lundi, octobre 20, 2008

Causerie libertaire et débat.



« L’odeur exquise du pot au feu », « Gants de boxe », « Une salle à moitié vide », « Ricane & Quolibet » vous invitent à UNE CAUSERIE LIBERTAIRE en présence de Mathieu Houle-Courcelles auteur de SUR LES TRACES DE L’ANARCHISME AU QUÉBEC (1860-1960), Lux, 2008

Où : Au DIRA 2033, St Laurent (Montréal)
Quand : Le 24 octobre – 19h30

Présentation du livre par l’auteur puis causerie

Pourquoi une causerie, pourquoi ce livre ?

La causerie ?
Elle a longtemps été pratiquée par les anarchistes individualistes en réponse au formalisme pédagogique des Universités Populaires dont ils affirmaient qu’elles ne faisaient que renouveler les rôles des détenteurs de connaissances face à l’ignorance, maintenir le rôle du maître face à l’élève. Libertad en fut un ardent propagandiste. Par principe les causeries pratiquent un échange et une communication basées sur la participation ouverte de tous et non sur la maîtrise d’un seul ou de plusieurs sur la parole.
Difficile mais possible !

Le livre ?
Sur les traces de l’anarchisme au Québec remplit un vide criant. Il met en perspective historique le renouveau actuel du mouvement libertaire puisqu’il propose nombre de références historiques, plusieurs rappels des luttes sociales en lien avec les flux migratoires des militants européens, et jette un regard nouveau sur les répressions des organisations ouvrières, syndicales et politiques d’un point de vue anarchiste. Cette approche manquait cruellement dans l’histoire du Québec où la plupart des luttes sociales passées paraissent ignorées ou traitées dans une perspective souverainiste ou indépendantiste, y compris dans quelques milieux se réclamant de l’anarchie. Mathieu Houle-Courcelles se livre à un véritable travail de pédagogie et d’histoire qui s’adresse à ceux qui veulent connaître l’anarchie comme idéologie prolétarienne du siècle dernier et au 19e, à ceux qui luttent et défendent toujours ses idéaux et son utopie et enfin à ceux qui s’inspirent des combats révolutionnaires menés sous sa bannière de l’Espagne de 36 aux divers groupes et comités autonomes de 1968 à 2008 et à leur influence sur les luttes sociales québécoises.

Dans la débâcle des mémoires militantes, ce livre est un rappel nécessaire et une compréhension accrue des tendances libertaires et des tensions vers l’émancipation manifestées ici, dans les luttes d’un Québec qui semblait jusqu’alors ne nous léguer comme héritage que la légitimation d’une mémoire nationaliste.

Le livre de Houle-Courcelles démystifie cet héritage trop net, il révèle de constantes préoccupations prolétariennes mêmes souterraines et un courant de libres penseurs têtus bien que durement malmenés et combattus, contraints par les circonstances de la répression à l’éparpillement, à des succès partiels, à une semi-clandestinité ou à l’exil. Les luttes de classe et la révolte ont emprunté ici aussi les chemins de l’anti-autoritarisme ; la lutte contre les pouvoirs a côtoyé les tentations de la démocratie directe et l’athéisme fut revendiqué de manière significative bien avant la quasi-disparition de l’église dans les années 60.

Sur les traces de l’anarchisme au Québec retrace ce difficile trajet vers l’émancipation. Il montre d’autres parcours individuels ou collectifs, des révoltés aux libres penseurs, en qui, nous indique Houle-Courcelles, on peut reconnaître les traces ou la présence effective d’idées anarchistes suivies d’actes et de propagandes non loin d’une pratique et d’une théorie libertaires ; Houle-Courcelles rend à beaucoup d’entre ces militants et individus affranchis, libres penseurs et/ou révoltés, une présence et une parole concrètes, ce qui dans le contexte actuel de banalisation de l’individualité, est déjà un apport considérable. Il rappelle les bases et les vérités longtemps confisquées par les spécialistes d’une histoire sociale nationale exemplaire et trace le territoire de leurs luttes, indique leurs revendications, leurs succès et leurs échecs au fur et à mesure de la constitution d’une classe ouvrière et de l’installation des émigrés d’Europe quelle que soit leur culture d’origine.

Bien entendu cet ouvrage pose quelques questions qui justifient pleinement une discussion du et dans le milieu, dont par exemple l’arbitraire de certaines traces rassemblées et assimilées à l’anarchisme, l’absence dommageable, justifiée ou non, de toute mention de critique libertaire du nationalisme québécois, une approche « plateformisme » des courants libertaires mentionnés, etc. Les sujets de discussion ne manquent pas !

Bonne et constructive causerie !

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