vendredi, mars 29, 2013

Sexisme à gauche, agression sexuelle et scission féministe au Socialist Workers Party d'Angleterre

tiré d'avanti4.be


Le Socialist Workers Party(SWP), la principale organisation de la gauche [trotskyste] britannique, connaît actuellement une crise profonde, qui s’est traduite au cours des quatre derniers mois par une éruption de critiques contre la direction de l’organisation, la formation de deux tendances d’opposition et la tenue d’un Congrès extraordinaire le 10 mars dernier. 

Celui-ci a été immédiatement suivi par le départ groupé de plus d’une centaine de militants qui ont formé un nouveau "réseau" provisoirement dénommé International Socialism Network. Et la crise est loin d’être terminée...

L’élément déclencheur de cette crise a été la manière scandaleuse par laquelle la direction du SWP a tenté de "régler" une accusation de viol portée par une jeune membre contre un membre de la direction, en enterrant cette accusation via une enquête confiée à une Commission interne.

Le débat qui secoue aujourd’hui le SWP a une signification qui va bien au-delà de cette organisation et c’est pourquoi nos trouvons utile d’en parler ici. Il pose d’abord la question du rapport réel au sexisme et à l’oppression des femmes dans des organisations de gauche qui pourtant se réclament de la lutte pour la libération des femmes. Et il débouche sur une série de critiques et de remises en question du mode de fonctionnement des petits "partis" de la gauche radicale, marqués notamment par l’absence d’une vraie culture de débat démocratique interne et par la domination de versions autoritaires et bureaucratiques du fameux "centralisme démocratique".

Quelques faits pour comprendre ce qui se passe au SWP

Tout commence il y a deux ans quand une jeune militante de l’organisation (19 ans à ce moment) confie à des amis qu’au terme d’une relation de deux ans, elle a été victime de viol par son ex-compagnon. Celui-ci est Martin Smith (trente ans de plus qu’elle) qui est membre du Comité Central du SWP, l’instance forte d’une dizaine de personnes (essentiellement des permanents) qui dirige (d’une main de fer) l’organisation. Comme la jeune fille ne souhaite pas porter plainte à la police, l’affaire est portée par le Comité Central devant la Commission des Conflits.

Cette instance, formellement indépendante de la direction, comprend néanmoins deux membres actuels et trois anciens membres du Comité Central. Et tous les membres de la Commission connaissent évidemment Martin Smith, une des personnalités d’avant-plan du parti. La Commission mène une enquête, qui s’avère sérieusement biaisée. Ainsi, Martin Smith peut prendre connaissance du texte de la déposition de son accusatrice mais celle-ci ne pourra avoir accès à sa réponse. Elle, et ses ami-e-s qui la soutiennent, seront aussi questionné-e-s sur ses précédentes relations, ses habitudes en matière de boisson,... Au terme de ses investigations, la commission a déclaré que les faits "ne sont pas prouvés". Pour le Comité Central, l’affaire est donc réglée et prestement enterrée.

Au Congrès annuel suivant du SWP (début janvier 2012), l’affaire n’est évoquée que de manière très voilée et codée, sans aucune allusion à la plainte pour viol. Martin Smith n’est pas reproposé pour le nouveau Comité Central mais il conserve des postes de direction et surtout de représentation publique du SWP, sous les applaudissements des délégués dont l’écrasante majorité ne sont au courant de rien de ce qui s’est passé au cours de ces derniers mois.

Mais les ami-e-s de la jeune militante ne baissent pas les bras. Les faits sont évoqués (de manière prudente et sans que le nom de Martin Smith soit cité) dans les bulletins internes qui préparent la tenue du congrès de janvier 2013. Inquiète, la direction tente de dresser des contre-feux. Quatre membres du SWP qui se sont solidarisés avec elle sont exclus (par e-mail et sans aucune possibilité de recours !) pour "factionnalisme secret". La fronde et la colère contre le traitement de la plainte pour viol mais aussi contre les limitations à l’expression des points de vue et les entraves au débat démocratique se développent rapidement, surtout au sein de l’organisation étudiante du SWP.

Au Congrès, le débat sur l’affaire est houleux, une grande partie des délégués découvrant l’ampleur du problème. Fait inouï dans l’histoire du SWP, le rapport de la Commission des Conflits n’est validé qu’à une très faible majorité. Néanmoins, le Comité Central considère que l’affaire est réglée. Mais contrairement aux attentes et aux normes du SWP (les tendances ne peuvent se constituer que dans les trois mois précédant un congrès et doivent impérativement se dissoudre au lendemain de celui-ci), la tension ne retombe pas. Une série de membres démissionnent, une retranscription de la partie des débats du Congrès concernant l’affaire est postée sur internet, la question devient publique et commence à être discutée dans la gauche et dans la presse...

[Le site avanti4.be reviendra] plus en détails sur la crise du SWP dans les prochains jours à travers divers textes de critique et de réflexion. Pour ouvrir cette série, nous publions ci-dessous deux textes, parus en janvier dans la foulée du Congrès annuel, qui sont centrés sur l’aspect féministe de cette crise, même s’ils ont une portée plus large. Le premier est la lettre de démission de Tom Walker, qui était journaliste au Socialist Worker, l’hebdomadaire du SWP. Le deuxième est un article publié par Laurie Penny, une journaliste et bloggueuse féministe et progressiste.

Les deux textes que nous publions ci-dessous sont publiés à ce moment.

« … Cela pose clairement un point d’interrogation sur la politique sexuelle de nombreux hommes qui occupent des positions de pouvoir à gauche. Je crois que la racine de ceci est que, grâce à leur réputation, ou à cause du manque de démocratie interne, ou à cause des deux à la fois, ce sont souvent des positions qui sont inattaquables. Ce n’est pas sans raison que les récentes accusations d’abus sexuels dans le "monde extérieur" ont mis en évidence la ‘culture de l’impunité’. (le journal) Socialist Worker a mis en évidence la façon dont les institutions se ferment en huis clos pour protéger les personnes qui ont du pouvoir en leur sein. Ce qui n’est pas reconnu, c’est que le SWP est lui-même une institution en ce sens, avec un instinct de protection et de survie. Comme je l’ai déjà mentionné, la croyance du parti dans sa propre importance dans l’histoire mondiale l’amène à légitimer ses tentatives pour couvrir les faits, ce qui amène ceux qui exercent des violences à se sentir protégés. »

Comment gérer une situation de violences sexuelles à gauche ? Point de vue féministe sur SWP par Laurie Penny

« ... Dire que la gauche a un problème dans sa façon de traiter les violences sexuelles ne signifie pas que ce n’est pas le cas de tous les autres. Il y a, cependant, un refus obstiné, qui est propre à la gauche et aux progressistes de manière plus générale, de reconnaître et de traiter la culture du viol.
Cela a précisément à voir avec l’idée que, parce qu’on est progressiste, parce qu’on lutte pour la justice sociale et l’égalité, parce qu’on est "du bon côté", on est en quelque sorte exempts d’être tenu pour personnellement responsable quand il s’agit de problèmes de race, de relation entre hommes et femmes ou de violence sexuelle.

[...]

 L’égalité n’est pas une option, une question secondaire qu’on traitera une fois que la révolution aura eu lieu. Il ne peut y avoir de démocratie réelle, ni de lutte de classe qui vaille la peine, sans respect des droits des femmes. Plus vite la gauche acceptera cela et commencera à travailler pour démanteler tous les préjugés qui constituent notre histoire collective, plus vite nous pourrons travailler à nos tâches. »

Documentaire | Le Retour du fascisme en Europe

Avec la diffusion du reportage de l'Émission Enquête de Radio-Canada sur l'extrême-droite en Hongrie, il est pertinent de partager ici ce documentaire sur le fascisme européen.

On y voit entre autre
- les milices ultra-nationalistes hongroises intimider des Roms lors de patrouilles armées,

- des témoignages de résidents vivant dans la peur au sein d'un village investi par des néo-nazis en Allemagne,

- le leader de l'English Defence League expliquer la naissance de cette organisation qui mobilise des groupes de hooligans violents qui en ont après les musulmans vivant en Angleterre

- ainsi que des images du leader du Bloc Identitaire français expliquant la nature de leurs actions médiatiques

- et Serge Ayoub du groupe fasciste Troisième Voie dont il existe - malheureusement - une branche à Montréal.

Cette liste n'est malheureusement pas exhaustive. Bien des groupes n'y sont pas exposés, tel qu'Aube Dorée en Grèce et les groupes racistes violents en Russie. Cela dit la réalisatrice du film Debtocracy et Catastroïka,  Aris Hatzistefanou, serait en train d’amasser des fonds pour un troisième documentaire, cette fois sur le fascisme. De plus, on ne saurait réduire le phénomène de l'extrême-droite à l’Europe.

Au Québec nous avons - malheureusement des cellules extrémistes que le site FachoWatch réussi bien à dévoiler au grand publique. Même situation dans le Canada anglais, grâce au site Anti-Racist Action Canada, les groupes haineux sont dénoncés.

Il n'y a pas qu'à l'époque de l'anti-sémite et admirateur d'Hitler Henry Ford et des chemises argentées que le fascisme était présent aux États-Unis. Un regard rapide sur la "Carte de la haine" compilé par le Southern Poverty Law Center montre bien l'étendu de la peste brune chez nos voisins du sud.

dimanche, mars 24, 2013

Espagne | Des ouvriers agricoles occupent une ferme de 400 hectares menacée par la spéculation

Entrevue audio en français par Radiocanut.org. En trois partie tiré de sonsenlutte.net
 
Entrevue 1 : A l’occasion des rencontres de CROAR (Colectivos Rurales de Okupacion y Agitacion en Red) à Somonte en Andalousie en décembre 2012, entretiens autour d’expériences rurales d’organisation collective en Andalousie et Catalogne.
Entrevue 2 : La RAM, Red de Apoyo Mutual, réseau d’appui mutuel autour de lieux collectifs dans la région de Cordoue, avec trois personnes qui y participent
Entrevue 3 : Can Piella, lieu occupé en Catalogne, avec Eric qui vit sur place :


article tiré de Bastamag.net
Au sud de l’Espagne, des ouvriers agricoles occupent une ferme de 400 hectares, menacée par la spéculation. Ils contestent une répartition féodale des terres, réservées aux grands propriétaires. Et développent une agriculture biologique et paysanne, qui nourrira bientôt des milliers de personnes. Reportage en Andalousie, dans la ferme de Somonte, devenu le symbole d’une lutte populaire contre les inégalités et pour la souveraineté alimentaire. « Land and freedom », version 2013.



Andalous n'émigrez pas, combattez! La terre est à vous, reprenez-la!


« Quand nous sommes arrivés à Somonte pour occuper les terres, c’était un matin très tôt, au lever du soleil, se souvient Javier Ballestero, ouvrier agricole andalou. J’ai été surpris par le silence. Il n’y avait pas d’oiseaux sur ces terres ! Pas de vie ! Rien ! » C’était il y a presque un an, le 4 mars 2012. Cinq cents journaliers agricoles, des habitants des villages voisins et des citoyens solidaires venus de toute la région ont commencé à occuper la « finca » (ferme en espagnol) de Somonte. Le lendemain, la propriété, qui appartient au gouvernement autonome régional, devait être vendue aux enchères, très certainement à l’un des puissants propriétaires terriens de la zone, qui l’aurait achetée à un prix avantageux.

Le SOC-SAT [1], syndicat d’ouvriers agricoles qui a organisé l’occupation, est habitué aux luttes foncières. C’est lui qui a mené tous les combats historiques des journaliers andalous depuis les années 70. Mais les occupations de terre ne datent pas d’aujourd’hui. En 1936, elles s’étaient multipliées. Javier évoque la répression féroce qui s’en suivit lors de la victoire des franquistes. Un puissant propriétaire terrien fit exécuter 350 journaliers à Palma del Rio, le village voisin de Somonte. La plupart des terres qui jouxtent la « finca » appartiennent aux descendants de cet homme.

« La terre est à vous. Reprenez-la ! »
En ce matin hivernal, une trentaine de personnes se pressent autour d’un brasero, installé devant la petite cuisine de la « finca ». Deux hommes réparent un vieux tracteur Fiat sur lequel est fiché un drapeau andalou portant le sigle SOC-SAT. Quand le tracteur finit par démarrer, des responsables du lieu répartissent les tâches entre les occupants et les visiteurs solidaires, selon les décisions prises la veille au soir en assemblée générale. Un groupe ira désherber le champ d’oignons dont les plants viennent d’être mis en terre. Un autre ramassera les piments, les Piquillo, la variété locale, rouge sang, qui seront ensuite mis à sécher en grappes. Le troisième groupe préparera le repas collectif de la mi-journée.

Une dizaine de militants portugais d’extrême gauche, en visite, et quelques militants français et espagnols, de passage ou séjournant à Somonte, se dirigent vers le hangar où est entreposé le matériel agricole. Peint sur le bâtiment, un slogan rappelle les enjeux de l’occupation : « Andalous, n’émigrez pas. Combattez ! La terre est à vous. Reprenez là ! » Au passage, les travailleurs matinaux croisent une patrouille de la Guardia civil, qui vient relever, comme tous les jours, les numéros des plaques d’immatriculation des voitures stationnées sur le parking de la ferme. A voix basse, les moqueries fusent. Les guardias demeurent indifférents. Ils ne descendent jamais de leur véhicule. Ils notent et repartent.

Développer une agriculture biologique paysanne
Près du hangar, sous les regards complices de Malcolm-X, Zapata et Geronimo, immortalisés par un artiste sur un mur, Javier et son collègue Pepe distribuent sarcles et bêches, puis accompagnent les militants jusqu’au champ d’oignons. Les allées sont interminables. Briefés par les deux hommes, les militants se courbent et s’accroupissent. Les herbes résistent, déchirent les doigts. Une main arrache par inadvertance un plant d’oignon. Un pied en écrase un autre. Difficile de s’improviser paysan. Ceux qui ont l’habitude avancent en ligne. Les autres tentent de s’appliquer, s’assoient, redressent leur dos... Les conversations vont bon train. Les chants révolutionnaires s’élèvent, repris en chœur.




Peu à peu, la brume se lève. Apparait en contre-bas la plaine du fleuve Guadalquivir, qui s’étend à perte de vue dans cette partie de la province de Cordoue. Une terre rase, ondulante, sans un arbre, sans une haie. Cette même terre épuisée, sur laquelle poussera en été, sous la chaleur ardente, blés ou tournesols. Les journaliers qui occupent les quatre cents hectares de Somonte ont décidé d’abandonner ces pratiques agricoles intensives. « Depuis que nous sommes ici, les oiseaux sont revenus et la vie aussi, confie Javier. L’homme appartient à la terre. Nous devons la respecter et veiller sur elle. C’est pour cela que nous allons faire ici de l’agriculture biologique paysanne. » Pour développer une agriculture en rupture avec le modèle dominant, les journaliers andalous font appel à leur sensibilité et à leur mémoire, ravivée par leurs parents ou leurs grands-parents.

Contre une répartition « féodale » des terres
Comme la plupart des 25 occupants permanents de la finca, Lola Alvarez se définit comme « journalière agricole, depuis toujours », et fière de l’être. Elle rappelle que les premiers pieds de tomates plantés dans le jardin de Somonte proviennent de semences très anciennes apportées par son père de 84 ans. « Dès que nous avons occupé Somonte, beaucoup de personnes âgées sont venues nous apporter des semences de piments, d’oignons, de laitues... Toutes les semences traditionnelles qu’elles avaient héritées de leurs parents et qu’elle avaient conservées et protégées précieusement année après année. » Les occupants ont aussi reçu des graines du réseau andalou Semences et de la coopérative française Longo Maï. Somonte sera libre de semences transgéniques et de pesticides. « Nous sommes fatigués de voir ceux qui spéculent avec la terre spéculer aussi avec les produits chimiques, avec les semences et avec l’eau. Il va être difficile de mettre les 400 hectares en agriculture biologique mais nous allons le faire », explique simplement Lola.

Les occupants ont aussi décidé d’en finir avec l’injuste et scandaleuse répartition féodale des terres en Espagne qui fait que la duchesse d’Alba possède encore 30 000 hectares de terres et le duc del Infantado, 17 000. Plus de 60 % des terres les plus riches du pays sont entre les mains d’une poignée de puissantes familles, qui spéculent avec elles et perçoivent la majorité des aides agricoles [2]. « La terre n’appartient à personne. Elle n’est pas une marchandise, s’insurge Lola. Elle doit être entre les mains de celles et de ceux qui la travaillent. Nous l’occupons pour nourrir nos familles et vivre dignement. »


Javier Ballestero, né dans une famille paysanne anarchiste, se réclame encore de cette tradition. « Les moyens de production doivent être au service du peuple. Pour cultiver sainement, nous n’avons pas besoin d’un patron qui nous exploite et nous vole. Nous voulons décider nous-mêmes de notre avenir. » Dans les années 80, pour initier une réforme agraire, le gouvernement autonome andalou (dirigé par le Parti socialiste ouvrier espagnol, PSOE) avait acheté plusieurs dizaines de milliers d’hectares aux grands propriétaires terriens. Il les avait grassement payés, pour qu’il n’y ait pas trop de mécontents. Mais n’avait pas redistribué les terres. L’objectif étant surtout de désamorcer un vaste mouvement d’occupations de terres organisé par le SOC qui réclamait alors des expropriations sans indemnisation.

Droit d’usage
Une partie de ces terres sont alors louées à des coopératives de petits paysans. Mais la grande majorité d’entre elles demeurent sous la responsabilité de l’Institut andalou de la Réforme agraire (IARA), et sont consacrées soit à des cultures intensives, soit à de vagues projets destinés à la recherche, pourvoyeurs d’importantes subventions européennes. Quelques hectares de la finca Somonte servaient ainsi de champs d’expérimentation à des cultures destinées à la production d’agro-carburants. Aujourd’hui, les socialistes dirigent toujours le gouvernement autonome. Comme les caisses sont vides, 22 000 hectares de terres appartenant à l’IARA ont été mis en vente aux enchères en 2011. Plus de la moitié ont été vendus.

« Le SOC a mené des occupations très dures dans les années 80. Elles ont notamment abouti à la création de la coopérative El Humoso, dans le village de Marinaleda, sur 1 200 hectares expropriés à la duchesse d’Alba », commente Lola Alvarez. « Depuis des années, nous ne menions plus que des occupations symboliques pour tenter d’infléchir la politique du gouvernement. Mais quand nous avons vu que les terres gérées par le gouvernement andalou allaient revenir entre les mains des spéculateurs, nous avons décidé de reprendre les occupations effectives. » Depuis l’occupation, la vente des terres a été suspendue. Mais les occupants ne souhaitent pas devenir propriétaires de Somonte. Il réclament un simple droit d’usage. Rappelant que depuis 20 ans, ces 400 hectares n’ont nourri personne.

Somonte, symbole d’une lutte populaire
L’Andalousie connaît actuellement un taux de chômage record de 34 % pouvant aller jusqu’à 63 % chez les jeunes de moins de 25 ans [3]. De nombreux Andalous, partis travailler comme ouvriers du bâtiment dans d’autres régions d’Espagne, reviennent aujourd’hui chez eux et proposent leur force de travail sur un marché agricole andalou déjà saturé et en crise. Avec la mécanisation à outrance et les mauvaises récoltes des oranges et des olives, il est désormais impossible aux 400 000 ouvriers agricoles de la région de réunir les 35 journées de travail annuelles nécessaires pour bénéficier d’une allocation mensuelle de 400 euros.

Fin 2012, le parlement andalou a demandé que le nombre de journées de travail exigé soit diminué. En vain. Cette crise sociale n’alarme pas les grands propriétaires terriens qui profitent de la situation pour mettre en concurrence les journaliers andalous avec la main d’œuvre immigrée, bien moins payée. Le SOC-SAT réunit des ouvriers agricoles de tous les horizons et organise régulièrement des grèves pour défendre leurs droits. Il dénonce aussi les injustices sociales, en organisant dans des supermarchés des opérations de récupération de produits alimentaires de base, distribués ensuite à des cantines de quartiers pauvres.



Durant l’été 2012, des marches ouvrières ont parcouru toutes les provinces andalouses pour dénoncer les mesures d’austérité. Une grande ferme appartenant à l’armée, laissée à l’abandon, a été brièvement occupée. Ce contexte social et politique tendu, et toutes ces luttes, font aujourd’hui de Somonte un symbole très populaire de la capacité des ouvriers à prendre en main leur destin. L’alimentation est au cœur des luttes.

Nourrir des milliers de familles de la région
Peu à peu, avec le soutien des anciens, d’ingénieurs agronomes, d’organisations locales et de réseaux de solidarité internationaux, le projet agricole de Somonte prend corps. Trois hectares de légumes ont déjà été mis en culture pour l’autoconsommation, la vente sur les marchés locaux ou dans une coopérative de consommateurs de Cordoue. Plusieurs dizaines d’hectares vont être consacrés à des cultures maraîchères. Quarante hectares seront réservés à de grandes cultures en rotation avec notamment du blé biologique. Les occupants de Somonte envisagent de planter près de 1 500 arbres de variétés locales, de développer des vergers d’abricotiers, de cerisiers, d’amandiers, de créer une oliveraie, d’entretenir des haies.

En décembre 2012, près de 700 arbres sont plantés le long du domaine. Une eau saine sera récupérée grâce à des retenues, des puits et à une protection des petits cours d’eau existants. Les occupants veulent réunir rapidement un troupeau d’au moins 300 brebis. Une grande partie de la production agricole de la finca sera transformée sur place dans des ateliers. Le projet agro-écologique et social de Somonte, organisé sous forme de coopérative de travailleurs, pourra donner du travail à plusieurs centaines de personnes et permettre à des milliers de familles de la région de se nourrir.

Occuper les terres, les logements et les banques
La situation de Somonte est aujourd’hui suspendue à la situation politique en Andalousie. Le nouveau parlement autonome élu début 2012 est majoritairement à gauche. Cela n’a pas empêché le Parti socialiste de faire expulser les occupants de Somonte, le 26 avril 2012, le jour même où il signait un accord avec la Gauche Unie. Le 27 avril au matin, la finca était de nouveau occupée. Aucune menace d’expulsion n’a été formulée depuis, mais les négociations sont au point mort.

« S’ils nous expulsent 20 fois, nous occuperons 21 fois ! », ironise Lola. « Nous n’avons pas le choix. Le gouvernement ne sait pas comment réagir. Et nous, pendant ce temps, nous montrons qu’une autre voie est possible. Nous disons qu’il faut occuper les terres pour avoir un travail et pour vivre. Mais il faut aussi occuper les logements pour donner un toit aux familles. Et il faut occuper les banques pour dénoncer les aides financières que nos gouvernements leur apportent tout en faisant payer les plus pauvres. Il faut occuper ! Voilà la solution. »

Texte et photos : Philippe Baqué

Notes

[1] Le SOC-SAT est l’ancien Syndicat des ouvriers agricoles (SOC). En 2007, il a été rebaptisé, syndicat des travailleurs andalous (SAT).
[2] Voir « Andalousie : la terre contre la crise », Jean Duflot, Archipel, journal du Forum civique européen de juin 2012.
[3] Voir « Un Robin des bois en Andalousie », Sandrine Morel, Le Monde, le 29 août 2012.

jeudi, mars 21, 2013

Action Directe | Victor Griffuelhes et l’action syndicaliste

tiré de Critique-Sociale.info

Victor Griffuelhes (1874-1922) est une figure majeure du syndicalisme du début du XXe siècle. Ouvrier cordonnier, d’abord militant socialiste, il se consacra ensuite à l’action syndicale. Elu secrétaire de la CGT naissante, il contribua à la développer sur une orientation syndicaliste- révolutionnaire. 

Il fut l’un des rédacteurs de la Charte d’Amiens, adoptée par la CGT en 1906 – et encore considérée aujourd’hui comme une référence par beaucoup de militants. Nous publions ci-dessous des extraits de sa brochure « L’Action syndicaliste », publiée en 1908. Le texte complet est en ligne sur le site pelloutier.net

« Action directe veut dire action des ouvriers eux-mêmes, c’est-à-dire action directement exercée par les intéressés. C’est le travailleur qui accomplit lui-même son effort ; il l’exerce personnellement sur les puissances qui le dominent, pour obtenir d’elles les avantages réclamés. Par l’action directe, l’ouvrier crée lui-même sa lutte ; c’est lui qui la conduit, décidé à ne pas s’en rapporter à d’autres qu’à lui-même du soin de le libérer.

Et comme les définitions théoriques ne suffisent pas pour montrer ce que nous entendons par action directe, il faut citer en exemple l’agitation faite en France pour la libération du capitaine Dreyfus. Si on eût attendu du seul effet de la légalité cette libération, il est certain qu’elle ne serait pas un fait accompli. C’est grâce à une agitation, par une campagne de presse, par meetings, réunions, manifestations, démonstrations dans la rue qui furent, en quelques circonstances, des massacres, que l’opinion publique fut saisie et que fut préparée une disposition d’esprit favorable à la cause du forçat. C’est la foule soulevée qui fit pression sur les pouvoirs constitués, et la lourde machine judiciaire, mise en mouvement, rendit à la liberté le capitaine. […] 

L’action ouvrière pour nous n’est donc qu’une manifestation continue de nos efforts. Nous disons que la lutte doit être de tous les jours et que son exercice appartient aux intéressés. Il y a, par conséquent, à nos yeux, une pratique journalière, qui va chaque jour grandissant, jusqu’au moment où, parvenue à un degré de puissance supérieur, elle se transformera en une conflagration que nous dénommons grève générale, et qui sera la révolution sociale. […] 

Si la vie ouvrière s’exerce et s’alimente à l’atelier et à l’usine, le mouvement syndical en est l’expression. Les préoccupations intimes du travailleur, provoquées par les conditions de travail qui lui sont faites chez le patron et dont il constate les durs effets dans son foyer, trouvent leur tribune et leur écho dans le syndicat. 

Et malgré les défauts de ces groupements – défauts qu’en grande partie l’on pourrait attribuer à la fausse éducation sociale donnée à l’ouvrier – ils sont bien l’émanation, je dirai la physionomie de la vie ouvrière, dont l’organisation politique peut s’inspirer, sans la pouvoir représenter.

Aujourd’hui, nul ne songe et nul n’oserait contester la nécessité du mouvement syndical, mais on voudrait limiter son effort en le subordonnant à des forces extérieures, alors qu’on devrait reconnaître qu’à un mouvement qui va croissant, il faut des moyens d’action tirés des formes mêmes du groupement qui le produit.

Il est aisé de se rendre compte que la grève générale surgit des formes du groupement syndical et de l’orientation qui s’en dégage. Le développement des organes ouvriers l’indique, leur évolution le montre. Certes, le nombre des syndicats, en ces dernières années, n’a pas augmenté outre mesure. En revanche, et c’est ce qui est symptomatique, le besoin éprouvé par ces syndicats de se grouper dans leur Bourse du Travail et dans leur Fédération nationale corporative prouve bien que le côté égoïste, qui, pour d’aucuns, constituait le caractère fondamental du syndicat, disparaît, ou pour parler plus exactement, que la conscience ouvrière dont la première notion s’affirmait dans le syndicat, se précise en se développant.

Ces organismes, en annihilant le caractère strictement professionnel de chacun de leurs éléments, les appellent à une vie sociale plus élevée ; cette vie doit se faire jour pour se développer, et c’est dans des manifestations de lutte qu’elle prend corps et se matérialise.

Et comme il ne suffit pas à ces organismes de créer une vie sociale qui nivelle les consciences et engendre l’action, ils se rapprochent et se mêlent à leur tour. Ce contact et ce mélange constituent un mouvement ouvrier en France dont on ne saurait nier l’importance.

Cette importance n’échappe pas à ses adversaires. Les dirigeants, effrayés d’un mouvement qui déborde, voudraient le tuer en lui attribuant la formation d’un complot contre la sûreté de l’État. En province, les ordres sont donnés pour chercher les traces d’une organisation qui, de Paris, à leurs yeux, commande et dirige. Si des éléments étaient recueillis, on instruirait contre les militants, et on espère que le mouvement, décapité, serait mort pour longtemps.

Les gouvernants, qui croient que le mouvement ouvrier s’exerce en vertu de formules et de résolutions, se trompent lourdement. La vie ouvrière est trop complexe dans ses manifestations de détail, – dont la conception et l’esprit sont cependant communs, – pour se prêter aux inepties des dirigeants. Et ce qui amène ces derniers à croire à un organisme rigoureux, automatique et directeur, c’est l’effroi que leur cause une cessation générale du travail. […] 

Tout mouvement révolutionnaire n’a donné que ce que la classe opprimée du moment a conçu et a su prendre. La révolution, entrevue par tous, et que le monde ouvrier appelle grève générale, sera, elle aussi, ce que le travailleur l’aura conçue et saura la créer. L’action se déroulera selon le degré de conscience de l’ouvrier, et selon l’expérience et le sens de la lutte qu’il se sera donnés.

Comme cette action devra s’exercer contre des forces multiples et variées, comme elle devra réagir contre des courants divers, ce ne seront pas des décisions uniformes et étroites qui seront applicables. Il appartiendra au travailleur d’adapter au milieu d’alors et aux éléments contraires les armes que les circonstances mettront à sa portée. […]

Mais nous n’entendons pas fixer le jour ni l’époque qui mettra aux prises salariés et salariants. Il n’appartient à nulle force humaine de l’indiquer.

Le mouvement naîtra des circonstances, d’une mentalité ouvrière plus élevée, à la hauteur des événements qui porteront en eux-mêmes les éléments de généralisation.
Les éléments de généralisation se définissent par le rôle joué dans la production par telle ou telle industrie, entraînant la mise en action d’une autre industrie, dont les effets iront se répercutant sur d’autres branches de l’activité humaine.

On objectera que tout cela dénote un degré supérieur d’organisation, qu’il n’est pas possible de mettre en mouvement au même jour la classe ouvrière en totalité. Je répondrai d’abord que nous ne prétendons nullement qu’un point de départ peut ne pas être commun à tous les travailleurs ; nous ne disons pas que cela ne peut pas se produire. Nous nous inspirons des contingences sociales et nous disons que, de même, la conquête légalitaire du pouvoir ne saurait impliquer, pour ceux qui s’hypnotisent devant elle, l’entrée totale d’élus ouvriers au Parlement. Ceux-là disent que la majorité suffira pour transformer l’état social. La conquête révolutionnaire du pouvoir également ne saurait non plus être l’acte unanime du pays. De part et d’autre, il y aura des gens entraînés malgré eux et subissant le résultat de cette conquête. […] 

Une plus forte éducation sociale, une grande expérience dans la lutte, une profonde connaissance du milieu social sont autant de conditions nécessaires. Pour les acquérir, l’action s’impose. Par l’étude des conditions du travail, l’ouvrier apprend à connaître le milieu qui l’asservit ; par l’effort en vue de les améliorer, il prend un contact direct avec les forces qui le dominent et il éprouve leur degré de résistance. Ainsi, son esprit d’observation et d’examen s’affine ; il se donne les éléments indispensables pour se diriger lui-même ; il contribue à donner à l’action du monde ouvrier une place et une autorité croissantes.

Chacun reconnaît l’urgence pour le prolétaire de travailler à accroître ses moyens d’existence, ce qui augmente d’autant sa force de combativité et son avidité pour plus de réformes. En se groupant l’ouvrier exerce un effort, et c’est dans la pratique de cet effort qu’il parvient à l’intensifier. Et c’est par cette intensité, suscitant une croissance de vie, que la classe ouvrière se libérera du monde capitaliste. »

mercredi, mars 20, 2013

L’anarchisme sous tous ses angles (Le Devoir)

Merci au blogue nicolasphebus.tumblr.com d'avoir mis l'article en ligne
Par Caroline Montpetit

Le Devoir - 19 mars 2013

Ils sont anticapitalistes et antiracistes, écolos, féministes, et syndicalistes. Ils n’ont ni dieu ni maître, sont opposés à toute forme de pouvoir. Ils sont solidaires.

Fluide, voire insaisissable, le mouvement anarchiste est pourtant bien vivant au Québec. On l’a vu lors du printemps érable de l’année dernière. Ou encore, vendredi dernier, à la manifestation contre la brutalité policière qui s’est soldée par 250 arrestations, à Montréal.

Un groupe d’auteurs vient de lui consacrer un collectif, Nous sommes ingouvernables, aux éditions Lux. On y aborde l’anarchisme sous tous ses angles. Marc-André Cyr et Anna Kruzynski, l’un étudiant et historien des mouvements sociaux et l’autre professeure à l’École des affaires publiques et communautaires de l’Université Concordia, se réclament tous deux du mouvement anarchiste. Pour eux, les arrestations de vendredi dernier sont une manifestation d’une intolérance croissante de l’État, et d’une montée de l’opinion publique en faveur de la police.

« Je crois que l’État veut arrêter le mouvement qui a commencé avec le printemps érable. Le gouvernement péquiste ne veut pas que ça reprenne. Il y a une tentative de casser le mouvement », dit Anna Kruzynski. Il faut dire que le printemps érable a permis de laisser entrevoir le « potentiel » anarchiste de la population québécoise, souligne-t-elle.

« Au printemps, on a vu qu’il y avait un potentiel humain. […] On a vu des gens qui sont sortis en masse dans les rues avec les casseroles. Ça a été le plus grand mouvement de désobéissance civile dans l’histoire du Canada. […] On l’a vu avec les assemblées populaires autonomes de quartiers, où les gens se sont organisés avec leurs voisins et voisines ».

Pourtant, le mouvement anarchiste ne recrute pas. « On n’est pas un mouvement politique qui vend des cartes de membres », explique Marc-André Cyr. Le mouvement anarchiste se régénère plutôt par « pollinisation » des idées, dit Anna Kruzynski.

Pour elle, il y a en gros deux pendants à l’action anarchiste. « Il y en a un qui est, oui, de perturber l’ordre établi, parce que les systèmes sont forts et très bons pour s’adapter, et qu’ils vont continuer à s’adapter. Mais en même temps, c’est de construire des espaces d’émancipation qui reflètent les valeurs de justice sociale et d’autonomie aussi basées sur des principes d’autodétermination et d’auto-organisation ».

Les anarchistes, quant à eux, sont partout, poursuit-elle. Elle cite différents groupes qui sympathisent volontiers avec cette bannière. No One Is Illegal, et Solidarity Across Borders, qui défendent entre autres les droits des réfugiés. « Il y a des médecins et des avocats anarchistes qui veulent offrir des services aux sans-papiers », dit-elle. Politi-Q, qui défend les queers et transgenres. Le Collectif opposé à la brutalité policière. Le Projet accompagnement solidarité Colombie, affilié aux mouvements sociaux colombiens. L’Union communiste libertaire. International Workers of the World, un syndicat sans accréditation qui organise des piquets de grève spontanés pour défendre des travailleurs non syndiqués qui ont perdu leur emploi, par exemple. « Ils l’ont fait dans plusieurs pizzerias de la rue Saint-Denis », relève Marc-André Cyr. Chez les écologistes, on trouve encore le mouvement Liberterre, Les Jardins de la résistance, où on fabrique des paniers biologiques sans passer par l’intermédiaire d’Équiterre, la revue Mauvaises herbes. Parmi ceux qui récupèrent de la nourriture dans les poubelles, il y a People’s potato, the Midnight Kitchen, ou encore Food not Bombs. Le collectif Les Sorcières regroupe quant à lui des féministes anarchistes depuis 1999.
La violence, un outil

« Moi je suis anarchiste, j’ai 40 ans, un enfant de 4 ans, j’habite à Pointe-Saint-Charles, j’habite dans une coop d’habitation, je suis professeure d’université, raconte Anna Kruzynski. Mais il y en a toute une gamme, dans tous les milieux. Il y a des anarchistes dans le mouvement étudiant, il y a des anarchistes qui sont impliqués dans leurs quartiers, dans leur syndicat, dans les groupes d’environnementalistes. Et il y a des anarchistes qui ne sont pas nécessairement impliqués dans les groupes. Fondamentalement, ce qui importe pour les anarchistes, c’est que ça ne soit pas d’autres personnes qui prennent des décisions pour eux. »

Encore et toujours, le mouvement anarchiste est confronté à l’épineuse question de la violence. « L’émeute est l’expression du mal », écrit Marc-André Cyr, en amorce d’un article « Feu sur la Belle Province, les anarchistes et les émeutes », publié dans le livre. Pourtant, elle est généralement considérée, dans le mouvement anarchiste, comme un outil, dit-il en entrevue.

« C’est que la violence, c’est un outil, c’est un mode d’action. On ne peut pas être pour un outil à 100 %, ou contre un outil à 100 %, c’est comme être pour ou contre un marteau ou une égoïne. Ça ne marche pas. On est pour l’égoïne quand on a besoin d’une égoïne, ou pour un marteau quand on en a besoin. De façon générale, les anarchistes vont considérer que c’est un faux débat, une fausse question. Est-ce que c’est violent de briser la vitrine d’une banque ? Si on met les choses en contexte, on se rend compte que la violence est là avant que la vitrine soit cassée. Que, quand elle n’est pas fracassée cette vitrine, il y a des gens qui perdent leur emploi, qui sont acculés à la pauvreté, dont la maison est saisie par ces mêmes banques. On ne parle jamais de cette violence-là. […] Les anarchistes luttent contre cette violence. Ce n’est pas vrai que les anarchistes sont violents. Ils tentent par tous les moyens nécessaires de ne pas reproduire la violence et d’y résister à la fois. »

« C’est une tactique l’action directe, poursuit Marc-André Cyr. Des fois, on est pour, ou contre. Ce n’est pas toujours le moment d’utiliser ces actions-là. Seulement, les anarchistes ne vont jamais moralement ou éthiquement dénoncer ces actions-là, parce qu’éthiquement ils dénoncent justement une violence vraiment plus grande et plus importante que celle de l’action elle-même. »

mardi, mars 19, 2013

Documentaire | Catastroïka, l'assault capitaliste pour la liquidation des services publics dans l'Europe en crise

Listen to the documentary film in english here
Escuchar la pelicula en espanol acqui
Voici la version originale grecque sous-titrée en français


Catastroika sous titres francais par infowar
 
Catastroïka, c'est un mot russe qui est apparu après une vague de privatisations désastreuses socialement et économiquement qui eu lieu en 1993 en Russie alors que des économistes néo-libéraux s'affairaient à liquider les actifs de l'ancien état soviétique. Tout le film tourne autour de cette idée d'invasion sournoise économique et politique d'un pays par des institutions économiques supra-nationales qui s'acharnent à privatiser les services publics et autres actifs publics et ce au profit d'entreprises capitalistes locales ou multinationales. Le modèle économique néo-libérale bref.

Après avoir présenté la naissance du néo-libéralisme et l'ampleur du pouvoir qu'ont les institutions qui mettent en place les mesures d'austérité en Grèce, le documentaire présente les différentes expériences réelles qui démontrent les échecs du modèle économique néo-libéral au niveau particulièrement des infrastructures publics comme les trains, l'eau et l'électricité. Par exemple, il est question de la privatisation des trains en Angleterre (qui eu lieu après Thatcher car elle-même reconnaissait qu'il s'agissait d'une mauvaise idée), de l'eau municipale à Paris et en Italie ainsi que de l'électricité en Californie avec Enron. Bien qu'il reste toujours intéressant de se rappeler ces exemples afin d'argumenter contre les mesures de privatisation néo-libérales, ce qui donne un intérêt pour le film c'est qu'après chaque démonstration, les échecs économiques sont mis en parallèle avec ce qu'il se passe actuellement en Grèce.

Bien que le documentaire est très bien fait en terme d'animation, de recherche et de pédagogie (malgré des coquilles flagrantes dans les sous-titres en français), le discours reste d'une manière générale assez keynésien. Ce qui est plutôt décevant.

Avec des interventions de professeurs universitaires en économie, des journalistes de gauche comme Naomi Klein, des philosophes comme Slavoj Zizek ou Cornelius Castoriadis et autres personnalités comme Ken Loach, le film représente un outils pédagogique utile pour "dénoncer les excès et absurdités du néo-libéralisme" visant un publique large, mais il n'est malheureusement pas question ici d'expliquer les problèmes intrinsèques au capitalisme, au syndicalisme capitaliste et de la démocratie bourgeoise. Encore moins de soulever les enjeux stratégiques, politiques et tactiques de l'organisation de la lutte sociale dans le but d'en finir avec l'exploitation. Avouons-le, le contraire aurait été surprenant. On peut naturellement argumenter qu'il ne s'agissait justement pas de l'objectif du film. L'impression d'avoir à faire face à un discours keynésien s'explique peut-être autrement que simplement par une affirmation idéologique consciente des réalisateurs.

La grande majorité des intellectuels de gauche dans le monde sont plutôt keynésiens. Espérons que cela pourra changer pour le mieux dans le futur. Dans ce sens, d'un point de vue communiste-libertaire, il n'est pas question de tomber dans un genre de radicalisme de façade c'est-à-dire d'un extrémisme réformiste qui ira tout casser pour le retour de l'état-providence comme s'il s'agissait d'un "moindre mal", sans s'attaquer aux problèmes qui constituent la base de l'économie capitaliste. Il s'agit plutôt d'approfondir l'étude de la pensée politique marxienne/marxiste, libertaire, écologiste, syndicaliste révolutionnaire, autogestionnaire, etc... afin de le formuler en un tout qui représente une alternative révolutionnaire possible et accessible. Avouons-le, on a encore du chemin à faire à ce niveau avant qu'on puisse être à même de faire un documentaire ayant la même ampleur que Catastroïka.

On doit donner le mérite aux réalisateurs du film d'avoir fait profité à l'ensemble de la population leur film en le rendant disponible gratuitement en ligne. En soit c'est déjà pas si mal, ça montre qu'il est possible de fonctionner en dehors des cercles des maisons de production capitalistes (même de gauche).

Il faut avouer aussi que ce documentaire donne un goût de déjà-vu pour les militants qui étaient actifs à l'époque des contres-sommets (1999-2001) car il s'agissait alors du discours largement dominant, style alter-mondialiste. Pour ceux et celles que ça intéresse, il existe d'autres documentaires dans le genre alter-mondialiste qui mettent l'emphase sur un discours plus révolutionnaire et militant. En voici un par exemple:

The Fourth World War -  Version originale anglais sous-titrée français

lundi, mars 18, 2013

Documentaire | Autogestion à l'usine grecque Vio.Me

Un bon documentaire de 30 minutes tourné dans les locaux de l'usine Vio.Me quelques semaines avant la reprise de la production. Les ouvriers présentent la fermeture de l'usine par l'ancienne compagnie, leur réflexion sur sa reprise de manière autogérée et la naissance du mouvement de solidarité.

vendredi, mars 15, 2013

Documentaire | Déferlante anti-islam en Europe

Les vieilles idées réactionnaires refont surface d'un air décomplexé avec une toute nouvelle image banalisée et populiste ciblant maintenant l'islam.

Reportage d'une heure sur le mouvement d'extrême-droite islamophobe qui saisi l'Europe depuis les dernières années. Tiré de l'émission télévisée Spécial Investigation de la station française Canal+.

Qui sont les membres de l’English Defence League ? A première vue, ce sont des Anglais aux cheveux très courts et abreuvés de bière qui crient à tue-tête. Ce sont en fait des activistes qui hurlent leur haine de l’islam. Leur mouvement politique a été créé il y a deux ans par d’ex-membres d’un groupuscule néo-nazi. En Suisse, Oskar Freysinger milite-t-il contre l’implantation des musulmans dans son pays ? Il est l’homme du référendum contre les minarets. Aux Pays-Bas, le leader ultra nationaliste Geert Wilders a réalisé un excellent score aux dernières élections. Il a été poursuivi pour avoir comparé le Coran aux écrits d’Hitler. Partout en Europe, l’extrême droite semble bénéficier d’une audience déconcertante. Qui sont ceux qui animent ses rangs ? Une enquête de Mathias Hillion et Karim Rissouli.
Spécial investigation - Déferlante anti Islam... par Qad_93_95

vendredi, mars 08, 2013

Journal Cause Commune spécial 8 mars. Lecture en ligne et points de chute pour copies papier gratuites.

Le journal de l'Union Communiste Libertaire -dont le collectif LaCommune est membre- vient de paraitre avec une thématique spéciale pour le 8 mars.

Vous pouvez lire les textes en ligne en cliquant sur les titres des articles juste en bas de cette image.
 
Bonne lecture.

Des copies papiers sont pour l'instant disponibles à la librairie anarchiste l'Insoumise, sur la table de publication devant le local de l’Association facultaire étudiante des sciences humaines de l'UQAM (accessible à pied partir de l'intérieur de la station de métro Berri-UQAM), sur la table de publication de l'association étudiante du Cégep du Vieux-Montréal, à l'espace sociale autogéré situé au 1407 rue Valois (au coin de Ste-Catherine) dans le quartier d'Hochelaga.

Il serait bientôt disponible au café autogéré Touski et au resto-bar l'Escalier au coin de la rue Berri et Sainte-Catherine Est.

 Si vous voulez ajouter un endroit qui vous est cher à cette liste afin qu'il puisse être possible de s'y procurer des copies papiers du journal CauseCommune de l'UCL, écrivez-nous et nous verrons ce que nous pouvons faire pour aller y déposer des copies.

dimanche, mars 03, 2013

Ensemble pour une économie juste, écologique et libertaire!

Des amiEs organisent une soirée!
Voir l'évènement Facebook


5 à 7 sur l'économie libertaire, discussions informelles
12 mars à 17h
Divan Orange
4234 St-Laurent, Montréal, métro Mont-Royal

Libertaires de cœur et d’action, nous vous invitons pour une deuxième soirée à venir discuter de l’économie libertaire et ses possibles. La rencontre du mois passé a été stimulante à plusieurs niveaux. D’abord pour la bière et la bonne compagnie, en plus du débroussaillage intéressant sur la question libertaire de l’économie, effectué à partir d’un questionnement sur les différences entre organisation démocratique et libertaire, une réflexion sur les diverses formes de l’économie (monétaires et non monétaires) de même qu’un regard sur les pratiques autogestionnaires d’ailleurs, la question d’une solidarité internationale articulée avec les actions concrètes qui sont à notre portée, l’importance des aspects locaux et globaux ainsi que des enjeux liés à la croissance et décroissance économique. C’est une invitation à venir nourrir les discussions avec vos compréhensions théoriques et expériences pratiques dans une atmosphère informelle.

Thèmes proposés :

Dans un premier temps : Quels sont les grands principes d’une économie libertaire?

Dans un second temps : Quels sont les conditions économiques nécessaires pour assurer l’autodétermination des peuples dans une optique horizontale et écologique qui assure la réalisation du potentiel créatif collectif et individuel ?

Ces thèmes impliquent une longue réflexion et seront discutés dans l’ensemble des soirées à venir. Toutes autres suggestions sur l’économie libertaire sont bienvenues.

Ensemble pour une économie juste, écologique et libertaire!

Qui sommes-nous?

Nous organisons cette initiative en tant que militants préoccupés par la question économique. Voici en bref nos parcours.

Nicolas Gauthier est candidat à la maîtrise en science de l’environnement de l’UQAM. Militant pour l’écologie et la justice sociale par l’entremise d’un engagement pour l’autonomie alimentaire, il se questionne sur l’apport des alternatives économiques et sociales pour un développement des communautés aux perspectives anti-autoritaires et horizontales.

Pascal Lebrun est étudiant en science politique et se spécialise en économie politique anarchiste. Il est membre du collectif de la Pointe Libertaire et du Centre Social Autogéré de Pointe-Saint-Charles.

Nicolas van Caloen, économiste et écologiste de formation, documentariste indépendant. Il est membre de la coalition QUISETAL et du Centre Social Autogéré. Il a traversé tout le continent, du Canada à l’Argentine, afin de monter une série documentaire sur les luttes, réflexions et alternatives qui existent dans les mouvements sociaux de base. Il a fait un échange étudiant pendant un an à Buenos Aires, en Argentine, afin d’étudier l’autogestion des entreprises récupérées.


Égypte: L’autogestion de Port-Saïd et les luttes ouvrières

Par le correspondant d’Infoaut dans l’aire moyen-orientale(source). 
Traduction de XYZ pour Organisation Communiste Libertaire (lien)


Le mouvement de protestation dans la ville de Port Saïd se poursuit sans interruption. Depuis le dimanche 17 février, il a pris une nouvelle tournure avec le blocage des routes, des accès aux entreprises, des administrations publiques et des écoles puis une grève des travailleurs de la zone portuaire touchant une trentaine d’entreprises.

Derrière l’appel à la désobéissance civile, c’est un début de prise en main de la ville par ses habitants qui semble se mettre en place.


Une réalité sans précédent se déroule dans la ville de Port-Saïd : une autogestion complète, un rejet de tout ce qui représente l’autorité. Une réalité que les protagonistes de la lutte égyptienne en ce moment – les travailleurs – cherchent à reproduire dans d’autres villes.

Port-Saïd est devenu un lieu entièrement entre les mains du peuple. A l’entrée de la ville, si dans le passé, il y avait de nombreux barrages de police, on trouve maintenant un check-point formé par des habitants, surtout des travailleurs en grève, auto-proclamés « police populaire ». Il en va de même pour la circulation : plus de police, mais des jeunes, des étudiants et des travailleurs qui autogèrent la circulation urbaine.
Désobéissance civile : ce qui caractérise maintenant la ville est un rejet complet du gouvernement de Morsi sous toutes ses formes, d’où l’expulsion de la police, le refus du travail et du système scolaire gouvernemental.
En ce qui concerne l’aspect « sécurité », avec l’autogestion les rues sont devenues maintenant plus sûres que jamais. La semaine dernière, la police – à la suite des protestations de rue, de la colère populaire consécutive des 21 condamnations à mort liées au massacre de Port-Saïd et des 40 victimes des affrontements ultérieurs –a été contrainte d’accepter de laisser la ville dans les mains du peuple.
Le gouvernement de Morsi a accepté de rappeler la police, à la fois à cause des preuves vidéo irréfutables montrant des policiers du régime tirer et tuer les manifestants de sang-froid, mais aussi parce qu’il était convaincu qu’une ville toute seule ne pouvait pas s’autogérer et que Port Saïd aurait demandé l’intervention du gouvernement pour réprimer les probables révoltes. Mais la réalité est très différente et montre qu’une ville sans « forces de l’ordre » est plus sûre et vit mieux.
Ensuite, il y a un accord tacite qui permet à l’armée (majoritairement respectée par les gens car traditionnellement moins liée au régime que la police, cette dernière étant une émanation du pouvoir et des services secrets) de surveiller les points névralgique de la ville, mais sans pouvoir intervenir.
Donc, la réalité est la suivante : les militaires non armés gardent des endroits tels que le tribunal et le port très important (actuellement en grève) et la « police populaire » s’occupe de la sécurité dans la ville.

Le refus de tout ce qui représente l’autorité se manifeste dans la pratique de ne pas payer les taxes gouvernementales et les factures, en refusant même toute communication avec le gouvernement qu’il soit central ou local.

La fermeture de l’administration centrale et l’auto-organisation des moyens et des modes de production, font de l’expérience de Port-Saïd une réalité sans précédent et l’expérimentation d’un nouveau mode de vivre, de produire, d’exister.

Les usines sont fermées, le trafic maritime est bloqué, il ne se produit que ce qui est utile et ne restent ouverts uniquement que les services nécessaires.

 Le pain est fabriqué (dans la photo de droite, un magasin qui vend du pain à des prix populaires, les écriteaux indiquant les raisons de la protestation), les magasins d’alimentation, les hôpitaux et les pharmacies restent ouverts. Dans chaque usine, ce sont les travailleurs qui ont eu à décider de poursuivre ou non la production et la réponse générale est désormais NON. 

D’abord la justice, d’abord l’achèvement de la révolution et ensuite, au besoin, la production repartira.
 
Une nouvelle forme d’auto-organisation est en train d’être expérimentée dans les écoles. Celles-ci restent ouvertes, mais les familles de Port-Saïd elles-mêmes refusent d’envoyer leurs enfants dans les écoles du gouvernement. En ce moment même, des enseignants et des comités populaires essaient d’organiser des écoles populaires dans la place centrale, rebaptisée place Tahrir de Port-Saïd, où, en plus des matières scolaires, il y a la volonté d’enseigner la justice sociale et les valeurs de la révolution égyptienne.

Une réalité qui peut sembler impossible. Même dans les pages de ce portail, nous avons raconté dans le passé l’expérience de Port-Saïd avec d’autres yeux. Mais après la mort des 21 accusés pour le massacre du stade, une nouvelle conscience populaire a surgi dans cette ville, probablement très traditionaliste dans le passé. En fait, les 21 à être condamnés sont des jeunes, étudiants pour la plupart, alors que la responsabilité de ce massacre doit être recherchée dans la sphère politique ; la sentence semble avoir été une satisfaction accordée à ceux qui cherchent la justice. Aucun des accusés ne sont issus des rangs de la police ou de l’Etat et de ses services secrets. Port-Saïd l’a bien compris et dès que les condamnations à mort ont été prononcées, des manifestations importantes ont éclaté et ont conduit à la mort d’une quarantaine de manifestants, certains d’entre eux, même lors de l’enterrement des victimes des émeutes. De là a commencé la grève, la désobéissance civile.


Une réalité que nous-mêmes, avant de la voir de nos propres yeux, n’aurions jamais imaginé.
Une colère, d’abord né d’un désir de justice pour la peine de mort et pour les 40 victimes consécutives, mais qui a grandi et est devenu politique. Le fort protagonisme ouvrier, la croissante prise de conscience de la population de Port-Saïd ont fait de cette contestation une lutte sans précédent qui fait trembler sérieusement le régime de Morsi. Une lutte qui, si elle s’étendait dans d’autres villes, pourrait vraiment mettre le régime à genoux.

Maintenant, les gens ne demandent plus, comme c’était encore le cas il y a une semaine, de ne pas punir les citoyens de Port-Saïd pour des crimes qui ont été commis par le régime. Maintenant, ce qui est demandé, c’est la justice pour toutes les victimes de la révolution ; maintenant, ce qui est demandé à haute voix c’est la chute du régime.

Dans la journée de lundi [25 février], une grande manifestation a eu lieu dans les rues de Port-Saïd : le syndicat indépendant des travailleurs, les étudiants, le mouvement révolutionnaire, ils sont nombreux à être descendus dans les rues, nombreux à être venus du Caire pour exprimer leur solidarité aux travailleurs et à la ville en lutte. Un grand cortège a envahi les rues de la ville, en appelant à une grève générale dans tout le pays.

Pendant ce temps, au cours des dernières semaines, d’autres villes égyptiennes ont connu de grandes grèves : à Mahalla, à Mansoura, à Suez, les travailleurs dans de nombreuses usines se sont croisés les bras pendant des semaines. De même, par centaines ils sont descendus dans les rues pour appeler à une grève générale dans tout le pays, de nombreuses écoles et universités ont annoncé une prochaine grève générale. Beaucoup de travailleurs et de secteurs sociaux qui sont en grève n’ont pas réussi – pour l’instant – à généraliser la grève et la lutte, comme cela s’est produit à Port-Saïd.

On ne sait pas comment cette expérience, appelée « la Commune de Paris égyptienne » va pouvoir se poursuivre. Il est certainement difficile de poursuivre une lutte de ce genre dans un moment où le gouvernement central pourrait couper l’eau et l’électricité ; pour le moment, s’il ne le fait pas, c’est seulement parce qu’il craint des explosions de rage majeures. En outre, la poursuite ou non de la grève des travailleurs est fortement liée à la possibilité qu’elle se généralise et se reproduise dans d’autres villes.


Initialement, les habitants de Port-Saïd avaient annoncé leur intention de poursuivre la grève jusqu’au 9 mars prochain, date où seront confirmées les 21 condamnations à mort. Maintenant, avec l’entrée en mouvement des travailleurs, l’avenir est incertain, mais certainement riche de potentialité.
Les difficultés du moment peuvent sembler nombreuses, mais la prise de conscience de toutes les personnes (et pas seulement les travailleurs), la pratique du refus du régime, l’auto-organisation, sont autant d’éléments qui semblent donner des perspectives positives à ces luttes.