lundi, septembre 22, 2008
Un ballet électoral en tutu rose
Des promesses, des promesses, encore des promesses, quelques affiches et un fétiche sur les chefs. Voilà en quoi se résume une campagne électorale. En période électorale, on se croirait sur Mars tellement le discours des chefs est différent de la réalité. Entre les milliards que Dion voudrait bien dépenser et le ton mièvre de Harper, quelques partis politiques insignifiants tentent en vain de sortir du lot. Qui veut vraiment changer les choses là-dedans? Pas grand monde.
Évidemment, on peut aussi voter pour des partis politiques marginaux, ridicules en soi, en prétendant que c'est mieux que l'abstention. Erreur! D'abord, il faut se lever le matin pour se rendre au bureau de scrutin, subir l'attente et la morosité propre à un isoloir. Tout cela pour rien. Ensuite, il est évident que plus il y aura de monde aux urnes, plus les médias le mentionneront et plus les partis politiques en feront leur affaire en déclarant qu'ils représentent une majorité claire. Vaut mieux prendre ces quelques heures pour arracher quelques affiches qui pourrissent notre vue.
L'abstention est et demeure la seule voie possible pour les gens qui contestent le système politique actuel. Le système électoral est organisé de telle manière qu'il concentre la vie politique en un seul moment, l'élection. Parfois même, il rend illégal le fait de contester les partis politiques tout en n'étant pas soi-même un parti (tout cela est considéré comme des dépenses électorales!). L'abstention est la façon de dire clairement qu'on refuse non-seulement que tel ou tel parti politique nous gouverne, mais aussi que l'on ne donne pas le droit au gouvernement de décider à notre place. Quiconque se présente aux urnes abdique son pouvoir personnel, son droit collectif de contester globalement le système. Quiconque va voter donne irrémédiablement l'illusion que des urnes peut sortir une solution. Chaque vote pour un parti politique, même celui le plus obscure, ne fait que donner l'impression aux militants de ces partis qu'ils ont raison dans leur démarche. Et chaque militant qu'un parti politique réussit à embrigader ne se retrouve plus dans la rue, dans les luttes autonomes, autrement que pour tenter de les récupérer. Ces gens sont nos ennemis.
Quelques-uns pensent alors voter pour tous les partis en se disant qu'en annulant au moins, leur vote est comptabilisé; grave erreur! C'est sans compter que la loi électorale est justement faite en ce sens qu'il est impossible de départir les votes rejettés de ceux annulés volontairement. C'est une sorte d'infantilisation politique, on nous dit très clairement: "si vous cochez plus d'une case, on considère que vous êtes des incapables, et votre vote ne vaut plus rien. Vous avez raté votre coup." Et, même si les votes annulés étaient pris en compte, qu'est-ce que ça changerait? Il n'y aurait pas plus de siège vide au parlement advenant une majorité de bulletin annulés, cette option ne serait pas une option politique, elle serait un unique chiffre dans une mer de données statistiques.
En fait, ce qui importe le jour du vote, c'est se dire qu'une élection n'est pas tant un choix politique qu'une énorme entreprise de démagogie et de récupération; en plus d'être une tentative de réunir, dans un espèce de rituel semi-religieux, le peuple autour d'un consensus bidon créé de toute pièce (ne dit-on pas vox populi, vox Dei -la voix du peuple est la voix de Dieu?). Ce n'est pas le jour des élections que les choses changent. La gestion quotidienne des affaires publique n'est pas abordée. On vote davantage sur l'image ou sur le style d'un chef que sur tout le reste. Chaque parti dit bien ce que la majorité veut entendre et cache le reste. Chaque chef est libre une fois élu d'appliquer ou non son programme, ses promesses. Ils sont aussi tous libres de refuser ou de réfuter une promesse, sous divers prétextes (la situation économique ne s'y prête pas, je n'ai pas un mandat clair, il nous faut plus de temps, etc...) ou même sans raison.
Que sait-on par ailleurs du reste? De ce qu'on nous cache? De ce qui ne sort jamais, ou au compte-goutte dans des scandales mis en scène par le parti adverse ou parfois même par certains protagonistes au sein du même parti? Nous parle-t-on de toutes les magouilles, les tromperies, les actions sales faites en sous-mains? Jamais.
Il n'est pas d'amis en politique. Chacun veut être chef à la place du chef, contrôler le plus possible l'appareil, occuper le plus de place. Les egos sont plus importants que les idées politiques. Chacun surveille son dos, parce qu'il n'y a pas d'attaque frontale. À combien de reprises avons-nous entendu tel ou tel personnage influent critiquer le chef, certains députés ou candidats, et cela contre l'intérêt du parti? Le jeu de la politique, c'est le jeux des alliances, des coups fourrés, des trahisons et des coups de force. Le bien-être collectif n'est abordé que pour mousser un capital politique. Les clowns de ce cirque n'attendent que nous comme spectateur, pas trop turbulent (s.v.p. ne pas quitter l'estrade), et en plus n'offrent qu'un spectacle médiocre, pire que la pire des parodies. Vaut mieux ne pas voter.
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Par ailleurs, on entend parfois parler du vote stratégique, parce que bien des gens ont peur de se réveiller le matin du 15 octobre avec un gouvernement conservateur majoritaire. Peur légitime s'il en est. Mais est-ce vraiment la solution? Une des meilleures preuve que ce vote stratégique ne change rien, c'est que même minoritaires, les Conservateurs ont réussi à faire des gains au sein d'une population qui était jadis hostile à leurs idées. Les abstentionnistes ne sont pourtant pas responsables de cette situation. Nous avons été en permanence sur le terrain, contre les politiques de ce gouvernement.
La vraie raison, c'est que ce ne sont pas les électeurs qui font un gouvernement, mais bien les médias qui sous les ordres de l'élite bourgeoise, rendent présentables des gens qui sont en fait des enfoirés de première. Un gouvernement qui aurait vraiment des alternative sociales et progressistes ne serait absolument pas possible parce que les grands médias mettent le paquet pour empêcher que ça arrive.
Et même en allant voter pour le parti adverse, on n'aide pas notre cause. Les Libéraux et le Bloc n'ont-ils pas fait durer le gouvernement conservateur en l'appuyant de façon répétitive, de peur de se retrouver en élection? Le NPD n'est-il pas une version légèrement modifiée du parti Libéral? Et qu'en est-il de la contrainte du pouvoir? À moins de vouloir remplacer complètement les fonctionnaires, les sous-ministres et tous les technocrates, comment est-ce possible d'imposer des changements majeurs? Seul un tour de force proche du coup d'État permettrait une telle démarche, certainement pas une victoire par les urnes. Et cette idée est inacceptable. Comment un gouvernement autocratique, même en prétendant gérer par et pour le peuple, peut-il être une option valable? Imposer des changements, dans ces conditions, revient évidemment à réprimer et étendre une hégémonie.
Et pour se convaincre qu'un gouvernement vraiment de gauche, socialiste, est une impossibilité, on n'a qu'à regarder l'Histoire. En occident, les partis socialistes ou de gauche ont été ceux qui ont su le plus facilement imposer les réformes néolibérales. Ces partis gouvernent en fonction de se maintenir au pouvoir; et pour y arriver, il faut respecter les diktats des grandes institutions économiques et de la grande bourgeoisie. De même, on pourrait être tenter de se tourner vers le modèle du socialisme sud-américain. Mais outre que l'imposition d'un tel modèle est pratiquement impensable en occident, château-fort du capitalisme, les résultats sont plutôt décevant. D'un côté, nous avons des pouvoirs qui se maintiennent en place en instaurant une quasi-dictature (Chavez et Morales), et qui malgré les immenses ressources pétrolières vénézuéliennes, n'ont pas enrayé la pauvreté, ni même la misère. D'un autre côté, nous avons les socialistes mous (Lula au Brésil et Bachelet au Chili), qui de peur de voir deux des trois plus grandes économies sud-américaines s'effondrer, se sont alignées sur le consensus néolibéral. Grosso-modo, ils n'ont pas fait mieux que les socialistes français, allemands ou espagnols.
Toute cette entreprise de la participation électorale de figures phares de la gauche dans les pays du Sud n'a que canalisé la contestation en l'envoyant sur une voie de garage. Loin de favoriser la révolution, cela n'a fait que maintenir le peuple dans un état avancé de détresse et de misère. Et le tout pour l'économie qui règne sur la planète a repris son droit rapidement dans ces pays.
À bien y penser, quiconque nous dira de voter "stratégique" ne veut-il pas en arriver là, nous faire taire? Notre victoire ne viendra que de la mobilisation. Seule la lutte changera le monde. Plus que jamais, "voter bien, c'est voter rien".
Évidemment, on peut aussi voter pour des partis politiques marginaux, ridicules en soi, en prétendant que c'est mieux que l'abstention. Erreur! D'abord, il faut se lever le matin pour se rendre au bureau de scrutin, subir l'attente et la morosité propre à un isoloir. Tout cela pour rien. Ensuite, il est évident que plus il y aura de monde aux urnes, plus les médias le mentionneront et plus les partis politiques en feront leur affaire en déclarant qu'ils représentent une majorité claire. Vaut mieux prendre ces quelques heures pour arracher quelques affiches qui pourrissent notre vue.
L'abstention est et demeure la seule voie possible pour les gens qui contestent le système politique actuel. Le système électoral est organisé de telle manière qu'il concentre la vie politique en un seul moment, l'élection. Parfois même, il rend illégal le fait de contester les partis politiques tout en n'étant pas soi-même un parti (tout cela est considéré comme des dépenses électorales!). L'abstention est la façon de dire clairement qu'on refuse non-seulement que tel ou tel parti politique nous gouverne, mais aussi que l'on ne donne pas le droit au gouvernement de décider à notre place. Quiconque se présente aux urnes abdique son pouvoir personnel, son droit collectif de contester globalement le système. Quiconque va voter donne irrémédiablement l'illusion que des urnes peut sortir une solution. Chaque vote pour un parti politique, même celui le plus obscure, ne fait que donner l'impression aux militants de ces partis qu'ils ont raison dans leur démarche. Et chaque militant qu'un parti politique réussit à embrigader ne se retrouve plus dans la rue, dans les luttes autonomes, autrement que pour tenter de les récupérer. Ces gens sont nos ennemis.
Quelques-uns pensent alors voter pour tous les partis en se disant qu'en annulant au moins, leur vote est comptabilisé; grave erreur! C'est sans compter que la loi électorale est justement faite en ce sens qu'il est impossible de départir les votes rejettés de ceux annulés volontairement. C'est une sorte d'infantilisation politique, on nous dit très clairement: "si vous cochez plus d'une case, on considère que vous êtes des incapables, et votre vote ne vaut plus rien. Vous avez raté votre coup." Et, même si les votes annulés étaient pris en compte, qu'est-ce que ça changerait? Il n'y aurait pas plus de siège vide au parlement advenant une majorité de bulletin annulés, cette option ne serait pas une option politique, elle serait un unique chiffre dans une mer de données statistiques.
En fait, ce qui importe le jour du vote, c'est se dire qu'une élection n'est pas tant un choix politique qu'une énorme entreprise de démagogie et de récupération; en plus d'être une tentative de réunir, dans un espèce de rituel semi-religieux, le peuple autour d'un consensus bidon créé de toute pièce (ne dit-on pas vox populi, vox Dei -la voix du peuple est la voix de Dieu?). Ce n'est pas le jour des élections que les choses changent. La gestion quotidienne des affaires publique n'est pas abordée. On vote davantage sur l'image ou sur le style d'un chef que sur tout le reste. Chaque parti dit bien ce que la majorité veut entendre et cache le reste. Chaque chef est libre une fois élu d'appliquer ou non son programme, ses promesses. Ils sont aussi tous libres de refuser ou de réfuter une promesse, sous divers prétextes (la situation économique ne s'y prête pas, je n'ai pas un mandat clair, il nous faut plus de temps, etc...) ou même sans raison.
Que sait-on par ailleurs du reste? De ce qu'on nous cache? De ce qui ne sort jamais, ou au compte-goutte dans des scandales mis en scène par le parti adverse ou parfois même par certains protagonistes au sein du même parti? Nous parle-t-on de toutes les magouilles, les tromperies, les actions sales faites en sous-mains? Jamais.
Il n'est pas d'amis en politique. Chacun veut être chef à la place du chef, contrôler le plus possible l'appareil, occuper le plus de place. Les egos sont plus importants que les idées politiques. Chacun surveille son dos, parce qu'il n'y a pas d'attaque frontale. À combien de reprises avons-nous entendu tel ou tel personnage influent critiquer le chef, certains députés ou candidats, et cela contre l'intérêt du parti? Le jeu de la politique, c'est le jeux des alliances, des coups fourrés, des trahisons et des coups de force. Le bien-être collectif n'est abordé que pour mousser un capital politique. Les clowns de ce cirque n'attendent que nous comme spectateur, pas trop turbulent (s.v.p. ne pas quitter l'estrade), et en plus n'offrent qu'un spectacle médiocre, pire que la pire des parodies. Vaut mieux ne pas voter.
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Par ailleurs, on entend parfois parler du vote stratégique, parce que bien des gens ont peur de se réveiller le matin du 15 octobre avec un gouvernement conservateur majoritaire. Peur légitime s'il en est. Mais est-ce vraiment la solution? Une des meilleures preuve que ce vote stratégique ne change rien, c'est que même minoritaires, les Conservateurs ont réussi à faire des gains au sein d'une population qui était jadis hostile à leurs idées. Les abstentionnistes ne sont pourtant pas responsables de cette situation. Nous avons été en permanence sur le terrain, contre les politiques de ce gouvernement.
La vraie raison, c'est que ce ne sont pas les électeurs qui font un gouvernement, mais bien les médias qui sous les ordres de l'élite bourgeoise, rendent présentables des gens qui sont en fait des enfoirés de première. Un gouvernement qui aurait vraiment des alternative sociales et progressistes ne serait absolument pas possible parce que les grands médias mettent le paquet pour empêcher que ça arrive.
Et même en allant voter pour le parti adverse, on n'aide pas notre cause. Les Libéraux et le Bloc n'ont-ils pas fait durer le gouvernement conservateur en l'appuyant de façon répétitive, de peur de se retrouver en élection? Le NPD n'est-il pas une version légèrement modifiée du parti Libéral? Et qu'en est-il de la contrainte du pouvoir? À moins de vouloir remplacer complètement les fonctionnaires, les sous-ministres et tous les technocrates, comment est-ce possible d'imposer des changements majeurs? Seul un tour de force proche du coup d'État permettrait une telle démarche, certainement pas une victoire par les urnes. Et cette idée est inacceptable. Comment un gouvernement autocratique, même en prétendant gérer par et pour le peuple, peut-il être une option valable? Imposer des changements, dans ces conditions, revient évidemment à réprimer et étendre une hégémonie.
Et pour se convaincre qu'un gouvernement vraiment de gauche, socialiste, est une impossibilité, on n'a qu'à regarder l'Histoire. En occident, les partis socialistes ou de gauche ont été ceux qui ont su le plus facilement imposer les réformes néolibérales. Ces partis gouvernent en fonction de se maintenir au pouvoir; et pour y arriver, il faut respecter les diktats des grandes institutions économiques et de la grande bourgeoisie. De même, on pourrait être tenter de se tourner vers le modèle du socialisme sud-américain. Mais outre que l'imposition d'un tel modèle est pratiquement impensable en occident, château-fort du capitalisme, les résultats sont plutôt décevant. D'un côté, nous avons des pouvoirs qui se maintiennent en place en instaurant une quasi-dictature (Chavez et Morales), et qui malgré les immenses ressources pétrolières vénézuéliennes, n'ont pas enrayé la pauvreté, ni même la misère. D'un autre côté, nous avons les socialistes mous (Lula au Brésil et Bachelet au Chili), qui de peur de voir deux des trois plus grandes économies sud-américaines s'effondrer, se sont alignées sur le consensus néolibéral. Grosso-modo, ils n'ont pas fait mieux que les socialistes français, allemands ou espagnols.
Toute cette entreprise de la participation électorale de figures phares de la gauche dans les pays du Sud n'a que canalisé la contestation en l'envoyant sur une voie de garage. Loin de favoriser la révolution, cela n'a fait que maintenir le peuple dans un état avancé de détresse et de misère. Et le tout pour l'économie qui règne sur la planète a repris son droit rapidement dans ces pays.
À bien y penser, quiconque nous dira de voter "stratégique" ne veut-il pas en arriver là, nous faire taire? Notre victoire ne viendra que de la mobilisation. Seule la lutte changera le monde. Plus que jamais, "voter bien, c'est voter rien".
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