Catastroika sous titres francais par infowar
Catastroïka, c'est un mot russe qui est apparu après une vague de privatisations désastreuses socialement et économiquement qui eu lieu en 1993 en Russie alors que des économistes néo-libéraux s'affairaient à liquider les actifs de l'ancien état soviétique. Tout le film tourne autour de cette idée d'invasion sournoise économique et politique d'un pays par des institutions économiques supra-nationales qui s'acharnent à privatiser les services publics et autres actifs publics et ce au profit d'entreprises capitalistes locales ou multinationales. Le modèle économique néo-libérale bref.
Après avoir présenté la naissance du néo-libéralisme et l'ampleur du pouvoir qu'ont les institutions qui mettent en place les mesures d'austérité en Grèce, le documentaire présente les différentes expériences réelles qui démontrent les échecs du modèle économique néo-libéral au niveau particulièrement des infrastructures publics comme les trains, l'eau et l'électricité. Par exemple, il est question de la privatisation des trains en Angleterre (qui eu lieu après Thatcher car elle-même reconnaissait qu'il s'agissait d'une mauvaise idée), de l'eau municipale à Paris et en Italie ainsi que de l'électricité en Californie avec Enron. Bien qu'il reste toujours intéressant de se rappeler ces exemples afin d'argumenter contre les mesures de privatisation néo-libérales, ce qui donne un intérêt pour le film c'est qu'après chaque démonstration, les échecs économiques sont mis en parallèle avec ce qu'il se passe actuellement en Grèce.
Bien que le documentaire est très bien fait en terme d'animation, de recherche et de pédagogie (malgré des coquilles flagrantes dans les sous-titres en français), le discours reste d'une manière générale assez keynésien. Ce qui est plutôt décevant.
Avec des interventions de professeurs universitaires en économie, des journalistes de gauche comme Naomi Klein, des philosophes comme Slavoj Zizek ou Cornelius Castoriadis et autres personnalités comme Ken Loach, le film représente un outils pédagogique utile pour "dénoncer les excès et absurdités du néo-libéralisme" visant un publique large, mais il n'est malheureusement pas question ici d'expliquer les problèmes intrinsèques au capitalisme, au syndicalisme capitaliste et de la démocratie bourgeoise. Encore moins de soulever les enjeux stratégiques, politiques et tactiques de l'organisation de la lutte sociale dans le but d'en finir avec l'exploitation. Avouons-le, le contraire aurait été surprenant. On peut naturellement argumenter qu'il ne s'agissait justement pas de l'objectif du film. L'impression d'avoir à faire face à un discours keynésien s'explique peut-être autrement que simplement par une affirmation idéologique consciente des réalisateurs.
La grande majorité des intellectuels de gauche dans le monde sont plutôt keynésiens. Espérons que cela pourra changer pour le mieux dans le futur. Dans ce sens, d'un point de vue communiste-libertaire, il n'est pas question de tomber dans un genre de radicalisme de façade c'est-à-dire d'un extrémisme réformiste qui ira tout casser pour le retour de l'état-providence comme s'il s'agissait d'un "moindre mal", sans s'attaquer aux problèmes qui constituent la base de l'économie capitaliste. Il s'agit plutôt d'approfondir l'étude de la pensée politique marxienne/marxiste, libertaire, écologiste, syndicaliste révolutionnaire, autogestionnaire, etc... afin de le formuler en un tout qui représente une alternative révolutionnaire possible et accessible. Avouons-le, on a encore du chemin à faire à ce niveau avant qu'on puisse être à même de faire un documentaire ayant la même ampleur que Catastroïka.
On doit donner le mérite aux réalisateurs du film d'avoir fait profité à l'ensemble de la population leur film en le rendant disponible gratuitement en ligne. En soit c'est déjà pas si mal, ça montre qu'il est possible de fonctionner en dehors des cercles des maisons de production capitalistes (même de gauche).
Il faut avouer aussi que ce documentaire donne un goût de déjà-vu pour les militants qui étaient actifs à l'époque des contres-sommets (1999-2001) car il s'agissait alors du discours largement dominant, style alter-mondialiste. Pour ceux et celles que ça intéresse, il existe d'autres documentaires dans le genre alter-mondialiste qui mettent l'emphase sur un discours plus révolutionnaire et militant. En voici un par exemple:
The Fourth World War - Version originale anglais sous-titrée français
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