Le Devouar a obtenu un rapport du SPVM signé de la main de Jean-Loup Lapointe, à propos d'un événement semblable à celui qui a mené à la mort de Fredy Villanueva en août 2008. Le récit est plutôt ennuyant, mais, même pour les plus légalistes et aliénéEs, prouve au moins que le flic a menti.
Le policier Jean-Loup Lapointe a déjà été impliqué dans un intervention au cours de laquelle il a dû asperger de poivre de Cayenne six jeunes de 16 à 20 ans parce qu'il craignait d'être désarmé et d'être tué.
Cet épisode étrange est revenu hanter le policier Lapointe, en portant ombrage à sa crédibilité, hier lors de l'enquête du coroner sur la mort de Fredy Villanueva.
En effet, lors de son contre-interrogatoire aux mains d’Alain Arsenault, en février dernier, Lapointe a déclaré sous serment qu’il avait eu peur d’être désarmé et tué une seule fois dans sa carrière. C’était le 9 août 2008, lorsqu’il a abattu le jeune Villanueva à la suite d’une intervention qui a mal tourné, à Montréal-Nord.
Contrairement à ses dires, Lapointe a déjà évoqué la peur d’être désarmé et tué, par le passé, pour justifier une intervention à grands renforts de poivre de Cayenne auprès de quatre jeunes filles de 17 à 20 ans, un adolescent de 16 ans, et un jeune homme de 18 ans.
Un rapport d’événement du SPVM dont Le Devoir a obtenu copie laisse entrevoir la possibilité que le policier ait commis un parjure. Ce document est rédigé et signé de la propre main de Jean-Loup Lapointe.
Le 24 juillet 2006, le policier est intervenu dans un logement de la rue Monselet, à Montréal-Nord, à la suite d'une plainte pour bruit et bagarre. À son arrivée sur les lieux, c'est le calme plat. Seule une fenêtre brisée, à la porte arrière, témoigne d'une possible dispute. Comme il l'explique dans son rapport de police, Lapointe demande la permission d'inspecter les lieux.
L'occupante du logement, une adolescente de 17 ans, lui crie par la tête. "Va-t-en, j'ai le droit de faire ce que je veux, je suis chez nous", lui dit-elle, une phrase rapportée par le policier dans son rapport.
Dans la chambre à coucher
En moins de deux minutes, voilà le policier dans la chambre à coucher, où il trouve un jeune homme de 18 ans, allongé sur le lit.
Lapointe est préoccupé par l’attitude de la jeune femme, qui crie et gesticule de façon agressive. Pour maintenir une distance sécuritaire, il la repousse d'une main qu'il pose sur le haut de sa poitrine.
C'est à ce moment que le jeune homme de 18 ans bondit du lit pour pousser Lapointe à deux mains. Les signes ne trompent pas: il a les «dents serrés», le «visage crispé» lorsqu'il sonne la charge, écrit le policier. Fait à souligner, l’agent Lapointe a utilisé des qualificatifs similaires à l’enquête du coroner pour décrire l’attitude de Dany Villanueva (le frère de Fredy), dont l’arrestation fut la bougie d’allumage de la tragédie du 9 août 2008.
Retour en 2006. Après avoir été poussé, le patrouilleur ne perd pas une seconde. Il décide d'arrêter l'homme pour voies de fait contre sa personne. Le suspect offre de la résistance. «Écume dans la bouche et poingts [sic] serrés», il tente de se libérer.
Deux autres filles
Au même moment, deux autres filles de 17 ans et 20 ans font irruption dans la chambre et elles s’avancent vers Lapointe. Elles refusent d'obtempérer à ses ordres de reculer.
«Elles ont tenté de me rettenir [sic] pour libérer le suspect # 1, en tirant sur mes bras. Ma sécurité était alors gravement compromise. Le suspect #1 se débattait toujours et je n'arrivais pas à le menotter. Je criait [sic] au femme [sic] derrière de reculer et au suspect # 1 d'arrêter de résister, mais aucun d'entre eux m'ont écouté», écrit Lapointe dans son rapport.
Le policier s'en remet donc à son gaz poivre, dans l'espoir de maîtriser rapidement le suspect et se défendre contre les trois femmes. Mais il se trouve tellement près du suspect qu'il reçoit aussi du poivre de Cayenne. Incapable de voir, il se sent «très vulnérable».
Lapointe, les yeux en larmes à cause du poivre de Cayenne, crie aux jeunes filles (elles sont maintenant quatre) de sortir de la chambre. «Les quatre suspectes ont résisté et je ne voyais presque plus. Je craignais pour ma vie et de ne faire désarmer. J'ai pousser [sic] les quatre femmes vers l'extérieur de la chambre avec mes mains, une après l'autre», écrit-il.
Des similitudes
Encore une fois, cette version présente des similitudes avec l’affaire Villanueva. Dans son rapport et dans son témoignage, Lapointe a indiqué qu’il avait dû ouvrir le feu sur Dany Villanueva, Jeffrey Sagor-Metellus et Denis Meas parce qu’ils avaient refusé d’obtempérer à ses ordres de reculer en fonçant sur lui. Se disant pris à la gorge et agrippé de toutes parts, il a été envahi par la peur de mourir. Les jeunes allaient le désarmer et le tuer, craignait-il.
Dans l’appartement de la rue Monselet, Lapointe ne dégaine pas son arme. Il utilise son poivre de Cayenne une deuxième fois pour repousser les quatre jeunes femmes et l’adolescent de 16 ans, avant de leur fermer la porte au nez. Au même moment, son partenaire, l’agent Philippe Coulombe, parvient à maîtriser le suspect récalcitrant. Lapointe, encore incommodé par les effets du gaz poivre, doit mettre son poids contre la porte pour empêcher le groupe d’entrer à nouveau.
Barricadés dans la chambre avec leur suspect sous contrôle, Lapointe et Coulombe appellent des renforts pour se sortir d'embarras. Dix collègues viennent leur prêter main forte. Affaire réglée. L’ado de 16 ans et les quatre filles sont accusés d’entraves au travail des policiers par voie de sommation. Des accusations de voies de fait et entrave au travail des policiers sont aussi portées contre le jeune de 18 ans. Sa cause est toujours pendante en Cour municipale.
1 commentaire:
Le gaz est au poivre de Cayenne qui est très piquant. Mais le jour où le gaz sera au poivre de Kampot, j'en veut bien pour poivrer mon filet de boeuf! hi hi hi
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