mercredi, février 27, 2013
Répression lors de la manif étudiante à Montréal le 26 février
Voici une vidéo qui montre que ce ne sont que quelques balles de neige qui ont poussé les agents de la "Brigade Urbaine" du SPVM à foncer dans la manif...
Brigade urbaine du SPVM, 26 février 2013 from Moïse Marcoux-Chabot on Vimeo.
S'il n'y avait pas de policiers harcelants dans les manifs, peut-être qu'il n'y aurait pas de balle de neige qui leur serait lancée dessus? Qu'est-ce que vous en pensez?
Un peu comme certains anarchistes disent "pas de propriété... pas de vols!", on peut dire "pas de flics, pas de balles de neige sur les flics!"
La seule présence de la police lors des manifs est une forme d'intimidation à laquelle certaines personnes répondent avec des balles de neige. Est-ce vraiment une attaque armée?
Si une balle de neige est une arme, les batailles de balles de neige entre amiEs sont-elles des fusillades? Non, alors qu'est-ce qui justifiait cette attaque du SPVM?
Faire respecter leur autorité? Ne pas perdre la face devant des "osti de carrés rouges"? Est-ce qu'on doit revendiquer que le service de police soit pus gentil? plus patient? Peut-être aussi que là n'est pas la question.
D'une manière générale, le travail des policiers n'a rien vraiment à avoir avec l'idée d'assurer la sécurité de quiconque, mais plutôt avec celle de protéger la propriété et la prospérité économique du centre-ville. Les règlements municipaux qui permettent de rendre illégale une manifestation qui n'annonce pas son trajet à l'avance et d'arrêter quiconque qui porte un masque, facilitent dans ce sens le travail des policiers.
En effet, dans le cadre d'une "manifestation a priori illégale", la moindre petite infraction, justifie l'intimidation, la traque, la charge, les bombes lacrymogènes, les poursuites et les arrestations. Ainsi en rendant illégales les manifs, les policiers peuvent sous le moindre prétexte chercher, cibler et arrêter... par une force brutale par laquelle ils agissent en toute impunité.
Après avoir mis la main sur n'importe quel individu qui ose la confrontation ("les criminels") on prend bien soin de les soumets ensuite à une mascarade judiciaire qui représente la véritable condamnation sur l'individu en question: billets, amandes, comparutions, accusations, conditions, etc... etc... la judiciarisation bref. Sur ce terrain l'individu est isolé, seul -avec son avocat- face au système judiciaire, seul, sans rapport de force face à la loi car c'est dans la solidarité qu'on est fort, et la loi étant du côté des riches et du maintien de la paix sociale, toute entrave au capitalisme et tout refus de la soumission est criminelle.
La presse en manque de sensations fortes et d'images qui font peur de "gens violents", s'est vite empressée de crier à la "violence" et au "dérapage".
À la vue des images de cette vidéo, on voit que les militants et les militantes de l'ASSÉ restent les seulEs à recevoir le blâme dans des situations de confrontation entre manifestants et force de police, tandis que le rôle de la police dans le dénouement d'une manifestation est toujours central... "Pas de flics, pas d'affrontements avec les flics". Mais s'il n'y avait plus de flic, il n'y aurait plus de capitalisme? oui peut-être, et c'est pour ça qu'elle est toujours là.
La répression, c'est la nécessité économique capitaliste d'assurer la reproduction et l'accumulation de la valeur marchande qui affirme sa violence contre l'insubordination politique et sociale, mais ça, vu que le pouvoir capitaliste en place ne peut pas être remis en question, on peut ne pas en parler et c'est les manifestantEs les méchants et les méchantes.
Brigade urbaine du SPVM, 26 février 2013 from Moïse Marcoux-Chabot on Vimeo.
S'il n'y avait pas de policiers harcelants dans les manifs, peut-être qu'il n'y aurait pas de balle de neige qui leur serait lancée dessus? Qu'est-ce que vous en pensez?
Un peu comme certains anarchistes disent "pas de propriété... pas de vols!", on peut dire "pas de flics, pas de balles de neige sur les flics!"
La seule présence de la police lors des manifs est une forme d'intimidation à laquelle certaines personnes répondent avec des balles de neige. Est-ce vraiment une attaque armée?
Si une balle de neige est une arme, les batailles de balles de neige entre amiEs sont-elles des fusillades? Non, alors qu'est-ce qui justifiait cette attaque du SPVM?
Faire respecter leur autorité? Ne pas perdre la face devant des "osti de carrés rouges"? Est-ce qu'on doit revendiquer que le service de police soit pus gentil? plus patient? Peut-être aussi que là n'est pas la question.
D'une manière générale, le travail des policiers n'a rien vraiment à avoir avec l'idée d'assurer la sécurité de quiconque, mais plutôt avec celle de protéger la propriété et la prospérité économique du centre-ville. Les règlements municipaux qui permettent de rendre illégale une manifestation qui n'annonce pas son trajet à l'avance et d'arrêter quiconque qui porte un masque, facilitent dans ce sens le travail des policiers.
En effet, dans le cadre d'une "manifestation a priori illégale", la moindre petite infraction, justifie l'intimidation, la traque, la charge, les bombes lacrymogènes, les poursuites et les arrestations. Ainsi en rendant illégales les manifs, les policiers peuvent sous le moindre prétexte chercher, cibler et arrêter... par une force brutale par laquelle ils agissent en toute impunité.
Après avoir mis la main sur n'importe quel individu qui ose la confrontation ("les criminels") on prend bien soin de les soumets ensuite à une mascarade judiciaire qui représente la véritable condamnation sur l'individu en question: billets, amandes, comparutions, accusations, conditions, etc... etc... la judiciarisation bref. Sur ce terrain l'individu est isolé, seul -avec son avocat- face au système judiciaire, seul, sans rapport de force face à la loi car c'est dans la solidarité qu'on est fort, et la loi étant du côté des riches et du maintien de la paix sociale, toute entrave au capitalisme et tout refus de la soumission est criminelle.
La presse en manque de sensations fortes et d'images qui font peur de "gens violents", s'est vite empressée de crier à la "violence" et au "dérapage".
À la vue des images de cette vidéo, on voit que les militants et les militantes de l'ASSÉ restent les seulEs à recevoir le blâme dans des situations de confrontation entre manifestants et force de police, tandis que le rôle de la police dans le dénouement d'une manifestation est toujours central... "Pas de flics, pas d'affrontements avec les flics". Mais s'il n'y avait plus de flic, il n'y aurait plus de capitalisme? oui peut-être, et c'est pour ça qu'elle est toujours là.
La répression, c'est la nécessité économique capitaliste d'assurer la reproduction et l'accumulation de la valeur marchande qui affirme sa violence contre l'insubordination politique et sociale, mais ça, vu que le pouvoir capitaliste en place ne peut pas être remis en question, on peut ne pas en parler et c'est les manifestantEs les méchants et les méchantes.
jeudi, février 21, 2013
Lancement du livre "Nous sommes ingouvernables - Les anarchistes au Québec aujourd'hui" de LUX éditeur le 13 mars aux Katacombes
La page Facebook de Lux Éditeur nous informe que le lancement du livre aura lieu le mercredi 13 mars à la coopérative Katacombes à 18h00. Pour annoncer votre participation, vous pouvez le faire sur la page Facebook de l'événement.
Dans tous les cas, on espère vous y voir en grand nombre.
Nous sommes ingouvernables
Les anarchistes au Québec aujourd’hui
Auteur: Collectif
Textes réunis et présentés par Rémi Bellemare-Caron, Émilie Breton, Marc-André Cyr, Francis Dupuis-Déri et Anna Kruzynski
ISBN : 978-2-89596-157-4
358 pages
Parution en Amérique du Nord: 7 mars 2013
29.95 $ (22,00 €)
« Peut-être ne le savez-vous pas, mais les anarchistes sont très
actifs au Québec », soutenait un chroniqueur du Journal de Montréal, au
cours de la grande grève étudiante de 2012. Au-delà d’un phénomène
spectaculaire associé au chaos, quelle est la véritable nature des
activités de la nébuleuse anarchiste ? Et surtout, qui de mieux que des
anarchistes pour l’expliquer ? Nous sommes ingouvernables
constitue une réponse à plusieurs voix par des anarchistes qui militent
dans divers réseaux. Cette mosaïque forme un portrait ouvert de ce qui
fait le cœur et le corps du mouvement anarchiste aujourd’hui au Québec.358 pages
Parution en Amérique du Nord: 7 mars 2013
29.95 $ (22,00 €)
Nous sommes ingouvernables discute de mouvements ou d’organisations qui se revendiquent de l’anarchisme, mais aussi de plusieurs autres qui, sans nécessairement s’en réclamer, fonctionnent et agissent selon ses principes. L’ouvrage montre les anarchistes à l’œuvre dans différents milieux : étudiant, communautaire, écologiste, féministe, queer, antiraciste, etc. Il témoigne de leur solidarité avec les Autochtones ou avec le peuple palestinien, de leur engagement dans leurs quartiers. L’anarchisme au Québec se révèle être une véritable fourmilière, diversifiée, complexe, dynamique, une source d’inspiration pour quiconque souhaite démanteler notre société inégalitaire.
Cet ouvrage propose des textes de Sarita Ahooja, Émilie Breton, Rémi Bellemare-Caron, Anar Commaneci, Marc-André Cyr, Nicolas Delisle-L’Heureux, Francis Dupuis-Déri, Shirene Eslami, Miguel Gosselin Dionne, Mathieu Houle-Courcelles, Anna Kruzynski, Jacinthe Leblanc, Robyn Maynard, Bruno Massé, Marie-Christine Pelland, Nicolas Phébus, Maude Prud’homme, Rachel Sarrasin, Marie-Ève Sauvé, Marco Silvestro, Mario Tardif et Benoît Tremblay.
mardi, février 19, 2013
Documentaire en anglais sur la catastrophe sociale en Grèce
Un reportage d'une intense émotion sur la situation grecque - version parlée et sous-titrée en anglais.
Dr Dimitris Dalakoglou explains the social meltdown which took place in Greece between May 2010 & June 2012 that is on going. This film contains videos and photos shot on the streets, often containing violence and paints a portrait of widespread economic hardship endured by a cities inhabitants. This film is part of an ongoing research project, which looks at the rapid structural changes which Greece is undergoing.
This work in progress can be viewed here: crisis-scape.net
Produced & Directed by Ross Domoney
Interview: Dimitris Dalakogl
Filmed, Photographed and Edited by Ross Domoney
Dr Dimitris Dalakoglou explains the social meltdown which took place in Greece between May 2010 & June 2012 that is on going. This film contains videos and photos shot on the streets, often containing violence and paints a portrait of widespread economic hardship endured by a cities inhabitants. This film is part of an ongoing research project, which looks at the rapid structural changes which Greece is undergoing.
This work in progress can be viewed here: crisis-scape.net
Produced & Directed by Ross Domoney
Interview: Dimitris Dalakogl
Filmed, Photographed and Edited by Ross Domoney
samedi, février 16, 2013
10 à 13000 personnes bloquent une manif Nazi en Allemagne
On estime que quelque 600 extrémistes de
droite se sont réunis à la gare centrale de Dresde et ont été arrêtés
par la police après avoir progressé de quelques centaines de mètres
seulement.
En plus de cette chaîne humaine, le
mouvement « Nazi Frei » a mobilisé plus de 2.500 personnes pour occuper
les rues et les places de la ville.
Par ailleurs, 1.000 personnes environs
s’étaient données rendez-vous à la gare centrale pour bloquer l’arrivée
des néo-nazis: les fascistes ont été accueillis par des jets de boules
de neige et des tirs d’engins pyrotechniques. Un policier a été
transporté à l’hôpital après avoir été pointé à l’oeil par un laser.
Des incidents ont été signalés dans le secteur du stade de club de football Dynamo Dresde SG en
début de soirée. Quelques heures plus tard, la police a indiqué que
deux de ses agents ont été sauvagement attaqués par des individus
cagoulés et souffrent de graves blessures à la têtes. Les deux policiers
ont été emmenés à l’hôpital.
De nombreuses interpellations ont eu lieu durant la journée, sans avoir de chiffres précis.
Plus de 3.500 policiers venus de toute l’Allemagne ont été appelés en renfort pour cette journée.
Traduit de leur presse allemande (Frankfurter Allgemeine, Deutsche Welle, 13/02/2013, handelsblatt.com 14/02/2013)
Dresde: “Les néo-nazis dehors !”
La cathédrale de Dresde témoin de deux
manifestations. D’un côté une chaîne humaine de 10.000 personnes,
certains brandissant des croix gammées barrées, un signal contre
l’extrême-droite et la xénophobie. Les néo-nazis qui récupèrent cette
commémoration – la destruction de la ville, bombardée par les alliés-
pour parler de victimes allemandes. “Je pense qu’il est très important
de me solidariser avec ma ville et de montrer qu’il n’y a pas de place
pour les extrémistes” explique un manifestant. “Je suis ici en mémoire
des victimes de la guerre et pour donner un exemple contre le racisme”
ajoute cette manifestante.
Aux cris de “nazis dehors”, les
manifestants pacifistes ont fait face aux néo-nazis, bien moins nombreux
que les années précédentes, environ 600 personnes. Et c’est sous les
sifflets que les deux courants de pensée se sont toisés, séparés par un
cordon de policiers.
Leur presse – Euronews.fr, 14/02/2013 à 11h55
mercredi, février 13, 2013
Cahier de réflexion et mode d'animation du Forum sur la Démocratie Directe
Le
Cahier de réflexions - qui rassemble des textes reçus pour le Forum sur
la démocratie directe - est prêt! Vous pouvez le télécharger via le
lien suivant : https://dl.dropbox.com/u/ 16951792/ Cahier%20de%20réflexion.pdf
Une quarantaine d'exemplaires papiers seront également disponibles sur place :).
Bonne lecture!
***
Mode d’animation par forum ouvert
Le Forum public sur la démocratie directe sera animé en privilégiant une méthode proche de celle du forum ouvert. Cette méthode d’animation se distingue de celle que l’on retrouve dans la plupart des associations syndicales, communautaires et étudiantes. Elle cherche en quelque sorte à dépasser les limites de ces formes de délibérations collectives plus traditionnelles, notamment :
- écart d’intervention et de compréhension entre personnes qui maîtrisent le code délibératif (souvent le Code Morin) et les personnes qui le maîtrisent peu ou pas ;
- présence de « structures guerrières » de délibérations où la dynamique dominante est de faire valoir son point coûte que coûte, de gagner le débat ;
- toutes les personnes doivent délibérer collectivement ensemble au même moment, ce qui entraîne souvent de longues assemblées sur des questions pouvant être discutées en sous-comités ou sous-assemblées.
Ce processus exclut également d’emblée les personnes ne pouvant se libérer pour de longues périodes de temps ;
La méthode d’animation par forum ouvert laisse ainsi le soin aux personnes présentes – plutôt qu’à un exécutif ou une instance centrale – de déterminer l’ordre des sujets abordés, et les possibilités de fragmenter ces sujets en sous-sujets. Une assemblée de 100 personnes peut ainsi par exemple se fragmenter momentanément afin de discuter simultanément de trois sous-enjeux : un groupe de 40 personnes traitera du sujet A ; un autre groupe de 40 du sujet B ; un dernier groupe de 20 personnes du sujet C. Ces sous-groupes reviendront en grand groupe au besoin. Des supports visuels interactifs – de grandes bandes de tissus collants – permettront aussi à chaque personne d’inscrire leurs questionnements ou les éléments qui les interpellent davantage.
Afin de favoriser la pluralité des interventions, les tours de paroles (1er tour, 2ième tour, 3ième tour) seront retenus ainsi que l’alternance femmes/hommes.
lundi, février 11, 2013
Non, l’homosexualité n’est pas imposée aux Arabes par l’Occident
via communismeouvrier.wordpress.com
Article de Abdellah Taïa, écrivain marocain né à Rabat en 1973, publié par Rue 89 le 8 février 2013 :
Le paternalisme et l’ignorance ne sont pas venus cette fois de là où je les attendais.
Selon l’article de Street Press repris sur Rue89, les Indigènes de la République affirment que l’homosexualité, identité occidentale, n’est pas adaptée au monde arabe et africain. Et, par analogie, qu’elle n’est pas vraiment la bienvenue dans ce qu’on appelle, en France, « les quartiers populaires ».
Si on suit cette logique jusqu’au bout, le mariage pour tous n’est donc pas la priorité des priorités. Il ne serait même qu’une nouvelle offensive de « l’impérialisme gay » et du « monde blanc », qui veut imposer à la terre entière « l’universalisation de l’homosexualité ».
Moi, écrivain marocain homo, je suis choqué
Sans entrer dans l’analyse politique (assez facile à faire) de ces thèses, et de ce qui motive ces personnes à tenir de tels propos, je voudrais dire que moi, Abdellah Taïa, écrivain marocain homosexuel de 39 ans, vivant en France depuis 13 ans, je suis choqué et écœuré par ces paroles, ces dénégations. Par cette ignorance.
J’ai l’impression d’entendre des vieux Marocains attachés à un passé glorieux qui n’a jamais existé, à une identité fantasmée. Des membres de ma famille qui, une fois qu’ils m’ont bien insulté, me sortent l’argument majeur :
« L’homosexualité, ce n’est pas nous, ce n’est pas notre culture. Nous, nous sommes des musulmans. Des purs. Les autres ne connaissent pas Dieu. Ce sont des mécréants. »
Mais voilà : ce discours, qui mélange tout, le religieux comme le traditionnel, le racisme comme l’idéologie d’un autre temps, est complètement dépassé dans le monde arabe.
Des voix se battent pour nous faire exister
Au Maroc, au Liban, en Egypte et ailleurs, on a vu ces dernières années émerger des voix qui se battent pour faire exister les homosexuels arabes, les faire sortir de la honte où on les enferme, les protéger des lois injustes et des regards qui tuent.
Et ce ne sont pas seulement les associations arabes homosexuelles qui font ce travail. Les organisations des droits de l’Homme, notamment au Maroc, demandent la même chose : la reconnaissance des homosexuels comme individus, comme citoyens, et non comme des criminels.
Appeler à la liberté individuelle et sexuelle pour tous, hétérosexuels comme homosexuels. Installer enfin un espace où l’individu arabe peut se libérer du groupe, jouir pleinement de tous ses droits sans qu’on vienne lui rabâcher des discours traditionnels qui relèvent plus d’une identité rêvée que de la réalité.
Bien sûr, les gouvernements dans les pays arabes ne font absolument rien pour écouter, aider ces associations. Le changement des mentalités sur des sujets aussi importants est imposé souvent par des individus qui se sacrifient, qui sont maltraités et qui, pourtant, ne renoncent pas. La presse marocaine, ces dix dernières années, a joué un rôle formidable, courageux, pour accompagner ce mouvement, lui donner une crédibilité.
Participer à cette mission : libérer les homosexuels et, du même coup, tous les autres. J’ai pu, moi personnellement, parler de mon homosexualité au Maroc, donner des interviews et des conférences sur ce sujet. Tous mes livres, publiés aux Editions du Seuil, sont disponibles là-bas, certains traduits en arabe.
Cinq mensuels gays en arabe
Depuis le début du Printemps arabe, ce mouvement a même pris une ampleur inédite. On a vu sur Internet l’apparition d’autres associations gays. Les homosexuels arabes ont pris part à cette révolution qui, malgré les victoires électorales des partis islamistes, est en train de changer en profondeur la société et la pensée arabes.
Mieux : il existe maintenant au moins cinq mensuels gays en arabe : « Aswat » au Maroc, « Ihna » en Egypte, « My Kaly » en Jordanie et « Mawaleh » en Syrie. Ils sont tous disponibles sur Internet, librement. Ils sont tous dirigés par des jeunes arabes qui travaillent sérieusement à cette mission, changer le regard social et historique sur les homosexuels.
Des jeunes qui ont compris que la liberté ne viendra ni des sociétés conservatrices ni des pouvoirs qui, au même titre que les islamistes, instrumentalisent à longueur de journée l’islam pour asservir encore plus les Arabes.
Les exemples, pour montrer à quel point les Arabes sont en train en ce moment de travailler à la libération des individus (hétérosexuels comme homosexuels) et le dépassement de toutes les idéologies (y compris occidentales), sont très nombreux. Pour certains, tout cela est encore underground, timide, et ne représente rien au sein des sociétés arabes d’aujourd’hui.
Dès 747, des écrivains en ont parlé librement
J’ose, à travers ce papier, affirmer le contraire. J’ose rappeler l’histoire arabe où l’homosexualité n’a pas été toujours condamnée. Certains des plus grands auteurs arabes, Abou Nouass (747-815), Al-Jahiz (781-869), Ibn Arabi (1165-1240), Ibn Hazm (994-1064), en ont parlé librement. Leurs livres sont encore étudiés dans tout le monde arabe.
J’ose redire ceci, qui me paraît la preuve simple de ce que j’avance : il existe, depuis à peu près six ans, un mot arabe et neutre pour désigner l’homosexuel. Ce mot est très simple : « Mithly ». Il est aujourd’hui utilisé partout dans le monde arabe, dans la presse écrite comme à la télévision.
Alors, quand j’entends ce discours sur l’homosexualité venant des Indigènes de la République, je suis tout simplement meurtri. J’ai l’impression de faire une double peine. Surtout, et c’est cela le pire, je me retrouve encore une fois en France face à l’ignorance totale de ce qui se passe dans le monde arabe. Se fonder sur ces visions erronées pour imposer un discours sur « les quartiers populaires », et au passage exprimer une homophobie latente, me paraît à la fois triste et dangereux.
Le mariage pour tous est d’abord l’égalité pour tous. Tous les Français de toutes les origines. Qu’ils habitent à Gennevilliers ou à Saint-Germain-des-Prés. C’est cette évidence historique qu’on devrait retenir. Et non pas fantasmer de nouveau sur un passé depuis trop longtemps révolu et sur des identités qui relèvent tout simplement de la fiction.
Article de Abdellah Taïa, écrivain marocain né à Rabat en 1973, publié par Rue 89 le 8 février 2013 :
Le paternalisme et l’ignorance ne sont pas venus cette fois de là où je les attendais.
Selon l’article de Street Press repris sur Rue89, les Indigènes de la République affirment que l’homosexualité, identité occidentale, n’est pas adaptée au monde arabe et africain. Et, par analogie, qu’elle n’est pas vraiment la bienvenue dans ce qu’on appelle, en France, « les quartiers populaires ».
Si on suit cette logique jusqu’au bout, le mariage pour tous n’est donc pas la priorité des priorités. Il ne serait même qu’une nouvelle offensive de « l’impérialisme gay » et du « monde blanc », qui veut imposer à la terre entière « l’universalisation de l’homosexualité ».
Moi, écrivain marocain homo, je suis choqué
Sans entrer dans l’analyse politique (assez facile à faire) de ces thèses, et de ce qui motive ces personnes à tenir de tels propos, je voudrais dire que moi, Abdellah Taïa, écrivain marocain homosexuel de 39 ans, vivant en France depuis 13 ans, je suis choqué et écœuré par ces paroles, ces dénégations. Par cette ignorance.
J’ai l’impression d’entendre des vieux Marocains attachés à un passé glorieux qui n’a jamais existé, à une identité fantasmée. Des membres de ma famille qui, une fois qu’ils m’ont bien insulté, me sortent l’argument majeur :
« L’homosexualité, ce n’est pas nous, ce n’est pas notre culture. Nous, nous sommes des musulmans. Des purs. Les autres ne connaissent pas Dieu. Ce sont des mécréants. »
Mais voilà : ce discours, qui mélange tout, le religieux comme le traditionnel, le racisme comme l’idéologie d’un autre temps, est complètement dépassé dans le monde arabe.
Des voix se battent pour nous faire exister
Au Maroc, au Liban, en Egypte et ailleurs, on a vu ces dernières années émerger des voix qui se battent pour faire exister les homosexuels arabes, les faire sortir de la honte où on les enferme, les protéger des lois injustes et des regards qui tuent.
Et ce ne sont pas seulement les associations arabes homosexuelles qui font ce travail. Les organisations des droits de l’Homme, notamment au Maroc, demandent la même chose : la reconnaissance des homosexuels comme individus, comme citoyens, et non comme des criminels.
Appeler à la liberté individuelle et sexuelle pour tous, hétérosexuels comme homosexuels. Installer enfin un espace où l’individu arabe peut se libérer du groupe, jouir pleinement de tous ses droits sans qu’on vienne lui rabâcher des discours traditionnels qui relèvent plus d’une identité rêvée que de la réalité.
Bien sûr, les gouvernements dans les pays arabes ne font absolument rien pour écouter, aider ces associations. Le changement des mentalités sur des sujets aussi importants est imposé souvent par des individus qui se sacrifient, qui sont maltraités et qui, pourtant, ne renoncent pas. La presse marocaine, ces dix dernières années, a joué un rôle formidable, courageux, pour accompagner ce mouvement, lui donner une crédibilité.
Participer à cette mission : libérer les homosexuels et, du même coup, tous les autres. J’ai pu, moi personnellement, parler de mon homosexualité au Maroc, donner des interviews et des conférences sur ce sujet. Tous mes livres, publiés aux Editions du Seuil, sont disponibles là-bas, certains traduits en arabe.
Cinq mensuels gays en arabe
Depuis le début du Printemps arabe, ce mouvement a même pris une ampleur inédite. On a vu sur Internet l’apparition d’autres associations gays. Les homosexuels arabes ont pris part à cette révolution qui, malgré les victoires électorales des partis islamistes, est en train de changer en profondeur la société et la pensée arabes.
Mieux : il existe maintenant au moins cinq mensuels gays en arabe : « Aswat » au Maroc, « Ihna » en Egypte, « My Kaly » en Jordanie et « Mawaleh » en Syrie. Ils sont tous disponibles sur Internet, librement. Ils sont tous dirigés par des jeunes arabes qui travaillent sérieusement à cette mission, changer le regard social et historique sur les homosexuels.
Des jeunes qui ont compris que la liberté ne viendra ni des sociétés conservatrices ni des pouvoirs qui, au même titre que les islamistes, instrumentalisent à longueur de journée l’islam pour asservir encore plus les Arabes.
Les exemples, pour montrer à quel point les Arabes sont en train en ce moment de travailler à la libération des individus (hétérosexuels comme homosexuels) et le dépassement de toutes les idéologies (y compris occidentales), sont très nombreux. Pour certains, tout cela est encore underground, timide, et ne représente rien au sein des sociétés arabes d’aujourd’hui.
Dès 747, des écrivains en ont parlé librement
J’ose, à travers ce papier, affirmer le contraire. J’ose rappeler l’histoire arabe où l’homosexualité n’a pas été toujours condamnée. Certains des plus grands auteurs arabes, Abou Nouass (747-815), Al-Jahiz (781-869), Ibn Arabi (1165-1240), Ibn Hazm (994-1064), en ont parlé librement. Leurs livres sont encore étudiés dans tout le monde arabe.
J’ose redire ceci, qui me paraît la preuve simple de ce que j’avance : il existe, depuis à peu près six ans, un mot arabe et neutre pour désigner l’homosexuel. Ce mot est très simple : « Mithly ». Il est aujourd’hui utilisé partout dans le monde arabe, dans la presse écrite comme à la télévision.
Alors, quand j’entends ce discours sur l’homosexualité venant des Indigènes de la République, je suis tout simplement meurtri. J’ai l’impression de faire une double peine. Surtout, et c’est cela le pire, je me retrouve encore une fois en France face à l’ignorance totale de ce qui se passe dans le monde arabe. Se fonder sur ces visions erronées pour imposer un discours sur « les quartiers populaires », et au passage exprimer une homophobie latente, me paraît à la fois triste et dangereux.
Le mariage pour tous est d’abord l’égalité pour tous. Tous les Français de toutes les origines. Qu’ils habitent à Gennevilliers ou à Saint-Germain-des-Prés. C’est cette évidence historique qu’on devrait retenir. Et non pas fantasmer de nouveau sur un passé depuis trop longtemps révolu et sur des identités qui relèvent tout simplement de la fiction.
Grèce: intimidation néonazie contre un dispensaire de Médecins du Monde, par AFP
Tiré du blogue Initiative Grecque à Paris
ATHENES – Une quarantaine d’activistes néonazis ont mené une opération d’intimidation contre un dispensaire athénien de la section grecque de Médecins du Monde, en pointe dans les soins aux migrants, a dénoncé vendredi son président, Nikitas Kanakis.
Selon M. Kanakis, le dispensaire a fermé ses portes durant la stupide démonstration de force du groupe, dont les membres, revêtus de la blouse noire du parti néonazi Aube Dorée, se sont massés jeudi après-midi devant ses locaux à Pérama, banlieue ouest d’Athènes, en hurlant des slogans hostiles et xénophobes.
Le dispensaire a été visé en tant que tel, alors que MDM-Grèce est en pointe ces dernières années dans l’aide sanitaire aux migrants et dans le recensement des agressions xénophobes qui se multiplient dans le pays, généralement imputées à Aube Dorée, a-t-il estimé pour l’AFP.
MDM-Grèce va informer la police de l’incident pour que les autorités assument leurs responsabilités quand à la sécurité de son personnel et de ses installations, a ajouté M. Kanakis.
Des journalistes français ont été témoins de l’incident alors qu’ils tournaient un reportage sur ce dispensaire, devenu emblématique du recul de la prise en charge publique de la santé pour cause de cure d’austérité, .
Ce qui est consolant c’est que les patients, à 90% des Grecs dont des anciens résistants et vieux militants de gauche, étaient prêts à défendre le dispensaire, où finalement les néonazis n’ont pas tenté de pénétrer, s’est félicité M. Kanakis.
Le commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, Nils Muiznieks, a pressé la semaine dernière la Grèce de défendre sa démocratie face à la menace spécifique que constitue Aube Dorée, qui a raflé en juin 7% des voix et 18 députés au parlement dans un contexte de grave crise économique et sociale.
(©AFP / 08 février 2013 09h52)
ATHENES – Une quarantaine d’activistes néonazis ont mené une opération d’intimidation contre un dispensaire athénien de la section grecque de Médecins du Monde, en pointe dans les soins aux migrants, a dénoncé vendredi son président, Nikitas Kanakis.
Selon M. Kanakis, le dispensaire a fermé ses portes durant la stupide démonstration de force du groupe, dont les membres, revêtus de la blouse noire du parti néonazi Aube Dorée, se sont massés jeudi après-midi devant ses locaux à Pérama, banlieue ouest d’Athènes, en hurlant des slogans hostiles et xénophobes.
Le dispensaire a été visé en tant que tel, alors que MDM-Grèce est en pointe ces dernières années dans l’aide sanitaire aux migrants et dans le recensement des agressions xénophobes qui se multiplient dans le pays, généralement imputées à Aube Dorée, a-t-il estimé pour l’AFP.
MDM-Grèce va informer la police de l’incident pour que les autorités assument leurs responsabilités quand à la sécurité de son personnel et de ses installations, a ajouté M. Kanakis.
Des journalistes français ont été témoins de l’incident alors qu’ils tournaient un reportage sur ce dispensaire, devenu emblématique du recul de la prise en charge publique de la santé pour cause de cure d’austérité, .
Ce qui est consolant c’est que les patients, à 90% des Grecs dont des anciens résistants et vieux militants de gauche, étaient prêts à défendre le dispensaire, où finalement les néonazis n’ont pas tenté de pénétrer, s’est félicité M. Kanakis.
Le commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, Nils Muiznieks, a pressé la semaine dernière la Grèce de défendre sa démocratie face à la menace spécifique que constitue Aube Dorée, qui a raflé en juin 7% des voix et 18 députés au parlement dans un contexte de grave crise économique et sociale.
(©AFP / 08 février 2013 09h52)
dimanche, février 10, 2013
Deux livres communiste-libertaires disponibles à L'Insoumise
Comme le dit ce billet du blogue de la librairie anarchiste montréalaise L'Insoumise sur St-Laurent, ces deux titres publiés aux Éditions d'Alternative Libertaire sont maintenant disponibles.
L'autogestion, une idée toujours neuve est en vente à 18$
Projet de société communiste-libertaire est en vente à 19$
Lors du Forum sur la Démocratie Directe, ils seront en rabais à 13$ et 14$ respectivement.
Lire plus de détails sur ces livres sur le blogue de L'Insoumise.
L'autogestion, une idée toujours neuve est en vente à 18$
Projet de société communiste-libertaire est en vente à 19$
Lors du Forum sur la Démocratie Directe, ils seront en rabais à 13$ et 14$ respectivement.
Lire plus de détails sur ces livres sur le blogue de L'Insoumise.
Film "Dérives" sur la brutalité policière, en ligne le 13 février sur 99media.org
Le 13 février, les vidéastes d'Occupons Montréal sortirons en ligne le film complet Dérives, dont voici la bande-annonce, sur leur site 99media.org
samedi, février 09, 2013
Video | Manif contre le Plan Nord à Montréal 8 février 2013
Tiré de printempsquebecois.com
Peu après midi, 200 manifestants bravent le froid polaire et la neige qui tourbillonne en poudrerie pour se masser autour du Palais des Congrès. Le Salon des ressources naturelles qui se tient dans ce vaste édifice n’est pour eux qu’un « Salon du Plan Nord [version] 2.0 », une redite à l’appellation plus bucolique de l’événement organisé en avril 2012 par le gouvernement Libéral de Jean Charest (défait en septembre 2012 par le Parti Québécois de Pauline Marois)*.
Placée sous haute surveillance policière, la manifestation entend dénoncer ce qu’elle appelle le « Plan Mort » : pillage économique du Nord québécois; saccage écologique des ressources boréales (mines à ciel ouvert, coupes à blanc); mépris des droits et revendications autochtones. Lancé sur Facebook, l’appel à manifester condamne « ce développement du nord [qui] nous menace en tant que parties du vivant » et plaide en faveur d’une solidarité « avec toutes les communautés en résistance au modèle de développement qui leur est imposé, au Nord comme au Sud, avec les peuples autochtones qui ont choisi de s’y opposer […]**. »
Dedans, une forte présence policière empêche les manifestants d’entrer dans le Palais des Congrès. L’entrée au Salon des ressources naturelles est gratuite, mais une preuve d’identité avec photo est exigée pour accéder aux locaux (une pratique de contrôle extrêmement rare au Québec).
Dehors, les manifestants tournent autour du Palais des Congrès en tapant dans ses hautes parois extérieures multicolores dès qu’ils peuvent s’en approcher. Des groupes anti-émeute les « accompagnent » dans leur parcours circulaire.
À peine les manifestants se sont-ils réunis que leur attroupement a été déclaré illégal sous le motif qu’ils n’ont pas fourni leur trajet d’avance aux forces policières. Néanmoins, la marche serait « tolérée » tant qu’elle resterait pacifique. À 13 h, des voitures de patrouille ont été endommagées; une vitrine a été cassée; quelques graffitis ont fleuri sur des voitures de police… À 13 h 10, les policiers ordonnent la dispersion de la foule. Ils repoussent les manifestants, qui s’éloignent un peu, puis reviennent, se font repousser un peu plus loin, se dispersent, puis reviennent…
Bien qu’une seule arrestation soit signalée (un homme qui tentait de s’immiscer dans le Palais des Congrès sans avoir montré patte blanche), l’ambiance n’est pas à la franche camaraderie entre les manifestants et les policiers – et il n’est certes jamais agréable de glisser sur une plaque de glace pour se retrouver cerné par l’anti-émeute…
—
* On se rappellera que le Premier ministre Jean Charest avait alors soulevé la fureur de la population en ironisant sur le mécontentement étudiant et populaire qui s’exprimait à l’extérieur de ce même Palais des Congrès. Voir la galerie : « Salon du Plan Nord : la police dérape, le PM perd la boussole – 20 avril 2012 », http://printempsquebecois.com/manifestation-contre-salon-plan-nord/
Procès des arrêtéEs du 15 mars 2011: Le droit de manifester devant les tribunaux!
Communiqué du Collectif Opposé à la Brutalité Policière
Procès des arrêtéEs du 15 mars 2011: Le droit de manifester devant les tribunaux!
Procès des arrêtéEs du 15 mars 2011: Le droit de manifester devant les tribunaux!
Ce
lundi 11 février 2013, le procès des personnes arrêtées durant la manifestation
contre la brutalité policière du 15 mars 2011 débutera à la Cour Municipale de
Montréal avec la contestation de la constitutionnalité de l'article 500.1 du
Code de la Sécurité Routière (CSR). On se rappellera que 258 personnes avaient
été appréhendées par la police de Montréal à l'issue de la 15e édition de la
manif pour la Journée Internationale Contre la Brutalité Policière. Là-dessus,
239 manifestantEs ont été arrêtéEs en masse, puis détenues quelques heures dans
des conditions dégradantes avant d'être relâchées avec une contravention
inédite jusque là: 488$ en vertu de l'article 500.1 du CSR, pour avoir
soi-disant participé à « une action concertée destinée à entraver de quelque manière
la circulation des véhicules routiers sur un chemin public »!(1)
Le Collectif Opposé à la Brutalité
Policière (COBP) avait alors dénoncé l'usage de cet article obscur en disant
que cela équivalait à « criminaliser l’acte de manifester et à mettre en péril
la liberté d’expression de la contestation populaire. »(2) Le COBP avait même
prédit que « La prochaine fois, cela pourrait très bien être à l’égard d’un autre
groupe exprimant un message qui déplait aux autorités » que cet article serait
utilisé.(3) En effet, durant les manifestations du célèbre « printemps érable
», ce sont près de 500 autres personnes qui ont reçu une contravention en vertu
de l'article 500.1 du CSR.(4)
L'utilisation par les autorités de
cet article devrait choquer parce que: cet article a été adopté en 2000 pour
empêcher les blocages de routes et non pour interdire toute manif « non
autorisée »; il n'avait jamais été appliqué depuis son adoption... jusqu'au 15
mars 2011; il est utilisé massivement pour réprimer des personnes qui ne font
que manifester paisiblement.
La cause des personnes arrêtéEs le
15 mars 2011 est importante car si la cour juge que l'article 500.1 du CSR
s'applique à des manifestantEs qui ne font que marcher dans la rue, ça signifie
la fin de ce qui reste du droit de manifester au Québec. Cette cause est aussi
importante car elle risque de faire jurisprudence, dans un sens ou dans
l'autre, et donc d'avoir une influence directe sur les procès des centaines
d'autres manifestantEs arrêtéEs en 2012 à Montréal, Québec, Gatineau et
Sherbrooke.
Les avocats de la défense vont
plaider que l'article 500.1 du CSR devrait être déclaré « inopérant » dans les
cas de manifestations, car il a été conçu pour empêcher les blocages de routes
et non pas toute manifestation qui, logiquement, « entrave » d'une certaine
manière la circulation routière. La Ligue des Droits et Libertés a aussi
annoncé qu'elle allait intervenir dans cette cause pour plaider que « cet
article a pour effet d’interdire le moyen d’expression que constituent les
manifestations spontanées ou non autorisées et de dissuader les citoyens d’y
participer. »(5)
Depuis plus d'une dizaine d'années,
les policiers de Montréal procèdent à des arrestations massives lors de cette
manifestation annuelle visant à dénoncer leur brutalité et leurs abus. La très
grande majorité des personnes accusées abusivement et injustement suite à ces
arrestations ont été acquittées après des procès longs et fastidieux. Les
policiers de Montréal utilisent donc cet article, jamais utilisé contre des
personnes participant à des manifestations ni au Québec, ni au Canada, pour
réprimer et faire taire ceux et celles qui dénoncent la violence policière. Et
les pouvoirs politiques provinciaux et municipaux laissent le Service de Police
de la Ville de Montréal agir impunément, peu importe les sommes effarantes de
deniers publics engagés tant pour les services policiers que pour les tribunaux.
Deux semaines consécutives
d'audiences sont prévues du 11 au 22 février pour entendre les arguments des
parties sur la contestation de la constitutionnalité de l'article 500.1 du CSR.
Le COBP invite toute personne concernée par la liberté d'expression et le droit
de manifester d'assister aux audiences et d'en suivre le déroulement. Si la
fameuse « loi spéciale » du gouvernement Charest a été abolie en septembre
dernier, l'article 500.1 du CSR reste, avec le règlement municipal P-6 à
Montréal et son équivalent à Québec, encore une des armes juridiques les plus
dangereuses pour notre droit de prendre la rue pour dénoncer les injustices
sociales.
L'ARTICLE 500.1, ON S'EN CÂLISSE PAS!
Collectif Opposé à la
Brutalité Policière (COBP) – cobp@riseup.net
– www.cobp.resist.ca
1) « De la route à la
rue: histoire politique d’un instrument de répression policière », Moïse
Marcoux-Chabot, 22 août 2012,
2) « Offensive policière : le
COBP dénonce le sabotage de la manifestation », COBP, 16 mars 2011, http://cobp.resist.ca/offensive-polici-re-le-cobp-d-nonce-le-sabotage-de-la-manifestation
3) « Levée de fonds pour les
arrêté(e)s du 15 mars 2011 », COBP, 26 octobre 2011, http://cobp.resist.ca/lev-e-de-fonds-pour-les-arr-t-es-du-15-mars-2011
4) « Compilation des arrestations
pour l'article 500.1 du Code de la Sécurité Routière du Québec », COBP, avril
2012, http://cobp.resist.ca/documentation/compilation-des-arrestations-pour-larticle-5001-du-code-de-la-s-curit-routi-re-du-qu-b
jeudi, février 07, 2013
Vague sécuritaire à l'UQAM, la résistance s'organise
Depuis quelques temps, l'administration de l'UQAM adopte une approche sécuritaire face à l'intense activité estudiantine militante dans l'établissement universitaire du centre-ville de Montréal.
Que quelques personnes ont pris l'initiative de créer cette vidéo en réponse aux caméras, agents de sécurité, etc...
Une présentation du blogue vaguesecuritaireuqam.wordpress.com
http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=wIAK3W36Nbw
Que quelques personnes ont pris l'initiative de créer cette vidéo en réponse aux caméras, agents de sécurité, etc...
Une présentation du blogue vaguesecuritaireuqam.wordpress.com
lundi, février 04, 2013
dimanche, février 03, 2013
Qu'est-ce qu'une révolution communiste et libertaire?
Les lignes qui suivent paraîtront sans doute naïves à certain(e)s.
C’est le risque encouru en traitant simplement, et en peu de mots, de sujets complexes qui ont fait l’objet d’innombrables publications, depuis deux siècles au moins.
Il s’agit d’apporter les premiers éléments de réponse
(de réflexion, de débat) à des questions que se posent - sans presque
jamais oser les formuler - beaucoup de ceux et de celles qui découvrent
les manifestations de rue et les drapeaux libertaires.
Peut-être des militantes et militants plus confirmé(e)s
pourront-ils également faire leur profit de ce dialogue imaginaire, qui
n’a d’autre ambition que d’en susciter d’autres, de vive voix.
(Ce texte a été écrit en 2002 par Claude Guillon, un anarchiste français, et est tiré directement de son site web.)
Qu’est-ce qu’une « révolution » ?
Nous appelons révolution un changement radical - c’est-à-dire qui s’attaque aux racines - du système économique, social et politique en place.
Dans une société capitaliste comme celle où nous vivons, une révolution s’attaquera au salariat, système dans lequel l’activité humaine est pour l’essentiel contrainte et limitée au travail (production de marchandises), travail exploité pour le profit des patrons et/ou des actionnaires.
La révolution abolira, avec le travail salarié, l’argent, qui sert de support à l’abstraction de la valeur (d’une marchandise, d’une heure de travail, d’un être humain...).
La révolution se heurte aussitôt à ce que l’on peut désigner comme les « grandes » institutions, l’État par exemple, sa police, et éventuellement son armée. Elle bouleverse aussi les institutions de la vie quotidienne que sont la famille et le couple, où les rapports d’autorité s’organisent selon l’âge et le sexe (autorité des adultes sur les mineur[e]s, des hommes sur les femmes). Ce bouleversement est à la fois un objectif important des révolutionnaires, et l’effet matériel d’une période de rupture avec les habitudes de la vie courante (grève générale, déplacements difficiles, occupations...).
Si certaines choses sont aujourd’hui plus faciles à changer qu’il y a un siècle (par exemple : dissocier plaisir érotique et procréation, grâce à la contraception), d’autres comportements ont peu varié (les femmes effectuent toujours 70% des tâches ménagères). La réflexion et les luttes sur ces questions sont partie intégrante d’un combat révolutionnaire qui ne s’arrêtera pas par miracle un grand soir ou un beau matin.
La perspective d’une révolution n’est-elle pas utopique ?
Autrement dit : une révolution est-elle possible ?
Ce qui est impossible pour nous, et ça nous en sommes sûrs, c’est de supporter le monde tel qu’il est !
Nous avons tout à gagner à un bouleversement radical du monde, et rien à y perdre, parce que tout ce qui fait pour nous le plaisir de notre brève existence - les rencontres, les discussions, l’amour, les émotions partagées - tout cela est aujourd’hui contraint, limité, atrophié.
Il n’existera pas de société parfaite une fois pour toute où vivre heureux sans conflits. C’est dans l’effort même, dans le mouvement même de transformation révolutionnaire des rapports sociaux, que la vie se révèle mille fois plus passionnante.
Comme l’écrivait l’anarchiste russe Bakounine : « Je ne suis vraiment libre que lorsque tous les êtres humains qui m’entourent, hommes et femmes, sont également libres. La liberté d’autrui, loin d’être une limite ou la négation de ma liberté, en est au contraire la condition nécessaire et la confirmation. Je ne deviens libre vraiment que par la liberté d’autres, de sorte que plus nombreux sont les hommes libres [ajoutons : et les femmes libres, et les enfants libres] qui m’entourent et plus profonde et plus large est leur liberté, et plus étendue, plus profonde et plus large devient ma liberté. [...] Ma liberté personnelle ainsi confirmée par la liberté de tout le monde s’étend à l’infini. »
Il faudra bien continuer à manger, à s’éclairer à vider les poubelles, que sais-je ?
Passés les premiers jours de paralysie, inévitable et nécessaire (pour affirmer la force du mouvement, contrecarrer d’éventuels mouvements de l’armée ou de la police), il faut remettre en marche certains secteurs d’activités : transports, ravitaillement, distribution d’eau, de gaz, d’électricité. Tous ces biens seront distribués gratuitement.
Un grand nombre d’autres secteurs seront définitivement abandonnes, soit immédiatement, soit progressivement.
Immédiatement : les usines produisant des marchandises inutiles (une majorité de la production actuelle) ou nuisibles. Progressivement : un secteur comme le nucléaire, qui exige, même après l’arrêt de la production, une surveillance et des activités complexes de démantèlement.
On remarque que l’abolition du salariat, le partage par roulement des tâches indispensables au fonctionnement de la société (ramassage des ordures, par ex.), et la suppression de l’argent (distribution communautaire des biens de première nécessité ; pour le reste imagination et troc sur le modèle des actuels SEL) règle très simplement la fausse question du chômage.
Notons encore qu’en matière d’alimentation, seuls les aliments dits « biologiques », aujourd’hui réservés à une clientèle aisée, seront distribués collectivement. Ce choix de bon sens écartera le risque de catastrophe de type « vache folle » ou OGM.
Bien des questions pratiques seront discutées et réglées le moment venu par les gens concernés, et d’une manière impossible ou difficile à prévoir Il est donc vain de dresser par avance un catalogue de mesures. Cependant, il faut comprendre qu’une révolution ne signifie pas la prise en main par une population du monde tel qu’il est. Il faudrait, sinon, « autogérer » les usines d’armement, l’administration fiscale, et les camps de rétention pour sans-papiers... On se demande pourquoi on dépenserait tant d’énergie pour en arriver là ?
Avançons l’hypothèse, à titre d’exemple, et pour illustrer malgré tout notre raisonnement, qu’en matière de transport, un moyen aussi coûteux, aussi dangereux, et aussi nuisible à l’environnement (kérosène, bruit) que l’avion serait progressivement abandonné. On peut penser qu’à rebours de la préoccupation « moderne », la durée des voyages sera considérablement allongée. Parce qu’on ne se souciera plus de « faire l’Asie en dix jours », et que l’on préférera découvrir des gens et des paysages, sans patron pour vous dicter la date du retour.
La révolution n’est-elle pas synonyme de violence ?
Il n’est pas difficile, en observant autour de soi, dans sa famille ou dans la rue, en regardant la télévision ou en lisant le journal, de voir que le monde tel qu’il est aujourd’hui, le capitalisme en voie de mondialisation, héritage des sociétés coloniales du siècle dernier, que le monde actuel est synonyme de la pire violence.
À titre d’exemple : la violence domestique masculine fait aujourd’hui, dans un pays comme l’Espagne, six fois plus de victimes (90 femmes assassinées par mari ou amant en 2001) que le terrorisme des séparatistes basques de l’ETA.
Le degré de violence nécessaire pour renverser l’ordre établi ne dépend pas que de la bonne volonté des révolutionnaires, mais dans une large mesure de la réaction des maîtres du monde. L’acharnement des industriels, des technocrates, des politiciens, et des électeurs de Le Pen à réagir à un mouvement révolutionnaire ; la violence dont ils seraient disposés à user pour le réduire, tout cela conditionne de manière imprévisible le degré de violence inévitable d’une révolution.
Dans une société techniquement développée où peuvent être mises en œuvre de nombreuses techniques de sabotage (informatique notamment), qui ne nécessitent pas ou très peu de violence physique, les meilleures chances sont réunies de paralyser le système en faisant moins de victimes humaines que les accidents de la route un week-end de Pâques.
Par la suite, la société en révolution - par les priorités qu’elle adopte en matière de santé (pas de médicaments toxiques ; pas de contingentement des matériels hospitaliers), de prévention (Sida), de réduction des travaux pénibles et dangereux -, réduit le nombre des « victimes sociales » qui paient aujourd’hui de leur vie le fonctionnement d’un système fondé sur le profit.
N’est-il pas plus facile et plus réaliste de changer la société par des réformes ?
Le réformisme se présente comme une solution raisonnable et « réaliste ».
Le problème, c’est que, seul, il ne réforme jamais rien.
La fonction historique et politique du réformisme n’est pas d’aboutir aux mêmes résultats qu’une révolution, par des moyens plus lents ou plus « doux ». La fonction du réformisme est de désamorcer les révoltes et de convaincre les victimes du système capitaliste qu’on peut très bien aménager leur sort à l’intérieur du système, sans en changer les règles, et sans priver les réformistes de leurs jobs.
Même s’il s’agit d’obtenir des réformes, la stratégie révolutionnaire est la plus efficace. En effet, un pouvoir ne peut répondre que de deux façons - éventuellement combinées - à une menace révolutionnaire : par la force armée ou par les concessions réformistes.
Si un mouvement social limite de lui-même, dans le souci d’être présentable à la télé, raisonnable et réaliste, ses prétentions et ses buts, il n’échappera pas à la violence (on lui envoie les CRS) et risque de ne rien obtenir du tout.
Dans une négociation, le pouvoir essaiera toujours d’accorder moins que ce qui est demandé ; si je demande moins que ce que je veux, je suis assuré de ne pas obtenir ce que je veux.
Le plus simple est d’afficher clairement le projet révolutionnaire, ce qui n’empêche pas de tirer avantage des concessions momentanés de l’État.
Prendre le parti de la révolution ne signifie pas opter pour « tout ou rien », en remettant toujours l’essentiel à plus tard (au grand soir), c’est au contraire profiter de toutes les occasions historiques, de toutes les luttes, pour réaffirmer l’exigence communiste et libertaire : tout se réapproprier dans la liberté, pour tout partager dans l’égalité.
Tout ce qu’il est convenu de nommer les « avancées démocratiques » ont d’ailleurs été accordées sous la pression de la rue et des barricades. Il arrive que les gouvernants modernes y fassent allusion, quand ils espèrent que ce rappel historique dissuadera de nouveaux barricadiers de se dresser contre eux. On dira par exemple que des gens sont morts pour que nous ayons le droit de vote, ce qui devrait nous décourager d’utiliser d’autres moyens d’action. Mais bien sûr, c’est un mensonge. Beaucoup de gens ont effectivement combattu et certains sont morts en combattant, et dès la Révolution française, contre ceux qui voulaient la confisquer, en décréter la fin obligatoire, puis plus tard contre ceux qui voulaient revenir à la monarchie. Mais finalement, c’est bien la république qui a tue le plus d’ouvriers sur les barricades, notamment en 1848 et en 1871, durant la Commune de Paris.
Il existe de nouveaux groupes réformistes. Ils utilisent parfois un vocabulaire ou des méthodes d’action illégales empruntées au mouvement révolutionnaire. Ils réclament le droit au logement, un revenu garanti pour tous, ou une taxe sur les mouvements de capitaux... Ils captent l’indignation généreuse et le besoin d’action de beaucoup de gens qui ne se sentent pas attirés par des groupuscules révolutionnaires souvent fermés et sectaires. Ils n’ont pas d’autre perspective qu’un illusoire « contrôle citoyen » sur le capitalisme.
Or la « démocratie », c’est précisément la mise en scène politique du contrôle citoyen, garant de la moralité d’un « capitalisme à visage humain » ; « l’économie régulée par le droit », comme dit José Bové. Même s’ils peuvent embarrasser momentanément un ministre, un gouvernement ou une administration, ils participent finalement au bon fonctionnement du système, qui s’applique à les neutraliser, les intégrer, les digérer.
Le projet révolutionnaire, c’est-à-dire le projet d’une rupture révolutionnaire avec le monde présent et le projet de la construction d’une autre société, n’est pas un rêve, au sens où il serait impossible à réaliser. Le projet révolutionnaire, c’est la meilleure façon d’être réaliste, c’est-à-dire de s’en tenir à nos révoltes, à nos désirs, à nos rêves, pour refuser le cauchemar hélas trop réel d’un monde dont Marx constatait déjà qu’il est « baigné par les eaux glacés du calcul égoïste ».
Il existe des partis, des ligues d’extrême gauche qui se réclament du communisme et/ou de la révolution. Qu’est-ce qui les sépare des libertaires ?
Des postaliniens [1] du PC aux trotskistes de la LCR (100% à gauche, avec de vrais morceaux de gauche dedans !) il ne manque pas de partisans du « communisme » ou d’une « révolution », à condition qu’ils en soient les chefs et les bénéficiaires !
Les anarchistes, les communistes libertaires sont restés fidèles au principe affiché par la Première Internationale : l’émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes.
Nous n’avons que faire des avant-gardes, des magouilleurs et des bureaucrates ! C’est aux exploités eux-mêmes à prendre leurs affaires en mains, partout et dès maintenant - sur les lieux de l’exploitation salariée, dans les quartiers et dans la rue - sans attendre la bonne période historique décrétée par le comité central.
Les retours sur l’histoire (celle de la révolution russe, par exemple) sont des moyens efficaces de vérifier la réalité des bons sentiments affichés aujourd’hui par les uns et par les autres. Il fallu à peine huit ans aux bolcheviks pour éliminer, par le meurtre et la mise en camps, toute opposition politique : mencheviks, socialistes révolutionnaires et anarchistes. La révolte des marins de Cronstadt et l’insurrection Makhnoviste en Ukraine furent écrasées dans le sang. La Terreur bureaucratique, dont Trotski fut un rouage essentiel (à la tête de la police politique et de l’armée rouge), se retourna contre ses propres partisans. Lui-même fut exécuté, sur ordre de Staline, dans son exil mexicain. Or beaucoup de trotskistes actuels ont autant de mal que les postaliniens à digérer leur passé et à condamner sans ambiguïtés ni baratin les crimes de lénine, de trotski, et de staline.
Aujourd’hui, les trotskistes de la LCR tentent de capter à leur profit la sympathie pour les idées anarchistes qu’ils sentent dans le mouvement social et ses manifestations. Besancenot n’a plus que l’adjectif « libertaire » à la bouche et explique que son drapeau rouge s’est teinté de noir [2] (et de vert, pour draguer les écolos). Mais que dit-il ? Que la LCR veut participer à « un gouvernement qui romprait avec le capitalisme et ouvrirait la voie au socialisme démocratique » (Révolution, p. 150). C’est mot à mot le même mensonge que Mitterrand a utilisé à la fin des années 70 pour reconstituer un parti socialiste capable... de ce que nous avons vu (il est vrai que la taupe trotskiste Jospin parvint à se faire nommer Premier ministre). Bien sûr, tout serait différent avec la LCR ! Est-ce si sûr ? Lisons Besancenot : « Nous ne pensons pas supprimer l’argent du jour au lendemain (p. 180) [...] Notre projet est plus ambitieux : créer massivement des emplois en réduisant le temps de travail [...] (p. 209). « Cependant, la phase de transition [vieille blague bolchevique !] vers une société égalitaire, le processus de production sera encore soumis à la division technique du travail. Il ya aura encore des ouvriers, des employés, des techniciens et des cadres exerçant chacun des fonctions spécifiques ; les revenus seront encore définis selon les compétences et non les besoins (p. 252). »
Et qu’arrivera-t-il aux impatients qui n’auront que foutre de produire pour le nouveau régime sous la direction des mêmes cadres, payés avec le même argent, le tout sous la direction lumineuses des militants LCR ? On leur enverra les « nouveaux emplois » miliciens chargés de leur faire rentrer dans le crâne à coup de crosses le réalisme historique qui décide en réunion de comité central à quel moment les temps sont mûrs !
Comment faire confiance à des gens qui, même après 80 ans de réflexion, justifient d’avance les répressions futures ? Leurs placards sont remplis de cadavres, nous ne l’oublions pas. Quant aux idées libertaires et au noir de nos drapeaux qu’ils prétendent gérer en franchise : BAS LES PATTES !
Tout ce qu’il faudrait changer, inventer !... Ça paraît une tâche surhumaine !
À moins de céder au délire des croyants, selon lequel il existerait un « dieu » créateur qui manipulerait les humains comme des marionnettes et les surveillerait depuis on ne sait quel « au-delà », il faut bien considérer que les êtres humains sont les seuls responsables de leur vie, de ce qu’ils y acceptent ou refusent.
Ça ne veut pas dire que le sans-papier vivant à Paris ou le paysan sans-terre brésilien sont coupables de l’oppression qu’ils subissent, mais que ce sont des hommes de chair et de sang qui les exploitent et les persécutent, et non une fatalité surhumaine, contre laquelle il serait impossible ou vain de se dresser.
Quant aux efforts que nécessite la construction d’un autre futur, ils sont immenses, mais - à l’échelle de l’espèce humaine entière - pas plus impressionnants que ceux que tu as fournis, nourrisson humain de quelques kilos, dépendant en tout des adultes qui t’entouraient, pour devenir un individu pensant, parlant et marchant sur ses pattes de derrière, capable d’utiliser un ordinateur et de chanter un poème de Rimbaud...
Pense à l’extraordinaire gisement de culture, de savoir-faire, et d’énergie que constitue l’humanité, aujourd’hui divisée par les fanatismes religieux, les guerres coloniales ou tribales, l’exploitation et la faim. Ce gisement n’est utilisé qu’à dix pour cent peut-être, et pour le seul bénéfice du capitalisme mondialisé. Il ne sera pas difficile de faire « moins pire » !
Je suis désolé, mais j’y crois pas !
Personne ne te demande de « croire » à la révolution, comme on croit au Diable, aux extraterrestres ou à la réincarnation. Il ne s’agit pas non plus d’une perspective lointaine et motivante, comme une espèce de super-carotte (bio !) à te suspendre devant le nez.
La révolution est le projet collectif de la libre association d’individus libres, qui commencent à changer le monde dès maintenant.
Il n’est que trop facile de trouver dans la lecture d’un journal ou le comportement de ses collègues des raisons de se replier dans le cynisme vulgaire : « Tous des cons ! ». Pour les plus atteints, le comble de la rancœur misanthrope vise telle catégorie particulière : les Noirs, les immigrés, les femmes...
Pour un révolutionnaire, « l’optimisme de la volonté » n’est pas un parti pris moral, il a un contenu dynamique et pratique : plus on éprouve la jouissance, et plus on aime faire l’amour ; plus on rencontre d’individus différents, et plus on est affamé de la diversité du monde ; plus on vérifie dans l’action ses capacités à changer la vie, et plus on se découvre de nouvelles raisons d’agir.
Vade-mecum II, Paris, (première version, mai 2002).
[1] Au PC ou à Attac, le postalinien
(contraction du préfixe post et du qualificatif stalinien), n’a plus la
faucille et pas toujours la carte, mais il assume le rôle historique du
stalinien : nuire à la révolution par tous les moyens.
[2] Révolution, Flammarion, 2003, p. 72.
Libellés :
anarchisme,
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communisme libertaire,
répression,
révolte,
révolutionnaire
samedi, février 02, 2013
Pendant que les fascistes assassinent, l’État grec réprime les contestations sociales
Pendant que les fascistes assassinent, l’État grec réprime les contestations sociales
Publié le par panos sur le blogue de l'initiative grecque à Paris
Écrit par des membres du Réseau de Solidarité et d’Information pour l’Action Antifasciste et Antirépressive en Grèce
Le jeudi 17 janvier deux fascistes, visiblement liés à l’organisation fasciste Aube Dorée, ont assassiné à coups de couteaux Sahtzat Loukman, un immigré pakistanais de 27 ans à Athènes. Ce nouveau crime raciste vient s’ajouter à une longue liste d’attaques et de violences contre les travailleurs immigrés en Grèce (1).
Alors que les fascistes peuvent frapper librement, voire avec le soutien de la police, le gouvernement s’acharne contre plusieurs squats politiques et sociaux dans les quartiers populaires d’Athènes, procédant à leur évacuation par les forces de la police sous prétexte de lutte contre le trafic de drogues ! En réalité, le gouvernement veut faciliter l’action de l’Aube Dorée, freinée dans sa progression dans ses quartiers par la résistance des squats en question (2).
Une vague de répression s’abat sur toute forme de résistance en Grèce sur fond de mobilisations contre l’application des mesures d’austérité, leurs effets dévastateurs et la montée des idées xénophobes et fascistes.
La répression vise aussi les grévistes : le 25/01 le gouvernement grec a réquisitionné le métro d’Athènes pour stopper une grève de huit jours contre des coupes salariales (3). Le 30/11/12, l’intervention de la police à l’université de Thessalonique s’est soldée par l’arrestation de 11 salariés en grève contre le licenciement des agents de nettoyage. Le 10/08/12, la grève de dix mois des travailleurs d’une aciérie a été stoppée par l’intervention des CRS. Le simple fait de protester devient un acte répréhensible : 2 employés municipaux et un enseignant ont été arrêtés le 16 novembre dernier pour avoir participé à une manifestation contre les déclarations du consul de l’Allemagne, qui pointait les « fainéants » fonctionnaires grecs comme source de la crise. La police procède systématiquement à des dizaines d’arrestations « préventives » avant les grandes manifestations. Des manifestants mobilisés contre les idées nauséabondes et l’action criminelle de l’« Aube Dorée » sont arrêtés et torturés dans les locaux de la préfecture de police à Athènes (voir journal « The Guardian ») (4).
Les travailleurs immigrés
subissent une attaque sans précédent : 4.118 d’entre eux ont déjà été
arrêtés dans le cadre de l’opération Xenios Zeus (le dieu grec de
l’hospitalité !) et sont retenus dans des centres de rétention dans des
conditions de vie atroces : à Komotini, dans le nord de la Grèce,
plusieurs centaines d’entre eux, se sont révoltés le 23/11 pour
protester contre les conditions de rétention.
Face à cette attaque les résistances ne manquent pas : les 25 journées de grève générale depuis 2010 ont mobilisé des centaines de milliers des manifestants ; le mouvement des indignés a été pour des milliers des personnes leur premier contact avec la politique ; la grève de la faim des 300 travailleurs immigrés en 2010 a été la première réaction offensive pour le droit à la dignité ; l’explosion de la jeunesse grecque en 2008 après l’assassinant par deux policiers du jeune A. Grigoropoulos a montré à quel point la jeunesse rejette l’état des choses actuel.
C’est exactement ces résistances que la répression actuelle veut criminaliser afin de décourager toute expression de colère et toute contestation dans l’application des mesures d’austérité votées et à venir : un rapport issu de la réunion des ministres des Finances à Bruxelles le 12 novembre dernier, confirme que la Grèce aura un besoin financier supplémentaire de 32,6 milliards pour ramener la dette du pays à 120% du PIB en 2022.
L’attaque contre les travailleurs immigrés ne vise qu’à terroriser la partie la plus faible de la main-d’œuvre et à la désigner responsable de la crise et des maux de la société grecque. C’est la division entre les opprimés que les capitalistes et l’État grec, avec l’appui sur le terrain de l’Aube Dorée, cherchent à semer.
Il est urgent de se rassembler pour lutter contre les crimes et actes racistes en Grèce comme ailleurs et d’exprimer notre solidarité avec tous les immigrés et les camarades grecs persécutés par la police pour vouloir résister à la politique du gouvernement et de la troïka (Commission européenne, BCE et FMI). Nous reprenons donc le mot d’ordre des camarades de Lela Karayanni, l’un des squats évacués :
« FACE A L’ATTAQUE DE L’ÉTAT ET DU CAPITAL…,
OPPOSONS UN FRONT SOCIAL DE TOUTES LES RESISTANCES »
L’entreprise autogérée Viomichaniki Metaleftiki va bientôt commencer à travailler
L’entreprise autogérée Viomichaniki Metaleftiki va bientôt commencer à travailler
mardi 29 janvier 2013, par XYZ sur le site deL'Organisation Communiste Libertaire
En mai 2011 la direction de
Viomichaniki Metaleftiki [Βιομηχανική Μεταλλευτική, Exploitation Minière
Industrielle], une filiale de Philkeram-Johnson, entreprise de
fabrication de tuiles et matériaux de construction située à
Thessalonique, a abandonné l’entreprise sans avoir payé les derniers
mois de salaires des travailleurs. En conséquence de quoi, les ouvriers
présents, au nombre d’une soixantaine, ont cessé de travailler à partir
de septembre 2011.
Depuis cette date, ils se sont réunis et ont décidé de
ne pas baisser les bras. Au printemps 2012, l’idée d’un redémarrage en
autogestion a muri et s’est imposée comme la seule solution viable. Des
contacts ont été pris et, autour, s’est mis en place un soutien à
travers la création en juillet 2012 de l’Initiative Ouverte de
Solidarité sur Thessalonique. L’information et la solidarité se sont
ensuite étendues dans toute la Grèce, souvent à l’initiative de groupes
libertaires/antiautoritaires et des centres sociaux occupés, avec
rencontres-débats, concerts de soutiens, assemblées ouvertes, présence
dans les manifestations...
L’assemblée des travailleurs du 23 janvier 2013 a
décidé, presque à l’unanimité, le redémarrage en autogestion de
l’entreprise par ses ouvriers, sans patrons et autres parasites,
bureaucrates et médiateurs. L’usine - désormais autogérée - rouvrira à
la mi-février 2013.
Communiqué de l’Initiative Ouverte pour la Solidarité et le Soutien à la lutte des travailleurs de Viomijanikí Metaleftikí (Vio.Me), publié sur le site du syndicat des travailleurs de l’entreprise désormais autogérée.
« Nous sommes ceux qui pétrissent et pourtant nous n’avons pas de pain,
nous sommes ceux qui creusent pour le charbon et pourtant nous avons froid.
Nous sommes ceux qui n’ont rien et nous arrivons pour prendre le monde »
Tassos Livaditis (poète grec, 1922-1988)
Au cœur de la crise, les travailleurs de Vio.Me.
visent le cœur de l’exploitation et de la propriété
visent le cœur de l’exploitation et de la propriété
Avec un taux de chômage qui a grimpé à 30% et les
revenus des travailleurs réduits à zéro, les ouvriers de Viomichaniki
Metaleftiki [Exploitation Minière Industrielle], fatigués et malades de
belles paroles, de promesses et d’impôts supplémentaires, sans salaire
et sans travail depuis mai 2011 et avec une usine abandonnée par
l’employeur, par une décision de l’assemblée générale du syndicat
déclarent être déterminés à ne pas tomber comme des proies dans le
chômage de longue durée et, au contraire, à se battre pour prendre
l’usine entre leurs mains et la faire fonctionner eux-mêmes.
Dans leur proposition formelle, datant d’octobre 2012,
ils ont appelé à la création d’une coopérative de travailleurs sous le
contrôle total des travailleurs, en exigeant la reconnaissance juridique
aussi bien de leur projet de coopérative que de tout ceux qui vont
suivre. Dans le même temps, ils ont réclamé qu’on leur fournisse
l’argent nécessaire pour redémarrer l’usine, argent qui leur appartient
puisque ce sont eux qui produisent les richesses de la société.
Le plan qui a été élaboré (par eux) a rencontré
l’indifférence totale de l’Etat et des diverses bureaucraties
syndicales. Par contre, il a été reçu avec enthousiasme dans le monde
des mouvements populaires, qui par la création de l’Initiative Ouverte
de Solidarité à Thessalonique, puis avec la création d’initiatives
similaires dans de nombreuses villes, se sont battus au cours des 6
derniers mois pour diffuser le message de Vio.Me à l’ensemble de la
société.
Maintenant, c’est l’heure de Vio.Me !
Les travailleurs ne peuvent pas attendre plus longtemps
les promesses gratuites de soutien de la part d’un Etat en faillite
(même l’aide d’urgence de 1000 euros promise par le ministère du Travail
n’est jamais arrivée aux travailleurs car elle n’a pas été approuvée
par le ministre des finances Strounaras !).
Il est temps de voir l’usine de Vio.Me – ainsi que toute autre entreprise qui ferme ses portes, se retrouve en faillite ou licencie ses travailleurs – rouverte par ses travailleurs et non par ses patrons, anciens ou nouveaux.
La lutte ne doit pas se limiter à Vio.Me. Pour être victorieuse, elle doit être généralisée et étendue à toutes les usines et entreprises qui ferment leurs portes, car seul un réseau d’entreprises autogérées permettra à Vio.Me de survivre et d’éclairer la voie vers une organisation différente de la production et de l’économie, sans exploitation, sans inégalité et sans hiérarchie.
Quand les usines ferment les unes après les autres,
quand le nombre des chômeurs atteint les 2 millions et que la grande
majorité de la population est condamnée à la pauvreté et à la misère par
le gouvernement de coalition PASOK, ND, DIMAR, comme les gouvernements
précédents, l’exigence de placer les entreprises entre les mains des
travailleurs est la seule réponse raisonnable à la catastrophe que nous
vivons tous les jours, la seule réponse au chômage, et c’est pour cela
que le combat de Vio.Me est notre combat.
Nous appelons tous les travailleurs, les sans-emploi et
tous ceux qui sont frappés par la crise, de se tenir aux côtés des
travailleurs de Vio.Me et de les soutenir dans leur effort pour mettre
en pratique l’idée que les travailleurs peuvent agir sans patron.
Nous appelons à participer à une Caravane de Solidarité et de Lutte à l’échelle nationale qui se terminera par trois journées de lutte à Thessalonique.
Pour participer à la lutte et organiser nos propres combats là chacun se trouve, avec des procédures de démocratie directe, sans bureaucrates.
Pour participer à une grève générale politique pour renverser ceux qui détruisent nos vies !
Afin de placer toutes les entreprises et toute la
production entre les mains des travailleurs et d’organiser l’économie et
la société que nous voulons : une société sans patrons !
L’heure de Viomichaniki Metaleftiki est arrivée. Au travail !
Ouvrons la voie à l’autogestion ouvrière partout.
Ouvrons la voie à une société sans patrons !
Initiative Ouverte pour la Solidarité et le Soutien à la lutte des travailleurs de Viomichaniki Metaleftiki
Le 23 janvier 2013
[Traduction : OCLibertaire]
Evènements :
Dimanche 10 février 10, à 18h00 :
Assemblée des initiatives de solidarité de toute la Grèce, au cinéma Alexandros.
Assemblée des initiatives de solidarité de toute la Grèce, au cinéma Alexandros.
Lundi 11 février :
- Manifestation au départ du centre de Thessalonique (Kamara), à 17 h.
- Concert au stade Ivanofio, à 20 h.
Mardi 12 février : Tous à l’usine !
Rassemblements : Kamara 11 h, IKEA 12:00 h
Rassemblements : Kamara 11 h, IKEA 12:00 h
Source (en grec) : ici
Texte en anglais : ici
Texte en espagnol : ici
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