lundi, août 20, 2012

Haïkus anarchistes pour la campagne électorale




Les élections une-fois-tous-les-quatre-ans, c'est une saison politique plate pour ben du monde, entre autres les anarchistes...

Pour répondre au harcèlement des romantiques du vote, il y a plein d'initiatives qui sont prises, certaines assez articulées.

Mais quand on se fatigue d'argumenter, on peut toujours se rabattre sur ces bons vieux poèmes satiriques que sont les haïkus :).

En voici quelques-uns :


au creux de ma matin
pousse un poil
un bulletin de vote


nouvelle saison électorale
l'odeur du bois mort
à brûler


mon ami-e ira voter
je boirai mon lait -
au chocolat


nouvelle saison électorale
les pancartes tombent plus vite
que les feuilles mortes


tombe le gouvernement
comme un fruit mûr -
le tronc scié








5 commentaires:

Anne Archet a dit…

5-7-5 OR DIE !

Faire un haïku (5)
C'est pas trop difficile (7)
Si on sait compter. (5)

Ceci étant dit, je vous en improvise kekzuns:

L'urne et le scrutin
Font bander uniquement
Les urnophiles

Mais qui gagnera
La joute électorale?
Le gouvernement.

Les chefs débattent
L'électeur désabusé
Change de poste.

Choisir son maître
N'empêche pas l'esclave
De goûter au fouet.

Élisez Amir
Au pouvoir il deviendra
Identique à Jean.

Ou pour rephraser l'un des vôtres:

«Comme les feuilles
Les promesses tomberont
L'automne arrivé.»

Anne Archet a dit…

Continuons dans la japoniaiserie. Mes haïkus comme les vôtes sont plutôt des senryū, c'est-à-dire des petits poèmes cyniques portant sur les faiblesses humaines (et non la nature, comme c'est le cas pour les haïkus).

Philou a dit…

Sur tous les poteaux
S'étend la mauvaise herbe
Saison du néant

Cuillère athée a dit…

@Anne : Vous me tendez une perche que je prends avec plaisir pour faire un peu de poêteu-bashing!

Bon je concède d'abord que les vers sont très inégaux.

Mais le but de la démarche était surtout de prêcher par l'exemple une idée : celle que la poésie, c'est une démarche qui peut être accessible à tout le monde, et pour dire n'importe quoi (ou presque).

Donc exit le 5-7-5 et tout le rafiafia sur la perception de ce que devraient être les haïku. Pour reprendre les mots d'un certain Philippe Costa :

''Outre que ces absurdités font du haïku un poème somme toute incompréhensible à nous autres Occidentaux, puisqu'il recèlerait un sens caché, elles inhibent tout élan créateur : si vous continuez à penser que le haïku est pétri ET de bouddhisme zen ET de ''philosophie japonaise'' ET de ''culture de la nature'', il y a de grandes chances que vous n'en écriviez pas, parce que vous n'oserez pas''.

Autrement dit, ce qui est chiant avec la poésie - ou plutôt les poêteus professionnel-l-e-s, c'est qu'ils et elles se réclament ou confortent souvent l'idée que la poésie est accessible à un petit lot de ''privilégié-e-s.

Enfin bon tout ça pour souligner que le haïku - par sa forme concise - constitue un excellent tremplin poétique.

Cela dit, merci pour vos précisions et vos haïku : pourrais-je les conserver pour une éventuelle publication collective (pour le Salon du livre 2013)?

Merci!

@Philou : Puis-je faire de même avec votre haïku?

Anne Archet a dit…

Ils sont dorénavant à vous.

Va pour la poésie faite par tous. Va pour ne pas obscurcir le haïku de mysticisme à 30 cennes. Mais je ne pense pas que Costa ferait la promotion de haïkus non réguliers, car ce ne serait plus des haïkus, tout simplement.

Je suis parfaitement d'accord avec l'idée de violer les règles d'un genre, mais jusqu'à un certain point, sinon le genre devient méconnaissable. Ce n'est pas du snobisme, ni de la soumission à la domination hiérarchique; ce n'est qu'être conséquente avec le choix artistique qu'on a fait. Et lorsqu'on viole les règles d'un genre – ce que tous les artistes font – il faut que ça fasse du sens, il faut que ça apporte quelque chose, il faut que ce soit signifiant. Sinon, aussi bien choisir un autre genre, ce n'est pas comme s'il en manquait.

Mieux: en poésie, il ne faut pas trop niaiser avec les formes fixes. Des générations de poètes ont travaillé pour les mettre au point et elles ont des trucs valables à offrir... comme des contraintes intéressantes qui stimulent la créativité. J'ai beau être anar jusqu'au trognon, je suis quand même la première à admettre que sans contraintes (librement choisies, il va sans dire), la création devient difficile, voire impossible. Le meilleur moyen d'être frappée par le syndrome de la page blanche, c'est de se laisser aller à écrire librement, sans thème, sans cadre ni structure; c'est d'ailleurs l'erreur que font la plupart des débutants, c'est ce qui fait qu'ils se découragent et trouvent qu'écrire est trop difficile.

Bref: je ne dis pas qu'il faut toujours se plier à des formes fixes, mais si on choisit de le faire, il faut le faire assez pour que ça vaille la peine.

Dernier truc. Je trouve dommage que la littérature et en particulier la poésie soit la seule forme artistique où la technique et les règles sont considérées comme du snobisme ou de l'élitisme. Je le répète, les règles de l'art ne servent pas à empêcher l'expression, elles servent à la faciliter. Si j'envoyais promener la théorie musicale, si je n'accordais pas ma guitare et ne savais que gratter un mi mineur, est-ce que vous m'accepteriez dans votre band anarcho-punk?

(Ne me dites pas oui, car je vais pleurer.)