé de développer une stratégie et de se positionner pour la prochaine montée des luttes, le prochain grand mouvement social. CertainEs ont parlé d'écologie, d'autres de contre-institutions (hum… de librairies alternatives), d'autres ont tenté de développer en marge un militantisme anarchiste ou radical (Anti-Racist Action, Earth First!, Food not Bombs, Copwatch, Anarchist Black Cross, etc.) pendant que d'autres encore n’ont juré que par la contre-culture (essentiellement le mouvement punk). D’aucunEs ont même tenté de mettre sur pied des organisations et des réseaux anarchistes.

    Anti-Racist Action: mouvement antiraciste qui prône l’action directe et la confrontation contre l’extrême droite.

    Earth First!: mouvement dit «d’écologie profonde» pronant l’action directe non-violente et le sabotage.

    Food not Bombs: mouvement pacifiste spécialisé dans la distribution gratuite de bouffe végétarienne récupérée. Le chapitre de Québec publiait le zine Hé... Basta!

    Copwatch: pratique militante consistant à surveiller les agissements de policiers en les filmant. Le COBP fait, entre autre, du «copwatch».

    Anarchist Black Cross: mouvement de soutien aux prisonniers politiques.

    Love & Rage: organisation politique libertaire ayant publié un journal du même nom pendant 9 ans. Voir le bilan de cette organisation publié dans le premier numéro de Ruptures (disponible sur nefac.net).

    Démanarchie: tabloïd anarchiste et populiste publié au Québec dans les années 1990.

    Plateformiste: courant organisationnel de l’anarchisme s’inspirant de la «Plateforme d’organisation des communistes libertaires», un document produit par un groupe d’anarchistes russes en exil après leur défaite de 1921 aux mains des bolshéviks. La Plateforme prône une organisation politique anarchiste basée sur un haut niveau d’entente théorique et tactique et la responsabilité collective. Plus de détails sur nefac.net et dans le premier numéro de Ruptures.

    Lutte-de-classiste: se dit des révolutionnaires qui pensent que les luttes de classe sont l’un des principaux --voire LE-- moteur de changement social.

    En 1998, l'organisation que tout le monde prenait plaisir à détester (ou admirer), la Fédération Révolutionnaire Anarchiste Love & Rage, a implosé tandis que la plupart des projets qui se définissaient par opposition à elle ou qui se trouvaient simplement dans son ombre ont éprouvé de sérieux problèmes. Au Québec, le mouvement a aussi piqué du nez avec les disparitions de Démanarchie, Food Not Bombs et plusieurs autres groupes et collectifs. Plus d'une décennie de militantisme anarchiste semblait s'évaporer. Pour beaucoup, il était clair à cette époque que le mouvement anarchiste des années 1990 avait échoué et était en train de fermer boutique. En fait, quand le grand mouvement social attendu a finalement fait irruption dans les rues de Seattle en 1999, non seulement tout le monde a été pris par surprise mais il ne restait presque plus personne pour commenter (sinon Chuck0, le webmestre d'Infoshop.org).

    Seattle a donné un élan formidable au mouvement anarchiste. D'une scène politico-culturelle très marginale, celui-ci a été catapulté du jour au lendemain au coeur d'un mouvement de masse. C’est à ce moment-là qu’est née la NEFAC.

    D’où vient l’idée ?
    Les frustrations avec la « scène »

    Nos frustrations face au mouvement anarchiste nord-américain étaient nombreuses et profondes. Être libertaires ne nous empêchait pas de trouver que ce mouvement manquait de cohérence politique et de coordination. La plupart du temps, selon nous, les anarchistes tenaient un discours politique plutôt mal dégrossi et on les retrouvait soit isoléEs dans des organisations de masse réformistes ou encore rassembléEs dans des groupes radicaux eux-mêmes isolés. En tout cas, nous trouvions que les anarchistes étaient «déconnectéEs» des oppriméEs, de leurs mouvements, et manquaient de leviers pour changer les choses.

    Cette absence de lien avec les oppriméEs signifiait aussi que le destin de l'anarchisme devenait intimement lié à celui de sous-cultures –le mouvement punk et, dans une moindre mesure, les manifestations modernes du « peace and love » des hippies– au point ou l’anarchisme lui-même était en train de devenir un sous-produit de ces sous-cultures, totalement étranger à la vie des classes populaires. Et si la plupart d'entre nous proviennent du milieu punk ou skinhead, nous pensons néanmoins que l'anarchisme va beaucoup plus loin qu'un simple mode de vie ou une éthique « do-it-yourself ». Pour nous, l'idéal anarchiste est d'abord et avant tout une philosophie politique qui doit être ouverte à touTEs pour arriver à se réaliser pleinement (et la perspective de voir un jour tout le monde devenir punk ou skinhead nous apparaît hautement improbable…).

    Les discussions pour former une nouvelle organisation anarchiste ont donc commencé peu de temps avant Seattle, dans la période qui a suivi la dissolution de Love and Rage et Démanarchie. À ce moment-là, l'idée n’était partagée que par une petite bande d'anarchistes disséminéEs dans tout le nord-est américain. Que le contact entre deux petits collectifs de Québec et Boston n’ait pu se faire que par le biais d’un article paru dans une revue anarchiste britannique (Organise!) en dit long sur notre niveau d'aliénation et d'isolement à l’époque. Rien d’étonnant si l’on sait que le discours officiel du mouvement anarchiste était alors la propriété exclusive des anti-organisationnalistes de Anarchy!, Fifth Estate et Infoshop.org. Pour ces gens, l'idée de former une organisation anarchiste avait déjà été essayée et n’avait mené qu’au gauchisme; il s’agissait d’un échec programmé, d’un projet dangereux, point à la ligne. Nous avions un autre point de vue sur la question.

    CertainEs d'entre nous avaient eu la chance de voyager en Europe et de constater sur place les avantages réels d’une organisation. Plusieurs lisaient avidement la presse anarchiste européenne qui apparaissait beaucoup plus mature que sa contre-partie nord-américaine. Sans com-pter que le mouvement européen demeure, c'est le moins qu'on puisse dire, beaucoup plus gros, arrivant à produire quelques hebdomadaires et de multiples mensuels alors qu’ici nous avons de la difficulté à faire paraître une revue quatre fois par année. Nous désirions reproduire le succès de nos camarades anarchistes d’outre-mer. Nous avons donc commencé à étudier l'histoire et les structures de leurs organisations.

    En raison de nos expériences dans le contexte nord-américain, nous avons été attirés par la tradition plateformiste du communisme libertaire. Ce qui n’empêchait pas une très forte sympathie pour l’anarcho-syndicalisme, l’autre tradition lutte-de-classiste large et cohérente de l’anarchisme. Mais le fait que les organisations syndicalistes révolutionnaires n'allaient nulle part et la manière dont le mouvement syndical s’est institutionalisé ici –avec nos lois forçant le monopole de la représentation syndicale (« close shop ») et l'absence d'un syndicalisme minoritaire ou même pluriel– ne nous laissait pas croire qu’il y aurait de l’espace pour construire un tel mouvement en Amérique du nord. De plus, pour des raisons de proximités culturelles, sociales et linguistiques, les arguments en faveur d'une organisation communiste libertaire de deux groupes anglophones, l'Anarchist Federation et le Worker's Solidarity Movement, nous apparaissaient très sensés.

    L’arrivée de la NEFAC

    La NEFAC a enfin été fondée, après un an de cogitation, lors d'un congrès tenu à Boston en avril 2000.

    Si elle adhère aux principes plateformistes que sont l'unité théorique et tactique, la NEFAC a toujours eu des attentes modestes de ce côté. L’idée était simplement de construire une organisation qui rassemblerait des révolutionnaires autour d'une tradition commune et d’un désir d’élaborer une théorie et une pratique collectives. En dehors de cette idée, les membres fondateurs de la NEFAC possédaient peu de chose en commun sinon une volonté de s’enraciner dans la classe ouvrière et ses mouvements sociaux. Nous voulions y tester nos points de vue et, éventuellement, créer un anarchisme à caractère populaire qui redonnerait à notre mouvement l'influence qu'il a eue par le passé au coeur des luttes de classes. Avant tout, nous nous sommes atteléEs à concrétiser notre désir de s’organiser.

    On peut identifier une première période de construction des fondations de la NEFAC. Pendant un an, nous avons discuté de nos buts et principes, de notre constitution et de notre orientation stratégique minimale; puis nous les avons testés en pratique.

    Les «Buts et principes» furent directement inspirés d'un document, en tout point similaire, publié dans chaque numéro de Organise!, la revue de la Fédération anarchiste britannique. C'était, et ça demeure, une courte déclaration de nos accords politiques de base.

    Notre constitution, pour sa part, a été inspirée de documents similaires produits depuis les années 1970 par le mouvement libertaire français, principalement la constitution de l'Organisation révolutionnaire anarchiste (ORA). Il peut sembler drôle, ou triste selon le point de vue, que notre constitution ait été écrite en prenant pour modèle une organisation qui comportait des douzaines de groupes et des centaines de membres tandis que de notre côté, en comparaison, nous ne pouvions compter que sur deux vrais groupes et une douzaine d'individus isolés. Au fond, il s’agissait plus de notre «vision idéalisée» du fonctionnement d’une organisation révolutionnaire que d’un document pratique reflétant notre développement réel.

    Pour ce qui est de notre orientation stratégique minimale, elle s’est résumée à cette phrase désormais sur-utilisée et qui est originalement tirée de nos Buts et principes : « La NEFAC est une organisation de militantEs révolutionnaires de divers mouvements de résistance qui s'identifient à la tradition communiste dans l'anarchisme. L'activité de la fédération est organisée autour du développement théorique, de la propagande anarchiste et de l'intervention dans les luttes de notre classe, que ce soit de façon autonome ou par le biais d'une implication directe dans les mouvements sociaux. »

    Pendant cette première période, les interventions de la NEFAC se sont inscrites dans le cadre du mouvement anti-mondialisation et du mouvement anticapitaliste plus ou moins anarchiste. Malgré quelques succès réels, notamment à Washington et Québec, les limites de ce type d'action nous sont rapidement apparues (comme au reste du mouvement anticapitaliste, d'ailleurs). C'est à partir d'une critique de la «course aux sommets» et de notre volonté d'enraciner nos pratiques dans les mouvements sociaux des classes ouvrières et populaires que nous avons décidé d'essayer autre chose. Ainsi, pour concrétiser cet enracinement et contribuer à ce que l’anarchisme retrouve l’influence plus large du passé, nous avons laissé derrière nous un certain activisme (la planification du contingent radical de la prochaine manif…) pour commencer à penser et agir en fonction d’une stratégie à plus long terme.

    Vers une stratégie

    Cortège libertaire au camp des mal-logéEs.

    Deux ou trois ans après avoir défini les grands axes d'intervention de la NEFAC, le temps est venu de clarifier ce que nous voulions dire par «intervention dans les luttes de notre classe». D’abord, notre compréhension de la relation théorique entre l'organisation anarchiste et les mouvements sociaux a été expliquée dans un texte officiel, La question de l'organisation révolutionnaire anarchiste :

    «Une perspective radicale ne peut émerger, selon nous, que de mouvements sociaux. C'est pourquoi nous prônons la radicalisation de toutes les luttes (du latin "radix", c'est-à-dire "racine" : radicaliser signifie aller aux racines des problèmes). Par le biais de cette radicalisation et de notre engagement en tant que communistes libertaires dans divers mouvements de résistance, nous voulons contribuer au développement d'une conscience de classe autonome, seul garde-fou contre les récupérations politiques de diverses tendances (incluant une éventuelle récupération par un courant anarchiste). La révolution que nous souhaitons ne sera pas l’oeuvre d'une organisation, même anarchiste, mais d'un large mouvement de classe par lequel les "gens ordinaires" vont prendre directement le plein contrôle sur la totalité de leur vie et de leur environnement.»

    Comme nous sommes une toute petite organisation, nous avons également décidé de choisir un certain nombre de priorités spécifiques et de concentrer notre implication à long terme sur celles-ci. Nous avons opté pour intervenir prioritairement sur les fronts du travail, de la communauté, ainsi que de l'immigration et du racisme. Cette décision a représenté un pari puisque rares sont les membres de la NEFAC qui avaient une expérience réelle de l'un ou l'autre de ces fronts de lutte. Néanmoins, nous les avons choisis parce que nous croyons que ce sont ceux où un pouvoir social et une culture de résistance peuvent croître, de même qu’en raison de leur importance stratégique dans une perspective révolutionnaire.

    Le front du travail va de soi pour une organisation qui parle toujours de lutte de classes et prétend être enracinée dans la tradition communiste libertaire. Pour nous, le lieu de travail demeure l'endroit où, fondamentalement, se manifeste l'exploitation comme il est l'endroit où devra commencer une transformation radicale de la société. C'est aussi là où les gens ordinaires disposent du plus grand potentiel de pouvoir.

    Le front de la communauté était moins évident mais nous pensons que, si le travail est encore central, la communauté a pris une nouvelle importance depuis les années 1960 avec l'émergence des luttes urbaines. En tant que relation sociale, le capitalisme est un phénomène global qui a une incidence partout et, au fur et à mesure que la présente restructuration de l'économie se réalise (avec pour résultat l'atomisation des lieux de travail par la sous-traitance, le «travail autonome», etc.), la communauté a maintenant un potentiel aussi fort que le lieu de travail pour favoriser l'émergence d'une nouvelle conscience de classe. Le communisme libertaire a une longue et belle histoire d'implication dans les luttes communautaires et nous la continuons par notre présence dans des groupes anti-pauvreté, des associations de locataires, des comités de quartier, etc.

    Enfin, étant donné les attaques actuelles contre les immigrantEs, l'histoire du racisme et l’impact de celui-ci sur la classe ouvrière de ce continent, nous avons également choisi de concentrer notre énergie sur les problèmes d'immigration et de racisme (qui sont aussi des problèmes ouvriers et communautaires).

    La NEFAC avance qu’un programme révolutionnaire doit commencer avec les besoins et les revendications des personnes les plus opprimées et que les militantEs doivent lutter coude à coude avec celles-ci. C’est ce que nous tentons de faire. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, nous avons tenu notre pari et réussi à réorienter l'activité des membres de notre organisation dans ces champs d'action.

    Nous pensons qu'une distinction doit être clairement faite entre une organisation politique spécifique et un mouvement social mais nous ne croyons pas que les deux soient totalement étrangers l'un à l'autre. Pour nous, «la pratique organisationnelle anarchiste est l'un des moments des luttes sociales, c'est une assemblée de militantEs sur la même longueur d'onde, un lieu de confrontation et de synthétisation d'idées et d'expériences sociales et politiques» (autre extrait de La question de l'organisation révolutionnaire anarchiste). Nous ne nous voyons donc pas comme des gens qui « colonisent » les mouvements sociaux mais plutôt comme des militantEs comme les autres, à la recherche de la meilleure stratégie pour que ces mouvements gagnent. C'est dans cet esprit que nous abordons notre travail en tant qu’organisation politique et c'est pourquoi nous disons que nous ne recherchons pas de positions de leadership formel pour nous-mêmes mais plutôt un leadership idéologique, ce qui signifie essentiellement que nous voulons débattre démocratiquement à l'intérieur des mouvements pour faire avancer nos points de vue (lesquels peuvent changer si nous perdons la bataille des idées et si la pratique prouve que nous avons tort).

    À contre-courant

    Être pratiquement à contre-courant de l’ensemble du mouvement anarchiste ne va pas sans mal. Nous avons avant tout recruté dans ce bassin et, sur une période d’à peu près trois ans, du moins aux Etats-Unis, notre membership aura progressé de façon constante. Par contre, cette source de recrutement s'est tarie –on en fait vite le tour– et une organisation qui se tourne désormais vers les mouvements syndicaux, communautaires ou issus de l'immigration n'offre plus tellement d'attraits pour de jeunes militantEs en voie de radicalisation (profil de beaucoup d’anarchistes). Ainsi, malgré une croissance récente au Québec et en Ontario (toujours essentiellement due au milieu anarchiste), notre membership global stagne depuis deux ans.

    À partir du moment où nous avons adopté notre nouvelle «ligne» d'intervention, nous avons tenté beaucoup de choses et accumulé une bonne dose d'expérience. Globalement, nous avons appris à soutenir et quelques fois à initier des luttes sociales sans tomber dans les pièges opportunistes d’une certaine gauche politique. Bien sûr, nous avons commis des erreurs et quelques-unes de nos interventions sont encore «déconnectées» ou trop franchement propagandistes mais, règle générale, nous sommes aujourd'hui les bienvenus là où nous nous impliquons et nos contributions sont appréciées. Mieux encore, certainEs de nos camarades ont appris le b.a.ba du syndicalisme en fondant des syndicats sur leurs lieux de travail et en initiant des luttes «originales et exemplaires» (au sens où elles dépassent les méthodes habituelles du syndicalisme institutionnel).

    Par contre, si nous avons gagné un certain respect, nous n'avons pas encore réussi à intéresser à l’anarchisme les gens que nous rejoignons. Le lien n'est pas toujours clair entre nos orientations combatives, nos analyses et cet anarchisme. Même que nous avons malheureusement tendance à fonctionner en vase clos, sans réussir à impliquer réellement les gens proches de nous. Notre jeunesse et notre manque d'expérience, tant individuelle que collective, expliquent peut-être que nous ayons été un peu repliés sur nous-mêmes. Sauf que ça ne peut pas durer à moins de chercher à tourner en rond.

    Pour progresser, il faudra une seconde mutation volontaire de la NEFAC, semblable à celle entreprise lorsque nous avons convenu de priorités organisationnelles spécifiques. À cette époque, malgré nos dénégations, notre orientation stratégique était essentiellent dirigée vers le mouvement anarchiste. Il s'agissait pour nous de convaincre nos pairs de la nécessité de s'organiser et de créer un pôle communiste libertaire légitime dans notre mouvement, ce que nous avons fait avec un certain succès (comme l'illustre le nombre de nouveaux groupes qui se disent communistes libertaires ou anarcho-communistes en comparaison d’il y a cinq ans). Aujourd'hui, nous nous trouvons dans une étrange position : sans dépendre complètement du reste du mouvement anarchiste, nous n'avons pas non plus assumé pleinement notre nouveau «public cible». Plus bêtement, nous sommes assis entre deux chaises.

    On s’en va où ? Sortir du nid douillet

    Ashanti Alston, un ancien Black Panther, lors d'une conférence organisée conjointement par la NEFAC et le Collectif Reclus-Malatesta à Joliette.

    L'anarchisme nord-américain est d’une ampleur si insignifiante qu'il ne sert pas à grand chose d'y constituer un pôle communiste libertaire. À l'avenir, il faudrait plutôt réfléchir dans l’optique de créer un pôle anarchiste au sein des mouvements sociaux, un véritable front libertaire au cœur des luttes de classes. Ce qui implique de réinventer nos pratiques et nos interventions propagandistes. Actuellement, nous achevons une première phase d'accumulation d'expériences. Sans changer nos priorités d’intervention, il faudrait maintenant passer aussi à une accumulation de forces.

    Un premier pas dans cette direction pourrait être de rejoindre touTEs ces militantEs qui, au fil des ans, ont rompu les liens avec le soi-disant mouvement anarchiste au profit d'une implication plus profonde dans les mouvements sociaux. S’amalgamer avec ces vétérantEs pourrait être une première étape pour amener l'anarchisme social à devenir un pôle légitime de ces mouvements (sans qu’on puisse y voir un quelconque noyautage) et générer de nouvelles adhésions militantes à l'anarchisme. C'est-à-dire que le nombre de militantEs des mouvements sociaux se réclamant de l'anarchisme, et accessoirement de notre organisation, doit augmenter pour en venir à avoir un poids réel sur la société. Pour ce faire, il faut que l'anarchisme –et notre organisation– ait quelque chose à offrir à ces gens. Ce quelque chose pourrait être un cadre d'analyse ainsi que des méthodes d'action et d'organisation. Ce qui signifie pour nous, entre autres, un changement déjà commencé dans notre appareil propagandiste. Par exemple, l’apparition de journaux de la NEFAC essentiellement composés de nouvelles et d'analyses socio-politiques représente un pas dans cette direction.

    Populariser l'anarchisme dans les mouvements sociaux implique aussi de rendre cet anarchisme accessible au commun des mortels, donc de renforcer sa présence politique dans nos villes. Notre courant propre, le communisme libertaire, ne peut pas non plus se permettre de demeurer confidentiel (et nous ne devons pas compter sur le reste du mileu anarchiste pour le présenter adéquatement à la population). Malheureusement, notre implication plus profonde dans les mouvements sociaux s'étant traduite par des changements de priorités, nous avons été moins visibles sur la place publique que par le passé. Il y a un travail de propagande générique qui se fait trop peu. Ce défaut devrait disparaître au fur et à mesure que nous allons prendre de l'expérience et, espérons-le, de l’expansion.

    Après tout, comment voulons-nous que les gens qui se radicalisent deviennent anarchistes si nous ne sommes pas présents politiquement en tant qu’anarchistes? Propager une ligne combative, sans perspectives stratégiques et sans expliquer notre projet de société, n’est pas suffisant (et c’est pourtant ce que fait trop souvent la NEFAC). Tôt ou tard, les gens se posent des questions d'ordre stratégique et politique. Si nous ne sommes pas capables d'offrir un minimum de réponses, ils iront voir ailleurs (chez les communistes autoritaires ou les réformistes dont les programmes ont le mérite d'être clairs).

    Une autre voie de développement que nous explorons depuis peu devrait être approfondie. Pour consolider l'anarchisme dans notre classe, nous allons maintenant là où il n'est pratiquement jamais allé : dans les petites villes de notre région. Cette nouvelle orientation propagandiste permet de faire connaître l’anarchisme là où il est faible ou inexistant. Pourrions-nous en faire plus de ce côté ?

    À ses débuts, la NEFAC réclamait de ses membres un investissement considérable de temps et d'énergie car nous étions encore moins nombreux et tout était à construire. Maintenant, nous en sommes rendus à une étape où nous pouvons probablement dégager ce qu’il faut pour aider à la création et soutenir de nouveaux collectifs dans différentes régions, notamment en fournissant pas mal de propagande à peu de frais. Sauf que pour y arriver, il faudra faire les premiers pas.

    La relation «normale» entre les anarchistes des grandes villes et ceux et celles des plus petites demeure trop souvent une voie à sens unique : ils et elles viennent dans les grands centres urbains pour les salons du livre, les manifs, les librairies locales, les conférences, les rassemblements, etc. mais, en retour, ne reçoivent pratiquement jamais de visite, même lorsqu’ils organisent des événements. Ce constat doit changer et les relations doivent devenir réciproques.

    Des groupes de la NEFAC du Québec et du centre de l’Atlantique ont déjà commencé à attaquer ce problème : ils essaient de visiter aussi souvent que possible les camarades plus éloignés et organisent des tournées qui s’arrêtent dans les petites villes. Ces groupes espèrent ainsi contribuer à des relations plus égalitaires.

    La NEFAC suscite déjà quelques adhésions en dehors des plus gros centres urbains de notre région. Que ce soit à Québec (ben oui, c'est plutôt petit), Ottawa, Petersborough, York, Worshester ou, plus récemment, Saint-Georges et Sherbrooke, notre fédération commence à s'implanter en dehors des «grandes villes». Mais ces débuts demeurent chambranlants et quand nous n’arrivons pas à effectuer les suivis avec nos contacts et à réaliser des choses avec eux, les groupes tombent et les gens quittent sur la pointe des pieds (deux cas récents à Ottawa et Worshester). Il faudrait donc épauler plus concrètement les camarades. Malheureusement, en dehors des participations communes aux grandes mobilisations et des contributions à nos publications, une grande lacune de la NEFAC reste son incapacité à générer des campagnes d'agitation et d’autres projets communs.

    L'expérience a montré que nos structures régionales, où les camarades sont capables de se rencontrer plus souvent et de bâtir ensemble des campagnes et des projets autour d’enjeux locaux, sont très utiles pour mettre de la vie dans l'organisation et faire grandir la confiance et la solidarité. Les camarades du Québec et du centre de l’Atlantique ont déjà des unions régionales se rencontrant régulièrement et nous espérons qu'à force d’avancer, nous arriverons à mettre sur pied des structures similaires en Ontario et en Nouvelle-Angleterre. Ce serait probablement l’idéal pour permettre aux gens en dehors de nos grandes villes de s'impliquer dans la NEFAC et le mouvement anarchiste.

    Un bilan en date.
    Révélation choc !
    La NEFAC n’est qu'un réseau...

    La NEFAC est ambiguë au niveau organisationnel. Au début, comme nous partions de rien et n’avions pas l’expérience de ce genre d’entreprise, nous avons eu tendance à avoir une approche plutôt mécanique de l’organisation. Notre compréhension de celle-ci était vraiment plus théorique que pratique comme le montre l’adoption d'une constitution modelée sur un document français conçu pour des centaines de membres plutôt que d'en produire une nous-mêmes.

    Il reste que malgré nos prétentions plateformistes et notre belle constitution, nous sommes bien plus un réseau qu'une fédération ou une organisation comme pouvait l'être Love & Rage avec ses sections locales et tout le reste. Cela a pour avantage que nos groupes de bases (i.e. les collectifs) demeurent réellement autonomes et sont –ou en tout cas peuvent être– en contact constant avec tous les autres roupes, sans devoir passer par un filtre central. Là-dessus, la naissance de la NEFAC à l'ère d'Internet plutôt qu'à celle de la poste y est sans doute pour quelque chose. Mais reconnaissons du moins que nous avons réussi le tour de force de créer une organisation à la fois très décentralisée et très unitaire.

    Toutefois, il y a vraiment des incongruités. Par exemple, nous avons été incapables de créer des structures centrales comportant des postes élus et contrôlées par l'ensemble des membres. Et comme il n'existe aucune structure de ce type, toutes les tâches, même les tâches politiques comme l'édition de nos publications, sont données en mandat à des groupes locaux autonomes. La plupart du temps, cette situation n’apporte pas de problèmes importants. Mais il y a tout de même deux types de complications : d'une part, il est à toute fin pratique impossible pour la fédération de déceler un problème avant qu'une crise n'éclate et, d'autre part, les gens qui ont des mandats ont tendance à percevoir les projets dont ils ont la charge comme leurs bébés alors que le reste de l'organisation se sent mis de côté (ce fut plus ou moins le cas pour tous nos projets de propagande : site web, Northeastern Anarchist, Ruptures, Barricada, Strike! et Cause Commune). L'un de nos prochains défis sera d'augmenter la transparence et la participation de touTEs, tout en conservant notre efficacité.

    Il faut aussi reconnaître que la NEFAC va bien seulement lorsque les membres –et les collectifs– vont bien. Périodiquement, nous éprouvons des problèmes de responsabilité collective à tous les niveaux. Comme nous n’avons personne en charge de coordonner l'ensemble de la fédération, il est difficile de voir au bon déroulement des mandats (même si ce point s’améliore). S’ajoute à cela une allergie collective aux questions d'argent. Évidemment, nous avons une trésorerie et nous sommes touTEs senséEs payer des cotisations (un tabou qui a été surmonté) mais le bon fonctionnement de l'organisation, pour cet aspect comme pour beaucoup d’autres, dépend de la bonne volonté et de l'auto-discipline de tout le monde. Si la bonne volonté est presque toujours au rendez-vous, l'auto-discipline manque parfois à l'appel... Nous ne sommes pas les seuls à éprouver ce genre de problème mais, à la
    longue, ça peut devenir ridicule.

    Encore une fois, l'existence même de la NEFAC est un acquis organisationnel. Le mode réseau, même s'il détonne avec ce que peut sous-entendre notre discours, n'est pas nécessairement négatif. En tout cas, force est de constater que ça marche. Avec le temps, nous avons fait évoluer nos pratiques et développé nos outils organisationnels. De toute façon, la NEFAC étant une association volontaire, son fonctionnement dépend avant tout du simple engagement de ses membres. Mais il y tout de même quelques petits trucs que nous pourrions corriger.

    L’un d’eux est d’abord une question d'attitude. Souvent, les gens parlent beaucoup (ou plutôt «tchattent») et adoptent un discours assez dur mais, concrètement, font peu de choses au quotidien. Ainsi, le travail se réalise dans l’urgence, par «à coup», à l'image de la culture activiste. Il serait profitable d'instaurer une routine organisationnelle permettant d'intégrer nos tâches politiques à notre quotidien. Entendons par là de systématiser certaines de ces tâches comme la collecte des cotisations, le paiement des revues et journaux, la distribution de nos publications, l'organisation de réunions et d'événements, l'animation d'un réseau de sympathisantEs, les prises de contact avec d’autres groupes, etc. Bref, si on arrivait à se prendre un peu plus au sérieux, ça ne ferait pas de tort...

    Par ailleurs, au niveau de l'unité théorique et tactique, disons d’abord que les acquis sont nombreux. L'existence de la NEFAC et la vision de l'organisation révolutionnaire qu’elle véhicule en font partie. Notre orientation stratégique sur trois fronts de lutte aussi. Et lorsque nous aurons finalement adopté notre position politique sur le travail, une étape supplémentaire aura été franchie dans ce sens.

    Néanmoins, il faut noter qu’une ambiguïté reste à clarifier : est-ce que les interventions sur les différents fronts de lutte doivent passer par la création de nouvelles organisations de masse radicales qui contamineraient «de l'extérieur» les mouvements sociaux ou bien par l'implication directe au sein d’organisations de masse déjà existantes dans le but de les radicaliser ? Jusqu’ici nos expériences ne permettent pas de conclure sur cette question, ni même d’affirmer qu'une stratégie exclut l'autre. Mais il faut reconnaître qu'il y a une ambiguïté.

    Ceci dit, pour conclure, soulignons que nous n'avons pas peur de l’ambiguïté. Nous sommes des anarchistes et non des marxistes-léninistes; nous n'avons pas de dirigeants, pas de modèles théoriques établis et pas de «ligne juste» vers lesquels nous tourner. De plus, notre organisation est une organisation humaine : chemin faisant, nous apprenons. Plusieurs avancent actuellement sur le même chemin que nous et les questions avec lesquelles nous nous débattons sont les mêmes qui se posent à des anarchistes de partout dans le monde. Qu'il se nomme espefista ou plateformiste, notre courant prend corps un peu partout. La NEFAC n'a pas toutes les réponses, pas plus qu'elle ne dispose de la stratégie parfaite. Mais nous demeurons toujours en développement et en apprentissage.

    Personne ne sait exactement comment une minorité politique peut devenir une force radicalisante dans les luttes ouvrières et populaires tout en développant la démocratie et la redevabilité; comment atteindre des victoires à court terme sans perdre de vue un cadre révolutionnaire; comment construire des organisations et des mouvements réellement internationaux et multilingues; comment élaborer des stratégies pour favoriser l’émergence d’une culture de résistance et d’un pouvoir populaire, etc. Personne ne sait tout ça mais tout le monde a son idée… Qui veut partager son bout ?

    Nicolas Phébus
    Collectif anarchiste La Nuit

    (Publié pour la première fois dans le numéro 5 de Ruptures, mai 2005)

    Sur les traces de l'anarchisme au Québec - 6. Les années '50

    Pour la gauche nord-américaine, les années ’50 sont associées à une longue traversée du désert. Au Québec comme ailleurs, la fièvre anti-communiste et la chasse aux sorcières reprennent de plus belle. Le régime Duplessis exerce toujours sa domination sur la société. Mais dès la fin des années ’40, une partie du mouvement ouvrier se révolte contre les multinationales qui les exploitent. En 1949, les mineurs d’Asbestos et de Black Lake mènent une lutte très dure contre leurs employeurs. Cette grève attire l’attention du groupe français « Socialisme ou Barbarie ». Les membres de « Socialisme ou Barbarie » sont à l’origine assez proches des thèses de la gauche communiste. Ils sont en contact avec un « groupe trotskiste » au Québec, animé probablement par le syndicaliste Jean-Marie Bédard. Toutefois, « Socialisme ou Barbarie » évoluera au cours des années ’50 vers une perspective anti-autoritaire assez proches des thèses communistes libertaires. Tout en soulignant que les revendications des travailleurs de l’amiante ne sont pas « révolutionnaires », l’auteur de l’article ne manque de souligner le fait que ce sont des syndicats catholiques qui sont à l’origine du conflit. Ce processus de radicalisation, qui ne fait que commencer, ira en s’accentuant au fil des ans. Deux membres de « Socialisme ou Barbarie », Roland Eloi et Pierre Lanneret, émigrent au Québec au début des années ’50. À en croire des acteurs de la gauche libertaire montréalaise, Eloi et Lanneret ne semblent pas avoir eu de contacts directs avec les autres individus et groupes anti-autoritaires présents à la même époque. Plus que jamais, l’isolement semble être devenu la règle.Les chemins de l’exil Même si la guerre est terminée depuis plusieurs années, des réfugié-e-s continuent d’affluer d’Europe dans le port d’Halifax. Les hostilités ont déraciné des milliers de personnes qui n’ont nulle part où aller. Une organisation internationale d’aide aux réfugié-e-s créée par les Nations-Unies (l’IRO – « International Refugee Organization ») leur offre le voyage en Amérique où l’on cherche de la main d’oeuvre bon marché. C’est dans ce contexte qu’arrive au Québec un groupe de militant-e-s anarcho-syndicalistes originaires d’Espagne. Membres de la « Confederacion Nacional del Trabajo » (CNT), ces dernier-e-s viennent pour la plupart du sud de la France, où ils/elles ont connu les camps de concentration après la défaite aux mains des fascistes. Tant bien que mal, les anarcho-syndicalistes y ont reconstitué des branches de leur organisation. Ces militant-e-s révolutionnaires feront de même à leur arrivée ici.C’est par train qu’on les amène de Halifax jusqu’à Québec, où les immigrant-e-s sont trié-e-s, puis orienté-e-s vers des employeurs potentiels. Si certains choisissent de s’installer à Québec (tels les trois frères Bastida et leurs parents), la majorité se dirige à Montréal. C’est le cas d’Enrique Castillo et d’Elvire Hernandez. Avec leurs deux enfants, âgés de 16 et 12 ans, ils s’établissent dans la Métropole en 1953 après avoir passé un an à Jonquière où Castillo s’est d’abord trouvé du travail au Canadien National dans l’entretien des wagons. À Montréal, Castillo participe activement à la Fédération locale de la CNT qui regroupe une quarantaine de membres. Comme il a occupé la fonction de secrétaire d’une section de métallos affiliée à la CNT pendant les années ’30 à Barcelone, puis dans un groupe à Montauban (France), ses compagnons lui demandent de prendre le même mandat ici.Les activités de la « Fédération locale » pendant les années ‘50 prendront plusieurs formes. Le premier objectif du groupe est de maintenir vivante la flamme de la révolution libertaire et de garder un lien avec les activités de la CNT en exil basée à Toulouse. Une demi-douzaine de militant-e-s s’occupent de la section locale de « Solidarité internationale antifasciste » (S.I.A.). On retrouve parmi eux Francisco Rebordosa et Alfredo Monros. D’après les souvenirs du fils d’Enrique Castillo et d’Elvire Hernandez, Nardo Castillo, Rebordosa était « le prototype du militant anarchiste, transporté par ses idées ». Pendant de nombreuses années, on pouvait le voir à des événements publics avec sa table de littérature. Selon Castillo, « Rebordosa était resté traumatisé par la guerre civile, tout particulièrement le souvenir de ses camarades mort-e-s au front. Inlassablement, il répétait : il n’y a pas de cause qui valent la mort d’un être humain». Pour sa part, Alfredo Monros est alors considéré comme « l’artiste » du groupe montréalais. Ses dessins servent régulièrement à illustrer les tracts et brochures publiés par les membres de la CNT. Un recueil de ses oeuvres sera d’ailleurs publié par la Fédération locale. On y retrouve la douleur de la mort, la détresse de tout laisser derrière soi, la lutte infatigable contre la barbarie fasciste.Le coeur du travail accompli par les membres de la CNT à Montréal sera de structurer au Québec l’opposition à Franco. C’est ainsi qu’en 1955 est créée la Liga Democratica Espagnola, qui regroupe des militant-e-s de différentes tendances politiques anti-franquistes. L’organisation compte environ 80 membres, dont une majorité d’anarchistes. La « Ligue » publie à partir de 1959 un journal mensuel, « Umbral », qui est édité au domicile d’Enrique Castillo. Ses membres fréquentent assidûment le Centre espagnol sur la rue Peel, un local ouvert par un militant de l’UGT (1), Adolpho Iglesias : « cet homme étonnant, à la bonhommie naturelle, était un démocrate dans l’âme. Il aidait les gens qui sautaient des navires marchands pour fuir leur pays. Ces réfugié-e-s aboutissaient au Centre espagnol, qui servait souvent de point de chute » (2). Plusieurs actions sont organisées au fil des ans contre les manoeuvres du consul espagnol à Montréal afin de réhabiliter le régime. C’est ainsi que les membres de la « Ligue » débarquent à l’Université de Montréal pour y dénoncer une soirée de théâtre organisé par les « factieux ». Comble d’ironie, on y présente une oeuvre de Federico Garcia Lorca, un dramaturge espagnol assassiné par les troupes de Franco en 1936... Les anarchistes produisent un tract rétablissant les faits historiques qu’ils/elles remettent aux spectateurs/spectatrices présent-e-s. L’action se termine par l’intervention de la police.Un choc culturel et politiqueDès leur arrivée au Québec, « les militant-e-s anarchistes sont frappé-e-s par l’omniprésence de l’Église, elle qui avait été l’ennemie numéro 1 en Espagne » (3). Celles et ceux qui ont des enfants doivent les envoyer à l’école catholique, même si ils/elles sont athées. Après avoir connu les affres de la guerre et des camps en France, plusieurs sont soulagé-e-s de voir une certaine régularisation de leur statut. Si les papiers ne posent plus problème, la survie reste toujours une préoccupation centrale. Comme la majorité des immigrant-e-s, les anarchistes espagnol-e-s débarquent avec à peine quelques dizaines de dollars en poche. Certains vont travailler sur la construction, dans l’industrie lourde, dans les manufactures. D’autres vont devenir bûcherons, serveurs ou boulangers. Des métiers difficiles où les militant-e-s anarcho-syndicalistes se frottent pour la première fois au syndicalisme nord-américain. Et c’est le choc! « Ils venaient d’une école où l’on défendait le syndicalisme les armes à la main », précise Nardo Castillo. Ici, à cause de la formule du « closed shop », on leur impose une affiliation syndicale qu’ils/elles n’ont pas choisi. Le mouvement ouvrier pratique alors un syndicalisme « d’accommodement » avec les patrons, à mille lieux de ce que les libertaires ont connu en Europe. Plusieurs lutteront avec acharnement contre le dirigisme de la bureaucratie syndicale.C’est notamment le cas d’Anna Delso. Anna a quinze ans lorsque éclate la révolution en 1936. À Madrid, elle rejoint un regroupement de femmes libertaires, les « Mujeres Libres» qui fait un travail de terrain dans les quartiers populaires tout en menant une lutte contre l’oppression patriarcale : « elles ont dit : la cause des femmes, c’est tout de suite ou jamais. Nous avons pris la place qui nous revenait de droit. Moi, j’avais 16 ans et j’étais secrétaire de la Fédération des femmes libres. Je savais à peine écrire et je rédigeais déjà des articles sur les femmes libres, les femmes libertaires. Je donnais en exemple les grandes révolutionnaires russes, comme Emma Goldman » (4). Après la défaite du camp révolutionnaire, elle quitte l’Espagne pour la France où elle passe près de douze ans dans la clandestinité et la précarité.Arrivée à Montréal en 1951, elle se trouve du boulot dans l’industrie du vêtement où elle travaille pendant 26 ans. Avant d’arriver à Montréal, elle ne connaît rien du Québec : « j’ignorais jusqu’à l’existence d’un pays ou d’une ville de ce nom. Ma famille et moi sommes venues ici parce que nous parlions français (...) nous n’avions rien, la situation des immigrés était difficile. Nous avons donc fait comme les marins, nous sommes partis au gré du vent. (...) Je venais ici pour survivre et gagner ma vie. Je n’y suis venue avec aucun espoir révolutionnaire. Je voulais vivre en attendant que le fascisme espagnol s’effondre » (5). Le syndicalisme qu’elle trouve ici est aux antipodes de celui qu’elle a connu en Espagne. Anna est horrifiée par ce qu’elle découvre. La corruption des dirigeants, les détournements de fonds, le connivence avec les patrons et le régime Duplessis font partie intégrante du système : « j’ai eu des bagarres terribles avec le syndicat dont j’étais membre, l’Union internationale des ouvriers du vêtement pour dames (UIOVD). (...) Je les dérangeais tellement que je me suis retrouvée sur la liste noire » (6).La fin d’une époqueSi Anna Delso poursuit au Québec un engagement social et politique (notamment au sein du mouvement féministe, puis du mouvement anarchiste pendant les années ’70 et ‘80), la plupart des membres de la Fédération locale de la CNT resteront en retrait des débats qui traversent la société québécoise. Les libertaires espagnol-e-s se retrouvent face à un contexte social qui se situe à des années lumières de la révolution qu’ils/elles ont vécu. Qui plus est, la mouvance anarchiste peine à s’y développer.Ce qui reste du groupe automatiste continue néanmoins sur la voie tracée par le Refus global (7). Peu à peu, Paul-Émile Borduas tourne le dos à l’engagement public. C’est le poète et dramaturge Claude Gauvreau qui prend l’initiative de rassembler ceux et celles désirant poursuivre la lutte. Au début des années ’50, plusieurs actions d’éclat sont organisées par ces« rebelles », lesquelles visent directement le conservatisme des institutions artistiques et sa fermeture à l’art vivant. Leur « campagne d’assainissement contre l’arrivisme bourgeois » est particulièrement virulente. Malgré quelques succès, le groupe va s’étioler au cours des années qui suivent. En 1952, une signataire du Refus Global, l’actrice Muriel Guilbault, se suicide. L’année suivante, Borduas et Ferron quittent le Québec. Reste Claude Gauvreau qui, plus que jamais, continue d’écrire et de maintenir avec flamboyance un esprit libertaire hors limite. Autour de lui se greffent bientôt plusieurs jeunes auteur-e-s, comme la poètesse Janou Saint-Denis. D’après elle, l’influence de Gauvreau et de ses ami-e-s sur le projet anarchiste au Québec « s’est concrétisé dans une culture de vie, de politique et de production artistique dont les traces [seront] visibles dans l’ensemble du mouvement de contestation des deux décennies [suivantes] » (8).Les anarchistes espagnol-e-s ont-ils croisé les peintres et poètes issu-e-s de la mouvance automatiste au cours des années ‘50? Si tel fut le cas, ce ne peut être qu’à l’Échouerie. Ce café est alors fréquenté par les membres de la Fédération locale de la CNT de même que par le milieu contre-culturel montréalais, comme du reste quelques autres établissements du centre-ville, dont « la Hutte suisse ». L’anarchiste Alex Primeau est du nombre des habitué-e-s. Il fait partie d’un petit cercle de libertaires francophones qui s’activent tant bien que mal à Montréal. Malgré le l’épais brouillard idéologique qui enveloppe la société canadienne-française, quelques-uns continuent de propager leurs idées. L’un d’eux, Joseph Larivière, est animé d’une passion incroyable pour dénoncer le cléricalisme. Il est en lien avec un groupe new-yorkais qui publie la revue « Freethinker » de même qu’avec Émile Armand, l’éditeur du bulletin anarchiste « l’En Dehors » auquel Larivière s’abonne en 1954. Nardo Castillo, qui a milité à ses côtés, en garde un bon souvenir : « Il s’installait avec une table de revues et de publications qu’il faisait venir de France et les distribuait pour deux fois rien. Tout son salaire y passait : sa cave était pleine de propagande, un vrai capharnaüm! C’était un homme discret, d’une conduite exemplaire, dont la principale satisfaction était de pouvoir semer la merde».Castillo rencontre également Paul Faure, le libraire anarchiste et correspondant d’Émile Armand. Faure lui vend une copie de « l’Encyclopédie anarchiste ». « J’étais alors très jeune, se rappelle Nardo. Je me souviens encore de son regard, qui fixait les choses ou les gens, soit pour les radiographier ou les comprendre intensément. Il faut voir Faure comme un exemple : il a conservé un discours et une attitude en accord avec ses convictions jusqu’à la fin de ses jours ». Même à un âge avancé, Faure continue de diffuser quelques publications anarchistes de langue française. Toutefois, son moral est au plus bas. Dans une lettre adressée Émile Armand, il se confie : « ici, après plus de trente ans de propagande, je reconnais que le résultat n’est point seulement négatif, mais qu’il y a régression dans l’entendement et le raisonnement des gens. Aujourd’hui, c’est le néant, la mort des idées ». On perd sa trace en 1956. La disparition de Paul Faure marque la fin d’une époque pour le milieu libertaire francophone.Un autre groupe arrive à MontréalSi Alex Primeau suit pendant quelques années la trajectoire des automatistes, il tisse également des liens d’amitié avec un groupe d’anarchistes d’origine juive arrivé d’Europe à la même période que les militant-e-s de la CNT. Rescapé-e-s des camps d’extermination nazis, ces militant-e-s sont originaires des pays d’Europe de l’Est. Certain-e-s, comme Eva Schwartz, ont combattu en Russie pour défendre le pouvoir des soviets contre les « rouges » et les « blancs ». D’autres, tel M. Freud, se sont impliqué-e-s dans les mouvements pacifistes radicaux. Malheureusement, nous savons très peu de choses de leurs activités pendant les années ‘50. Ils et elles ne sont pas les seul-e-s militant-e-s anti-autoritaires à débarquer à Montréal. Des centaines d’ex-membres du Bund (un groupe socialiste juif anti-sioniste) se joignent ainsi à l’Arbeiter Ring entre 1949 et 1951 (9). L’afflux de ces réfugié-e-s permet de donner un second souffle à l’organisation ouvrière juive pendant près d’une décennie.En conclusionLes années ’50 marquent un tournant dans l’histoire des idées anarchistes au Québec. La génération de militant-e-s d’avant-guerre tire sa révérence. Celle qui est apparue après 1945 autour du groupe automatiste peine à s’organiser politiquement. Sa remise en cause de la société ne passe pas par une implication au sein du mouvement ouvrier ou populaire. Pendant que certain-e-s accedent à une carrière internationale, d’autres s’enfoncent dans « l’underground ». Les anarchistes espagnol-e-s resteront à l’écart des tribulations de ce milieu. Mais contrairement aux libertaires juifs arrivé-e-s au début du siècle, ils et elles n’auront pas d’impact significatif sur le mouvement ouvrier, sans doute à cause de leur nombre beaucoup plus restreint. Il faudra attendre près de 10 ans avant que ne réapparaisse de nouvelles publications d’inspiration libertaires au Québec, portée par une nouvelle vague déferlante, celle de 1968.Michel Nestor(Québec)(1) Union General de Trabajadores, un syndicat d’inspiration socialiste(2) Entrevue réalisée par l’auteur avec Nardo Castillo(3) Ibid(4) Sroka, Ghila Benesty, « Conversation avec Anna Delso » in La Parole Métèque, numéro 12 (Hiver 1990), p. 6-7. Pour en savoir plus sur cette période de sa vie, consultez l’autobiographie d’Anna Delso « Cent hommes et moi : estampes d’une révolution », publiée aux Éditions de la Pleine Lune(5) Ibid(6) Ibid(7) Au sujet des liens entre le groupe automatiste et l’anarchisme, voir le cinquième numéro de Ruptures (printemps 2005).(8) Anonyme, Le pouvoir de vibrer à l’innatendu (sic) in La Nuit, 26 janvier 1981(9) Rubinstein, M (1957), A Review of the Past 25 years, Arbeiter Ring, Montréal, p. 7. À propos du Bund et de l’Arbeiter Ring à Montréal, voir le deuxième, troisième et quatrième numéro de Ruptures.(Publié pour la première fois dans le numéro 6 de Ruptures, mai 2006