samedi, février 02, 2013

Pendant que les fascistes assassinent, l’État grec réprime les contestations sociales



Pendant que les fascistes assassinent, l’État grec réprime les contestations sociales


Écrit par des membres du Réseau de Solidarité et d’Information pour l’Action Antifasciste et Antirépressive en Grèce
villa mon amour

Le jeudi 17 janvier deux fascistes, visiblement liés à l’organisation fasciste Aube Dorée, ont assassiné à coups de couteaux Sahtzat Loukman, un immigré pakistanais de 27 ans à Athènes. Ce nouveau crime raciste vient s’ajouter à une longue liste d’attaques et de violences contre les travailleurs immigrés en Grèce (1).

Alors que les fascistes peuvent frapper librement, voire avec le soutien de la police, le gouvernement s’acharne contre plusieurs squats politiques et sociaux dans les quartiers populaires d’Athènes, procédant à leur évacuation par les forces de la police sous prétexte de lutte contre le trafic de drogues ! En réalité, le gouvernement veut faciliter l’action de l’Aube Dorée, freinée dans sa progression dans ses quartiers par la résistance des squats en question (2).

Une vague de répression s’abat sur toute forme de résistance en Grèce sur fond de mobilisations contre l’application des mesures d’austérité, leurs effets dévastateurs et la montée des idées xénophobes et fascistes.



La répression vise aussi les grévistes : le 25/01 le gouvernement grec a réquisitionné le métro d’Athènes pour stopper une grève de huit jours contre des coupes salariales (3). Le 30/11/12, l’intervention de la police à l’université de Thessalonique s’est soldée par l’arrestation de 11 salariés en grève contre le licenciement des agents de nettoyage. Le 10/08/12, la grève de dix mois des travailleurs d’une aciérie a été stoppée par l’intervention des CRS. Le simple fait de protester devient un acte répréhensible : 2 employés municipaux et un enseignant ont été arrêtés le 16 novembre dernier pour avoir participé à une manifestation contre les déclarations du consul de l’Allemagne, qui pointait les « fainéants » fonctionnaires grecs comme source de la crise. La police procède systématiquement à des dizaines d’arrestations « préventives » avant les grandes manifestations. Des manifestants mobilisés contre les idées nauséabondes et l’action criminelle de l’« Aube Dorée » sont arrêtés et torturés dans les locaux de la préfecture de police à Athènes (voir journal « The Guardian ») (4).

Les travailleurs immigrés subissent une attaque sans précédent : 4.118 d’entre eux ont déjà été arrêtés dans le cadre de l’opération Xenios Zeus (le dieu grec de l’hospitalité !) et sont retenus dans des centres de rétention dans des conditions de vie atroces : à Komotini, dans le nord de la Grèce, plusieurs centaines d’entre eux, se sont révoltés le 23/11 pour protester contre les conditions de rétention.

Pourquoi cet acharnement ? Les plans d’austérité enfoncent les couches populaires grecques dans une pauvreté sans précédent : le taux de chômage explose (26%), les salaires s’effondrent (le SMIC net a reculé à 480 euros !), le démantèlement des services publics s’accélère.

Face à cette attaque les résistances ne manquent pas : les 25 journées de grève générale depuis 2010 ont mobilisé des centaines de milliers des manifestants ; le mouvement des indignés a été pour des milliers des personnes leur premier contact avec la politique ; la grève de la faim des 300 travailleurs immigrés en 2010 a été la première réaction offensive pour le droit à la dignité ; l’explosion de la jeunesse grecque en 2008 après l’assassinant par deux policiers du jeune A. Grigoropoulos a montré à quel point la jeunesse rejette l’état des choses actuel.

C’est exactement ces résistances que la répression actuelle veut criminaliser afin de décourager toute expression de colère et toute contestation dans l’application des mesures d’austérité votées et à venir : un rapport issu de la réunion des ministres des Finances à Bruxelles le 12 novembre dernier, confirme que la Grèce aura un besoin financier supplémentaire de 32,6 milliards pour ramener la dette du pays à 120% du PIB en 2022.

L’attaque contre les travailleurs immigrés ne vise qu’à terroriser la partie la plus faible de la main-d’œuvre et à la désigner responsable de la crise et des maux de la société grecque. C’est la division entre les opprimés que les capitalistes et l’État grec, avec l’appui sur le terrain de l’Aube Dorée, cherchent à semer.

Il est urgent de se rassembler pour lutter contre les crimes et actes racistes en Grèce comme ailleurs et d’exprimer notre solidarité avec tous les immigrés et les camarades grecs persécutés par la police pour vouloir résister à la politique du gouvernement et de la troïka (Commission européenne, BCE et FMI). Nous reprenons donc le mot d’ordre des camarades de Lela Karayanni, l’un des squats évacués :
« FACE A L’ATTAQUE DE L’ÉTAT ET DU CAPITAL…,
OPPOSONS UN FRONT SOCIAL DE TOUTES LES RESISTANCES »

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