lundi, octobre 06, 2008

La crise pour les nuls


On a tendance à nous rassurer, surtout en ces temps où l'ombre d'une récession se fait de plus en plus présente, que l'économie va bien. Et que donc, par extension, le portefeuille de la majorité est plutôt plein que vide. De toute façon, précisons que nous sommes au Canada, un pays industrialisé membre du G8 plusieurs fois titré du « plusse meilleurs pays du monde », titre envieux s'il en est un.

Nous qui disons à longueur de temps qu'il faut s'organiser dans nos quartiers, à la base, avec les gens autour de nous qui composent la vie quotidienne, je me suis dis qu'il fallait bien vérifier un peu. J'habite Centre-Sud, à Montréal, précisément entre Ontario et Maisonneuve et Amherst et Papineau, pour faire large. Ça fait trois ans. J'ai entendu aujourd'hui au journal Harper dire que la crise économique ne concernait pas les banques canadiennes. Ben sûr, c'est vrai, ça ne concerne pas les BANQUES CANADIENNES et je pense que personne n'a attendu qu'il y ait crise économique à l'échelle du capitalisme financier international pour s'apercevoir que...il y avait déjà crise depuis longtemps dans certains quartiers. Et notamment à Centre-Sud.

La Presse a publié il y a quelques semaines un reportage voyeur où une journaliste, entre autre, allait habiter trois semaines dans un crack-house de Centre-Sud. En gros, elle a été effarée de constater ce qu'elle a vu, là comme dans le quartier. C'est vrai que c'est ben dur de juste traverser la rue Sherbrooke et descendre vers le fleuve quand t'habites près du parc Lafontaine pis que tu travailles à La Presse. Ce qui sépare le Plateau de Centre-Sud ? La rue Sherbrooke...pis des flics. Il n'y a qu'à faire un petit tour sur Ontario en direction de l'est pour en croiser toute une fourmillère : en char le plus souvent, mais aussi à pieds, en vélo...et avec leurs jolis pantalons paramilitaires, ce qui fait nous rappeler les sages paroles d'Yves Francoeur, président du syndicat des cochons, si progressiste qu'il n'est même pas d'accord avec Harper sur les politiques sécuritaires en plus de s'être présenté aux funérailles de Fredy Villanueva, quelle honte pour un policier : « Il faut se rappeler que la police est avant-tout une organisation paramilitaire », dixit le toujours puant et soporifique Richard Martineau dans sa chronique du Journal.

Mais il faut quand même dire que la grosse Presse n'était pas aussi inutile que ça dans son reportage, des chiffres m'ont quand même parlés, même si ça parle pas pareil que quand tu te tapes une discution Ontario/Papineau à 3 heures du mat : l'espérance de vie pour un homme de Centre-Sud est de 69 ans, soit cinq ans de moins que dans le reste de l'île, le tiers des habitants vit sous le seuil de la pauvreté dont près de la moitié des familles sont monoparentales, 38% des jeunes sont des décrocheurs, le quartier a le plus haut taux de suicide de tout Montréal et, finalement, le taux de grossesse à l'adolescence y est deux fois plus élevé qu'ailleurs.

Avouez que ça veut dire quelque chose. Faisons le calcul. On parle d'un quartier qui s'arrête au passage de la track de chemin de fer sur Ontario. Bon...Quel est le quartier qui le jouxte ? Hochelaga-Maisonneuve. J'ai pas vu les stats, mais ça doit être super joyeux aussi, et de toute façon si tu vas au Bar des Patriotes, le midi t'as le spaghetti à 2$, ça te donne une idée. C'est aussi à Hochelaga que la compagnie qui produit les bières « Big Ten » (pour 10% d'alcool) avait mené une campagne de publicité exclusive dans ce quartier, en faisant de la promotion sur les prix. Il me semble que si on se dit que Centre-Sud débute, mettons, au Carré Berri et qu'on va jusqu'à la fin de Hochelaga, disons métro Viau puisqu'après c'est plutôt Mercier, et bien...ça fait un gros bout de territoire.

Il y a certes des poches de gentrification qui sont importantes, par exemple, dans le cas de Centre-Sud une partie de la rue Sainte-Catherine et quelques rues adjacentes. On y retrouve de l'argent et des commercants...mais la particularité de ce secteur, qui n'est pas par exemple équivalent à la rue Prince-Arthur, c'est la propension à la consommation et à la prostitution, les deux n'étant pas forcément liés, comme c'est justement un peu plus le cas trois rues au nord. Ce qui me fascine à Montréal, c'est la facilité qu'on a à aller d'endroits diversifiés à un autre. Une rue d'un quartier peut être antagoniste à l'ensemble du dit quartier. Les frontières sont claires. Il y a des zones tampons aussi, comme ce passage toujours très démonstratif lorsqu'on va vers l'ouest sur Sainte-Catherine, entre le Carré Berri et Saint-Laurent.

Parlant de gentrification, voilà que l'administration Tremblay, décidémment aussi incapable que toutes les précédentes avant elle, se met à reconstruire certains trottoirs de Centre-Sud. Je me suis réveillé un matin, à cause des pelleteuses et du bruit tonitruant - il était peut-être 8 heures. Je regarde à travers la fenêtre...qu'est-ce que c'est ? Non ?! Ils refont...le trottoir ? Me semble que j'arrivais à marcher dessus. Je n'ai jamais planté dans ma rue, même en sortant du Yer-Mad, un bon bar du coin il va sans dire. Y-a-t-il d'autres priorités dans le quartier que de refaire ces maudits trottoirs ? C'est pas un peu crosseur cette histoire là ? Que dire aussi des magasins qui se construisent sur Ontario, et aussi, des condos. Moins qu'à Hochelaga, où là c'est affreux, mais c'est la même logique. L'arrondissement souhaite que la Promenade Ontario s'étire jusqu'à chez nous. Je conseille à tous ceux et toutes celles qui ont une certaine mémoire historique et qui connaissent assez bien l'est de Montréal de se rendre au coin des rues Ontario et Valois. C'est pas pour dire, mais y'a un bon magasin de fromages là, à seulement 6 $ le petit bout, mais il a peut-être la listériose alors mieux vaut sûrement acheter celui qui est importé à 8 $…

Mais ce n’est pas tout. Le Journal a voulu copier La Presse en mutant eux-aussi un journaliste dans « un quartier chaud », à savoir Montréal-Nord, précisément au quadrilatère exact où les émeutes ont été le plus intenses, « pour voir la réalité du quartier ». C’est une zone de quelques pâtés de maisons que le journaliste a qualifié de ghetto, de bronx, où il interview un jeune homme qui dit texto que « le policier mérite une balle dans la tête ». Voilà que ces gens découvrent aujourd’hui qu’il existe des endroits, des zones habitables étendues à Montréal où la vie est de moins bonne qualité qu’ailleurs. Il faudrait un reportage d’un insignifiant pour s’en rendre compte. Centre-Sud, Hochelaga-Maisonneuve, Montréal-Nord, mais aussi Saint-Michel, Parc-Extension, Côtes des Neiges par bouts, Verdun et Saint-Henri…mais où est-ce que les politiciens mettent le nez ? Sûrement dans un bon verre de vin au gré des soirées mondaines auxquelles ils s’invitent. Pas dans une Big Ten sur Ontario en tout cas.

La réalité de Montréal ne se vit pas au journal de RDI. La crise économique, il y en a plusieurs qui n'ont pas attendu qu'elle soit médiatisée pour la vivre.

Dico anticapitaliste : Qu’est-ce que la lutte des classes


Nos camarades d'Alternative Libertaire, définissent chaque mois dans leur mensuel, un concept du mouvement libertaire. Ce mois-ci c'est le concept de luttes des classes qui est défini.

Chaque mois, un mot ou une expression passée au crible par Jacques Dubart.
Il est de bon ton, chez les bien-pensants, d’enseigner au bon peuple, avec une pointe de nostalgie dans la voix, que « la lutte des classes, ça n’existe plus ». Si en effet, on imagine que la « lutte des classes » correspond à des batailles homériques mettant en scène des quarterons de patrons en queue-de-pie et haut-de-forme, assiégés dans leurs manoirs par des bataillons de prolétaires en bras de chemise, la casquette enfoncée sur les yeux et la clef anglaise à la main… alors oui la lutte des classes ça n’existe pas ! Ou plutôt… disons que ça peut exister sous cette forme colorée, mais à de rares moments de l’histoire.
En réalité, la lutte des classes n’est pas réductible à une forme particulière (grève, manifestation, guerre sociale, révolution, etc.). Elle est tantôt latente, tantôt explosive. Elle est plus ou moins virulente et politisée, selon les moments de l’histoire, en fonction de la conscience qu’ont les travailleurs et les travailleuses de former une classe – ce qu’on appelle la « conscience de classe ».
La lutte des classes caractérise les enjeux de pouvoir et d’exploitation entre les classes sociales d’une société. Entre une classe productrice de richesse, et une classe qui accapare une partie de ces richesses. Elle n’est pas limitée au système capitaliste, qui rappelons-le ne domine l’économie que depuis deux siècles. Elle a eu d’autres expressions en d’autres circonstances : rapports entre les esclaves et les maîtres dans les sociétés esclavagistes ; entre la bourgeoisie et la noblesse à la veille de la Révolution française ; entre les salarié-e-s et leurs employeurs dans la société capitaliste moderne ; entre la bureaucratie rouge et les travailleurs dans le système soviétique ; entre les castes en Inde ; entre colons et indigènes dans les colonies, etc.
Dans le système capitaliste actuel on distingue deux classes-clefs (ce qui n’exclut qu’il en existe d’autres) :
– les capitalistes ou « bourgeois », classe dominante qui se définit ainsi : elle possède le capital financier ou matériel (entreprises, machines, etc.) et fait travailler le prolétariat à son profit en le salariant, c’est-à-dire en achetant sa force de travail ;
– les salarié-e-s, ou « prolétariat », regroupant les personnes qui n’ont pas de capital et vivent en vendant leur force de travail manuel ou intellectuel pour subsister.
Quand elle leur explose à la figure, avec des grèves par exemple, les idéologues libéraux sont bien obligés de reconnaître l’existence d’une « conflictualité sociale ». Mais c’est aussitôt pour signaler qu’il s’agit d’un archaïsme à résoudre. Argument purement moral, mais nullement réaliste. Il ne s’agit pas d’être pour ou contre la lutte des classes, ce que ne comprennent pas les libéraux. Il s’agit de constater qu’elle existe. Autant aujourd’hui qu’hier. Et d’agir avec.

jeudi, octobre 02, 2008

Manifestation Fredy Villanueva le 11 octobre.


Grande manifestation familiale samedi 11 octobre 14h au coin Pie IX et Henri-Bourassa
Revendications

1. Une enquête publique et indépendante sur la mort de Fredy Villanueva;
2. La fin du profilage racial, des abus et de l'impunité policière;
3. La reconnaissance du principe selon lequel tant qu’il y aura des inégalités économiques, il y aura de l’insécurité sociale.

Claims

1. A public and independent investigation on the death of Fredy Villanueva.
2. The end of the racial profiling, of abuses and of police impunity.
3. The recognition of the principle according to which as long as there would be economic inequalities, there will be social insecurity.

Plus jamais!

Tout le monde connaît l'histoire de Fredy Villanueva, cet adolescent lâchement assassiné par la police dans un parc de Montréal-Nord pendant que deux de ses amis étaient grièvement blessés. Depuis 1987, c'était la 43e fois qu'une personne était tuée par des agents du Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) qui n'ont jamais été condamnés, dans tous ces cas, ni pour meurtre ni pour homicide involontaire.

On sait que le SPVM a procédé à l'arrestation violente de Villanueva sans lui dire qu'il était en état d'arrestation. On sait aussi que l'agent Lapointe, pour pouvoir enfin se sentir en sécurité, a dû tirer trois balles dans le corps de Freddy, pourtant sans armes. Pour faire la lumière sur les événements, le gouvernement utilisera une méthode douteuse: ce sera la police qui enquêtera sur la police. Il y a à peine un an, Quilem Registre était tué par six décharges de tasers à Saint-Michel. Les policiers impliqués n'ont jamais été interrogés par les enquêteurs. Quant à Mohamed Anas Bennis, ce musulman sans histoire a été tué alors qu'il circulait à proximité d'une opération anti-terroriste? Selon la version officielle, il aurait attaqué un policier à l'aide d'un couteau de cuisine sur lequel les enquêteurs n'ont même pas pris la peine de relever les empreintes.

Face à de tels constats, on ne peut que réclamer que la tenue d'une enquête publique et indépendante pour la mort de Fredy. Mais cette simple revendication ne s'acquiert pas facilement. Ça a pris plus de deux ans de lutte pour que l'État accepte de mener une telle enquête sur la mort de Bennis et elle est actuellement contestée devant les tribunaux par la Fraternité des policiers et policières de Montréal. Comment veulent-ils qu'on ait confiance aux flics qui s'opposent par tous les moyens à un peu plus de transparence?

Le profilage racial, le harcèlement envers les jeunes qui chillent, les fouilles abusives, etc. sont des pratiques courantes employées par les policiers. En janvier dernier, le SPVM était d'ailleurs formellement déclaré coupable de pratiques discriminatoires et de profilage racial par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse. Dans les quartiers pauvres de Montréal, tous les jeunes ont des histoires choquantes à conter sur les flics. Ce n'est pas compliqué, peu à peu, la crainte du SPVM s'est durablement installée au sein des populations pauvres, jeunes et immigrantes. Le lendemain de la mort de Fredy, dans les quartiers défavorisés de Montréal, la question était sur toutes les lèvres: «Et si ça avait été mon ami, mon frère, ma soeur?»

Nous ne tomberons pas dans la dénonciation facile des émeutes, comme l'ont fait quelques groupes communautaires en manque de fonds gouvernementaux. Ce type d'événement, qui ne cesse de se reproduire dans le monde entier, est inévitable lorsqu'une classe sociale sans-avenir se retrouve confrontée à la mort de proches. Tant qu'on ne fournira pas à toute la population des conditions de vie dignes des possibilités humaines, des révoltes légitimes éclateront.

Nous devons le crier haut et fort: plus jamais nous ne voulons que l'un de nos frères tombent sous les balles du SPVM! Nous devons organiser, dans la rue, une réponse politique collective. Sinon, les forces policières profiteront des événements pour augmenter la répression. Nous devons donc être présent en grand nombre à la grande manifestation familiale, le samedi 11 octobre à 14h, coin Pie IX et Henri-Bourassa.


NEVER AGAIN!

Everyone knows the story about Fredy Villanuava, this young teenager cowardly assassinated by police in a Montreal-North park while two of his friends were seriously injured. It was the 43rd time since 1987 that someone was killed by officers of the Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) who were never condemned, in all these cases, of murder or manslaughter.

We know that the SPVM attempted to violently arrest Villanueva without telling him he was under arrest. We also know that officer Lapointe, in order to feel safe enough, had to shoot three bullets into Fredy's body, even though he was unarmed. To shed some light on these events, the government will use a dubious method : the police will investigate the police. Almost a year ago, Quilem Registre was killed in Saint-Michel by six taser discharges. The officers involved were never interrogated by investigators. As for Mohamed Anas Bennis, this Muslim unknown in police circles, was killed as he walked by an anti-terrorist operation. According to the official version of the events, he attacked a policeman with a kitchen knife on which investigators never bothered to look for fingerprints.

In the wake of such facts, we must demand a public and independent investigation into the death of Fredy. However this simple request will not be satisfied easily. It took over two years of struggle so that the state would agree to launch such an investigation into the death of Bennis, and even now it's being contested in the courts by the Fraternité des policiers et policières de Montréal. How could we possibly trust them when they systematically oppose, using any means at their disposal, a little more transparency?

Racial profiling, harassment towards youth hanging out, abusive searches, etc. are common practice by police officers. Just last January, the SPVM was formally declared guilty by the Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse of practicing discrimination and racial profiling. In poor neighborhoods, every youth has shocking stories to tell about cops. It's not complicated, little by little, a lasting fear of the SPVM was established among poor, young and immigrant communities. The day after Fredy's death, in Montreal's disadvantaged neighborhoods, the question was on everyone's mind : « What if it had been my friend, my brother, my sister? »

We won't fall into an easy denunciation of the riots, like some community groups in need of government cash did. These events that happen all the time in the whole world are inevitable when a social class with no future is confronted with the death of loved ones. As long as we won't offer everyone living conditions that match human possibilities, legitimate revolts will occur.

We have to shout it loud : never again do we want one of our brothers to fall under the SPVM's bullets! We have to organize, in the street, a collective political response. If we don't, police forces will take advantage of the events to heighten the repression. We must be there in great numbers at the large family-friendly demonstration on Saturday, October 11th at 2 PM.

Ont signé les revendications...
Maison des jeunes de Côtes-des-neiges
MMM (millions more movement)
Centre d'union multiculturelle et artistiques des jeunes (CUMAJ)
L'institut Barrow de leadership Communautaire
Antifa-Montréal
Association générale étudiante du Cégep du Vieux Montréal (AGECVM)
Syndicat étudiant du Cégep Marie-Victorin (SECMV)
Montréal-Nord Républik
Centre de formation Jean-Paul Lemay
Comité de mobilisation du SECMV
Libertad
Mères et grand-mères pour la vie et la justice (Saint-Michel)
PCR
Nefac
Head and Hands
Collectif opposé à la brutalité policière (COBP)
Progressistes libertaires de l'Université de Montréal (PLUM)

SHOW HIP-HOP "Assez de killer cops!"

Un samedi soir chargé en évènement...

Quoi?SHOW HIP-HOP "Assez de killer cops!" (bénéfice du COBP-Collectif Opposé à la Brutalité Policière.)
Où?Café Chaos (2031 St-Denis)
Quand?Samedi 4 octobre 2008--9hPM Show: 10hPM
Combien? 5$ Portes

avec:
MICROS ARMÉS
Ego RIP
WEBSTER
Syk (Une vie comme la mienne)
& SOCIETIES

Si vous en avez assez des abus policiers, venez nous appuyer!
Bénéfice pour le Collectif Opposé à la Brutalité Policière (COBP)
514-395-9691 - cobp@hotmail.com - http://cobp-mtl.ath.cx
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mercredi, octobre 01, 2008

Dominique Grange et Jacques Tardi à la librairie L’INSOUMISE.


Nous invitons tous les camarades et amis-ies à venir rencontrer Dominique Grange et Jacques Tardi lors d’un 5 à 7, Vendredi le 3 octobre à la librairie anarchiste L’INSOUMISE au 2033 rue St-Laurent.

Leur livre-album CD : «1968...2008 : N'effacez pas nos traces!» sera disponible sur place en spécial. Il s’agit d’une rencontre que nous voulons fraternelle entre ces deux camarades qui, depuis Mai 68, accompagnent et participent, entre autres, au mouvement libertaire selon leurs talents respectifs. Il y aura du vin, des livres et surtout une mutuelle complicité qui enfin se rencontrera au de là des frontières. Nous vous attendons en grand nombre et notez que le 5 à 7 sera limité à cette période à cause d’un horaire chargé.

Rappelons qu’en mai 68, Dominique Grange laisse tomber sa carrière et chante la Révolution dans les usines occupées et la cour de la Sorbonne. Véritable porte-voix par ses chansons du mouvement, elle écrit de vrais chants de lutte comme «Les Nouveaux Partisans» ‘Grève Illimitée’ ‘Chacun de vous est concerné’ etc, qui sont encore chantées dans la rue par les manifestants–tes. Tardi est l'un des plus importants dessinateurs français contemporains. Connu pour la série des Adèle Blanc-Sec, il a aussi marqué de nombreux lecteurs et critiques par ses oeuvres prenant la Guerre 14-18 comme toile de fond. Tardi a également superbement adapté et illustrés les oeuvres de Céline (Voyages au Bout de La Nuit), Léo Malet (Nestor Burma), Daniel Pennac ou Jean Vautrin (Le Cri du peuple). Il a aussi à maintes reprises illustré des affiches de lutte et de solidarité.
N'oubliez pas également le spectacle de Dominique Grange, avec des illustrations de Jacques Tardi. Samedi le 04 octobre à la Fédération ukrainienne, 5213 Hutchison. Des billets seront aussi en vente à la rencontre de Vendredi à l’INSOUMISE.
Et l’exposition de Jacques Tardi 1968-2008.. N'effacez-pas nos traces!
Du 2 au 18 octobre à la galerie Art Mur (5826 St-Hubert). Entrée Libre.

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Du syndicalisme de combat à l'autogestion:Les étudiantes et étudiants de l’UQO ont gain de cause !


À la suite d’une campagne de boycott des services alimentaires gérés par l’entreprise Laliberté et de l’occupation des café-bars dans les deux pavillons de Gatineau de l’Université du Québec en Outaouais qui dure depuis déjà plus de deux semaines, les étudiantes et étudiants ont gain de cause.

La direction de l’UQO et la firme Laliberté en sont venus à une entente de résiliation du contrat de gestion de l’ensemble des services alimentaires de l’Université, qui sera effective le 31 décembre prochain.

Les étudiantes et étudiants impliqué-e-s dans le mouvement pour l’autogestion des café-bars se réjouissent de cette entente et espèrent que l’UQO répondra aussi à leur revendication d’attribuer la gestion du café-bar Taché, et possiblement celui de Brault, à une coopérative étudiante autogérée.

« C’est la preuve que le syndicalisme de combat et l’action directe sont des stratégies efficaces pour contrer l’ingérence du privé dans les services publics », affirme David Clément, porte-parole de l’Association étudiante du module des sciences sociales (AÉMSS).

Pour la reprise en main des café-bars, les étudiantes et étudiants ont lancé le processus de création d’une coopérative de solidarité, qui va bon train et qui sera en mesure de soumissionner afin d’obtenir la gestion légale des cafés-bars.

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Anarchy from A to Z: U for Unity

An invitation to refound organized anarchism
The Quebec collectives of NEFAC are re-organizing themselves. Basically, the Quebec and American sections of the Federation have decided to form two solid but independent organizations. On 22 and 23 November, we will be holding a congress at the Métropole where the manifesto and constitution of a new Quebec-specific anarchist communist organization will be adopted. We will be taking the opportunity to begin a dialogue with comrades who are close to us and see whether it is possible to integrate more militants in this process which will affect all parts of Quebec.
Our basis for unity
Over the past decade of struggles, we have been successful in establishing a serious anarchist communist organization in Quebec. That in itself is a victory but there is still a long way to go, in our opinion, before we can begin to see the type of organization that we have in mind emerging in the province. To ensure the development of organized anarchism in Quebec, a strategy for the many different tasks to be carried out is required. This will demand the establishment of a militant, revolutionary organization for the radical social movements and for the emergence of a wide, open libertarian left.

But first, what type of organization are we talking about? As we see it, it is part of the social struggles. It is a collection of militants on the same wavelength, a meeting-place for debate and the sharing of ideas and experiences, both social and political. It is not a secret group, a private club or an affinity group, but a public organization which anyone who shares its positions can join. Organization is essential in order to share our resources, break with localism and maximise the impact of our libertarian practices by coordinating our political activities. Experience has led us to adopt the platformist principles of organization, i.e. an effective organization is one that is based on:

* theoretic and tactical unity
* federalism and direct democracy
* collective responsibility.

We do not have a dogmatic approach to the "Organizational Platform of Anarchist Communists", the document which "platformism" is based on; it is the starting point of our practice, not the end point. In concrete terms, the search for unity and consistency is a permanent process which takes place through internal debate. Federalism and direct democracy allow us to achieve a certain balance between autonomy and collective force. What is common to us all is collectivized and controlled democratically by the whole organization, but members maintain their full political and organizational autonomy in their local work. Collective responsibility means that the members of the organization participate in the internal debates and decision-making but will adopt the majority position. In short, agree with the positions and campaigns that are adopted and participate in them.
Winning back a social base
Each time anarchism played a role in other countries, there were organized anarchists with deep roots in their societies. It was the case in Spain, in Ukraine, France and Mexico, where organized anarchism had a presence in the majority of localities and in every district of the larger cities, carrying out intense activity in the various social movements and enjoying a lively, diversified press. It could be said that everywhere anarchism made a difference, it was rooted in the movement and had a strong social base. This is something that is lacking in Quebecois anarchism, and something we want to change.

For a long time now, the Quebec anarchist movement has been a generational phenomenon concerning mostly young people. Every new generation of militants drives out the preceding one and has to practically re-invent the wheel. If anarchist communists are to win back a social base, we will have to face the double challenge of rooting ourselves in the social movements on both a medium and long-term basis. And we will have no chance of doing this unless we are unable to develop a militant presence in the struggles of our class. It is time to reconsider a fundamental form of militancy: the mass action of the social movements in our neighbourhoods, schools, campuses, workplaces, etc. It may be somewhat less glorious than certain other forms of "radical" militancy, but we cannot ignore it if we are to be successful in the long term in building an open movement based on the realities of our class.

Organized anarchism cannot confine itself to militant ghettos. It must move out into the neighbourhoods and the places of our daily lives. The anarchist movement must also leave the big cities and establish itself throughout the land. To consolidate anarchism in our class, we are ready to go to places we have practically never been - in the smaller towns of the province.

We will do our best to support, materially and morally, anyone who wants to join an existing group in the new organization or to develop one in their town. Refounding organized anarchism and turning it into a force to be reckoned with in society is no mean task... But if you're interested and if you want your say too, now's the chance. All contributions are welcome!

Article from "Cause Commune", No. 22 (October 2008).

Translation by FdCA - International Relations Office
Related Link: http://www.nefac.net

L'anarchie de A à Z, «U» comme Unité


Une invitation à refonder
l’anarchisme organisé


Les collectifs québécois de la NEFAC sont en pleine redéfinition. En effet, les sections québécoises et américaines de la fédération ont décidé de former deux organisations solidaires mais indépendantes. Les 22 et 23 novembre, nous tiendrons un congrès dans la Métropole qui sera l’occasion d’adopter le manifeste et la constitution d’une nouvelle organisation communiste libertaire québécoise. Nous voulons profiter de l’occasion pour entamer un dialogue avec des camarades proches de nous et voir s’il est possible de faire un bout de chemin ensemble et d’intégrer plus de militantEs au processus dans toutes les régions du Québec.

Notre base d’unité

En une petite décennie de luttes, une organisation communiste libertaire sérieuse a enfin réussi à s’implanter au Québec. En soi c’est déjà une victoire, mais il y a encore beaucoup de chemin à faire, selon nous, avant de voir émerger dans la province le type d’organisation révolutionnaire que nous préconisons. Pour assurer le développement de l’anarchisme organisé au Québec, une stratégie impliquant plusieurs tâches à mener de front s’impose. Il s’agit d’enraciner une organisation révolutionnaire militant pour des mouvements sociaux combatifs et pour l’émergence d’une gauche libertaire large et ouverte.

Mais d’abord, de quel type d’organisation parlons-nous? L’organisation, telle que nous la concevons, est l’un des moments des luttes sociales. C’est une assemblée de militantEs sur la même longueur d’onde, un lieu de confrontation et de synthétisation d’idées et d’expériences sociales et politiques. Ce n’est pas un groupe secret, un club privé ou un groupe d’affinité mais une organisation publique dont on peut devenir membre si on est d’accord avec ses positions. L’organisation est nécessaire pour partager des ressources, rompre avec le localisme et maximiser l’impact des pratiques libertaires en coordonnant nos activités politiques. L’expérience nous a amené à adopter les principes d’organisations plateformistes, c’est-à-dire une organisation efficace qui repose sur:

  • L’unité théorique et tactique
  • Le fédéralisme et la démocratie directe
  • La responsabilité collective.


Nous n’avons pas une approche dogmatique de la «Plateforme d’organisation des communistes libertaires», le document de base du «plateformisme»; c’est le point de départ de notre pratique et non le point d’arrivée. Concrètement, la recherche d’unité et de cohérence est un processus permanent qui se vit au travers de débats internes. Le fédéralisme et la démocratie directe nous permettent d’atteindre un certain équilibre entre autonomie et force collective. Ce qui est commun est collectivisé et contrôlé démocratiquement par l’ensemble de l’organisation mais les militantEs gardent leur pleine autonomie politique et organisationnelle dans leur militantisme local. La responsabilité collective signifie que les membres de l’organisation participent aux débats internes et à la prise de décision mais doivent se rallier aux positions majoritaires. Bref, les militantEs sont solidaires des positions et des campagnes adoptées et y participent.

Reconquérir une base sociale

À chaque fois que l’anarchisme a joué un rôle dans d’autres pays, il y avait des anarchistes organiséEs et profondément enracinéEs. Que ce soit en Espagne, en Ukraine, en France ou au Mexique, on trouve un anarchisme organisé présent dans la plupart des localités et tous les quartiers des grandes villes, une activité intense dans tous les mouvements sociaux, une presse vivante et diversifiée. On peut dire que dans tous les cas où l’anarchisme a compté, il y avait un enracinement et une base sociale au mouvement. C’est ce qui fait défaut à l’anarchisme québécois et c’est ce que nous voulons changer.

Il y a longtemps que le mouvement anarchiste québécois est un phénomène générationnel impliquant essentiellement des jeunes. Chaque nouvelle génération militante chasse la précédente et doit pratiquement réinventer la roue. Pour réussir à reconquérir une base sociale, les communistes libertaires doivent relever le double défi de l’enracinement et de l’insertion sociale sur le moyen et long terme. Si nous n’arrivons pas à développer une présence militante dans les luttes de notre classe, nous n’avons aucune chance. Il est temps de reconsidérer une forme de militantisme fondamentale: l’action de masse des mouvements sociaux dans les quartiers, les écoles, les campus, les lieux de travail, etc. C’est peut-être moins glorieux qu’un certain militantisme «radical» mais c’est incontournable pour s’inscrire dans la durée et construire un courant ouvert sur l’ensemble des réalités de notre classe.

L’anarchisme organisé n’a pas à être confiné aux ghettos militants. Il doit s’épanouir dans les quartiers et les lieux de la vie quotidienne. Le mouvement anarchiste doit aussi sortir des grandes villes et s’implanter sur tout le territoire. Pour consolider l’anarchisme dans notre classe, nous sommes prêtEs à aller là où nous ne sommes pratiquement jamais alléEs : dans les petites villes de la province.

Nous nous engageons à soutenir matériellement et moralement quiconque voudra intégrer un groupe existant de la nouvelle organisation ou en développer un dans sa ville. Refonder l’anarchisme organisé et en faire une force qui compte dans la société n’est pas une mince affaire... Si ça vous intéresse et que vous voulez avoir votre mot à dire, c’est le bon moment. Toutes les contributions sont les bienvenues!


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Extrait du numéro 22 du journal Cause commune (à paraître début octobre)


lundi, septembre 29, 2008

Un Cause Commune Express portant sur l'avortement.


Dans le cadre de la journée pan-canadienne d'actions «Pas d'autre C-484, on ne joue pas avec les droits des femmes», nous avons produit et distribué une édition spéciale de Cause commune sur les menaces au droit à l'avortement.

Hier, des milliers de personnes (2500 selon Le Devoir) ont répondu à l'appel des groupes féministes et des syndicats pour s'opposer aux menaces au droit à l'avortement.

Téléchargez la version pdf

dimanche, septembre 28, 2008

Série de conférences sur le communisme libertaire

Chers camarades,

L'Union Locale de Montréal de la Nefac, dans son désir de diffuser les idées libertaires, offre la possibilité de donner une conférence traitant du communisme libertaire et de l'organisation. Nous aimerions donc pouvoir aller à l'extérieur de Montréal, rencontrer des gens et discuter de nos positions. De plus, nous voudrions parler de notre initiative pour créer une fédération libertaire spécifiquement québécoise. Nous désirerions aussi aborder la possibilité de créer des groupes communistes libertaires dans votre localité.

Au menu des conférences:
- Introduction au communisme libertaire: la nécessité d'une révolution et l'organisation d'une société libre et non-étatique
- Capitalisme et exploitation
- Les luttes contre l'exploitation, l'État
- Féminisme et anarchisme,
Etc...

Nous pouvons aussi aborder d'autres sujets que vous trouverez pertinent.

Pour nous rejoindre et pour organiser une conférence: mtl@nefac.net

Au plaisir de se voir bientôt!

Manifestation aujourd'hui:PAS D'AUTRES C-484 - On ne joue pas avec les droits des femmes!


Manifestation à Montréal

Dimanche le 28 septembre 2008

Rendez-vous : Parc Lahaie (St-Joseph, coin St-Laurent; métro Laurier)
Rassemblement : 13h30

Départ : 14h00


Des transports par autobus sont organisés dans plusieurs régions du Québec. Il reste encore quelques places, mais faites vite. Toutes les informations sur les autobus sont ici.

Téléchargez les tracts à photocopier : le tract de deux pages ou d'une page

À la suite de la dissolution du Parlement et le déclenchement des élections fédérales, le projet de loi C-484 intitulé «Loi sur les enfants non encore nés victimes d’actes criminels» est mort au feuilleton. Mais la mobilisation demeure nécessaire puisque le projet de loi C-484, qui prévoyait accorder un statut juridique au fœtus, est désormais le symbole des menaces réelles au droit à l’avortement.
Lire la suite "PAS D'AUTRES C-484 - On ne joue pas avec les droits des femmes" »

samedi, septembre 27, 2008

L'abstentionnisme en chanson

Après l'abstentionnisme en humour, voiçi l'abstentionnisme en chanson. Il s'agit d'une chanson du groupe punk Ludwig Von 88. À défaut de pouvoir vous faire écouter cette chanson en ligne, je vous transmet le lyrics.

Ludwig Von 88
Cassage de Burnes


Cassage de burnes
Un bulletin dans une urne
Il reste une place vacante
A la tête d'une patrie
Démagogues prostitués
Aux oreilles d'une nation
Les mots passent comme des oiseaux
Mais ne laissent que du vide
Sous les yeux des projos
Sous les laves des volcans
Embrigader les uns
A massacrer les autres
Promettre l'impossible
Aux limites du crédible
En enculant les mouches
Pour sauver la patrie
Les vicissitudes
Des pulsions meurtrières
Des lois en décrets
Nous mènent droit à la guerre
Le pouvoir avilit
Et pousse au sénilisme
Le peuple est ébahi
Il reconnaît son guide
Les héros d'aujourd'hui
Sont les criminels d'hier
Bellicistes acclamés
Des foules en mal de schlage
Donnez-leur des flinues
Nous les feront danser
Aux rythmes terroristes
Qu'ils prétendent condamner
Une vengeance subséquente
D'aphasiques ébloquants
Physique pseudo-passible
De faire grimper les sondages
A bas les dictateurs
A bas les démocrates
Sus aux besoins bancals
Des larves nationales

vendredi, septembre 26, 2008

L'abstention en humour...

Un petit vidéo humoristique pour l'abstention électoral. Une vidéo qui est certes une position plutôt individualiste, qui n'appelle pas au changement par la rue, mais tout de même drôle en cette période de conneries électorales...

L’invention de la machine à remonter dans le temps conduit le Professeur Abbahoui sur le chemin de la découverte de l'irrationalité du vote, découverte susceptible de remettre en question la démocratie. A moins qu'une alternative existe...

L'appel au vote n'est pas la solution...

Un texte intéressant tiré du blogue de nos camarades de la Nuit de Québec.



(une image suggérée par nos camarades de la NEFAC-Sherbrooke)


Ouf! On a eu droit ces derniers jours à un tir de barrage en faveur du vote stratégique anti-conservateur. Cette fois, la FTQ n'est malheureusement pas la seule à se mouiller (elle appelle à voter Bloc). Les autres se gardent une petite gêne et appellent pudiquement au vote stratégique mais ça revient au même. Vite de même on a donc la FTQ, la CSN, la FIQ, le MAL et la FFQ qui appellent à voter contre les conservateurs. Ça commence à faire beaucoup de monde.

Pas d'unanimité


Et pourtant, on est loin de l'unanimité dans les mouvements sociaux. La bataille des idées fait rage. Un communiqué de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) publié ce matin nous le rappelle: certains groupes gardent la tête froide et refusent d'embarquer dans la partisanerie. La centrale historique des profs intervient dans la campagne et le débat public, autour de huit priorités, mais ne donne pas de consigne de vote. Dans le contexte, c'est tout à leur honneur.

La CSQ n'est pas la seule. Dans le camp des non-partisans on retrouve, entre autres, les groupes de chômeurs, le FRAPRU, le MÉPACQ, le Collectif pour un Québec sans pauvreté (notons toutefois que certains de ces groupes font du vote un fétiche). Non-partisan ne signifie pas neutre ou non-politique, au contraire. Le travail de ces groupes est éminemment politique. Ils font de l'éducation autour des programmes des partis, une critique de l'action gouvernementale, soulèvent des enjeux sur la place publique et cherchent à marquer des points pour leur cause.

Les mouvements sociaux n'ont pas à dire aux gens quoi voter (ni même à leur dire d'aller voter ou pas). Ce n'est pas leur rôle. Les élections sont le terrain d'action politique bourgeois par excellence. C'est le terrain des partis et des gestionnaires du système capitaliste. Les mouvements sociaux n'ont rien à faire là. Leur rôle est de faire la critique du système et de maintenir un rapport de force permanent face au gouvernement et aux patrons. Et ça, ça ne passe pas par les urnes mais par la rue.

jeudi, septembre 25, 2008

La grève des électeurs


Un texte écrit par Octave Mirbeau en 1888 et qui est encore et toujours d'actualité, comme quoi le changement ne proviendra jamais des urnes...

Sur le plan politique, Mirbeau s’est rallié officiellement à l'anarchisme en 1890. Mais, bien avant cette date, il était déjà révolté et réfractaire à toutes les idéologies aliénantes, radicalement libertaire, farouchement individualiste, irréductiblement pacifiste, résolument athée depuis son adolescence, anticlérical, antireligieux et antimilitariste.(source)

Une chose m’étonne prodigieusement ‹j’oserai dire qu’elle me stupéfie) c’est qu’à l’heure scientifique où j’écris, après les innombrables expériences, après les scandales journaliers, il puisse exister encore dans notre chère France (comme ils disent à la Commission du budget) un électeur, un seul électeur, cet animal irrationnel, inorganique, hallucinant, qui consente à se déranger de ses affaires, de ses rêves ou de ses plaisirs, pour voter en faveur de quelqu’un ou de quelque chose.

Quand on réfléchit un seul instant, ce surprenant phénomène n’est-il pas fait pour dérouter les philosophies les plus subtiles et confondre la raison ? Où est-il le Balzac qui nous donnera la physiologie de l’électeur moderne ? Et le Charcot qui nous expliquera l’anatomie et les mentalités de cet incurable dément ? Nous l’attendons.

Je comprends qu’un escroc trouve toujours des actionnaires, la Censure des défenseurs, l’Opéra-Comique des dilettanti, le Constitutionnel des abonnés, M. Carnot des peintres qui célèbrent sa triomphale et rigide entrée dans une cité languedocienne ; je comprends M. Chantavoine s’obstinant à chercher des rimes ; je comprends tout.

Mais qu’un député, ou un sénateur, ou un président de République, ou n’importe lequel, parmi tous les étranges farceurs qui réclament une fonction élective, quelle qu’elle soit, trouve un électeur, c’est-à-dire l’être irrêvé, le martyr improbable qui vous nourrit de son pain, vous vêt de sa laine, vous engraisse de sa chair, vous enrichit de son argent, avec la seule perspective de recevoir, en échange de ces prodigalités, des coups de trique sur la nuque, des coups de pied au derrière quand ce n’est pas des coups de fusil dans la poitrine, en vérité, cela dépasse les notions déjà pas mal pessimistes que je m’étais faites jusqu’ici de la sottise humaine, en général, et de la sottise française en particulier, notre chère et immortelle sottise, ô chauvin !

Il est bien entendu que je parle ici de l’électeur averti, convaincu, de l’électeur théoricien, de celui qui s’imagine, le pauvre diable, faire acte de citoyen libre, étaler sa souveraineté, exprimer ses opinions, imposer ‹ô folie admirable et déconcertante) des programmes politiques et des revendications sociales ; et non point de l’électeur "qui la connaît" et qui s’en moque, de celui qui ne voit dans "les résultats de sa toute-puissance" qu’une rigolade à la charcuterie monarchiste, ou une ribote au vin républicain. Sa souveraineté à celui-là, c’est de se pocharder aux frais du suffrage universel. Il est dans le vrai, car cela seul lui importe, et il n’a cure du reste. Il sait ce qu’il fait. Mais les autres ?

Ah ! oui, les autres ! Les sérieux, les austères, les peuple souverain, ceux-là qui sentent une ivresse les gagner lorsqu’ils se regardent et se disent : "Je suis électeur ! Rien ne se fait que par moi. Je suis la base de la société moderne. Par ma volonté, Floquet fait des lois auxquelles sont astreints trente-six millions d’hommes, et Baudry d’Asson aussi et Pierre Alype également."

Comment y en a-t-il encore de cet acabit ? Comment, si entêtés, si orgueilleux, si paradoxaux qu’ils soient, n’ont-ils pas été, depuis longtemps, découragés et honteux de leur œuvre ? Comment peut-il arriver qu’il se rencontre quelque part, même dans le fond des landes perdues de Bretagne, même dans les inaccessibles cavernes des Cévennes et des Pyrénées, un bonhomme assez stupide, assez déraisonnable, assez aveugle à ce qui se voit, assez sourd à ce qui se dit, pour voter bleu, blanc ou rouge, sans que rien l’y oblige, sans qu’on le paye ou sans qu’on le saoule ?

A quel sentiment baroque, à quelle mystérieuse suggestion peut bien obéir ce bipède pensant, doué d’une volonté, à ce qu’on prétend, et qui s’en va, fier de son droit, assuré qu’il accomplit un devoir, déposer dans une boîte électorale quelconque un quelconque bulletin, peu importe le nom qu’il ait écrit dessus ?...

Qu’est-ce qu’il doit bien se dire, en dedans de soi, qui justifie ou seulement qui explique cet acte extravagant ? Qu’est-ce qu’il espère ? Car enfin, pour consentir à se donner des maîtres avides qui le grugent et qui l’assomment, il faut qu’il se dise et qu’il espère quelque chose d’extraordinaire que nous ne soupçonnons pas. Il faut que, par de puissantes déviations cérébrales, les idées de député correspondent en lui à des idées de science, de justice, de dévouement, de travail et de probité ; il faut que dans les noms seuls de Barbe et de Baïhaut, non moins que dans ceux de Rouvier et de Wilson, il découvre une magie spéciale et qu’il voie, au travers d’un mirage, fleurir et s’épanouir dans Vergoin et dans Hubbard des promesses de bonheur futur et de soulagement immédiat.

Et c’est cela qui est véritablement effrayant. Rien ne lui sert de leçon, ni les comédies les plus burlesques, ni les plus sinistres tragédies. Voilà pourtant de longs siècles que le monde dure, que les sociétés se déroulent et se succèdent, pareilles les unes aux autres, qu’un fait unique domine toutes les histoires : la protection aux grands, l’écrasement aux petits. Il ne peut arriver à comprendre qu’il n’a qu’une raison d’être historique, c’est de payer pour un tas de choses dont il ne jouira jamais, et de mourir pour des combinaisons politiques qui ne le regardent point.

Que lui importe que ce soit Pierre ou Jean qui lui demande son argent et qui lui prenne la vie, puisqu’il est obligé de se dépouiller de l’un, et donner l’autre ?

Eh bien ! non. Entre ses voleurs et ses bourreaux, il a des préférences, et il vote pour les plus rapaces et les plus féroces. Il a voté hier, il votera demain, il votera toujours.

Les moutons vont à l’abattoir. Ils ne se disent rien, eux, et ils n’espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera, et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l’électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. Il a fait des Révolutions pour conquérir ce droit. Ô bon électeur, inexprimable imbécile, pauvre hère, si, au lieu de te laisser prendre aux rengaines absurdes que te débitent chaque matin, pour deux sous, les journaux grands ou petits, bleus ou noirs, blancs ou rouges, et qui sont payés pour avoir ta peau ; si, au lieu de croire aux chimériques flatteries dont on caresse ta vanité, dont on entoure ta lamentable souveraineté en guenilles, si, au lieu de t’arrêter, éternel badaud, devant les lourdes duperies des programmes ; si tu lisais parfois, au coin de ton feu, Schopenhauer et Max Nordau, deux philosophes qui en savent long sur tes maîtres et sur toi, peut-être apprendrais-tu des choses étonnantes et utiles. Peut-être aussi, après les avoir lus serais-tu moins empressé à revêtir ton air grave et ta belle redingote, à courir ensuite vers les urnes homicides où, quelque nom que tu mettes, tu mets d’avance le nom de ton plus mortel ennemi. Ils te diraient, en connaisseurs d’humanité, que la politique est un abominable mensonge, que tout y est à l’envers du bon sens, de la justice et du droit, et que tu n’as rien à y voir, toi dont le compte est réglé au grand livre des destinées humaines.

Rêve après cela, si tu veux, des paradis de lumières et de parfums, des fraternités impossibles, des bonheurs irréels. C’est bon de rêver, et cela calme la souffrance.

Mais ne mêle jamais l’homme à ton rêve, car là où est l’homme, là sont la douleur, la haine et le meurtre.

Surtout, souviens-toi que l’homme qui sollicite tes suffrages est, de ce fait, un malhonnête homme, parce qu’en échange de la situation et de la fortune où tu le pousses, il te promet un tas de choses merveilleuses qu’il ne te donnera pas et qu’il n’est pas, d’ailleurs, en son pouvoir de te donner. L’homme que tu élèves ne représente ni ta misère, ni tes aspirations, ni rien de toi ; il ne représente que ses propres passions et ses propres intérêts, lesquels sont contraires aux tiens. Pour te réconforter et ranimer des espérances qui seraient vite déçues, ne vas pas t’imaginer que le spectacle navrant auquel tu assistes aujourd’hui est particulier à une époque ou à un régime, et que cela passera. Toutes les époques se valent, et aussi tous les régimes, c’est-à-dire qu’ils ne valent rien.

Donc, rentre chez toi, bonhomme, et fais la grève du suffrage universel. Tu n’as rien à y perdre, je t’en réponds ; et cela pourra t’amuser quelque temps. Sur le seuil de ta porte, fermée aux quémandeurs d’aumônes politiques, tu regarderas défiler la bagarre, en fumant silencieusement ta pipe.

Et s’il existe, en un endroit ignoré, un honnête homme capable de te gouverner et de t’aimer, ne le regrette pas. Il serait trop jaloux de sa dignité pour se mêler à la lutte fangeuse des partis, trop fier pour tenir de toi un mandat que tu n’accordes jamais qu’à l’audace cynique, à l’insulte et au mensonge.

Je te l’ai dit, bonhomme, rentre chez toi et fais la grève.

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