mercredi, mars 14, 2012

La grenade sonore Nouveau joujou des flics


L'utilisation abusive de grenades sonores (soundbomb ou soundflash) dans la manif-action du 7 mars 2012 par le SPVM, et les blessures subies par une dizaine de manifestants et manifestantes, exige que tous et toutes prenions conscience de ce nouvel outil répressif - car même si son usage date de plusieurs années il semble y avoir une intensification actuellement - et des risques que nous courrons.

Soundflash, gaz lacrymogène et fumigènes

Les fumigènes sont un projectile dégageant une épaisse fumée blanche, habituellement non-irritante. Ces projectiles sont rarement utilisés dans les manifestations.

Les gaz lacrymogènes sont utilisés plus fréquemment par les policiers, surtout à Québec. À Montréal, à cause de la densité et de la Ville souterraine, il est plus rare de les voir utiliser. Le 7 mars dernier, quelques « lacrymo » ont été utilisés. Il est très facile d'identifier un lacrymo. Premièrement, il n'y a habituellement pas de bruit, sauf peut-être un sifflement causé par le gaz qui est dégagé (bien que certains puissent toutefois faire des bruits de détonation alors qu'ils sont lancés). Le projectile a la grosseur d'une canette de liqueur et est d'une couleur gris métallique. La fumée qu'ils dégagent est opaque, dense, en grande quantité et souvent jaunâtre.

Lors du Sommet des Amériques de 2001, les lacrymo utilisés étaient extrêmement chaud, ils avaient la même forme (cannette métalique), mais le dégagement de fumée durait plus longtemps. Ceux tirés à Montebello en 2007, avaient toujours une forme de cannette et une couleur métallique, mais lors de la détonation la capsule s'éventrait et le gaz s'échappait plus rapidement. Notons, que le contenu de ces capsules ne se disperse pas entièrement dans l'air, une partie est projetée sous forme de poudre. Cette poudre atteint les manifestantEs et reste sur eux et elles, causant des irritations supplémentaires, même si on s'éloigne de la fumée. Il semble, selon toute vraisemblance, que ce sont ces derniers projectiles qui ont été utilisés à au moins deux reprises le 7 mars.

Les grenades sonores (soundflash) sont de plus en plus utilisées par la police pour disperser les foules. Généralement, elles sont projetées par des policiers situés derrière la ligne de front. Normalement, elles sont lancées haut dans les airs et éclatent en hauteur. Le 7 mars, certaines grenades sonores ont toutefois été lancées sur la foule. Plusieurs policiers ont été vus lançant ces projectiles de leur main, comme une grenade à fragmentation. Si des personnes ont été témoins de canon à soundflash, il serait bien de l'indiquer.

La soundflash est noire,de forme (plus ou moins) sphérique et de la grosseur d'une orange. La soundflash est fait de caoutchouc. La soundflash se reconnaît surtout par sa détonation particulière. Le bruit qu'elle émet particulièrement fort, le but étant de créer un effet de panique dans la foule. Lorsqu'elle éclate à proximité, elle peut créer des étourdissements chez les personnes touchées. L'explosion dégage également un flash lumineux qui pourrait, dans certaines circonstances (par exemple, dans l'obscurité) créer un léger éblouissement pour les personnes qui regarde dans cette direction. Une fumée blanche, en petite quantité, se dégage. Selon toute vraisemblance, des agents chimiques irritants seraient contenus dans la soundflash. L'effet est donc triple : commotion, étourdissements et perte d'équilibre causé par le bruit; éblouissement causée par la lumière et finalement, irritation des yeux, de la peau et des voies respiratoires causée par l'agent chimique. Étant donné que le SPVM semble user de ce projectile directement sur les manifestantEs, il faudrait ajouter un quatrième effet: les blessures liées à l'explosion comme nous en avons eu un triste exemple ce mercredi 7 mars.

Les policiers anti-émeutes semblent utiliser la soundflash immédiatement avant une charge. Les observations actuelles démontrent que les soundflash sont projetées par les flics situés derrière la ligne de front quelques secondes avant une charge des flics de la ligne de front. Cela semble maximiser l'impact de la soundflash. La confusion créée par les différents effets du projectile est amplifiée par la charge rapide de la ligne policière de front et le bruit des matraques contre les boucliers, le tout souvent utilisé de concert avec le gaz lacrymo et le poivre. Le 7 mars, l'utilisation de 2 soundflash, 1 projectile de gaz lacrymogène et une charge poivrée a été observée de manière quasi simultanée. Les lanceurs (flics) de soundflash semblent cibler les personnes situées à 2 ou 3 mètres de la ligne de front, peut-être pour ne pas créer de détonnation trop proche des autres policiers.

Quoi faire?

Lorsque les policiers se préparent à charger.

- Usez de vigilance.

- Observez le comportement des policiers situés derrière la ligne de front principale

- Repérez les policiers qui lancent les projectiles

- Regardez souvent dans les airs afin de repérer des projectiles métalliques ou noirs.

Si vous avez repéré un projectile noir (soundflash) dans les airs, couvrez vos oreilles afin de ne pas être trop affectés par le bruit. Protéger aussitôt votre visage, en vous penchant ou en tournant le dos au projectile. Une fois le soundflash éclaté, redressez vous immédiatement afin de bien voir le comportement policier et/ou la charge de l'antiémeute. Éloignez-vous tranquillement en marchant si vous êtes incommodés.

Si vous avez repérer un projectile métallique dans les airs, suivez-le du regard pour bien voir l'endroit où il tombera. Éloignez-vous tranquillement en marchant en vous couvrant les voies respiratoires. Si vous êtes en mesure, vous pouvez tenter d'éloigner la canette en donnant un coup de pied dessus. Ne touchez pas avec vos mains nues puisqu'elle pourrait être chaude.

Si vous êtes incommodéEs, confusEs ou éblouis, dirigez-vous calmement vers le derrière de la manifestation afin de vous éloigner de la ligne d'intervention. Si vous êtes blessés, avez les yeux irrités ou avez de la difficulté à respirer demandez le support des médics.

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