lundi, septembre 15, 2008

Le banquet: un mouvement étudiant massacré.


La sortie du film Le Banquet de Sébastien Rose a bel et bien pris les militantEs étudiantEs par surprise. Il faut reconnaître que l’image des étudiantEs à travers les médias corporatifs ont été à plusieurs reprises, par les Martineau de ce monde, dénigré et travestit en de vulgaire « casseurs ». Avec un long métrage traitant du mouvement étudiant et de l’éducation en général, sortit dans un tel contexte politique, fallait pas s’attendre à un miracle. Bref, on peut bien se demander où Rose s’est référé pour traiter d’un tel sujet, mais disons que sa vision du mouvement étudiant se rapproche de celle véhiculé par le journal de Montréal et TQS.


Le Banquet est un drame psychologique où cinq personnages vivent des moments éprouvants pendant une grève étudiante. Tout d’abord, il y a ce prof pédant et déprimé qui rentre en conflit avec l’un de ses étudiants légèrement débile. Ensuite, un recteur ambitieux qui doit conjuguer sa vie professionnelle avec sa fille toxicomane. Puis, un leader étudiant qui est déchiré par ses ambitions personnelles et son travail d’exécutant dans une association étudiante. Bref, une brochette de personnages vivant chacun une certaine forme de détresse psychologique et tous sur le bord de la crise de nerf.


Rose ne s’est pas cassé la tête pour comprendre les enjeux de l’éducation en ce moment au Québec et cela paraît dans son film. Il peint le mouvement étudiant comme une bande d’écervelés désorganisés, plus intéressés à faire la fête que de réellement ouvrir un débat de société. Il cherche à démontrer la division du mouvement étudiant en représentant deux personnages, Louis-Ferdinand (Frédéric Pierre) et Granger (Pierre-Antoine Lasnier), dont les deux corrompus, aux convictions politiques en total opposition. On peut remarquer les deux tendances que tente d’exprimer l’auteur, soit la FEUQ par l’intermédiaire de Louis-Ferdinand et l’ASSÉ avec Granger. Naturellement, Granger, une espèce de bohème, reste dans les mêmes clichés que les médias ont construit à propos des militantEs de l’ASSÉ. Malheureusement, les discours de ces deux leaders sortent souvent de façon décousus et il est difficile de comprendre où veut en venir Sébastien Rose. Il est pourtant curieux qu’avec tout le travail théorique produit par l’ASSÉ, l’auteur n’a pas su mieux synthétiser les idées des militants et militantes de l’ASSÉ. Quand Granger harangue la foule pour dire « que dans la vie, un gros salaire, c’est pas ça qui fait le bonheur », ça prend pas la tête à Papineau pour se rendre compte que Rose à manquer le bateau.

Un autre passage fort décevant du film fut lors de l’assemblée général où le vote de grève fut passé avec une cinquantaine de personnes en l’espace de cinq minutes sans plénière et sans recomptage… Encore une fois, les discours étudiants sont inexistants et Rose n’explique en rien les enjeux de l’éducation du point de vue étudiant. Mais la goutte qui fait déborder le vase, c’est le lien que l’auteur réussit à faire entre les tueries dans les écoles et la crise dans le domaine de l’éducation, comme il le souligne lui-même dans le journal étudiant de l’UQAM : « La grande question du film, soutient Sébastien Rose, c’est la crise de l’éducation. Le symbole ultime de la crise, c’est que les gens tirent dans les écoles » (Montréal Campus, vol. 29, 10 septembre 2008, p6.). Donc, le problème, ce n’est pas nécessairement le sous-financement, mais plutôt les déséquilibrés qui tirent dans nos institutions scolaires? De toute évidence, Rose est complètement ignorant des différentes campagnes qu’à mener l’ASSÉ depuis sa création. Il va sans dire qu’il a échoué sur toute la ligne. Les politiques néolibérales menés par les différents gouvernements des vingt dernières années en matière d’éducation ne peuvent nullement être comparé à un homme souffrant de problème psychologique qui ouvre le feu dans un endroit public!

Si Rose cherchait à aider le mouvement étudiant avec ce film, il a plutôt produit le contraire. Une analyse bâclée et simpliste du mouvement étudiant réside dans ce long métrage. Mais ce n’est pas étonnant avec le discours qu’il peut tenir par l’entremise de son personnage sur la démocratisation de l’éducation. Pour lui, il s’agit d’un nivellement par le bas. Voilà pourquoi les étudiantEs sont dans la rue! Sa perception du mouvement étudiant ne peut que décevoir, autant chez les militantEs de l'ASSÉ, que de la FEUQ.

2 commentaires:

Diatribe Karma a dit…

J'ai été moi aussi déçu de ce film. L'emphase était clairement mise sur les duels (prof/étudiant capoté, recteur/sa fille, leader étudiant modéré/leader étudiant nihiliste) dans un cadre un peu théatral et pas du tout sur une réflexion sur le système, sur ses carences, sur des pistes de solution ou des proposition. J'allais là pour voir un film qui me ferait réfléchir et je suis ressorti tout étourdi par tous ces pow pow... très décevant.

Mouton Marron a dit…

Au mieux, de toute façon, c'aurait été un film masturbatoire. Je préfère presque l'Illusion Tranquille.